Lors d’une soirée, en avril 94, Mâ Sûryânanda Lakshmî commenta quelques paroles de Mâ Ânanda Moyî extraites du livre traduit et préfacé par Josette Herbert : L’enseignement de Mâ Ânanda Moyî
En présence de Mâ Ananda Moyî
« Aux pieds de Mâ, un voile tombe. Beaucoup de gens arrivent à se concentrer et à prier. Sa présence, son sourire, ses expressions sont à eux seuls tout un enseignement. La protection de Mâ se sent dès que l’on pense et agit d’une façon pure, c’est-à-dire dépourvue d’intérêt personnel. Les désirs purs, sans égoïsme, sans orgueil sont exaucés. »
Mâ Ananda Moyî était sans aucun doute une incarnation divine, et elle n’est pas la seule au cours de ce vingtième siècle si barbare. Etonnamment, alors que plusieurs très grands sages ont vu le jour depuis Shrî Râmakrishna, en 1836, notre monde se conduit plus mal que jamais, avec beaucoup d’égoïsme, d’orgueil, de cruauté. Et pourtant Mâ pendant longtemps, puisqu’elle a vécu jusqu’à plus de quatre-vingt ans, était bel et bien une incarnation divine ici-bas, une Présence de la Mère. Elle même est totalement au delà des apparences, au delà des dualités et elle accomplissait les plus humbles travaux. Elle a rendu les plus simples services dans son ménage et plus tard, longtemps, jusqu’au moment où elle a été débordée par le public qui l’assaillait. Sa seule présence purifiait. Sa seule présence sanctifiait. Et comme le dit très justement Josette Herbert dans sa préface : « Sa protection était acquise à tous ceux qui agissaient sans aucun intérêt personnel, sans égoïsme et sans orgueil ». Et Mâ disait : « Qu’elle est belle l’oeuvre sans ego ! » Je vais ajouter une chose : « Elle est heureuse l’oeuvre sans idée d’importance personnelle.
J’ai cherché pour vous, ce soir, dans le livre L’enseignement de Mâ Ananda Moyî, de toutes petites phrases que je veux lire avec vous.
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Quelqu’un lui pose une question : « Quel est le chemin le plus facile qui mène à Dieu ? »
Et Mâ répond : « Des larmes abondantes. » Des larmes abondantes. Ne pleurer que pour Dieu.
La personne qui pose la question répond : « Et si les larmes ne viennent pas ? »
« Alors recherchez la compagnie de ceux qui versent des larmes c’est-à-dire de ceux qui font justement ce que nous faisons, satsang (une réunion, une assemblée pour se concentrer sur Sat, la vérité, pour chanter la vérité). Le chemin le plus facile pour aller à Dieu, c’est l’amour, la dévotion, l’adoration. »
« Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime. Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime. Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime. » Le chemin le plus facile pour aller à Dieu, c’est l’amour, l’adoration. Puis je vais ajouter ceci : quand tout va bien apparemment, il faut chanter Dieu ; mais quand on a mal, apparemment et intérieurement, il faut chanter Dieu davantage encore. Quand tout va bien, il faut chanter Dieu pour Le louer, mais on l’oublie souvent ! Quand tout va mal, on n’y pense pas non plus ou bien on L’accuse. Et quand tout va mal intérieurement, qu’on est noué, coincé, malheureux, il faut chanter Dieu, il faut chanter Dieu, même sans y croire. Ceci agit toujours. Il vient en nous une force immense, une force indomptable. Répétez « Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime » dans la maladie, dans la souffrance, dans les contrariétés, dans nos sécheresses intimes ! Les grands saints en parlent tous. Sainte Thérèse d’Avila raconte combien elle a souffert parfois d’être pareillement sèche et sans dévotion dans son coeur. « Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime » : un point, c’est tout. Ce sont des larmes aussi !
D’ailleurs Mâ le dit :
« Votre présence ici, vos questions même sont des larmes, c’est-à-dire une dévotion persévérante dans la quête de Dieu. Comment pouvez-vous dire que vous n’avez rien tiré de ces années de satsang ? Sans eux, vous ne seriez pas où vous êtes. »
Aucun temps n’est jamais perdu, parce que quand nous oublions Dieu, Dieu, Lui, ne nous oublie pas. Et on croit parfois pleurer pour soi-même alors qu’en réalité on pleure pour Dieu. On pleure de ne pas être assez près de Lui, on pleure de ne pas assez Le comprendre. C’est quand même une nostalgie, c’est quand même une adoration. Alors je répète la question, et la réponse qui est très belle : « Quel est le chemin le plus facile qui mène à Dieu ? » Mâ répond : « Des larmes abondantes ».
Et puis j’aimerais rappeler aussi ce qu’elle a dit sur son lit de mort peu avant de s’en aller : « La vérité est de savoir que rien en fait ne s’est passé. » Elle parlait d’elle mais aussi de tout. « La vérité est de savoir que rien en fait ne s’est passé, ni naissance, ni mort, seule l’éternité qui s’est manifestée en toutes ces choses. » Ce sont des paroles en or et dont il faut se souvenir. C’était vrai pour elle, mais c’est vrai pour nous aussi. Nous sommes l’Eternel, nous sommes l’Infini, nous ne sommes rien d’autre. Pourquoi nous attarder à nos déboires, à nos histoires terrestres qui sont insignifiantes en regard de l’univers ? Dieu est là, il est en nous. Jésus l’a dit, le Bouddha l’a dit, Swâmi Vivekânanda l’a dit, Mâ Ananda Moyî l’a dit, Shrî Aurobindo l’a dit, tous l’ont dit : « Dieu est en nous, et tout est vie. » La mort elle aussi s’accomplit dans l’éternité.
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Un aveugle demande :
- Comment puis-je obtenir la vision de Dieu ?
S’imaginant qu’au fond, la vision intérieure doit venir de la vision extérieure. Mais comme il ne voit pas, il pose la question :
- S’il vous plaît, dites-moi quel est le chemin le plus facile pour rencontrer Dieu, pour voir Dieu ?
Mâ répond :
- Cherchez-Le pour Lui seul.
Aimez Dieu pour Dieu seul. Que de fois je répète cela aussi parce que j’en suis profondément imprégnée moi-même. Aimez Dieu pour Dieu et pas pour nous. Peu importe ce que nous sommes, l’essentiel c’est d’aimer Dieu et de grandir pour là. Et jusqu’où l’on grandit, je ne peux pas vous le dire : c’est immense ! « Aimez Dieu pour Lui seul. »
L’aveugle répond :
- Quelle voie est la meilleure, celle de la dévotion ou celle de la connaissance ?
Au fond les deux, et ni l’une ni l’autre si vous voulez.
- Accrochez-vous au nom de Dieu, répond Mâ, répétez-le jour et nuit et laissez-le vous imprégner de sa douceur.
« Mon Seigneur et Mon Dieu, Mon Seigneur et Mon Dieu, Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime. »
Et les problèmes trouvent leurs solutions en nous. Et la douceur du Divin coule en nous, remplaçant l’amertume, remplaçant les regrets, remplaçant la souffrance. « Accrochez-vous au nom de Dieu, répétez-le jour et nuit, et laissez-le vous imprégner de sa douceur. »
- Lorsque j’avais encore l’usage de mes yeux…
C’est émouvant comme discussion et loin de moi la pensée de critiquer. L’aveugle reste centré sur sa cécité alors que Mâ lui ouvre la porte toute grande, la porte où tout le monde voit. Comme il est dit dans l’Apocalypse (Sixième Lettre) : « J’ai mis devant toi une porte ouverte que nul ne peut fermer. » Une porte que seul Dieu ouvre et que l’homme ne peut pas fermer. « Parce que tu as peu de puissance, parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi, j’ai mis devant toi une porte que nul ne peut fermer. » (Apoc. Chap.3 versets 8 et 10)
- Lorsque j’avais encore l’usage de mes yeux, je lisais beaucoup. Maintenant c’est impossible. Comment pourrais-je comprendre ?
- Tournez-vous vers Dieu, et vous comprendrez.
Toutes les questions trouvent leurs réponses en Dieu. « Mon Seigneur et Mon Dieu, Mon Seigneur et Mon Dieu, Mon Seigneur et Mon Dieu, Toi seul, Mon Seigneur et Mon Dieu, Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime ».Toutes les questions que nous pouvons nous poser trouvent leurs solutions là. « Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime. » La douceur du Divin qui coule en nous, qui entre en nous, ce que les Hindous appellent aussi la « douceur de Krishna dans le coeur ». Et Krishna c’est la pleine lune. Il faut regarder la pleine lune et l’adorer, se dire qu’elle est Krishna et qu’elle verse en nous le silence et la tendresse du Divin.
- Donnez-moi votre bénédiction
- Priez Dieu et vous sentirez Sa bénédiction.
Priez Dieu et vous sentirez Sa bénédiction. C’est vrai. Dans les pires moments, on a la force de se taire, on a la force de ne pas réagir, on a la force d’accueillir ce qui vient, ce qui se passe. J’en ai connus comme vous tous. « Mon Seigneur et Mon Dieu, Toi seul. Mon Seigneur et Mon Dieu, Toi seul. » « Priez Dieu et vous sentirez Sa bénédiction. » Cherchez-Le pour Lui seul. Aller voir Mâ Ananda Moyî. On ne la voyait pas si ce n’était pas Dieu qu’on allait voir. Cherchez-Le pour Lui seul. « Accrochez-vous au nom de Dieu, répétez-le jour et nuit et laissez-le vous imprégner de sa douceur. » Les épreuves ne viennent pas de Dieu, elles viennent de la vie de la terre, elles viennent de nous, elles viennent des dualités. Dieu apporte la consolation. Dieu apporte le soutien, la force. « Tournez-vous vers Dieu. Il vous fera comprendre. »
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Et maintenant une autre tonalité, parce que Mâ en possédait beaucoup.
Quelqu’un lui dit : « Il faudrait faire ce qui plaît le plus à Dieu. »
Mâ a une façon assez brusque de répondre :
« C’est ça, vous demandez quelque chose à Dieu et vous le recevez. »
Ecoutez ce qu’elle ajoute :
« Mais cela ne vous mène nulle part. Dieu est indivisible. Si vous voulez solliciter quelque chose de Dieu, que ce soit la réalisation totale. » - c’est-à-dire voir Dieu en tout, dans la vie et dans la mort, dans la joie et dans la peine, dans l’agréable et le désagréable. Tout est un et tout est Dieu. Et la vie et la mort sont l’éternité ensemble. Et le bien et le mal sont la sainteté ensemble.
« C’est ça, vous demandez quelque chose à Dieu et vous le recevez, mais cela ne vous mène nulle part, vous n’apprenez rien. » Jésus dit cela aussi : « En vérité je vous le dis, ils reçoivent leur récompense » c’est-à-dire qu’ils n’apprennent rien du tout. Or; ,nous devons apprendre pour aller plus loin. Et pour apprendre, eh! Bien il faut de temps en temps recevoir des coups, des coups intérieurs ou des coups extérieurs de la part de la vie qui nous contrarient, qui nous montrent où nous en sommes. Nous croyons que nous avons acquis une certaine stabilité, une certaine spiritualité, une certaine piété, et puis crac ! Les événements sont peut-être très durs, j’en connais qui le sont. Loin de moi l’idée de les minimiser. Mais c'est là qu’il faut voir si « ça tient ». « Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime. » « Mon Seigneur et Mon Dieu, je n’en peux plus, je ne comprends plus, je ne peux plus avancer, mais je T’aime. » Le Seigneur vient, il nous prend la main et nous conduit plus loin. Et ce plus loin, personne ne peut savoir où il est. C’est toujours tout autre chose que ce qu’on croit. On dit - je l’ai cru aussi moi-même - qu’avec la vie, avec l’âge, avec la spiritualité qui augmente, peu à peu les tâches terrestres tombent et diminuent. C’est exactement le contraire. J’avance en âge et j’ai toujours plus à faire sur le plan matériel, sur le plan humain. Et puis, chez vous tous, en France, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre, en Hollande, en Amérique, au Canada, c’est pareil, un peu partout. Nul ne peut rien prévoir. La vie va comme elle veut, la vie va comme elle doit, la vie va comme Dieu le sait, pour nous conduire jusqu’où nous pouvons nous élever. Et nous mettons souvent beaucoup de temps à comprendre. Maintenant j’ai compris. Mais j’ai mis quand même un certain nombre d’années à comprendre pourquoi, alors que je faisais un bon travail dans mes conférences et mes voyages, avec mes auditeurs et amis, par la correspondance aussi, j’étais de plus en plus accablée par des travaux matériels aussi. Pourquoi dans la famille et ailleurs, au lieu d’avoir moins de tâches, j’en ai toujours davantage ? J’ai fini par comprendre, mais j’ai mis du temps aussi. Parce que l’univers et Dieu sont un seul et le même, et qu’il faut arriver à ne plus ressentir la moindre opposition entre l’oeuvre dans le monde et la contemplation de l’âme. Le véritable yogin y parvient et le saint aussi. Mais Mâ recommandait ceci qui est infiniment sage : « Il faut faire ce que disent les saints mais il ne faut pas vouloir agir comme eux. » Ils sont le chemin, notre chemin, à chacun individuellement.
Rabindranath Tagore le dit si bien : « Seigneur par tes refus tu me combles toujours. » Le pain quotidien de l’oraison dominicale, c’est aussi parfois un refus. Le don d’aujourd’hui, le labeur d’aujourd’hui, le pain d’aujourd’hui c’est un refus pour nous permettre de grandir. Parce que, comme le dit très justement Mâ : « Vous recevez ce que vous demandez, mais vous n’apprenez rien. » Si vous voulez demander quelque chose à Dieu, il faut lui demander : « Mon Seigneur et Mon Dieu, Toi seul. Mon Seigneur et Mon Dieu, Toi seul. » Pour obtenir la réalisation de Cela qui est tout, l’Indivisible, vous devez fournir un effort ininterrompu. Pour connaître l’Absolu, la piété doit devenir absolue elle aussi, car tout est Un et tout est Dieu !
Le travail sur la terre et le travail dans le ciel sont Un, indissociables. Nous devons fournir un effort ininterrompu, toujours, toujours, toujours. Que signifie l’illumination ? L’illumination réelle, c’est la connaissance de Dieu. Tristesse et souffrance règnent là où il manque l’amour de Dieu. Quand on est malheureux il faut se dire ceci : tu n’aimes pas assez. Il faut aimer davantage. Souffrance et tristesse règnent là où manque l’amour de Dieu. Car dans l’amour qui s’oublie pour l’autre et qui se donne à Dieu, le cheminement de l’existence s’allège. Il devient doux et beau, serein et bienfaisant.
Et puis maintenant quelque chose de très réjouissant. « Les rapports de Mâ avec le ciel, la terre, l’eau, le soleil, les étoiles sont différents des nôtres et témoignent d’une compréhension ou plutôt d’un amour cosmique différents des nôtres. Pour elle, la nature n’est pas comme pour nous une autre vie. C’est la même qui prend ses racines dans le Soi. La distinction entre nature et esprit s’annule dans le Soi où Mâ vit. »
Tout est Un, tout est Dieu. L’âme et le corps. Le corps et l’âme. Ils sont indivisibles, inséparables. L’âme sans le corps ne serait pas ici-bas, le corps sans l’âme ne serait pas non plus ici-bas. L’univers et Dieu sont Un. Nous devons apprendre à voir les choses dans leur plénitude, dans leur unité et non pas dans leur apparente division. Nous ne sommes pas séparés de Dieu, mais nous pensons que nous sommes éloignés de Lui. Nous ne sommes pas séparés les uns des autres, car nous demeurons tous ensemble, toujours. Et quand l’un ou l’autre d’entre nous a besoin d’une aide, il peut la trouver en pensant à quelqu’un en qui il a confiance et qu’il aime. Il la recevra. Tout est Lumière aussi. Adorer le soleil, quand il se lève le matin, donne une très grande force. Adorer la lune, le soir ou lorsqu’elle est pleine la nuit, donne une très grande force. Saluer le jour, saluer les étoiles, saluer la terre, la verdure, la nature qui renaît, nous transmet une très grande force et l’on sent très bien ainsi que tout est Esprit et que tout est Dieu. Car le soleil est Sûrya, le créateur et l’illuminateur. La lune est Sûrya-Pushan, le soleil intérieur, l’adoration secrète. La pleine-lune est Hari Krishna. Les étoiles se sont les dieux dans le firmament. La terre, la nature, la verdure, tout est la vie de l’Esprit. De même l’homme est la vie de l’Esprit. Tout est un, tout est Dieu : « les sept étoiles qui sont les sept Esprits de Dieu dans la main droite du Seigneur ». (Apoc. Chap. I, versets 16 et 20)
Je vous relis ce passage qui est très joliment écrit dans la préface de Josette Herbert : « Les rapports de Mâ avec le ciel, la terre, l’eau, le soleil, les étoiles sont différents des nôtres et témoignent d’une compréhension ou plutôt d’un amour cosmique différents des nôtres. » Aimer le soleil, aimer la lune, aimer les étoiles, aimer la terre, aimer les fleurs, aimer les arbres, aimer la verdure, aimer les pierres, parce que les pierres vivent aussi. Mâ aimait le cosmos et l’humanité, le visible et l’Invisible d’un amour illimité, selon son nom lui-même : moy (Mâ Ânanda Moyî) qui veut dire « tout pénétrant ». Pour elle, la nature n’est pas une autre vie, elle est la même, qui prend ses racines dans le Soi unique. La distinction entre nature et esprit s’annule dans le Soi où Mâ vit. Elle a dit de son vivant : « J’étais la même, je suis la même, je serais la même. » Elle est donc l’Immortalité.
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- Comment savons-nous que l’on renaît après la mort ? Dès que le corps cesse de respirer, nous mourrons, comment peut-on dire que nous renaissons ?
Mâ : Cela c’est l’ignorance. Pourquoi chercher si loin ? Personne ne sait de quoi sera faite l’heure qui vient. Et pourtant la connaissance existe. Ceux qui ont percé le voile de l’ignorance vous parlent de l’Atman éternel.
L’âme est éternelle, immortelle, la Lumière d’où tout procède, en qui tout grandit et à qui tout retourne. Et nous sommes tous l’Atman unique : le monde entier, le passé, le présent comme l’avenir. Personne ne meurt, car l’Âme vit en nous comme Elle vit en ceux qui nous ont quittés. Le Rishi, celui qui a vu le Vrai, sait que la vie est éternelle et que la mort n’est qu’un passage à autre chose. Il faut apprendre à accepter tout ce qui nous arrive de douloureux, de difficile aussi, en nous disant : « Tout est Dieu. C’est Dieu qui est, c’est Dieu qui sait, c’est Dieu qui fait. » Tout ce qu’Il fait, Mâ le disait souvent, est pour notre bien : « Bhagavan fait tout pour notre bien, tout. » Il est l’Amour, Il est la Lumière. Il est la Vérité, Il est l’Immortalité. Il est la Douceur, Il est la Plénitude, Il est la Félicité, le Grand Poète de l’existence.
Quand on demandait à Mâ qui sortait d’un long samadhi, ce qui s’était passé en elle, elle répondait : « Seulement la félicité. » Vous allez me dire : « Oh! Mais nous, nous en sommes loin de la félicité ! » Ce n’est pas vrai. Ne dites pas, ne dites jamais : « Nous sommes loin de la félicité. » Car elle est là, elle est en nous, elle nous attend. Elle attend quoi ? Elle attend notre abandon pour se manifester. « Mon Seigneur et Mon Dieu, je me donne à Toi. » « Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’appartiens à toi seul et j’appartiens par conséquent à l’univers entier et à l’humanité entière. » « Mon Seigneur et Mon Dieu, je T’aime, je T’appartiens, à Toi, je me donne à Toi, je vis pour Toi, c’est Toi qui sais et c’est Toi qui feras. Moi, je ne suis que l’instrument que tu voudras bien employer d’une manière ou d’une autre ».
Seulement, la félicité. La félicité de l’amour de Dieu, la félicité de l’amour des hommes, la félicité de l’oubli de soi, la félicité du travail fait avec ses mains, avec son intelligence, avec son coeur, avec son âme et avec son esprit, de l’effort remis pas à pas « au seul maître de la moisson », pour parler comme Jésus, « au seul maître de la vigne ».
« Priez Dieu et vous recevrez Sa bénédiction. » Il faut le croire tout simplement. Il faut le croire et il faut le mettre en pratique. Les plus belles théories du monde, les plus beaux enseignements ne sont rien si nous ne les vivons pas. Seule la pratique apporte ce qui est promis dans les Textes. Priez sans cesse !
La réponse vient alors de Dieu, la bonne réponse, et l’oeuvre s’accomplit comme le chant de Sa Grâce.