Il : Jésus de Nazareth (0-33?)
Elle : Anandamayi Ma (1896-1982 après J.-C.)
IL - Qui cherchez-vous ?
Que voulez-vous ?
Pourquoi battez-vous la campagne ?
Pour voir un roseau agité par le vent ?
ELLE - Voyez-vous, il n'y a pas de fin à ce que vous voulez savoir.
Chaque chose est sans fin.
Posez-vous plutôt la question : comment ouvrir les yeux ?
IL - Celui qui cherche trouvera — à celui qui frappe de l'intérieur, on ouvrira.
ELLE - Entrez dans le rythme de votre vraie nature.
Lorsqu'elle se révèlera, elle vous tombera dessus comme la foudre.
ELLE - Vous menez votre vie de travers...
Vous voilà empêtrés en vous-mêmes !
Il va falloir dans votre relation au monde remettre tout à plat.
Pas de problème quand tout est en place.
ELLE - Pas de révélation ! Pas de secret !
Ce qui se propose est de tout temps offert.
IL - Tout ce qui est né, tout ce qui est créé,
tous les éléments de la nature
sont imbriqués et unis entre eux.
IL - Tout ce qui est composé sera décomposé ;
tout reviendra à ses racines.
La matière retournera
aux origines de la matière.
ELLE - Tout dans l'univers dérive d'une substance fondamentale.
On le réalise quand tous les noeuds sont défaits.
ELLE - Dénouez ce que vous pouvez.
Le reste se dénouera de soi-même.
ELLE - Être ouvert, tellement ouvert que plus rien ne peut être laissé au-dehors.
ELLE - Au coeur de Tout et cependant en Rien...
IL - Au temps où vous étiez Un,
vous avez fait le deux ;
mais alors, étant deux, que ferez-vous ?
ELLE - La non-séparation comble, l'exclusion rend misérable.
S'identifier à la dualité entraîne conflit, douleur, lutte, mort.
Mes amis, mettez-vous en chemin.
ELLE - Dans la vision réelle, il n'y a pas : un qui voit, et le vu.
La vision réelle est sans yeux.
En elle, aucune place pour la di-vision.
ELLE - Est vu, vraiment vu, ce qui une fois vu, enlève tout désir d'en voir plus.
Est entendu, vraiment entendu, ce qui, une fois entendu, enlève tout désir d'en entendre plus.
IL - Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
IL - Reconnais ce qui est devant ton visage et ce qui t'est caché te sera dévoilé.
IL - Il n'y a rien de caché qui ne sera manifesté.
ELLE - Être pleinement conscient n'est pas assez.
Il faut aller au-delà de la conscience et de l'inconscience.
ELLE - Le mystère de l'univers se révèle à qui sait atteindre le non-quoi-que-ce-soit.
IL - Que celui qui cherche,
soit toujours en quête
jusqu'à ce qu'il trouve
et quand il aura trouvé,
il sera dans le trouble,
ayant été troublé, il s'émerveillera,
il régnera sur le Tout.
ELLE - Pour chacun, le chemin est différent. Là où vous êtes, commence un chemin.
IL - Marche avec moi.
ELLE - Continuez à marcher vers cela.
Ne vous arrêtez pas en chemin, même pour savoir où vous en êtes.
ELLE - Trouve le repos, celui qui sait ne prendre aucun repos.
IL - Qui d'entre vous peut, par son inquiétude, prolonger tant soit peu son existence ?
IL - Soyez passant.
ELLE - Il n'y a rien à quoi renoncer.
Trouver plutôt l'élan pour traverser la vie. Après tous ses élans restreints, l'être humain doit trouver le Grand Elan.
ELLE - Ne renoncez qu'à ce qui vous abandonne.
ELLE - Être d'un seul tenant.
Impérativement, faire un avec soi-même dans tout ce que nous entreprenons.
IL - Que votre parole soit : "Oui, oui. Non, non."
IL - Tout royaume divisé contre lui-même, est dévasté.
ELLE - L'esprit est agité.
Il se démène de tous côtés et ne s'apaise que s'il hérite enfin de son bien propre, son droit de naissance : la pure attitude.
ELLE - Parce que vous irez à l'extrême de ce qui vous agite, vous trouverez la tranquilité.
ELLE - Le silence réel s'impose quand la pensée n'a nulle part où aller.
ELLE - Des états se succèdent où on s'élève et on retombe.
Mais, établis dans le repos parfait, il n'est plus de montée ni de descente — telle est notre demeure.
IL - Vous, soyez attentifs comme le serpent et simple comme la colombe.
ELLE - Quand vous parlez, vous avez tendance à flotter à la surface. Mais quand vous plongez profondément, vous ne pouvez plus parler.
ELLE - Les sons ne se propagent pas bien dans une pièce encombrée. Dans un espace nu, ils se déploient. De même, si notre esprit est nu, notre vraie nature se déploie spontanément.
ELLE - Passez le plus de temps que vous pouvez à l'air libre, le corps aussi nu que possible.
Contemplez montagnes et océans et vos paroles seront sincères et libres.
Regardez au moins le ciel dès que vous le pouvez et vos entraves se relâcheront. Elles vous laisseront libres.
ELLE - Une conscience éveillée ne s'épanouit que dans un corps libre, un esprit libre.
IL - L'univers est né de la joie...
Trouvez cette joie d'où jaillit le monde.
IL - On ne récolte pas des raisins sur des épines. On ne cueille pas des figues sur des chardons.
ELLE - En vérité, la pleine jouissance de la vie naît du don sans réserve.
IL - Ce qui s'exprime, c'est ce qui déborde du coeur.
ELLE - Le véritable rire ne sort pas des lèvres.
Il est digne de ce nom s'il traverse le corps entier et jaillit en éclairs.
ELLE - Tout est jeu.
Quitte à jouer, que ce soit le Grand Jeu !
Ce jeu, alors, vous conduira hors de lui. Comprenez-vous ?
IL - Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.
IL - N'imposez aucune règle,
hormis celle dont je fus le Témoin.
N'ajoutez pas de lois...
afin de ne pas en devenir les esclaves.
ELLE - La véritable offrande vient du dedans. Une telle offrande est sans règle.
IL - L'homme bon, du secret de son coeur, il produit de la bonté.
IL - Heureux les doux : ils auront la terre en partage.
IL - Je viens pour que tous aient la Vie : la Vie en plénitude.
ELLE - Quand l'âme a de la vitalité, ce dont on a besoin arrive de soi-même.
IL - Travaillez
non pour la nourriture périssable mais pour la nourriture qui nourrit en vous la Vie Eternelle...
IL - Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où les mites et les vers font tout disparaître...
Mais amassez-vous des trésors dans le ciel...
Car où est ton trésor
Là aussi sera ton coeur.
ELLE - A chacun de trouver l'Or dans son propre coeur, là où siège le Un.
Mais, si vous n'êtes pas totalement vide, l'Or est introuvable.
ELLE - Vous serez comblé à la mesure de votre effacement.
ELLE - Il vous est loisible de vous servir de l'univers ou de le servir. Vous en êtes l'usager mais aussi l'expression.
ELLE - Allez à la recherche de ce qui est dissimulé derrière le monde.
ELLE - Souvenez-vous que les joies et les peines de ce monde sont les ombres mobiles que vous-mêmes projetez.
IL - La lampe du coeur, c'est l'oeil.
Si donc ton oeil est sain, ton corps tout entier sera lumineux.
Mais si ton oeil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux.
IL - Si vous vous reconnaissiez aveugles, vous ne seriez pas égarés, mais vous dites : "Nous voyons !"
votre égarement demeure.
IL - Voici pourquoi vous êtes malades et pourquoi vous mourrez : c'est la conséquence de vos actes ; vous faites ce qui vous éloigne...
IL - L'attachement à la matière engendre une passion contre nature.
Le trouble naît alors dans tout le corps ; c'est pourquoi je vous dis : "Soyez en harmonie..."
IL - Si vous êtes déréglés, inspirez-vous des Images de votre vraie nature.
ELLE - Votre vraie nature est de brûler du désir d'être ce que vous êtes.
ELLE - A l'appel éperdu de l'homme, l'Un se révèle.
ELLE - C'est le Même qui porte des coups si durs et qui console par son étreinte amoureuse.
IL - Heureux vous, les unifiés...
Vous trouverez le Royaume,
vous êtes issus de lui
et vous y retournerez.
IL - Le Royaume des Cieux...
Il est semblable à une graine de moutarde, la plus petite de toutes les graines ; lorsqu'elle tombe dans une terre labourée, elle devient un grand arbre où s'abritent les oiseaux du Ciel.
ELLE - Une graine ne germera pas si l'on passe son temps à la déterrer pour l'observer.
ELLE - Mouvement, repos perdent leur distinction pour qui voit. La graine enfouie dans la terre repose, mais dans le même instant, le processus de germination commence : un mouvement !
Comment se fait-il qu'ici mouvement et repos coïncident ? C'est ainsi !
De la même façon chaque instant de la croissance de l'arbre est un point de repos et un passage...
ELLE - A l'instant, l'arbre est en puissance des arbres, des feuilles, des fruits sans nombre, des mouvements infinis et une stabilité indescriptible.
Un instant contient en puissance des instants innombrables, où se tient le Seul Instant.
IL - Si l'on vous interroge : Quel est le signe de votre Père qui est en vous ?
Dites leur : c'est un mouvement et un repos.
ELLE - Où il n'y a personne d'autre, là est la Mère.
IL - Lorsque vous ferez le deux Un
et que vous ferez l'intérieur comme l'extérieur, l'extérieur comme l'intérieur, le haut comme le bas, lorsque vous ferez du masculin et du féminin un Unique, afin que le masculin ne soit pas un mâle et que le féminin ne soit pas une femelle,
lorsque vous aurez des yeux dans vos yeux, une main dans votre main, et un pied dans votre pied, une icône dans votre icône,
alors vous entrerez dans le Royaume !
IL - Le Royaume ?
Ce n'est pas en le guettant qu'on le verra venir. On ne dira pas : Voici il est là, ou il est ici.
Le Royaume
est répandue sur toute la terre, et les hommes ne le voient pas.
ELLE - L'Un, qui a créé le monde, est tout autour de vous.
IL - Si ceux qui vous guident affirment : voici, le Royaume est dans le Ciel, alors les oiseaux en sont plus près que vous ;
s'ils disent : voici, il est dans la mer, alors les poissons le connaissent déjà...
ELLE - Pour réaliser ce qui est, vous suivez tant d'injonctions, de chemins...
Mais tout chemin limite.
De toutes vos forces, osez balayer toutes vos représentations.
Au-delà de la représentation se révèle ce que vous êtes vraiment.
IL - Le Royaume : il est à l'intérieur de vous, et il est à l'extérieur de vous.
ELLE - Chaque fois, et chacun, sont présents partout, en tous temps. Tout surgit dans la plénitude du temps.
IL - Voilà pourquoi le Bien est venu parmi vous ; Il a participé aux éléments de votre nature afin de la ré-unir à ses racines.
ELLE - Vos limites sont l'occasion d'un retournement qui vous renvoie à ce que vous êtes à l'origine.
IL - Si deux font la paix entre eux, dans une même maison, ils diront à la montagne : "éloigne-toi", et elle s'éloignera.
IL - Mets-toi vite d'accord avec ton adversaire, tant que tu es encore en chemin avec lui.
ELLE - Soyez pleins de vie partout où vous irez, et rien ni personne ne vous sera étranger.
IL - Ne jugez pas.
Car du jugement dont vous jugez, vous serez vous-mêmes jugés.
IL - Lorsque tu ôteras la poutre qui de ton oeil, alors tu verras clair pour ôter la paille qui est dans l'oeil de ton frère.
ELLE - Essayez de considérer chaque personne comme vous-même. Vous en viendez à reconnaître chaque manifestation de l'univers comme une partie de vous.
ELLE - Vous pouvez m'apprécier ou non. Mais moi, je ne peux absolument pas me passer de vous !
IL - Je vous propose une expérience nouvelle :
"Aimez-vous les uns les autres
comme je vous aime aimez-vous.
ELLE - M'aimez-vous comme je vous aime ?
Pouvez-vous ressentir ne serait-ce qu'une part infime de l'amour que j'ai pour vous ?
IL - Je vous appelle amis car tout ce que j'ai appris de mon Père je vous l'ai fait connaître.
ELLE - L'ami suprême abandonne-t-il jamais ses amis ?
IL - Vous êtes le sel de la terre.
Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du sel ?
ELLE - Le passé ne revient jamais. Ce que vous devez faire, faites-le, aujourd'hui, sur le champ.
IL - Arrêtez le mensonge,
ce que vous n'aimez pas, ne le faites pas.
ELLE - Un jour, dans votre vie, l'action inconditionnée, jaillissante, ira de soi : quand vous serez sans attache...
Plus de danger alors, plus d'action erronée, plus de faux pas.
IL - Le jour où vous serez nus
comme des enfants nouveau-nés...
Pour vous, il n'y aura plus de crainte.
ELLE - Trouver tout en perdant, voilà qui est désirable.
IL - Tu ne me chercherais pas
si tu ne m'avais pas déjà trouvé.
IL - Beaucoup se tiennent devant la porte
mais ce sont les solitaires et les simplifiés qui entreront dans la chambre nuptiale.
ELLE - Ce que vous cherchez, vous le trouverez si vous en avez une telle soif qu'elle aiguise toutes les fibres de votre être.
IL - Là où la Lumière naît d'elle-même
elle se tient droite
et se révèle...
IL - Heureux celui qui Est avant d'exister.
ELLE - Être à la fois fini, et infini,
voilà la grande plongée...
IL - Je ne suis plus ton Maître puisque tu as bu et que tu t'es enivré à la source bouillonnante d'où moi-même je jaillis...
ELLE - Il n'y "grâce" que dans la distinction du moi et du toi. Après leur fusion, qui montre de la grâce à qui ?
ELLE - Au moment de votre naissance, vous ne saviez pas que vous veniez à la vie.
Mais à l'Instant décisif, vous savez qui vous êtes.
A cet instant, l'univers entier est vôtre...
IL - Quand cela sera engendré en vous,
cela vous sauvera.
Si vous n'avez pas cela,
l'absence de cela vous tuera.
ELLE - Soyez-en sûrs : l'éveil peut survenir quel que soit l'état ou la condition où vous vous trouvez.
ELLE - Une étincelle suffit à mettre le feu. Après, tout va de soi, les barrières brûlent.
ELLE - Le feu préexiste partout. Simplement, à quel moment le frottement sera suffisant pour que jaillisse l'étincelle ?
IL - J'ai semé du Feu dans le monde
et voici que je le préserve
jusqu'à ce qu'il s'embrase.
IL - Je suis venu, non pour abolir, mais pour accomplir.
IL - Je vous donnerai ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce que la main n'a pas touché, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme.
IL - Les cieux et la terre s'enrouleront devant vous.
IL - Ce ciel passera
et passera celui qui est dessus.
Les morts n'ont pas de vie,
les vivants n'ont pas de mort.
Les jours où vous mangiez ce qui est mort,
vous en faisiez du vivant.
Quand vous serez dans la lumière,
que ferez-vous ?
ELLE - Allez à la racine.
Si tout s'en va, la mort s'en va aussi.
La mort meurt.
Qui va ? et où ? Qui vient ? et d'où ?
ELLE - Quand il n'y a plus rien à brûler, là est le moment de toute éternité.
Saisir ce moment-là est votre destin.
Qui s'est ainsi consumé ne peut plus séparer présent-passé-futur.
IL - Heureux celui qui se tiendra dans le commencement ; il connaîtra la fin et il ne goûtera pas la mort.
IL - Qui est près de moi est près du feu !
IL - Je suis le Tout.
Le Tout est sorti de moi.
Fendez du bois, je suis là.
Soulevez une pierre,
vous me trouverez là.
ELLE - Je suis l'univers, jusqu'à la moindre poussière, au moindre insecte.
ELLE - Avec lui, le jaillissant, tout est possible...
Il se perçoit dans un courant toujours renouvelé, en des formes toujours nouvelles.
ELLE - Je n'ai pas de voie particulière.
Toutes les voies sont mes voies.
ELLE - Je ne vais nulle part, je suis toujours ici.
IL - Je suis avec vous jusqu'à la fin des mondes.
IL - Le vent souffle où il veut
et tu entends sa voix
mais tu ne sais d'où il vient
ni où il va.
Ainsi en est-il de quiconque
est né de l'Esprit.
IL - Si la chair est venue à l'existence à cause de l'esprit, c'est une merveille.
Mais si l'esprit est venu à l'existence à cause du corps, c'est une merveille de merveille.
ELLE - Les portes de ce corps sont toujours ouvertes pour vous.
IL - Je suis celui qui est issu de Celui qui Est l'Ouvert.
ELLE - Ce qui doit arriver, arrive.
IL - Je Suis — n'ayez pas peur
ELLE - Je suis votre enfant.
ELLE - Celui qui atteint, et celui qui est atteint, sont le même.
IL - Que savez-vous du commencement
pour que vous cherchiez ainsi la fin ?
Là où est le commencement,
là aussi sera la fin.