Chapitre III
LE POUVOIR DES ÉTATS EMOTIONNELS
Chacun des états (bhâva) de Mâ est pénétré de joie (ânandamayi); c'est la joie qui est à leur origine, c'est la joie qui les fait durer. Il était naturel qu'elle joue le jeu du devenir pour le bien des êtres, elle qui a assumé l'incarnation de la joie même pour jouer dans le monde son jeu de joie. Mâ se manifeste de deux façons, extérieure et intérieure et ces deux aspects sont en harmonie constante : à l'intérieur, elle est en relation avec les forces et les pouvoirs du monde invisible qui aident ou gênent l`évolution humaine.
Pendant sa jeunesse, ainsi que durant son séjour à Dacca, Shrî Mâ passait beaucoup de temps allongée sur le sol complètement immobile. On nous a raconté qu'elle était dans un état d'absorption extatique (mahâbhâva) qu'on ne peut décrire par des mots. Elle passait parfois une journée complète dans cet état, et pendant le kîrtan son corps prenait différentes positions indiquant un état de joie suprême.
En janvier 1926, il y eut une séance de kîrtan dans les jardins Shahbag a l'occasion d'Uttarâyan Sankranti (c'est à dire l'entrée dans les six mois de janvier à juillet considérés comme favorables). C'était la première séance publique de kîrtan en présence de Mâ. C'est à cette époque que Shrî Shashibhushan Das Gupta vint de Chittagong. Dès qu'il vit Mâ, son coeur fut rempli d'une dévotion profonde.Il y avait foule à ce moment-là. Les larmes aux yeux, il regardait fixement le visage de Mâ. Il me dit: 'Je
vois devant moi ce que je n'ai jamais vu de ma vie entière: elle semble être l'incarnation de la Mère de l'univers "
Le kîrtan débuta à dix heures du soir. Shrî Mâ mit de la poudre rouge sur le front des dames. Soudain la boîte de poudre lui glissa des mains. Son corps s'effondra sur le sol et se mit à rouler sur lui même. Ensuite elle se redressa lentement et tint debout sur ses deux gros orteils; ses mains étaient tendues vers le ciel, sa tête légèrement inclinée de côté et en arrière; ses paupières ne clignaient pas et elles regardaient vers Ie ciel
Peu après, elle se mit à se déplacer dans cette posture. Son corps semblait rempli d'une divine présence. Elle ne faisait pas attention à ses vêtements qui étaient un peu défaits. Personne n'avait le pouvoir ou l' envie de l'arrêter Son corps dansait rythmiquement avec une grande délicatesse; il atteignit l'endroit du kîrtan, et là pour ainsi dire se fondit sur le sol. Poussé par quelque pouvoir mystérieux il se mit à rouler comme Ies feuillles mortes sous l'effet d une brise légère.
Un peu plus tard, pendant qu'elle était toujours allongée sur Ie sol, des sons doux et mélodieux s'échappèrent de ses lèvres: Hare murare madhukeitabare (murare le joueur de flûte, un des noms de Krishna). Les larmes lui inondaient Ie visage. Ce n'est qu'au au bout de quelques heures qu'elle recouvrit un état normal.
Après avoir vu son visage merveilleux et son état comme intoxiqué de joie tous les assistants se mirent à dire: " Ce que nous avions lu dans les livres à propos des extases de Chaitanya Mahâprabhu nous l'avons vu directement chez Mâ aujourd'hui."
Au crépuscule. quand Mâ revint dans la salle du kîrtan tous les symptômes de la matinée réapparurent. Après quelques temps elle prononça certaines paroles d'une voix si claire et si pleine d`émotion spirituelle que toute l'assistance fut plongée dans un état de félicité.
Après la fin de la cérémonie Mâ elle-même fit la distribution du prasâd de kicheri (un mélange de riz et de lentilles)avec une telle grâce, une telle vivacilé el tant d'amour maternel qu'on aurait dit la déesse Mâ Lakhmî elle-même descendue sur notre terre. Plusieurs assistants eurent une expérience spirituelle profonde en voyant ce jour-Ià dans le jeu de Mâ une concrétisation d'une divinité difficile à percevoir par ailleurs dans notre monde.
A cette époque, Niranjan vint à Dacca comme sous-directeur des impôts. Un soir j'allai avec lui à Shahbag où l'on chantait des kîrtans à l'occasion de la nouvelle lune.Tandis le kîrtan progressait, de nombreuses modifications se produisirent chez Mâ. Elle se redressa complètement tout en restant assise, puis sa tête fléchit progressivement vers l'arrière au point d'aller toucher le dos; les mains et les pieds se tournèrent et le corps tomba doucement sur le sol. il était animé de mouvements rythmiques en vagues, liés à la respiration; les membres étirés, elle se roulait sur le sol en suivant la musique. Ses mouvements étaient aussi légers et délicats que ceux des feuilles que le vent emporte. Aucun être humain, malgré tout ses efforts, n'aurait pu Ies imiter. Tous les assistants sentaient que Shrî Mâ dansait sous l'impact des forces d'en-haut. Beaucoup essayèrent de l'arrêter; mais sans succès. Enfin, ses mouvements cessèrent et elle resta immobile comme une motte de terre. Elle semblait établie dans l`expérience d'un bonheur ininterrompu. De son visage émanait une lumière divine, et son corps débordait d'une joie totale (pûrnânanda). Niranjan était là, debout: il voyait un tel état pour la première fois de sa vie. Il se mit il réciter une hymne à la déesse et me dit: " Aujourd'hui, j'ai vu une véritable déesse!"
Une autre fois il y avait une grande foule à Shahbag. Shrî Mâ rentra dans un état similaire à celui que je viens de décrire; mais cette fois-ci, elle s`inclina sur le sol à partir de la position assise. Sa respiration était pratiquement suspendue. Elle étira les bras et les jambes et s`allongea à plat ventre sur le sol, puis se roula avec légèreté en faisant un mouvemant de vague. Au bout de quelques temps comme quelqu'un de littéralement aspiré vers le haut elle se releva lentement sans aucun soutien et se tint sur les deux gros orteils: elle touchait à peine le sol. Sa respiration semblait s'être arrêtée complètement, ses mains étaient levées vers le ciel. Son corps n'avait qu'un contact très léger avec le sol, sa tête était fléchie en arrière au point de toucher le dos, ses yeux étaient dirigés vers le ciel avec un regard lumineux. Elle marchait pas à pas comme une marrionnette de bois mûs par l'effet des fils que tient celui qui est derrière Ie rideau. Ses yeux avaient un rayonnement divin, son visage un sourire d'une douceur qui n'est pas de ce monde et ses lèvres expimaient le rire et la joie. Après quelque temps, se tenant toujours sur ses gros orteils et en suivant le rythme du kîrtan elle avait les yeux fixés vers le haut comme si tout le poids de son corps était tiré par une force venant d'en haut. Elle resta dans cette posture longtemps, puis ses yeux se fermèrent et elle s'allongea sur te sol comme une masse la tête fléchie vers l'arrière. Le lendemain matin vers dix heures elle revint à son état normal.
Un jour il y avait un kîrtan chez Niranjan. Toute la famille et en particulier sa vieille mère, avaient le vif désir de voir Shrî Mâ dans un état d'extase (bhâvâvesh) La vieille dame pria dans Ie secret de son coeur pour recevoir cette grâce. Shri Mâ était allongée sur le sol dans la pièce d'à côté. Soudain, elle se précipita dans la salle du kîrtan et commença à danser avec le groupe, tout en chantant dans un autre état de conscience. Après quelque temps elle tomba au sol de nouveau; cette fois, elle retourna plus rapidement à un état normal mais elle demeura en silence.
En plus des signes mentionnés ci-dessus son corps était saisi d'une telle variété d'états (bhâva) qu'on ne peut les décrire. Quand il tombait sur le sol, il s'étirait parfois de façon inhabituelle, parfois devenait petit ou rond comme une boule. D'autres fois, il semblait qu'il était dépourvu d'os, et il rebondissait par terre pendant la danse comme une balle de cahoutchouc. Ses mouvements étaient vifs comme l'éclair, on ne pouvait guère les suivre du regard en détail même avec une grande attention.
Dans ces moments-là, il semblait qu'il ne s'agissait pas de Shrî Mâ. mais que son état extatique venait d'en haut et habitait son corps. Elle se mettait à tressaillir au point d'en avoir la chair de poule, elle rougissait et son visage était rempli de lumière. Ces signes spontanés de manifestation d'un état d'être divin permettaient de voir en un corps limité la douceur merveilleuse de l'illimité.
Quand on l'observait pendant ces moments-là, on pouvait sentir qu'elle était bien au-dessus de toutes ces manifestalions et que ces états (bhâva) naissaient spontanément à l'intérieur d'elle-même en lien avec quelque impulsion invisible.
Un jour je demandai à Mâtâjî: " Quand votre corps est saisi par un état d'extase (bhâvâvesh) voyez-vous apparaître devant vous des dieux ou des déesses '? " Mâ répondit: " Ici, il n'y pas de notion de résultat pour moi. Je n'ai pas besoin de ces visions. Vous voulez voir les signes de l'extase, c'est pour cela qu'ils se manifestent de temps en temps dans ce corps. Quand on souhaite quelque chose avec une pleine intensité, sa réalisation ne manqe pas de s'ensuivre. Ce n'est qu'en s'immergeant dans le nom divin qu'on peut se mettre à plonger dans l'océan des formes. Quand on ne sépare plus le Nom et Celui qui est nommé, le sentiment du monde extérieur disparaît et l'énergie lumineuse propre au Nom s'épanouit d'elle-même."
Pendant les kîrtan un état qui n'est pas de ce monde venait dans le corps de Mâ. Elle nous dit elle-même qu'il y avait une période où lorsqu'elle voyait le feu, I`eau. le ciel ou quelque scène particulière, elle devenait celte forme ou cet cet élément. Lorsque par exemple arrivait une bourrasque, elle sentait le désir de se laisser aller comme un vêtement agité par le vent. Ou encore, quand elle entendait un son grave comme celui d'une pierre, son corps devenait aussi immobile qu'une pierre.
Quand un état d'être passait dans l'esprit de Mâ, son corps suivait et l`exprimait sous une forme visible.
Un jour, elle se mit à rire en jouant avec des enfant, tant et si bien qu'o ne put l'arrêter, même après une heure d'efforts. Elle ne cessait de rire une ou deux minutes que pour recommencer de plus belle. Elle était dans la même posture. rnais on pouvait voir à son regard et à son visage qu'elle n'était pas dans un état ordinaire. Beaucoup de ceux qui étaient présents furent fortement impressionés. Ce n'est qu'au bout de quelque temps qu' elle recouvra progressivemerlt son état normal.
Une fois qu`elle partait de Calcutta pour Dacca, de nombreux fidèles, des adultes comme des enfants vinrent l'accompagner à la gare. Ils pleuraient tous à la perspective de la séparation. Shrî Mâ également se joignit à eux et se mit à pleurer si fort qu'on ne pouvait plus l'arrêter. Un attroupement se forma; les gens disaient: "Ce doit être une jeune fille à marier qu'on emmène de sa famille pour aller vivre dans sa belle-famille." Cette impulsion à pleurer dura de midi jusqu'au soir.
Un jour Mâ me demanda:"Où est le centre du rire et des larmes?" Je répondis."Bien que toutes les stimulations viennent du cerveau, le centre réel est le coeur." Shrî Mâ dit::"Quand il y a un sentiment réel derrière ton rire et tes larmes, il cherche à s'exprimer par tous les pores de la peau." Je ne pouvais percevoir le sens de ces paroles et je restai silencieux. Quelques jours plus tard, j'allai à l'ashram tôt le matin. Je rencontrai Shrî Mâ et allai me promener avec elle. Je lui demandai:"Mâ, comment allez-vous aujourd'hui?" Elle répondit avec une grande conviction:"Vraiment très bien!" Cette simple répoonse fit battre mon coeur si fort que je fus obligé de m'arrêter. J'étais saisi par un état extraordinaire que je ressentais de la tête aux pieds. Mâ remarqua ce qui se passait et me dit:"Réalises-tu maintenant où se trouve le centre du rire et des larmes? Quand un sentiment n'est exprimé que par une partie du corps, il n'a pas toute sa force."
J'ai entendu dire par Shri Mâ que quand un aspirant (sâdhaka) médite avec une conscience bien centrée sur le divin, il ressent douloureusement les vibrations du monde extérieur avec lequel il est en contradiction. Lorsqu'à ce moment-là, quelqu'un fait du mal à un animal, ou même à une plante et que l'aspirant le perçoit, il en ressent une vive douleur à l'intérieur.. Les vibrations de colère et de sensualité vont à l'encontre de son absorption dans le yoga et dans le Divin. Aussi longtemps qu'un sâdhaka est relié au monde extérieur, ce qu'il perçoit l'est à travers le filtre de son égo. C'est pour cela que la chute d'une simple feuille d'arbre se ressent sous forme d'un léger ébranlement dans la conscience. Pendant la première partie de la vie de Mâ, tout ce qui arrivait à l'extérieur trouvait une réponse en elle.
Après une extase profonde, (maha-bhava), aussitot que Shrî Mâ revenait à un état plus normal, de nombreux processus yogiques se manifestaient automatiquement. A ce moment-là, on pouvait entendre qu'elle émettait une sorte de bourdonnement indistinct, puis des grondements qui rappelaient le son des vagues dans la tempête, ensuite ce pouvait être un flux extrêmement mélodieux de vérités divines sous la forme de nombreuses hymnes sanskrites. Il semblait que les vérités d'En-haut prenaient directement forme dans ce que Shrî Mâ disait. Une prononciation si parfaite, une mélodie si libre et si profondément touchante avait sur l'auditoire un effet quasi-magique, d'autant plus qu'elle était accompagnée par la lumière du visage de Mâ. Même les pandit spécialiste des Védas auraient eu du mal à acquérir une élocution aussi claire et facile en dépit de leur apprentissage et de leur pratique. La richesse en signification de ces dits spontanés de Mâ est une surprise pour les savants. On n'a pas pu comprendre facilement la langue dans laquelle ces versets étaient énoncés, et on n'a donc pas pu les noter avec une exactitude complète. Nous donnons ci-dessous néanmoins la traduction de certaines hymnes qu'on a pu quand même transcrire en partie. Nous avons essayé de les faire vérifier et corriger par Shrî Mâ. Elle répondit:'Si cela doit se faire, ce sera spontanément. En ce moment, je n'en ai pas l'impulsion intérieure (khyal)." La traduction de ces hymnes est donnée ci-dessous:
" Tu es la lumière de l'Univers, l'Esprit qui le dirige et le guide. Viens parmi nous! Les mondes sont issus de Toi à chaque instant comme le fil de la toile sort de l'araignée. Tu dissipes toutes les peurs. Viens, que nous puissions Te voir! Tu es la semence de l'Univers, Tu es l'Ere dans lequel je réside. Tu es présent dans le coeur de tous ces fidèles. O Toi (Shiva) dont je perçois la présence devant Moi (Shakti), bannis les peurs de tous les êtres crées. Tu es l'incarnation de tous les dieux et beaucoup plus encore. Tu es venu de Moi et je suis le résumé de tout le monde créé. Contemplons le fondement même de l'univers, fondement par lequel le monde cherche sa libération. Tu te tiens sur Ta nature essentielle, éternelle. Tu es issu du Pranava (le son Om à l'origine du monde), la parole-germe, la base et la vérité de toute existence. Les Védas ne sont que l'étincelle de ta lumière éternelle. Tu symbolises le couple divin Kâma et Kâmeshvari (le dieu et la déesse du désir) qui ensemble se sont dissous dans la joie omniprésente. Tu les sépares de nouveau sous forme de nâda (son intérieur) et bindu (point de concentration) pour pouvoir continuer ton jeu (lîlâ). Dissipe les peurs du monde!"
" Je prends refuge en Toi. Tu es mon abri, le lieu de mon repos. Attire mon être entier en Toi. En tant que Libérateur, Tu as en fait deux formes: celui qui libère et celui qui cherche la libération. C'est par Moi seulement que tous sont créés à ma propre image. C'est par Moi que tous sont envoyés dans le monde et c'est en Moi que tous trouvent leur refuge final. Je suis la cause première indiquée dans les Védas par le Pranava, je suis tout à la fois l'ignorance fondamentale (mahamâyâ, qui est en fait un nom de la déesse) et l'état suprême (maha-bhâva). La dévotion qu'on a envers moi est la cause de la Libération. Tous sont en Moi. C'est à Moi que Rudra doit son pouvoir. Je chante la gloire de Rudra qui se manifeste dans toutes les actions et se trouve également à leur origine. (l'hymne de ce dernier paragraphe représente ce qu'on a pu noter des paroles spontanées de Mâ quand elle quitta Shahbag impromptu en 1929 le lendemain de la fondation de son premier ashram).
D'après le sens de ces hymnes, il semble que Shrî Mâ s'est incarnée dans un corps, a eu ses états intérieurs et les as exprimés verbalement pour la paix, le bien et le progrès du monde. Son amour et sa compassion sans limite se répandent sur tous les êtres et elle prend pour eux la forme de la Mère de l'univers.
Shrî Mâ dit un jour à propos de ces hymnes:' La Parole est à l'origine du monde; la création se développe progressivement et se transforme grâce au développement et à la transformation de cette Parole à la fois initiale et éternelle."
Pendant cette pèriode de la vie de Mataji, lorsque de nombreuses hymnes se révélaient, sa voix devenait parfois aussi pointue qu'une épée, à d'autres moments, elle était aussi apaisante que le zéphyr du soir, d'autre fois encore, elle respirait une puissance paisible, profondément heureuse et mettait dans un état analogue à celui induit par une nuit de pleine lune. Les expressions de son visage suivaient les variations de la mélodie.
Parfois, les hymnes sortaient de sa bouche accompagnées par un flot de larmes; un sourire lumineux, merveilleusement apaisant, l'alternance de rires et de larmes, évoquant celle du soleil et de la pluie, conféraient à son visage plein de joie une sérénité et un charme qui n'étaient pas de ce monde. Quand elle avait fini de chanter ces hymnes, soit elle restait silencieuse, soit elle s'allongeait sur le sol dans une posture évoquant une absorption au plus profond d'elle-même.
Les hymnes qui sont sortis spontanément de la bouche de Shrî Mâ ne sont ni en sanskrit ni en aucune langue qui nous soit connue. Elles contiennent certaines paroles ou expressions qui sont néanmoins en sanskrit et, dans l'ensemble, elles paraissent être des prières. On doit les considérer comme des mantra où chaque syllabe a sa signification et ne peut ëtre remplacé par des synonymes. La traduction donnée ci-dessus ne doit donc pas être considére comme littérale. De plus, la transcription des paroles de Shrî Ma n'a sans doute pas toujours été exacte.