Extrait
chapitre
numéro
2

La Nature du manque

Classées par thèmes - préface de Jacques Vigne ; trad. de l'anglais par Jean E. Louis
Rosny-sous-Bois : Ed. Unicité, 2013

2 -La Nature du manque


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L’être humain se manifeste sous la forme du désir, du manque (en anglais want, en hindi et sanscrit, a-bhav). Il n’a que le désir, le manque en tête. Et lorsqu’il s’en va, c’est encore avec le désir, le manque en lui. C’est pourquoi il devrait méditer sur sa propre nature. Autrement : désir – inactivité – indolence – malheur – mort. (Le soi dans le soi nijiti nijai, on doit se livrer à l’introspection).

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A l’heure qu’il est, vous tous êtes en état de désir, de besoin, et c’est là maintenant votre vraie nature. Lorsque vous avez faim vous ressentez un besoin. Après avoir satisfait cette faim, la sensation de besoin disparaît. Puis vous éprouvez le besoin de dormir. Et lorsque vous vous réveillez vous avez envie de prendre l’air ou de bavarder. Les désirs-manques se présentent les uns après les autres et ne vous quittent pas un instant. Ainsi votre existence se passe dans le désir et le besoin. C’est ce que le corps considère comme des besoins naturels. L’homme a en lui la capacité de vivre dans sa vraie nature, sa vraie forme, sa vraie vie. De même qu’il y a le voile de l’ignorance, il y a la porte de la connaissance. C’est en passant cette porte que l’homme retourne vers sa vraie nature et retrouve son état véritable.

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Dans ce domaine d’un monde imaginaire, d’un côté votre corps est soutenu, tandis que de l’autre, derrière le voile, les actions (du Divin) se déroulent. Vous êtes nombreux à vous montrer sous différentes formes, avec différents sentiments. Qu’est-ce donc, si ce n’est la destruction du désirmanque sous toutes ses formes ? Dans l’univers, si c’est vous qui donnez et qui prenez, vous qui éprouvez le sentiment du désir, alors cette action est en fait la vôtre. 17 Là où vous voyez votre Soi en toutes choses et que vous vous efforcez de ne voir que « Cela » en quelque existence que ce soit, en quoi la vision estelle différente de ce qui est vu ? Le dessein d’un entretien, d’une discussion, d’une controverse, comme également celui de l’état de besoin, de manque, est en fait d’obtenir cette connaissance directe. Soyez éveillé dans votre propre nature.

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Plus nous passons de temps à honorer Dieu, plus sera grand l’avantage que nous en tirerons. Où il y a le monde, il y a le désir-manque. C’est là Sa nature. On ne peut qu’espérer la paix en déposant notre esprit à Ses pieds, de notre plein gré ou de quelque autre manière que ce soit.

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Lorsque la question est incomplète, vous n’obtenez pas la réponse escomptée. N’est-il pas fastidieux de renouveler la question ? C’est dans la nature des choses que de connaître le malheur. Le monde est ainsi fait, n’est-ce pas ? Le désir insatiable des choses de ce monde engendre la souffrance. Bien sûr vous pouvez en tirer un plaisir passager, et ensuite ? Il est du devoir exclusif de l’homme de demander ces choses dont l’obtention n’entraîne pas la souffrance et à travers lesquelles survient toute réalisation.

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Les actions elles-mêmes créent un sentiment de manque. Seules de nouvelles actions effaceront cette sensation de manque. Il appartient à chacun de s’efforcer d’atteindre sa propre plénitude. En jouissant des objets mondains, on glisse peu à peu dans la mort. Père, deviens celui qui boit le nectar (a-mrit, littéralement ‘immortel’). Jouis de l’immortalité. Sur cette voie-là il n’y a ni mort, ni maladie.

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Silence