REMERCIEMENTS
Mes remerciements les plus chaleureux au Président de la Shree Shree Ânandamayee Sangha et du Secrétaire général, Dr. D.P. Mukhopadhyay, ainsi que de Svâmî Bhaskarânanda, Svâmî Nirgunânanda et Svâmî Vijayânanda, ainsi qu’à Arnaud Desjardins, Denise Desjardins, Claude Portal, mon épouse Ushâ pour le souffle qu’ils ont insufflé à ce livre avec leur soutien et collaboration.
Tu m’a fait infini, tel est ton plaisir.
Ce frêle calice tu l’épuises sans cesse
et le remplis sans cesse à neuf de fraîche vie.
Cette petite flûte de roseau,
tu l’as emportée par les collines et les vallées
et tu as soufflé, au travers des mélodies
éternellement neuves.
A l’immortel toucher de tes mains,
mon coeur joyeux échappe de ses limites
et se répand en ineffables épanchements.
Tes dons infinis, je n’ai que mes étroites mains
pour m’en saisir.
Mais les âges passent, et encoure tu verses
et toujours il reste de la place à remplir.
Rabindranâth Tagore, « L’Offrande lyrique »
(Gîtanjali, trad. André Gide)
PREFACE D’ARNAUD DESJARDINS
Si nous demandions à différentes personnes de notre entourage : « Qu’avez-vous vu de plus beau de toute votre existence ? », certains évoqueront peut-être un paysage qualifié de grandiose, d’autres une oeuvre d’art considérée comme sublime. Et si nous précisions : « Quelle est l’oeuvre d’art sacrée qui ait le plus remarquablement éveillé en vous le sens de la transcendance ? », les réponses iraient de la cathédrale gothique à la statue khmer d’un bouddha ou d’une des plus admirables peintures chinoises traditionnelles à telle ou telle mosquée.
Mon existence personnelle m’a donné l’opportunité de contempler bien des merveilles, du Mexique au Japon et de l’Inde au Quebec, mais ce qui a produit en moi, et de loin, la plus forte impression et pour laquelle aucun terme tel que « divin » ou « surnaturel » ne me paraît excessif, est la rencontre, le darshan (vision) comme on dit en Inde, d’un être humain, d’une femme hindoue de naissance bengalie, la célèbre Shrî Mâ Ânandamayî. Ce ressenti inoubliable, décisif, a été partagé par de très nombreux Hindous et Occidentaux. Les meilleurs images d’un film, les photographies les plus réussies ne transmettent qu’une faible part de son rayonnement.
Toutes les facettes d’un être humain accompli, depuis le rire lumineux d’un enfant jusqu’à l’immense gravité d’un Sage, s’exprimant à travers elle. Et ses paroles, totalement adaptées à chaque personne et à chaque circonstance, ont couvert toute la gamme des réponses possibles aux questions de ceux qui l’approchaient, depuis une simple villageoise jusqu’à un pandit réputé de Bénârès ou un mystique de Brindâvan.
Il est heureux que son influence puisse encore toucher aujourd’hui des personnes qui, faute de l’avoir rencontrée « en chair et en os », découvriront au fond de leur coeur sa dimension infinie.
Hauteville, 29 janvier 2009.
Bureau du Premier ministre
New-Delhi - 110011
3 septembre 1981
Traduction de la lettre
du Premier ministre indien
Madame Indira Gândhi
Le Premier ministre est heureux d’apprendre que vous écrivez un livre sur Mâ Ânandamayî, pour laquelle elle a le plus grand respect.
Madame Indira Gândhi a écrit tout spécialement pour vous l’hommage suivant à Mâ Ânandamayî que vous pouvez utiliser de la manière la plus appropriée :
« Mâ Ânandamayî est un être rayonnant dont la présence dégage une grande paix. J’ai eu la chance de bien la connaître et d’avoir reçu d’elle un affection sans mesure depuis mon enfance, en raison de son intimité avec ma mère, Kamala Nehru.
Mâ Ânandamayî représente toutes les valeurs profondes de l’Inde sous leur aspect le plus universel. Il n’est pas de ma compétence de donner une appréciation sur son accomplissement spirituel. Des millions de gens ont trouvé en elle lumière et réconfort et sont devenus meilleurs. En vérité ceci est son message : le guide de chaque être est en lui-même. »
DE VOUS A MOI…
Nous sommes venus en Inde en 1970 pour étudier l’art et la spiritualité : miniatures indiennes, poésie, musique, tissage et arts du tissus, yoga ainsi que la culture tibétaine. Nous y sommes restés de 1970 à 1985, (région du Gange et des Himâlayas, puis à partir de 1985 en Inde du Sud), mon épouse Ushâ (Catherine) et moi-même avons résidé auprès de Mâ Ânandamayî entre 1971 et 1982, année de son départ, et son mahâsamâdhi.
Mâ disait qu’elle n’était pas le « maître », le guru de personne, qu’elle n’ « initiait » ni même « enseignait » quoi que ce soit à qui que ce fut, et donc qu’on ne pouvait parler, concernant les personnes qui venaient la voir, de « disciples » ou d’ « initiés » à proprement parler. Bien entendu, ces paroles se situaient au niveau non-duel de l’absolu. Râmana Mahârshi procédait de même. La quête introspective de l’âtma-vivhâra, du « Qui suis-je ? » — « qui » instruit et qui « reçoit » et pratique ? —, amène un jour à la révélation que tout est contenu dans le Soi, l’Un indifférencié et immuable. Mais au niveau duel et relatif de la lîla, il y a bien « instruction » et initiation (même indirectement, par le regard, le toucher, la contemplation, le silence, etc.), ainsi que « maître » et « disciple ».
Quoi qu’il en soit, âgés alors d’une vingtaine d’années, encore parisiens et « novices », depuis notre premier darshana à l’âshram de Bénârès, en compagnie de Denise Desjardins, Mâ fut pour nous un guide aimant et attentif. Elle ouvrit grand les portes et les fenêtres, éclaira les recoins des pièces les plus obscures, laissant entrer joie et clarté. Au fil du temps, une porte claque parfois, une fenêtre se referme sous le vent, l’obscurité envahit de nouveau la pièce… Alors il faut chercher, chercher encore et toujours. Un beau jour, la porte s’ouvre de nouveau, la fenêtre laisse entrer soleil, chaleur et lumière, chants joyeux des enfants et des oiseaux — le Chant de la Vie.
Une Présence avec forme, puis sans forme, qui accompagne tout au long de l’existence — une intensité légère et joyeuse, palpable et immatérielle à la fois. Don d’un joyau sans prix qui défie le temps et les vicissitudes. Certitude. Présence d’un centre en soi qui reste inchangé sous les intempéries. Conscience de la vie comme « jeu » dinvin, lîlâ. Quel nom donner à cela ? Peut-être la Grâce…
Patrick Mandala
PRESENTATION DU LIVRE
Deux personnes qui se reconnaissent comme des « enfants » de Mâ, apportent dans ce livre leur propre contribution, comme autant d’amis, de friends, de guru-bâï.
Avec, pour la première partie, Arnaud Desjardins. Par son premier livre, Âshram. Les Yogis et les Sages, nous avions découvert le visage de lumière de Mâ Ânandamayî dans les sixties. Dans cet ouvrage-ci, il nous livre en plus de sa L’Enseignement sans paroles, un texte-témoignage d’une sincérité et d’une simplicité confondantes.
Puis interviendra Vijayânanda (Dr. Jacques Weintrob), un médecin Français venu en Inde à la fin des années 40, qui étudia à Kalimpong (près de Darjeeling et du Tibet), visita « Papa », Svâmî Râmdâs dans le sud, et enfin Mâ dans le nord, à Bénârès, et qu’il ne quitta plus depuis le premier darshana en 1951. Nous l’avons connu dans les années 70 à l’âshram de Mâ, à Kankhal (Hardwar) où il habite. Son texte « Ce que Mâ n’est pas » montre les infinis possibles et facettes de Mâ, semblables aux chatoyants reflets d’une plume de paon. Comme tout ce qui peut être dit sur Mâ — il nous renvoie à cet aphorisme védique : « l’inconcevable unité dans la multiplicité » (acinta bhedâbheda tattva).
Suivra la deuxième partie avec les histoires et paraboles contées par Mâ Ânandamayî elle-même. Des maîtres traditionnels comme Mâ, Svâmî Râmdâs, Râmana Mahârshi, Srî Râmakrishna enseignaient, exposaient beaucoup par la parabole, émaillaient leurs exposés d’histoires simples tirées souvent des récits épiques : Râmâyana, Mahâbhârata, Bhâgavat-purâna, du Yoga-vâshistha aussi, etc.
Puis la troisième partie, avec les propres paroles de Mâ Ânandamayî. Des textes courts et concis à valeur d’aphorismes, de causeries, d’instructions spirituelles et de sat sang, de jeux de mots (l’une des particularités et originalité de Mâ) pourtant sur des sujets précis du yoga, de la sâdhanâ, de la spiritualité.
LES SOURCES
Le livre d’Arnaud Desjardins : Âshram. Les Yogîs et les Sages (La Palatine, puis Albin Michel) paru en 1965, et L’Enseignement de Mâ Anandamayî traduit de l’anglais par Josette Herbert (Albin Michel), paru en 1974, sont certainement les deux plus beaux et inégalés témoignages en français sur Mâ, et particulièrement sur son enseignement — avec peut-être celui de Maduri (Madeleine Leboul) dans son livre trop peu connu, La Piste, en 1980.
Dans les années 80, il y eut aussi, Visage de Mâ Ânandamayî, de Bharati Dingra ; le beau Présence de Mâ Ânandamayî (Journal de 1947 à 1963), en 1985, de sa disciple autrichienne Âtmânanda (Miss Blanca Schlamm), qui elle aussi nous donna au fil du temps des sources précieuses. Âtmânanda, tout d’abord disciple de J. Krishnamurti dès 1923, rencontra Mâ en mai 1943 à Patal Devi, Almora, par l’intermédiaire du sâdhu danois Sorrensen, plus connu sous le nom de Shûnya Bâbâ. Elle resta à ses côtés de 1945 jusqu’en 1982, et quitta son corps en 1985 à Kankhal — trois ans après Mâ. Une grande et belle âme. Comme Vijayânanda, elle avait pris la nationalité indienne.
Dans les années 90, il y eut aussi quelques beaux témoignages, principalement ceux de Denise Desjardins qui nous introduisit auprès de Mâ à l’âshram de Bénârès, en 1971, lors de la Sarasvati Pûjâ (comme Arnaud, Denise est une disciple de longue date de Mâ, ainsi que son maître Svâmî Prajnânpad) ; de Daniel Roumanoff (disciple de Svâmîji), du regretté Marol, et quelques autres. En 2003, Voyage vers l’immortalité, autre journal d’Âtmânanda (Editions Accarias-L’Originel).
Mais dans l’ensemble, depuis 1975, quand il s’agit de présenter l’enseignement, les paroles, les causeries, les entretiens, les satsang, ou même les anecdotes se rapportant à Mâ, les auteurs français se réfèrent presque toujours aux mêmes sources, c’est-à-dire au livre L’Enseignement de Mâ Ânandamayî paru il y a plus de trois décennies, et par conséquent aux mêmes sources anglaises dont se sont servis Josette et Jean Herbert pour leur livre : Le recueil Ânanda Vârtâ, de mai 1963 à juillet 1970. Nous n’avons pas donc de nouveau utilisé les sources de cette période, mais toutes celles allant de novembre 1954 à début 1963, puis de 1971 à octobre 1982. Toutefois, pour la période 1963-1970, des sources qui n’avaient pas été sélectionnées par J. Herbert, l’ont été ici. Le premier numéro d’Ânanda Vârta date de mai 1952, en bengali.
Sa première et plus ancienne disciple, et intendante personnelle, fut « Didi » (Soeur) ou « Khukuni » : Sri Gurupriyâ Devî — de ne famille, Adorini Devi (1899-1980), qui rencontra Mâ Ânandamayî à Dacca, en décembre 1925 (Mâ avait 30 ans, Didi 27). Leur association dura près de 55 ans. Didi quitta son corps le 16 septembre 1980 (Mâ le 27 août 1982). Hagiographie plutôt que biographe, Didi nota fidèlement tous les événements se rapportant à Mâ — soit vingt volumes traduits par Tara Kini de l’hindi au bengali, et six en anglais (couvrant la vie de Mâ de 1896, date de sa naissance, au 7 mai 1938, date de départ de Bolanâth).
Nous avons aussi travaillé sur ces sources de toute première main, ainsi que sur celles d’un des premiers disciples, Srî Amulya Kumar Datta Gupta. On peut comparer ces annotations fidèles à celle de « M » (Srî Mahendranâth Gupta) avec Srî Râmakrishna, bengali lui aussi, de Svâmî Vivekânanda — tous et toutes vouèrent leur vie au service du guru et du divin.
Ces belles paroles de « M » résument on ne peut mieux leur engagement absolu :
« Je suis une personne sans importance. Mais je vis à côté d’un Océan, et je garde près de moi quelques pichets d’eau. Quand vient un visiteur, je l’accueille avec eux. Que pourrais-je vous dire d’autre ? »
Toutes nos sources (pour leur traduction) — avec l’aimable permission de la Shree Shree Anandamayee Sangha et du Secrétaire général, Dr. D.P. Mukhopadhyay, ainsi que de Svâmî Bhaskarânanda, et de Vijayânanda —, sont données.
Ce livre n’avait sa raison d’être qu’avec les inédits. Mais malgré tout le soin apporté à la sélection des écrits provenant des nombreux ouvrages en anglais, en bengali et en hindi publiés sur Mâ, et ce depuis les années soixante, il est possible qu’une source, une citation, ait déjà été utilisée (entièrement ou partiellement), et se retrouve dans le livre de Josette et Jean Herbert, ou un autre. Par ailleurs, certains auteurs indiens et ouvrages anciens ne donnent pas toujours les références de leurs propres sources (souvent de deuxième ou troisième main), ou alors elles sont incomplètes.
Les notes n’entendent pas rajouter à ce qui est. Elles ne sont là que pour éclairer le lecteur, la lectrice, expliciter un mot-clé sanskrit, une expression, une pensée abstruse, une précision sur un nom, un lieu en rapport avec la lîlâ de Mâ, etc., mais rien de plus.
Tous les proches et anciens disciples disent qu’ « il est impossible de comprendre Mâ ». Aussi la compréhension doit-elle venir intuitivement, de l’intérieur, du coeur, du Silence — non d’un livre, si juste soit-il, non d’une personne, si vraie envers Mâ soit-elle. Aussi toute approche intellectuelle sera-t-elle vaine et stérile.
Puisse le lecteur, la lectrice pardonner les erreurs, d’appréciation ou autre — si erreur il y a —, malgré tout le soin, l’amour et la sincérité apportés à ce livre, ainsi qu’un engagement total. A cet égard, Mâ disait : « Tendez au dépassement de vos propres limites, de vos moyens — si faibles puissent-ils être. LUI est là pour combler ce qui ne l’a pas été. »
QUELQUES PRECISIONS IMPORTANTES SUR MÂ
Selon Didima (Srîmâti Mokshada Sundari Devi), la mère de Mâ, et ses proches (propos rapportés par Gurupriyâ Devî) : « Dans son enfance, la nature de Mâ était extrêmement simple et innocente […]. Son éducation fut plutôt pauvre. Elle n’alla à l’école primaire que pour une courte période, pas plus de deux ans, jusqu’à l’âge de dix ans […]. Elle était placide, indifférente à sa nourriture comme à son habillement […]. Jamais elle n’exprimait de désirs pour elle-même […]. »
Plus tard, Mâ Ânandamayî utilisait toujours le genre masculin quand elle parlait d’elle ou se désignait (et toujours à le troisième personne : « ce corps », « cet enfant », « là »). Ainsi sâdhaka (celui qui suit une voie spirituelle, pratique un yoga), au lieu du féminin sâdhikâ, pour une pratiquante ; tapasvin (ascète, ermite, rishi), au lieu de tapasvinî (femme ascète) ; yogî, au lieu de yoginî ; svâmî (titre honorifique donné à un maître spirituel) au lieu de svâmînî ; ou encore vairâgin (un renonçant, ascète), au lieu de vairâginî ; ou encore sâdhu (bon, saint), au lieu de sâdhvî.
« Mâ Ânandamayî » (ou Mâ Ânandamoyî : en bengali le a se prononce o), ce nom lui aurait été donné vers 1924-1925, à Shahbâgh (Dacca), par l’un de ses premiers grands disciples, Srî Jyotish Chandra Rai (1880-1962), connu sous le nom de Bhaiji, « Grand Frère » (elle est alors âgée de 28 ans), qui la rencontra en 1924.
Elle est appelée aussi Mâtâji, en hindi, ou Mâ, en Bengali. Les deux noms veulent dire « Mère ». A sa naissance, il lui fut donné le nom de Nirmalâ Sundarî « Beauté immaculée ». Elle n’avait que 18 ans quand Harkumâr, l’un des premiers disciples, à Ashtagram (près de Dacca), lui donna pour la première fois le nom de « Mâ ».
Mâ parlait le bengali et un dialecte de l’est du Bengale, un peu l’hindi, et même quelques mots d’anglais à partir des années trente. A ce sujet, l’un de ses premiers grands disciples à Dacca, Srî Amulya Kumar Datta Gupta, rapporte que « Mâ avait appris quelques mots d’anglais tels que silent, unnecessary, fine, etc., et faisait même quelques courtes phrases ». Elle les utilisait quand les premiers visiteurs étrangers de langue anglaise vinrent la visiter, vers 1937, dans le Nord de l’Inde, à Bareilly, Nainital, Almora, Uttara Vrindâvana, et davantage vers les années soixante.
Ses paroles furent transcrites et traduites du bengali en anglais (et parfois en hindi, puis en anglais). Toutefois, l’anglais ne peut rendre le rythme et la musicalité de sa langue maternelle (de même avec le sanskrit), tout comme il ne peut rendre pleinement le sens de certains mots, de certaines expressions — dont le lecteur aura un aperçu avec ses aphorismes en bengali. Aussi certains mots seront-ils traduits (du bengali à l’anglais, de l’anglais au français) par une sentence, par une phrase plus longue que le mot lui-même.
Aussi, quand les auteurs/hagiographes, les disciples indiens parlent ou tentent de décrire « qui » était Mâ, ils utilisent souvent les noms de Devî (Déesse, le Divin sous forme féminine), de Bhagavân ou de Bhagavatî (Bienheureux, Bien-aimé(e), Saint(e), Vénérable) ; appellations appliquées aux divinités, aux grands sages, noms traduits par l’anglais God ou saint — et encore, la terminologie diffère si le disciple est shâkta, vishnouite ou shivaïte. Ces noms transcendent l’appartenance « masculin » et « féminin » — il en est de même avec tous les êtres réalisés, les sages et les saints. Ils se sont libérés de la dehatmâ buddhi, la conscience « je suis ce corps ». Le Soi, l’Un, n’est ni « homme » ni « femme ».
Mâ avait l’art de donner un sens nouveau et vivant à des expressions familières, elle leur insufflait une vie nouvelle. Tel le trait de l’archer, sa parole allait droit à l’essentiel — concise, claire, brillante et vive comme l’eau du Gange, fraîche et joyeuse comme un matin de printemps. Nous avons essayé de garder la forme, le rythme et la beauté du bengali dans notre traduction — vingt-huit ans après, sa voix mélodieuse chante encore dans notre coeur ; puisse cette écoute perdurer jusqu’au dernier souffle…