Extrait
chapitre
numéro
3

Entretiens du 19 avril 1985

Entretiens avec Atmananda
Medirep, 1986

Vendredi 19 avril 1985 Retour d'Hardwar et Rishikesh

Q.- Nous voici de retour. Atmananda, avez-vous pu terminer tout l'énorme travail de correction que vous aviez en cours ?

At.- Oui, tout est terminé, j'ai tout expédié. On va pouvoir mettre sous presse. Je dispose maintenant de beaucoup plus de temps et vous pourrez me poser toutes les questions que vous voudrez.

Q.- C'est extraordinaire que vous puissiez assumer un travail aussi considérable et aussi difficile. Comment pouvez-vous trouver le temps pour faire tout cela ? Car tant de gens viennent vous voir, sans compter l'énorme courrier que vous recevez de toutes les parties du monde ?

At.- Vous savez, je sens que maintenant je ne vis plus que pour faire le travail de Ma. Afin de rendre accessible au plus grand nombre son enseignement et ses paroles. Et je tâche de toujours me laisser guider par elle. Je ne l'entends pas, je ne rêve que très rarement d'elle, et n'ai aucune vision, ce qui arrive à d'autres personnes.

Mais il me vient à l'esprit ce que je dois faire, je le fais, et je m'aperçois que c'est toujours bien. C'est Mâ qui m'aide et m'inspire.

Au début, lorsque j'ai rencontré Mataji, j'ai eu tout de suite le sentiment qu'elle n'était pas seulement ce que mes yeux voyaient. Je sentais qu'il y avait quelque chose d'autrement plus grand. Mais je ne pouvais pas voir la réalité. Cependant, au fond de moi-même, il y avait ce sentiment, cette conviction qu'au delà de l'apparence, il y avait autre chose qu'on ne voyait pas, mais dont on ressentait la présence et la force. Mâ a dit un jour en parlant d'elle-même: "Ici, il n'est pas question d'un corps. Vous voyez un corps, mais il n'y a pas de corps".

Q.- Mâ a dit cela ? "Vous voyez un corps, mais il n'y a pas de corps ?"

At.- Oui. Au commencement, ce sentiment demeurait en moi qu'il y avait en Mataji quelque chose qui nous dépassait. Rien, rien ne pouvait être comparé à elle. Elle était unique.

Vous m'avez demandé: "Mâ est-elle comme le Christ, comme Krishna ou Bouddha ? Cela, je ne le sais pas. Mais en ce qui concerne le Christ, je puis vous dire que, lorsque des chrétiens venaient, et il y en a eu beaucoup, elle leur disait: "Vous avez foi dans le Christ ? Suivez le Christ." Et elle les encourageait à suivre son enseignement. Certains m'ont dit: "Mâ m'a fait lire toute la littérature chrétienne."

Mataji nous disait que la voie du christianisme était bonne, mais qu'il fallait retrouver l'enseignement originel de Jésus. Avez-vous lu cette conversation que Mâ a eue avec ce prêtre catholique ?

Q- oui, plusieurs fois. Etiez-vous présente ?

At.- Oui. C'est moi qui traduisais et qui l'ai transcrite.

Q.- Mâ a dit de si belles choses concernant le Christ: "On trouve tout dans le Christ, le frère, le père, le fils, le Bien Aimé et l'on y trouve aussi Mâ !". Et c'est à ce prêtre catholique français qui lui avait posé une question sur le christianisme que Mâ a dit: "Si le christianisme se situe "à part" de toutes les religions, il rompt avec elles. Nous reconnaissons Jésus-Christ, mais dans le cadre de l'unité de toutes les religions. Lui-même est au dessus de toute distinction".

At.- Oui, c'est exact. Mâ avait aussi répondu à des allemands qui lui disaient ne pas savoir comment se concentrer: "Concentrez-vous sur le Christ ! "Mais nous ne pouvons pas, le Christ est trop grand, trop haut " Et Mâ a ajouté: "Ne croyez pas que le Christ soit un homme. Il est la Lumière. La Lumière qui illumine tout, c'est le Christ".

Elle a souvent affirmé cela, vous savez. Et même si certains lui disaient ne pas pouvoir méditer sur l'aspect physique du Christ, Mâ leur répondait: "Méditez sur la Lumière" Et à un allemand qui se plaignait: "Mâ, je médite sur la Lumière, mais un jour elle est bleue, un jour elle est verte !" Et Mâ lui a répondu: "Cela ne fait rien. Méditez sur la Lumière."

Q- Voyons, ai-je bien compris ? Mâ a dit: "Si vous ne pouvez pas méditer sur la personne du Christ, le Christ est la Lumière, méditez sur la Lumière" ?

At.- Non, ce n'est pas cela. Elle a dit: "Ne pensez pas que le Christ soit un homme, celui qui a été crucifié. Le vrai Christ, c'est la Lumière qui illumine tout. Méditez sur cela". Oui, Mâ Anandamayi a toujours encouragé les chrétiens à méditer sur le Christ et à se conformer à ses enseignements. Il est clair qu'actuellement l'Église catholique est en période de décadence. Néanmoins Mâ encourageait les chrétiens à accomplir leur ascèse en suivant la voie du Christ et à se concentrer sur son enseignement.

J'ai longtemps servi d'intermédiaire entre la Mère et les occidentaux ; c'est pourquoi je puis vous parler en connaissance de cause. J'ai tout écrit dans "Ananda Varta". Et Jean Herbert, pour "L'Enseignement de Mâ Anandamoyi", s'est servi, entre autres sources, de cela. Il était très intelligent et a très bien su choisir les textes. Ce qu'il a fait est très bien fait. Il faut lire ce livre.