Extrait
chapitre
numéro
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Introduction

Témoignages et réponses d'un disciple français de Mâ Anandamayî

Introduction




Vijâyananda a passé sept ans dans un ermitage à Dhaulchina, sur un sommet boisé près d’Almora c’est là qu’il a rédigé son ouvrage Sur les traces des Yogis dont nous donnons des extraits en première partie ; puis il est redescendu à Kankhal près d’Hardwar, à l’endroit où le Gange rentre dans la plaine. Mâ lui avait conseillé de revenir dans ce grand ashram où elle résidait très souvent avant sa mort en 1982 et où elle a maintenant son samadhi. Vijâyananda y poursuit depuis vingt-huit ans sa sâdhanâ ; il vient d’être nommé de nouveau président de l’ashram : destinée étonnante pour un ancien médecin français, consistant à se retrouver à la tête d’une grande institution hindoue connue pour sa stricte orthodoxie, brahmanique. Matri-lila, le jeu de Ma se poursuit …

Mâ l’avait chargé de recevoir des chercheurs spirituels qui souhaitent une information de première main sur son enseignement ou sur l’expérience du yoga, et il s’acquitte de sa tâche avec une fraîcheur et une présence renouvelées à chaque fois, même si évidemment il ne peut pas créer de nouveaux souvenirs personnels de Mâ. Cette présence est d’autant plus étonnante que les questions des visiteurs de passage reviennent en fait souvent au même ; cependant, les personnes sont à chaque fois différentes. Même si les visiteurs ne peuvent sonder la sagesse de l’ancien ermite en quelques entrevues, ils reçoivent néanmoins le don de son amour, ils le sentent et lui en sont reconnaissants. Les questions et réponses qui suivent sont tirées de ces entretiens informels, individuels ou en petit groupe, qui se sont déroulés au fil des ans. La plupart des réponses ont été notées après les entretiens par Jacques Vigne qui va à Kankhal depuis dix-huit ans et y a résidé régulièrement entre fin 89 et 98. Elles ont été relues par Vijâyananda pour parer à d’éventuelles erreurs de mémoire. Les réponses sont spontanées et adaptées à celui qui pose la question. Néanmoins, beaucoup d’entre elles ont une portée générale qui leur permet d’être reprises dans cet ouvrage. D’autres réponses ont été rédigées par Vijâyananda, lui-même, et sont parues dans ‘ Jay Ma ’, un journal trimestriel en français consacré à l’enseignement de Ma Anandamayi et publié alors à partir de Kankhal. Il avait été commencé dès 1985 à l’instigation d’Atmânanda l’autre disciple monastique de Mâ venant d’Occident. Elle a passé un demi-siècle en Inde et est décédée quelques semaines après avoir relu le premier numéro du Jay Ma. D’origine autrichienne, elle était douée pour les langues, savait en plus du français et de l’anglais, le hindi et le bengali et servait souvent de traductrice pour Ma. Des extraits de son journal spirituel sur Ma sont parus aux Deux Océans sous le titre Présence de Mâ, et une version plus complète où elle raconte aussi ses expériences à l’école de Krishnamurti a été publiée récemment chez Accarias-L’Originel sous le titre La mort doit mourir.

Le JAY MA est toujours là 30 ans plus tard. On doit remercier dans ce sens Danièle Perez qui s’en est occupée pendant les cinq premières années, et Geneviève Koevoets (Mahâjyoti) de Nice qui s’est chargée bénévolement de la coordination depuis l’automne 2006, ainsi que de la composition depuis le printemps 2009, faisant œuvre ainsi d’un beau travail de continuité spirituelle.

Pour en revenir à Vijâyananda, nous pouvons dire qu’il n’écrit pratiquement plus depuis une vingtaine d’années en dehors de ces clarifications qu’il donne dans le Jay Ma, et des réponses aux lettres personnelles qu’il reçoit. Maintenant qu’il a 89 ans, il ne répond d’ailleurs plus guère aux lettres, mais continue d’assurer les entretiens soirées après soirées, pour ceux qui sont suffisamment engagés pour venir le voir à Kankhal. Dans ce contexte, le présent recueil d’entretiens et de réponses prend une importance particulière. Il développe largement une première série de conversations plus brèves qui avait été publiées en 1997 par Terre du Ciel, en même temps que des articles sur Mâ, que Vijâyananda avait écrits durant ses dix premières années avec elle et de courts extraits d’un livre qu’il avait fait paraître en 1978 à Bombay directement en anglais sous le titre de « In the steps of the Yogis » (Sur les traces des Yoguis). Nous donnons aussi, ci-dessous, d’autres extraits de ce livre qui donnent des connaissances utiles pour les Occidentaux qui veulent mieux connaître l’Inde spirituelle. Cela dit, les lecteurs qui ont peu de temps et sont avides d’enseignements spirituels explicites pourront se concentrer directement sur les conversations : ils y trouveront largement de quoi étancher leur appétit.

Comme le but du texte est de parler de Ma et du Yoga, il rend mal compte de la manière spontanée dont Vijâyananda sait entremêler ces sujets avec la conversation courante, sur la vie quotidienne. Le lecteur, n’ayant pas été présent aux entretiens, ne sentira guère l’adéquation exacte entre l’attitude de Vijâyananda et la demande, dite ou non-dite du visiteur. Il ne réalisera aussi que partiellement le parfum de vérité, d’authenticité qui pénètre ces questions et réponses et qui était si évident pour les personnes présentes. Sur ce sujet, il doit faire un minimum de confiance au témoignage qu’apporte cet écrit. Un nouveau livre est une flèche qui est à la fois lancée du passé vers le futur, et qui en même temps demeure éternellement présente.

Par contre, il réalisera sans doute que les principaux points qui sont discutés éclairent la sâdhanâ, et donnent un enseignement qui était le même il y a dix mille ans, et qui sera le même dans dix mille ans. Il appréciera aussi probablement la manière dont Vijayânanda, avec sa simplicité enfantine, joue le jeu éternel du yoga. Puissent ces entretiens éveiller, ou réveiller en nous une compréhension juste de la voie spirituelle, et nous encourager à réaliser les vérités entrevues au cours de la lecture de ces quelques pages.


NOTE : Swami Vijayânanda a ‘quitté son corps’ à 95 ans, le Lundi de Pâques 5 Avril 2010.