24 - MÂ
281
Je suis la même que j’étais avant et la même que je serai après. A quelque moment que vous m’appeliez, pour quelque raison que ce soit et quoi que vous pensiez de moi, je suis cela. Ce corps n’est pas là pour récolter les fruits d’un karma précédent. Pourquoi ne considérez-vous pas ce corps comme un jouet de votre demande intérieure profonde ? Vous l’avez voulu et vous l’avez obtenu.
282
Ce corps parle toujours du Soi unique, alors pourquoi serait-il question de séparation et de distance ?
283
Connaître Mâ, c’est réussir à devenir Mâ. Mâ signifie Atma (le Soi). Mâ signifie imprégné. Le Soi imprègne le Soi. Le principe du Soi. En vérité, c’est CELA qui est. Atteindre la forme de la Connaissance, du Soi et de Shiva, signifie devenir cela qui est toujours existant. L’Atma de ce corps est l’Atma de chacun. Mâ ne pourrait fonctionner s’il n’y avait aucun autre être.
284
L’Atma de ce corps est l’Atma de tout un chacun. Il ne peut être effectif pour Mâ si quelqu’un est exclu.
285
Mâ signifie quelqu’un qui satisfait les nécessités de ses enfants dans une mesure parfaite. Parce qu’elle sait évaluer les enfants, c’est pour cela qu’elle est mère.
286
Vous avez été créés à partir de Mâ. En effet le père existe dans la mère. Ne dites-vous pas à Dieu : « Tu es mère, Tu es père, Tu es frère, ami et maître ? » C’est-à-dire moi, mon ‘Je’ suprême. Chaque chose, en effet, est Lui qui est en chaque chose. Souvenez-vous : Mâ est CELA.
287
Nombre de personnes disent à Mâ « Vous êtes mon Gourou ». Mâ répond « Comme il vous plaira ». Dieu, que l’on appelle le Brahman suprême et omniprésent, et le Soi supérieur est véritablement la mère de tous.
288
On peut réaliser Mâ rien qu’en essayant de connaître son propre Soi.
289
Il ne faudrait rien garder dans l’esprit, si ce n’est Mâ qui est Chidananda (conscience et béatitude incarnées).
290
La relation avec Mâ est éternelle. Elle est l’Unique Soi éternellement familier.
291
En Mâ il n’est aucunement question d’acceptation ou de refus. Et dans le refus de Mâ il y a l’acceptation, de même que dans l’acceptation il y a le refus. En effet, Mâ demeure et demeurera à tout moment, aussi bien dans le bhâva que dans l’abhâva (présence et absence).
292
C’est là, en effet, la voie de ce corps. Chaque fois qu’Elle parle d’un argument donné, Elle maintient son attention sur le contexte environnant. A la différence de vous tous, il n’arrive jamais qu’elle parle en gardant tout le temps la même séquence. L’état du mental de chaque personne présente, flotte devant les yeux de ce corps.
293
Vous avez invoqué ce corps pour vos propres objectifs. (Swami Vijayânanda explique que c’est un groupe de brahmines pieux du Bengale voulant restaurer l’antique tradition de l’Inde qui a prié pour une descente de la Mère divine et qui a a insi fait venir Mâ Anandamayî).
294
Chaque chose est parfaitement disposée. En fait tout est manifesté de l’intérieur de ce corps. Les images des Dieux et des Déesses ont été tirées de ce corps, mises en place et vénérées. A la fin de la Puja, chaque chose a été prise à l’intérieur de ce corps et mise au même endroit que celui où elle était. Sachez que tout est possible.
295
L’état dans lequel je me trouve pour parler avec vous, pour rire avec vous assis sur le sol, ou alors l’état qui est le mien durant le kirtan, avec les roulements de tambours, et nombre d’autres manifestations de ce corps, sont en fait un seul et même état. Et tout se produit à partir de ce seul état. Il en va de même durant la Puja, etc. où l’on vénérait un Dieu particulier ou une Déesse, la ressemblance de ce Dieu ou cette Déesse, la posture, la mudrâ (orientation des doigts), l’énergie, etc. et toutes les autres choses, manifestées dans ce corps, dans leur totale exactitude. Il ne s’agit pas d’imagination. C’était là, comme vous êtes là devant moi.
296
Il n’y a pas d’allées et venues, de changements, pour ce corps. A cet instant il est comme il était avant. Qu’est-ce que la mort et la naissance ? Que dire à propos de CELA qui existe effectivement, en dépit du fait qu’Il soit mort ?
297
La plupart du temps, ce corps se dissimule par le truchement du comportement ou des discours. Cela en fait est la vérité. C’est peut-être nécessaire. Et c’est pour cette raison que cela se produit.
298
Qui est Mâ Ânandamayî ? Qui est vraiment la béatitude qui imprègne tout ? Lui est toujours présent dans la cruche (dans la pûjâ, le pot comme l’image représentent le divin et reçoivent au même titre les offrandes et symboliquement, la forme corporelle de l’être humain), dans l’image, dans le coeur de chacun. Sa demeure est partout. Lorsqu’on Le voit, lorsqu’on L’atteint, on voit chaque chose et on atteint chaque chose. Ce qui signifie que l’on est intrépide, déterminé, convaincu, constant et indestructible.
299
Savez-vous ce que dit ce corps ? Elle ne va chez personne, ne consomme la nourriture de personne, ne parle à personne et ne regarde personne. Et ne demande pas « Qui est-ce ? » ou « A qui est-ce ? » Savez-vous ce que cela signifie ? Elle est toujours près de Sa mère, de Son père, de Ses amis, profitant de la liberté. Elle ne va pas et ne vient pas. Comprenez-vous ?
300
Vous êtes de l’avis qu’une chose est naturelle ou non naturelle. Là il n’y a pas de karma ni de désir. Il y a seulement quelqu’un qui dit : « qu’arrive ce qui arrive ».
301
L’impulsion, l’élan, d’un aspirant spirituel, vise un état particulier d’existence. Toutefois, ici (dans le cas de Mâ), il n’est pas question d’état ou de non-état, d’objectif ou de non-objectif. C’est un peu comme si une lampe électrique faisait apparaître clairement, l’un après l’autre, tous les objets contenus dans une pièce plongée dans les ténèbres. C’est exactement pareil. Pourtant il est impossible, durant le parcours d’un aspirant, de rendre témoignage de tout cela. Pour avancer, il doit surmonter différents obstacles. L’un d’eux est le mouvement extérieur, un autre le mouvement intérieur. « Ici » (en Mâ), il n’est pas question de tout cela en fait. Ici, en vérité, je suis les nerfs, je suis les artères, je suis le mouvement et je suis l’observateur. S’il était possible, bien sûr, d’employer ce mot « je ».
302
Ce corps ne le calcule pas du tout à l’avance. C’est pour cette raison qu’il n’a aucune tendance à vouloir donner certaines choses, comme par exemple l’initiation, etc...Cependant il est arrivé plus d’une fois, alors que ce corps était assis seul, à l’écart, que de sa bouche jaillissent tout à coup quelques bîja mantra (mantra-semence) ou le sannyâsa mantra (mantra du renoncement). Peut-être quelqu’un a-t-il entendu un de ces mantras, à ce moment-là. D’autres en ont peut-être entendu ailleurs, à différentes occasions et les ont considérés comme une initiation. Nombre d’incidents semblables peuvent se produire régulièrement, et des personnes ordinaires sont sans doute convaincues qu’il s’agit d’évènements voulus d’avance qui leurs sont destinés. En fait ce n’est pas cela du tout. Ce qui devait arriver est arrivé. Voulez-vous savoir comment ? Bien. Là il y a le sol. Un fruit est tombé de l’arbre et un nouvel arbre a poussé. Mais personne n’avait planté la graine. Tout comme un arbre peut pousser lorsqu’une graine a été plantée, le même arbre peut également pousser lorsqu’une graine tombe d’elle-même sur le sol. Et cet arbre-là aura les mêmes fleurs et les mêmes fruits que l’autre. Mais à l’origine de ce fait, il n’y avait aucune intention, aucune prédétermination. C’est comme cela, c’est tout.
303
Ce corps n’a recours à aucun mantra-tantra. Ce que l’on appelle « activités tantriques » et la façon de les pratiquer, tout cela n’a jamais été pris en compte ici (par ce corps). Ici, en effet, le rapport spirituel existe avec chacun. Ici, il n’y a pas de pièces ni de maisons séparées. Je l’ai déjà dit, si vous parlez de pièces, il n’y a que celle-ci. Et elle est infinie.
304
Ce corps n’a pas de façons de voir différentes d’un être humain à l’autre, ou d’un groupe à l’autre. Dans de nombreux ashrams on vous dira : « Si vous êtes en mesure de respecter nos règles et notre discipline, vous pouvez rester. Sinon allez quelque part ailleurs. » Ce corps n’a pas ce genre de problèmes. Tout le monde vient ici pour y donner son satsang. Oui, des satsangs, car chaque visiteur en lui-même est une manifestation de Dieu. Lui, le Dieu, l’Un, est sous toutes les formes. Ce corps est avec les arbres, les oiseaux et tout le reste. Rien n’est séparé de ce corps, nulle part.
305
Les paroles, les mouvements, les activités, les déplacements de toutes parts, tout ce qui est dans ce corps est pour vous. Vous faites agir ce corps comme vous le désirez.
306
Il n’y a pas de second, il n’y a que l’Un pour ce corps. Qui infligera de la souffrance à qui ? Le problème de la souffrance ne se présente que lorsqu’il y a un second.
307
Une mère qui ne se livre pas à des démonstrations affectives excessives, est une vraie mère, qui reste et qui restera. Elle ne s’éloigne jamais, même quand on le lui demande.
308
Ainsi, vous et moi nous sommes deux. D’autre part, vous et moi nous sommes un. Le vide, l’espace, qu’il y a entre nous deux est en fait...le ‘Je’.
309
Où que ceux-ci se trouvent, ce corps est toujours avec eux. Le service, pour quoi que ce soit, n’a pas lieu avec ce corps, ou si la chose se produit c’est qu’elle se fait d’elle-même. On fait en sorte que cela arrive, selon le besoin. Considérant ce corps comme un des leurs, ils offrent le satsang avec amour. Ici la porte est ouverte. Venez sans hésiter dès que vous le désirez.
310
Vos peines, votre douleur, votre détresse, sont ma souffrance. Ce corps comprend tout, ressent tout.
311
Personne n’est en faute à l’égard de ce corps. Il n’y a donc aucune raison de demander à ce corps de pardonner. Mais il vous faudra porter les fruits de toutes vos actions. Dans ce corps il n’y a rien qui ressemble à de la colère à propos de ceci.
312
Sachez que votre souvenir est en permanence dans mon esprit.
313
Vous voudriez peut-être faire partir ce corps de votre esprit. Mais jamais ce corps ne s’en ira, jamais il ne vous quitte, jamais il ne vous a quittés. Si quelqu’un a aimé ce corps, il ne pourra pas se débarrasser du souvenir de ce corps, même s’il tente de le faire des centaines de fois. Ce corps est dans sa mémoire et il y restera.
314
Ils pensent à l’éloignement, mais en réalité ce corps est tout près. La proximité et l’éloignement ne sont qu’une vue de l’esprit.
315
Il n’y a aucune différence entre la terre et ce corps. Je peux aussi manger en posant ma nourriture sur le sol, ou ailleurs, n’importe où. Les règles de conduite, de la dévotion, de la propreté, du respect, etc., sont nécessaires à votre apprentissage. C’est pour cela que des choses comme celles-ci adviennent en moi.
316
Des concepts comme « inconnu » ou « erreur » n’existent pas pour ce corps. Ce qui doit arriver, arrive. Que ce soit près ou loin de vous, devant vos yeux ou hors de votre vue.
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Mâ parle pour le bonheur de tous. Même si l’on pratique à contrecoeur et avec vigueur, Il donnera à coup sûr l’énergie nécessaire pour aller vers Lui et accordera également les fruits de cette action. N’oubliez pas, donc, que cette action donne des résultats et que le fait d’avoir cela en mémoire donne, lui aussi, des résultats. Personne ne peut affirmer que l’on n’obtient pas de résultats lorsqu’on le fait pendant quelques jours. Le sens des affaires n’a pas cours ici. Faites l’effort d’être constamment relié à Lui. Et cet effort se transformera en habitude.
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On croirait quelques fois que les images représentatives des maladies ont établi leurs cibles dans ce corps. En effet, elles entrent dans ce corps, s’y amusent pendant quelques jours et s’en vont. L’attitude de ce corps, consiste à n’inviter et à ne renvoyer personne. De même que vous tous existez, les maladies elles aussi, existent. Et puisque ce corps ne vous chasse pas, pourquoi devrait-il chasser les maladies ?
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Qui est là sous forme de la souffrance ? Quant à ôter sa souffrance à quelqu’un, c’est un problème tout à fait différent. Toutes les façons d’agir ne sont pas toujours adaptées à toutes les situations. Pour ce corps-ci, rire ou s’amuser ou cesser de respirer, cela ne représente que chacun de ces états-là, sans plus. Ici il n’y a pas de partage de la souffrance, de partage de la douleur. Il y a équanimité, c’est tout.
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Je peux voir quelle image, quelle représentation assume telle ou telle maladie. Lorsque les maladies veulent venir vers ce corps, je ne fais pas obstruction. Quand le « Je » seulement existe, où est l’acceptation, où est le rejet ? Je vous le dis, de même que je suis heureuse avec vous, je le suis avec elles aussi.
321
Où ce corps est-il séparé de vous ? Où est la différence entre ce corps et cet ami (elle indique un jeune) ? Il y a « intermixion » et les deux deviennent un seul – souvenez-vous de ces mots. Si vous mangez quelque chose de mauvais, sachez que vous donnez la même nourriture à ce corps. Vous vous demandez si les pensées de chacun d’entre vous arrivent jusque dans ce corps. La réponse est : Oui. Oui. Oui.