De W.Y. Evan-Wentz, docteur ès lettres, docteur ès science, du Jesus College d’Oxford
Auteur et traducteur de nombreux ouvrages classiques sur le yoga et la sagesse traditionnelle de l’Orient, dont Le Yoga Tibétain et les Doctrines Secrètes, Milarepa le Grand Yogi du Tibet, et Le Livre des Morts Tibétain.
La grande valeur de l’Autobiographie de Yogananda réside dans le fait qu’il s’agit là de l’un des rares ouvrages de langue anglaise écrit sur les sages de l’Inde non pas par un journaliste ou un étranger, mais par une personne de même race et formation spirituelle que ceux qu’elle décrit — autrement dit un livre sur les yogis écrit par un yogi. En tant que récit d’un témoin oculaire de la vie et des pouvoirs extraordinaires des saints de l’Inde moderne, ce livre est important aussi bien d’un point de vue temporel qu’intemporel. Par conséquent, puisse chaque lecteur en être particulièrement reconnaissant envers l’illustre auteur que j’ai eu le plaisir de rencontrer en Inde et en Amérique. Cette autobiographie hors du commun est certainement l’un des documents, jamais publiés en Occident, qui nous révèle le mieux la profondeur de l’esprit et du coeur des hindous ainsi que toute la richesse spirituelle de l’Inde.
Ce fut un grand privilège pour moi de connaître l’un des sages dont la vie est ici retracée, Sri Yukteswar Giri. Un portrait de ce vénérable saint figure sur le frontispice de mon livre Tibetan Yoga and Secret Doctrines (Le Yoga Tibétain et les Doctrines Secrètes 1). Je rencontrai Sri Yukteswar à Puri, province d’Orissa, dans le golfe du Bengale, alors qu’il était le responsable d’un paisible ashram établi au bord de la mer. Il s’occupait là essentiellement de la formation spirituelle d’un groupe de jeunes disciples. Il me fit part alors de son grand intérêt pour les peuples des Etats-Unis, des Amériques et d’Angleterre et me posa des questions sur les activités, particulièrement en Californie, de son principal disciple, Paramahansa Yogananda, qu’il chérissait profondément et qu’il avait envoyé en Occident, depuis 1920, pour y être son émissaire.
De noble apparence, Sri Yukteswar avait une personnalité et une conversation des plus agréables et méritait amplement la vénération dont ses disciples l’entouraient spontanément. Toutes les personnes qui le côtoyaient, que ce soit au sein de sa communauté ou à l’extérieur, le tenait en haute estime. Grand, droit, d’allure ascétique, vêtu de la robe couleur safran de ceux qui ont renoncé au monde, je le revois distinctement comme il m’accueillait à l’entrée de son ermitage. Ses cheveux étaient longs, légèrement bouclés et il portait la barbe. Son corps musclé, mais mince, était parfaitement proportionné ; son pas était énergétique. Il avait choisi d’établir sa résidence terrestre dans la ville sainte de Puri, où chaque jour de pieux hindous, représentant toutes les régions de l’Inde, viennent en pèlerinage au fameux Temple de Jogannath, le « Seigneur de l’Univers ». C’est à Puri, en 1936, que Sri Yukteswar ferma ses yeux mortels au monde transitoire d’ici-bas et quitta son corps en sachant qu’il avait terminé son incarnation de façon triomphante.
Je suis vraiment heureux d’avoir pu témoigner ainsi du noble caractère et de la sainteté de Sri Yukteswar. Préférant se tenir à l’écart des foules, il se consacra totalement et avec sérénité à cette vie idéale que son disciple, Paramahansa Yogananda, a décrit dans ces pages pour l’éternité.
INTRODUCTION
« Ma rencontre avec Paramahansa Yogananda fut une expérience qui restera gravée dans ma mémoire comme l’un des événements les plus inoubliables de ma vie… Alors que je regardais son visage, mes yeux furent presque éblouis par son rayonnement tant était intense la lumière spirituelle qui émanait de sa personne. Sa douceur infinie, son aimable bonté, m’enveloppèrent telle la chaleur bienfaisante du soleil… Je remarquai que tout en étant un homme de Dieu, sa compréhension et sa perspicacité s’étendaient aussi aux problèmes matériels de ce monde. En Paramahansa Yogananda, je trouvai un véritable ambassadeur de l’Inde, portant en lui l’essence de l’ancienne sagesse de notre pays et la répandant dans le monde entier. »
M. Binay R. Sen, ancien ambassadeur de l’Inde aux Etats-Unis.
Pour ceux qui furent personnellement en contact avec Paramahansa Yogananda, toute sa vie et tout son être témoignaient de façon convaincante du pouvoir et de l’authenticité de l’ancienne sagesse de l’Inde qu’il souhaitait faire connaître au monde. D’innombrables lecteurs de son autobiographie ont dit avoir retrouvé dans ses pages la même lumière et la même force spirituelles que celles qui émanaient de sa personne. Salué comme un chef-d’oeuvre lorsqu’il parut pour la première fois il y a plus de soixante ans, ce livre raconte non seulement l’histoire d’une vie exceptionnelle, mais représente également une merveilleuse introduction à la pensée spirituelle de l’Orient et tout particulièrement à la science unique de communion personnelle et directe avec Dieu, ouvrant ainsi au public occidental un domaine de connaissances jusqu’ici uniquement accessible à quelques-uns.
Aujourd’hui, le livre Autobiographie d’un Yogi est reconnu dans le monde entier comme un classique de la littérature spirituelle. Dans cette introduction, nous aimerions partager avec le lecteur quelques épisodes de l’extraordinaire histoire de ce livre.
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La rédaction de ce livre fut prophétisé il y a très longtemps. Un des principaux personnages à l’origine de la renaissance du yoga dans les temps modernes, le vénéré maître du XIXe siècle, Lahiri Mahasaya, avait prédit : « Environ cinquante ans après ma mort, on écrira le récit de ma vie en raison du grand intérêt que suscitera alors le yoga en Occident. Le message du yoga se répandra sur toute la terre. Il aidera à établir la fraternité humaine car une nouvelle unité se créera entre les hommes grâce à leur perception directe de l’Être Unique. »
De nombreuses années plus tard, l’éminent disciple de Lahiri Mahasaya, Swami Sri Yukteswar, rappela cette prophétie à Sri Yogananda. Il lui déclara : « Ton rôle sera de répandre ce message et de faire le récit de la vie de ce grand saint. »
C’est en 1945, cinquante ans exactement après le décès de Lahiri Mahasaya, que Paramahansa Yogananda termina son Autobiographie d’un Yogi et qu’il répondit ainsi largement aux deux recommandations de son guru : écrire le premier récit détaillé en langue anglaise de la vie remarquable de Lahiri Mahasaya et faire découvrir à un public mondain la science millénaire de l’Inde, la science de l’âme.
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Paramahansa Yogananda travailla pendant de nombreuses années sur la rédaction de Autobiographie d’un Yogi. Sri Daya Mata (1), une de ses premières et plus proches disciples, se rappelait : « Lorsque je suis venu au Mont Washington en 1931, Paramahansa avait déjà commencé à travailler sur l’Autobiographie. Lorsqu’un jour je me trouvais dans son bureau pour accomplir quelques tâches de secrétariat, j’eus le privilège de lire l’un des premiers chapitres qu’il avait écrit : « Le Swami aux Tigres ». Il me demanda de le mettre de côté et m’expliqua qu’il devait faire partie d’un livre qu’il était en train d’écrire. La majeure partie du livre fut rédigée plus tard, entre 1937 et 1945. »
Entre juin 1935 et octobre 1936, Sri Yogananda retourna en Inde (en passant par l’Europe et la Palestine) pour rendre une dernière fois visite à son guru, Swami Sri Yukteswar. A cette occasion, il réunit, pour son Autobiographie, de nombreuses informations basées sur des faits réels, de même que des récits sur des saints et des sages qu’il avait connus et dont il devait écrire la vie dans son livre de façon si mémorable. « Je n’avais jamais oublié que Sri Yukteswar m’avait expressément demandé d’écrire sur la vie de Lahiri Mahasaya, écrivit-il plus tard. Durant mon séjour en Inde, je saisissais la moindre occasion d’entrer en contact avec les disciples directs ou les membres de la famille du Yogavatar. Consignant tous ces entretiens dans un volumineux bloc-notes, je vérifiais les faits, les dates, et je rassemblais les photos, vieilles lettres et autres documents. »
(1) Sri Daya Mata rejoignit en 1931 la communauté monastique que Paramahansa Yogananda avait établie au sommet du Mont Washington dominant la cité de Los Angeles. Elle occupa la fonction de présidente de la Self-Realization Fellowship de 1955 jusqu’à son décès en 2010.
Dès son retour aux Etats-Unis, à la fin de 1936, Paramahansa Yogananda commença à passer l’essentiel de son temps dans l’ermitage qui avait été construit pour lui en son absence, à Encinitas, sur la côte de la Californie du Sud. Ce lieu se révéla être l’endroit idéal pour se concentrer sur la rédaction finale du livre qu’il avait commencé dans années auparavant.
« Le souvenir des jours passés dans ce paisible ermitage au bord de la mer est encore bien vivant dans ma mémoire, racontait Sri Daya Mata. Paramahansaji avait tellement de responsabilités et d’engagements qu’il n’avait pas la possibilité de travailler chaque jour sur l’Autobiographie ; mais, en général, il y consacrait ses soirées et tout le temps libre qu’il pouvait trouver dans la journée. A partir de 1939 ou 1940, il eut la possibilité de consacrer tout son temps à l’écriture de son livre. Et c’était effectivement un travail à plein temps : depuis très tôt le matin jusqu’à très tôt le matin ! Un petit groupe de disciples, Tara Mata, ma soeur Ananda Mata, Sraddha Mata et moi-même, était présent pour l’assister dans cette tâche. Dès que chacune des parties du livre était dactylographiée, Paramahansaji la donnait à Tara Mata à qui il avait confié le travail d’édition de ses textes.
« Que de précieux souvenirs! Tout en écrivant, il revivait intérieurement les expériences sacrées qu’il relatait. Son but était de partager avec tous la joie et les révélations reçues en compagnie des saints et des grands maîtres ainsi que lors de sa propre réalisation du Divin. Il lui arrivait souvent de faire une pause, le regard tourné vers le haut et le corps immobile, transporté dans l’état extatique de Samadhi ou profonde communion avec Dieu. La pièce entière baignait alors d’une extraordinaire et puissante aura d’amour divin. Pour nous, ses proches disciples, le seul fait d’être présentes en de telles occasions nous élevait sur un autre plan de conscience.
« Finalement, en 1945, vint le jour rempli d’allégresse où le livre fut terminé. Paramahansaji écrivit les derniers mots : « Seigneur, Tu as donné à ce moine une bien grande famille! » Ensuite il posa sa plume et s’exclama joyeusement :
« « Voilà, c’est fini. Ce livre changera la vie de millions de personnes. Et il sera mon messager lorsque je ne serai plus de ce monde. » »
C’est à Tara Mata que revint alors la responsabilité de trouver un éditeur. Paramahansa Yogananda avait rencontré Tara Mata alors qu’il donnait une série de conférence et de cours à San Francisco en 1924. Possédant une rare compréhension spirituelle, elle devint l’un des membres du petit cercle de ses disciples les plus avancés. Sri Yogananda tenait en haute estime ses compétences pour préparer l’édition de ses textes et avait l’habitude de dire que, parmi toutes les personnes qu’il avait rencontrées, elle possédait l’un des esprits les plus brillants. Il appréciait sa vaste connaissance et sa compréhension de la sagesse des Ecritures sacrées de l’Inde et il fit une fois cette remarque : « A part mon grand guru, Sri Yuteswarji, il n’y a aucune autre personne avec qui j’aie eu autant de plaisir à parler de philosophie indienne. »
Tara Mata emporta le manuscrit à New York. Mais trouver un éditeur n’était pas une tâche facile. Comme on a pu souvent l’observer, la véritable dimension d’une oeuvre majeure n’est pas toujours reconnue tout de suite par ceux dont l’esprit reste à un niveau plus conventionnel. En dépit du fait que la récente ère atomique ait élargi la conscience collective de l’humanité grâce à une compréhension de plus en plus grande de l’unité subtile existant entre la matière, l’énergie et la pensée, les éditeurs de cette époque n’étaient pas vraiment prêts à apprécier des chapitres comme « La matérialisation d’un palais dans l’Himalaya » ou « Le saint aux deux corps »!
Pendant un an, Tara Mata vécut dans un appartement sommairement meublé, sans chauffage ni eau chaude, alors qu’elle faisait le tour des maisons d’édition. Finalement, elle envoya un télégramme annonçant la bonne nouvelle. La Philosophical Library, une maison d’édition respectée de New York, avait accepté de publier l’Autobiographie. « Je ne pourrai jamais décrire tout ce que Tara Mata a fait pour ce livre, a dit Sri Yogananda. Sans elle ce livre n’aurait jamais vu le jour. »
Peu avant Noël 1946, les exemplaires tant attendus du livre arrivèrent au Mont Washington.
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Autobiographie d’un Yogi fut accueilli par les lecteurs et la presse internationale par une avalanche d’éloges. « Ce livre présentant le yoga est en tous points supérieur à ce qui a déjà été écrit sur le sujet en langue anglaise ou en tout autre langue », écrivit la Columbia University Press dans sa Review of Religions. Le New York Times déclara qu’il s’agissait là d’un « récit hors du commun ». Newsweek rapporta : « Le livre de Yogananda est plutôt une autobiographie de l’âme et du corps… c’est une étude fascinante et clairement annotée d’un mode de vie religieux, sincèrement décrit dans le riche style de l’Orient. »
Voici quelques autres extraits de comptes rendus qui apparurent dans la presse :
San Francisco Chronicle : « Dans un style claire… Yogananda défend d’une façon convaincante la cause du yoga, et ceux qui étaient « disposés à se moquer » pourraient bien se « mettre à prier". »
United Press : « Yogananda expose les doctrines soi-disant ésotériques de l’Orient avec la plus grande sincérité et beaucoup d’humour. Son livre mérite d’être lu car il raconte une vie remplie d’aventures spirituelles. »
The Times of India : « L’autobiographie de ce sage nous offre une lecture captivante. »
Saturday Review : « …ne peut qu’impressionner et intéresser le lecteur occidental. »
Grandy’s Syndicated Book Reviews : « Passionnant, plein d’inspiration, une rareté littéraire! »
West Coast Review of Books : « Quelles que soient vos propres croyances religieuses, vous trouverez dans Autobiographie d’un Yogi la preuve joyeuse et indiscutable du pouvoir de l’âme humaine. »
News-Sentinel, Fort Wayne, Indiana : « Une pure révélation… un récit profondément humain… devrait aider la race humaine à mieux se comprendre… l’autobiographie dans ce qu’elle a de meilleur… à couper le souffle… délicieusement raconté avec esprit et avec une sincérité irrésistible… aussi fascinant qu’un roman. »
Sheffield Telegraph, Grande-Bretagne : « … une oeuvre monumentale. »
Lorsque le livre fut traduit en d’autres langues, de nombreux autres articles ne tardèrent pas à apparaître dans les journaux et périodiques du monde entier :
Il Tempo del Lunedì, Rome : « Des pages qui raviront le lecteur, car elles font appel aux nobles désirs et aspirations qui sommeillent dans le coeur de tout homme. »
China Weekly Review, Shanghai : « Le contenu de ce livre est inhabituel… particulièrement pour les chrétiens de notre époque qui ont pris la confortable habitude de reléguer les miracles aux siècles passés… Les passages philosophiques sont extrêmement intéressants. Yogananda est sur un plan spirituel qui dépasse toutes les différences religieuses… Le livre vaut vraiment la peine d’être lu. »
Haagsche Post, Hollande : « …des passages d’une sagesse si profonde que l’on se sent fasciné et constamment ému. »
Welt und Wort, mensuel allemand : « Extrêmement impressionnant… La valeur unique de Autobiographie d’un Yogi tient au fait que pour la première fois un yogi rompt son silence et fait le récit de ses expériences spirituelles. Jadis, un tel récit aurait été considéré avec scepticisme. Mais aujourd’hui la situation mondiale est telle que l’on est forcé de reconnaître la valeur d’un tel livre… Tout le propos de l’auteur n’est pas de mettre en opposition le yoga de l’Inde et l’enseignement des chrétiens, mais d’en faire des alliés — comme deux compagnons marchant vers le même but suprême. »
Eleftheria, Grèce : « C’est un livre grâce auquel le lecteur… verra l’horizon de ses pensées s’étendre à l’infini et prendra conscience que son coeur est capable de battre pour tous les êtres humains, indépendamment de leur couleur ou de leur race. C’est un livre que l’on peut considérer comme particulièrement inspiré. »
Neue Delta Zeitung, Autriche : « Un des plus profonds et des plus importants messages de ce siècle. »
La Paz, Bolivie : « Le lecteur de notre époque trouvera rarement un livre aussi beau, aussi profond et vrai que Autobiographie d’un Yogi… Rempli de connaissances et riche en expériences personnelles… Un des plus admirables chapitres du live est celui qui traite des mystères de la vie au-delà de la mort. »
Schleswig-Holsteinische Tagespost, Allemagne : « Ces pages révèlent une force et une clarté incomparables, une vie fascinante, une personnalité d’une élévation tellement extraordinaire que, du début à la fin, le lecteur en a le souffle coupé… Nous devons reconnaître que cette importante biographie a le pouvoir d’apporter une révolution spirituelle. »
Une seconde édition fut rapidement préparée, puis une troisième en 1951. En plus du fait de réviser et de remettre à jour certaines parties du texte, ou d’éliminer certains passages décrivant des activités et des projets d’organisation qui n'étaient plus d’actualité, Paramahansa Yogananda ajouta un dernier chapitre - un des plus longs du livre - couvrant les années 1940-1951. Dans une note de bas de page de ce nouveau chapitre, il écrivit : « Dans le chapitre 49, beaucoup de nouveaux matériaux ont été ajoutés à la troisième édition de ce livre (1951). Pour satisfaire les demandes de nombreux lecteurs des deux premières éditions, j’ai répondu, dans ce chapitre, à diverses questions à propos de l’Inde, du yoga et de la philosophie védique(1). »
(1) Des révisions supplémentaires faites par Paramahansa Yogananda furent insérées dans la septième édition (1956) comme cela fut précisé alors dans une note de l’éditeur :
« Cette édition américaine de 1956 contient des révisions faites par Paramahansa Yogananda en 1949 pour l’édition anglaise de Londres que des révisions faites par l’auteur en 1951. Dans une « note pour l’édition de Londres », datée du 25 octobre 1949, Paramahansa Yogananda écrivait : « En préparant l’édition anglaise de ce livre, j’ai eu l’occasion de revoir le texte et de l’étoffer quelque peu. En plus des nouveaux matériaux apportés par le dernier chapitre, j’ai ajouté un certain nombre de bas de page dans lesquelles j’ai répondu à des questions que des lecteurs de l’édition américaine m’avaient posées. »
« Les révisions, faites pour l’auteur en 1951, auraient dû apparaître dans la quatrième édition américaine de 1952. A cette époque, les droits de Autobiographie d’un Yogi appartenaient à une maison d’édition de New York. En 1946, à New York, chaque page du livre avait été reproduite sur une plaque de métal grâce à la technique de galvanotypie. En conséquence, le seul fait d’ajouter une virgule au texte exigeait que la plaque de métal reproduisant toute une page soit découpée puis ressoudée avec la nouvelle ligne contenant la virgule en question. Du fait de la dépense qu’aurait occasionnée la modification de nombreuses plaques de métal, l’éditeur new-yorkais n’inclut pas dans la quatrième édition les révisions de l’auteur faites en 1951.
« A la fin de 1953, la Self-Realization Fellowship (SRF) racheta tous les droits de Autobiographie d’un Yogi à l’éditeur new-yorkais. La SRF réimprima le livre en 1954 et 1955 (cinquième et sixième éditions) ; mais pendant ces deux années, d’autres obligations empêchèrent le département des éditions de la SRF d’entreprendre l’énorme tâche d’inclure les révisions de l’auteur sur les plaques de métal. Ce travail, cependant, fut accompli à temps pour la septième édition. »
Après 1956, d’autres révisions furent effectuées dans les éditions ultérieures, suivant les instructions que Tara Mara avait reçues de Paramahansa Yogananda avant que celui-ci ne quitte son corps.
Les premières éditions de Autobiographie d’un Yogi donnaient à l’auteur le titre de « Paramhansa », suivant ainsi la pratique commune au Bengale d’omettre le « a » muet ou semi-muet dans l’orthographe des mots. Afin d’être sûr que la signification sacrée de ce titre, que l’on trouve dans les Védas, soit bien transmise, la transcription usuelle du sanskrit fut utilisée dans les éditions suivantes : « Paramahansa », de parama « le plus haut ou suprême » et hansa : « cygne », ce qui signifie : « celui qui a atteint la plus haute réalisation de son véritable Soi divin et de l’unité de ce Soi avec l’Esprit ».
Dans une note de l’auteur pour l’édition de 1951, Sri Yogananda écrivit : « J’ai été très touché de recevoir des lettres de milliers de lecteurs. Leurs commentaires et le fait que le livre ait été traduit en de nombreuses langues m’encouragent à croire que l’Occident a trouvé dans ces pages une réponse affirmative à la question : « L’ancienne science du yoga a-t-elle sa raison d’être dans la vie de l’homme moderne ? »
Les années passant, les « milliers de lecteurs » devinrent des millions et le succès universel et durable de Autobiographie d’un Yogi devint de plus en plus manifeste. Soixante ans après sa première parution, le livre se trouve toujours sur la liste des best-sellers dans le domaine de la métaphysique et de la spiritualité. Un phénomène rare ! Disponible dans de nombreuses traductions, il est maintenant utilisé dans les collèges et les universités du monde entier comme ouvrage de référence pour illustrer des cours allant de la philosophie et religion orientales à la littérature anglaise, en passant par la psychologie, la sociologie, l’anthropologie, l’histoire, et même la gestion des affaires. Comme Lahiri Mahasaya l’avait prédit, il y a plus d’un siècle, le message du yoga avec sa tradition millénaire de méditation s’est réellement répandu sur toute la terre.
« Peut-être plus connu pour son Autobiographie d’un Yogi, qui a inspiré des millions de personnes autour du monde, écrivait le journal de métaphysique New Frontier en octobre 1986, Paramahansa Yogananda, tout comme Gandhi, apporta un grand courant de spiritualité dans la société. On peut dire avec raison que Yogananda a fait plus que quiconque pour introduire le mot « yoga » dans notre vocabulaire. »
Dans le journal bimestriel Yoga International d’octobre/novembre 1996, l'éminent érudit, M. David Frawley, directeur de l’American Institute of Vedic Studies, écrivit : « On peut dire de Yogananda qu’il est père du yoga en Occident - non pas du yoga physique devenu de nos jours populaire, mais du yoga spirituel, la science de la réalisation du Soi qui est la vraie signification du yoga. »
Le professeur Ashutosh Das, docteur en philosophie et docteur ès lettres de l’Université de Calcutta, déclare : « Le livre Autobiographie d’un Yogi est considéré comme une Upanishad de l’époque contemporaine… Il a étanché la soif spirituelle de centaines de milliers de personnes en quête de vérité à travers le monde. Nous avons, en Inde, assisté avec étonnement et fascination à la phénoménale popularité grandissante de ce livre sur les saints et la philosophie de l’Inde. Nous avons ressenti une grande satisfaction et une grande fierté en voyant que l’immortel nectar du Sanatana Dharma de l’Inde, les lois éternelles de la Vérité, a été conservé dans le calice d’or de Autobiographie d’un Yogi. »
Même dans l’ancienne union soviétique, le livre fit apparemment une profonde impression sur les quelques personnes qui purent y avoir accès sous le régime communiste. Le juge V. R. Krishna Iyer, ancien juge de la Cour suprême de l’Inde, raconte qu’en visitant une ville près de Saint-Pétersbourg (alors Leningrad), il demanda à un groupe de professeurs : « Avez-vous pensé à ce qui se passe quand un homme meurt ?… » Un des professeurs s’éloigna tranquillement puis revint avec un livre : Autobiographie d’un Yogi. « J’étais très surpris, dit-il. Dans un pays régi par la philosophie matérialiste de Marx et de Lénine, voilà un membre officiel d’un institut gouvernemental qui me montre le livre de Paramahansa Yogananda ! « Nous pouvons vous assurer que l’esprit de l’Inde ne nous est pas étranger, dit alors cet homme. Nous reconnaissons l’authenticité de tout ce qui est relaté dans ce livre. »
L’India Journal du 21 avril 1995 concluait ainsi un article : « Parmi les milliers de livres qui sont publiés chaque année, il y a ceux qui divertissent, ceux qui instruisent et ceux qui édifient. Un lecteur peut s’estimer heureux qu’il en trouve un qui remplie ces trois conditions. Autobiographie d’un Yogi est un livre encore plus rare puisqu’il nous ouvre les portes de l’esprit et de l’âme. »
Au cours de ces dernières années, le livre a été salué aussi bien par les libraires et les critiques que par les lecteurs comme l’un des livres spirituels les plus influents des temps modernes. En 1999, le comité de HarperCollins, composé d’auteurs et d’érudits, a sélectionné Autobiographie d’un Yogi comme l’un des « 100 Meilleurs Livres de Spiritualité du Siècle ». Dans son 50 Spiritual Classics, paru en 2005, Tom Butler-Bowden a déclaré que le livre était « célébré à juste titre comme l’un des livres spirituels les plus divertissants et les plus édifiants qui aient jamais été écrits ».
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Dans le premier chapitre du livre, Paramahansa Yogananda parle de cette profonde certitude que les saints et les sages de toutes les religions du monde ont acquise à travers les âges :
Dieu est Amour et Son plan pour la création ne peut être fondé que sur l’amour. Cette simple pensée, plus que toute savante argumentation, n’est-elle pas de nature à consoler notre coeur humain ? Tous les saints qui ont pénétré au coeur de la Réalité témoignent de l’existence d’un plan divin universel, resplendissant de joie et de beauté.
Alors que Autobiographie d’un Yogi entre dans son second demi-siècle, nous espérons que tous les lecteurs de cet ouvrage plein d’inspiration - aussi bien ceux qui le découvrent pour la première fois que ceux pour qui il est devenu depuis longtemps le compagnon de route bien-aimé de leur vie - verront leur âme s’ouvrir de plus en plus à la vérité transcendante qui réside au coeur des apparents mystères de la vie.
SELF_REALIZATION FELLOWSHIP
Los Angeles, Californie
Juillet 2007
LA LOI DE LA JUSTICE ETERNELLE
Le drapeau de l’Inde, qui vient d’accéder à l’indépendance (1947), se compose de bandes de couleurs safran foncé, blanc et vert sombre. Au centre, en bleu marine, le Dharma Chakra (« Roue de la Loi ») reproduit le dessin qui apparaît sur la Colonne de Pierre de Sarnath, érigée au IIIe siècle avant notre ère par l’empereur Ashoka.
La roue a été choisie en tant que symbole de la loi de la justice éternelle et incidemment pour honorer la mémoire du monarque le plus illustre. « Les quarante années du règne d’Ashoka sont sans égales dans toutes l’histoire, écrit l’historien anglais, H. G. Rawlinson. Il a souvent été comparé à Marc Aurèle, à Saint Paul ou à Constantin le Grand… Deux cent cinquante ans avant Jésus Christ, Ashoka eut le courage d’exprimer ses remords et son horreur de la guerre à l’issue d’une campagne victorieuse et renonça délibérément à toute lutte armée comme moyen d’action.
Ashoka avait hérité de territoires comprenant l’Inde, le Népal, l’Afghanistan et le Baloutchistan. Internationaliste avant l’heure, il envoya en Birmanie, à Ceylan, en Egypte, en Syrie et en Macédoine des missions culturelles et religieuses qui apportèrent quantité de bienfaits et de bénédictions à ces pays.
« Ashoka, le troisième roi de la dynastie Maurya fut… l’un des grand rois-philosophes de l’histoire, observait l’érudit Paul Masson-Oursel. Personne d’autre n’a réussi à associer énergie et bienveillance , justice et charité, comme il le fit. Tout en étant une vivante incarnation de son époque, il nous apparaît à l’heure actuelle comme un personnage tout à fait moderne. Au cours d’un long règne, il concrétisa ce qui semble n’être que pure aspiration de visionnaire : alors qu’il jouissait d’une puissance matérielle inégalée, il instaura la paix. Et c’est bien au-delà des territoires en sa possession qu’il réalisa ce qui est le rêve de certaines religions, c’est-à-dire un ordre universel, un ordre englobant toute l’humanité. »
« Le Dharma (loi cosmique) a pour but le bonheur de toutes les créatures. » Dans ses édits gravés dans la roche et sur les colonnes de pierre qui subsistent encore de nos jours, Ashoka fait remarquer avec affection aux nombreux sujets de son empire que le bonheur prend racine dans la moralité et la piété.
L’Inde moderne, dans son désir de renouer avec la grandeur et la prospérité qui régnèrent dans le pays pendant des millénaires, rend hommage, avec son nouveau drapeau, à la mémoire d’Ashoka, le souverain qui fut « cher aux dieux ».