Chapitre 3
Expériences indiennes
Pondichéry
Vijâyananda poursuit son voyage et arrive à Pondichéry où il va visiter l'ashram de Shrî Aurobindo
J'allai ensuite me recueillir sur la tombe de Shrî Aurobindo qui se trouve en plein milieu du bâtiment central de l'ashram. C'est un caveau en ciment [depuis, il a été recouvert de marbre blanc]. La partie supérieure est couverte d'une abondance de fleurs. Autour de la tombe des disciples priaient, d'autres méditaient. Le souvenir du grand maître est bien encore bien vivant, car il y a à peine un mois et demi qu’il vient de mourir.
J'avais lu en France une partie des ouvrages écrits par ce grand sage et philosophe et lui portais une profonde vénération. Mais ici comme devant "Mère", je dois avouer franchement que je n'ai rien "senti". Le Yoga d’Aurobindo, bien que basé sur l'ancienne tradition des védas et des Upanishads, a quelque chose de nouveau à enseigner. L’union avec Brahman, c'est-à- dire la fusion de la conscience individuelle dans la conscience absolue est le but ultime de la plupart des Yogas des autres systèmes. Mais Aurobindo ne veut pas s'en contenter. Il s'agit de faire descendre cette réalisation dans les plans inférieurs, jusque dans la matière pour la diviniser et régénérer l'ensemble de la société humaine par le Divin.
A vrai dire, cette conception n'est pas entièrement nouvelle. Il y a de nombreuses histoires et légendes de yoguis ayant réussi à obtenir un vajra-kâya, un corps physique parfait, libre de maladie et de vieillissement. Quant à la divinisation d'une société dans son ensemble - nous retrouvons cette idée dans les ouvrages de l'Inde ancienne. Le satya-youga, l'âge d'or, était une époque où cette société idéale aurait été réalisée dans une certaine mesure. Le Râmayana nous parle du Râma-râjya, le règne de Râma, après le retour de celui-ci de son exil qui correspond en tous points à l'idéal d'une société divinisée. La prophétie de l'époque messianique mentionnée dans la Bible et les enseignements judéo-chrétiens de "faire descendre le royaume des cieux sur terre" sont dans le même ordre d'idées. Pourtant, du point de vue védantique, ces conceptions sont inacceptables. Car la perfection n’est possible que dans l’Atman, l'Absolu, le Sans-forme. Tout ce qui a un nom et une forme est par définition imparfait, changeant et transitoire. Ainsi, porter son effort pour diviniser le corps physique et la matière serait un effort vain, semblable à celui de l'homme qui voudrait saisir une ombre ou une réflexion dans un miroir. Seule l’image réelle, autrement dit la Conscience Absolue, doit être recherchée car c'est d’elle que les formes surgissent et c'est en elle qu’elles se résorbent.
Quoi qu'il en soit, le Yoga d’Aurobindo répond à un besoin de l'époque. L'idéal du yogi qui se retire dans la forêt loin du monde et celui du rishi qui vit le plus souvent dans le nirvikalpa- samâdhi, le grand vide où l’univers a cessé d'exister, sont périmés même aux Indes. A l'ashram d’Aurobindo, on essaie très vaillamment d'amener dans le plan des réalisations cette société divine, ne serait-ce qu'à une échelle réduite. Car cet ashram ne ressemble à aucun autre. C'est une grande entreprise ayant environ 800 membres, tous, ou presque tous travaillant, plus environ 700 ouvriers de l'extérieur. Mais le travail des gens de l'ashram dans les sept ou huit départements d’activités de l’organisation n’est pas fait dans un but lucratif. C'est du Yoga, c'est du karma yoga tel qu'il est décrit dans la Bhagavad-Gîtâ, c'est-à-dire une activité faite pour la joie d'agir sans but intéressé, un travail fait en tant qu’un instrument du Divin et pour le Divin.
Ils ne possèdent rien. Tous leurs besoins en vêtements, nourriture, logement sont satisfaits par la "Mère" ou par ses adjoints. Ils font très peu - certains même, peut-être pas du tout – d’exercices de méditation. Ils n'en ont pas le temps d'ailleurs. Leur devoir – m’ont-il dit - est de s'abandonner entièrement au Divin, à la "Mère", le "salut" sera collectif. Et tous d'ailleurs ont l'air heureux, car ils sont en paix avec eux-mêmes, pensant que leur activité a comme but le summum bonum et ils ont rejeté le lourd fardeau et les soucis des responsabilités personnelles.
Cet après-midi, au retour d'une promenade, j'ai fait la connaissance d'un hindou de Pondichéry et nous avons engagé une conversation. Il parlait un excellent français avec un accent du terroir comme les paysans de nos campagnes. Il est membre de l'ashram depuis plus de quarante ans et a été - m'a-t-il dit – un des premiers disciples de Shrî Aurobindo. Il m'a raconté ce qu'ont été ses premiers contacts avec le grand sage. Comment, dès la première entrevue, Aurobindo a "ouvert son cœur", c'est-à-dire a amené en surface les mots qu’il voulait dire et qui répondaient à ses aspirations profondes. Car, la grâce du maître a fait "descendre le divin" en lui (probablement l'effet de la koundalinî). J'ai écouté sa narration et j'étais plutôt sceptique. Peut-être même une lueur d'ironie avait-elle passée sur mon visage. Et une chose curieuse se produisit. Je le regardai droit en face - selon mon habitude - quand je ressentis une sensation douloureuse d'aveuglement dans les yeux. Exactement ce que l'on éprouve quand on passe brusquement de l'obscurité à une forte lumière, à tel point que je fus obligé de détourner le regard de mon interlocuteur. Cette sensation a bien duré quelques minutes. Je dois ajouter que la lumière et la chaleur de l'Inde ne me gênent pratiquement pas, je circule sans couvre-chef et sans lunettes, le soleil n'était pas plus fort que d'habitude ce jour-là ; d'ailleurs nous étions à l'ombre. J'ajoute encore que je ne me sentais pas fatigué, je suis ici dans mon état normal, comme en France, et que je ne ressens pas le moins du monde cette atmosphère "électrifiée" dont parlent certains européens.
Cet ashram est un lieu étrange ! Il y a certainement quelque chose de "divin" ici, que je ne ressens pas. Tout ce monde qui s'est rassemblé ici, n'est pas venu pour rien. Il y a des artistes, des poètes, de médecins, des intellectuels. La grande majorité est formée de jeunes ou de gens dans la force de l'âge. En outre, ils semblent également avoir obtenu un état de contentement, sinon de bonheur. Mais ce que je cherche n'est pas ici... Il est sur des sommets, loin des foules, là où l'air est plus rare...
Kanchipouram
Deux jours plus tard, en compagnie d'un guide, j'ai visité la célèbre "Bénarès du sud". Le fait est cependant que Kanchipouram ne me fit que peu d’impression. La ville et les temples semblaient déserts et sans vie. C'était comme visiter des ruines anciennes. Cependant, il est vrai que les hindous du sud considèrent cet endroit comme très sacré, à l'égal de Bénarès. Il se peut bien que la faute se soit trouvée en moi-même et que j'étais dans un état d'esprit déprimé car c'est parfaitement vrai qu'on trouve dans les objets simplement ce qu'on y met. C'est la tonalité affective de notre mental qui investit les objets avec une valeur ou bien la leur retire ; et nos émotions sont basées avant tout sur le fonctionnement physique de nos corps. Pour un jeune homme en bonne santé, le monde est plein d'espoir et de beauté, et la vie semble valoir la peine d'être vécue et d'y investir des efforts ; car sa machine corporelle fonctionne bien et les sentiments kinesthésiques qui arrivent à la surface du mental sont la plupart du temps euphoriques. Les personnes plus âgées, d'autre part, sont souvent mécontentes, et elles rechignent. Pour elles, rien ne semble aller bien, la société semble être au bord d'une catastrophe et les gens vont de mal en pis. "Ah ! De mon temps..." ont-ils tendance à dire. Il y a peu de gens, de fait, qui sont conscients que quand tout semble aller mal, c'est parce que leur propre organisme ne fonctionne pas bien, telle une vieille machine usée. La catastrophe universelle dont ils ont peur n'est pas plus qu'une objectivation de la mort qui approche dans leur propre corps. Si le monde semble aller de mal en pis jour après jour, c'est parce que leurs organes des sens se détériorent avec le temps et que leur propre capacité à profiter des plaisirs du monde s'affaiblit constamment.
La vie religieuse à Kanchipouram s’écoule en deux fleuves, d’une part dans les temples consacrés à Vishnou et de l'autre dans ceux où l'on adore Shiva. Dans l'un des temples, j'ai rencontré un sadhou qui avait un visage agréable. Il parlait un très bon anglais et nous avons conversé pendant quelque temps. Il me parla de religion et de banalités. Ensuite il me donna un mantra et m'indiqua précisément comment le moduler. Et pour mettre la touche finale, il me demanda une pièce d’une roupie... Je la lui ai donnée de tout mon cœur.
Vijâyananda va ensuite du sud de l’Inde vers Calcutta. Sur les bords du Gange, dans la banlieue nord de la ville, il visite le temple de Kali à Dakshineshwar. C'est là que Ramakrishna, le grand saint de l'Inde de la fin du XIXe siècle, a été poujari (desservant de temple) pendant toute sa vie. Vijâyananda qui admirait la vie de ce sage va prier devant cette statue même de Kali à laquelle Ramakrishna avait rendu un culte.
…Et de mon cœur débordant une prière s’éleva : "ce voyage aux Indes semble avoir été en vain, puisse-t-il ne pas l'être malgré tout". Kali écoutera-t-elle les prières comme au temps de Ramakrishna ? L’image a-t-elle conservé la vie que lui avait insufflée son illustre adorateur ? Ou bien tout simplement une prière sincère est-elle toujours exaucée. "Quel que soit l'endroit où tu évoqueras mon nom, je viendrai vers toi et je te bénirai". Toujours est-il que trois jours plus tard, mon vœu se réalisa, et même plus que je n'aurais osé l'espérer. Ce fut à Bénarès... Sur les bords du Gange...
Arrivée à Bénarès
La Bénarès réelle est à quelque distance de mon hôtel. Un taxi me mena au centre de la ville et enfin, je pénétrai dans la plus sacrée de toutes les cités. Car Bénarès n'est-elle pas le centre spirituel du monde ? Je sentis qu’après avoir longtemps erré, j'étais enfin revenu à la maison ; c'était un sentiment que je n'avais jamais eu ailleurs qu'en Inde. Mon itinéraire ne m'autorisait à ne passer à Bénarès que quelques jours, pourtant, j'ai senti que j'arrivais à la fin de mon périple, je désirais ne jamais plus quitter cette ville, c'est ici que je voulais vivre et mourir ! Le fait demeurait que nous étions le 2 février 1951 et que j'avais une réservation sur la Marseillaise programmée pour partir de Colombo le 21 février.
Prémonition ? Souvenir de vie antérieure ? Est-ce que c'était ma destinée de vivre ma vie dans cette ville ? Ou bien quelque pouvoir divin souhaitait me retenir ici ? Un psychologue, sans aucun doute, analyserait froidement les méandres de mon mental et trouverait une explication beaucoup plus simple Il dirait qu'après les températures tropicales de Ceylan et de l'Inde du sud, l'air revigorant de Bénarès, le confort de l'hôtel Clark, les ruelles qui me rappelaient celles de la ville où j'avais passé mon enfance, toutes ces impressions revenant ensemble dans une phase mentale d'euphorie se sont combinées pour me donner l'impression que j'étais arrivé "à la maison", une fois de plus dans mon pays natal. Comment savoir ?
Ce que je sais, c’est que les quelques jours que j'avais prévu de passer à Bénarès se sont étirés jusqu’à représenter huit années de ma vie, c'est aussi que la Marseillaise a pris la mer sans moi, et que je vis en Inde depuis lors [en 2003, Vijâyananda est toujours en Inde...] car, le soir de ce jour, le 2 février 1951, quelque chose arriva qui bouleversa ma vie entière. Qu'est-ce que cela a été ? Une rencontre avec un gourou ? Non ! Une rencontre avec le Gourou.
En effet, les gens en Inde savent ce qu’est un gourou réel. Un gourou n'est pas simplement un enseignant ou un guide, ni uniquement un ami ou quelqu’un de très cher. Sa tendresse est plus profonde que celle d'une mère, et l’amour d’un père ne peut être qu’une réflexion affaiblie du sien. Les liens qui unissent le gourou et son disciple ne sont pareils à aucun autre, car ils incluent le prisme entier des sentiments qu'un être humain peut connaître dans la sphère de l'affectif, ainsi que toutes les nuances de l'amour, de l'adoration et du respect.
Les liens du monde ont tendance à créer de nouveaux liens et l'amour charnel a tendance à conduire toujours vers le chagrin et la désillusion. Mais l'amour pour le gourou est comme un miroir sans tache qui réfléchit notre Soi le plus haut. Il purifie l'esprit, en lui donnant de la clarté, de la joie, et le conduit à la découverte de la source éternelle de l'amour et à la joie qui réside en nous-même.
Tout ce que j'ai écrit dans ce livre n'est rien qu'une préface aux couleurs fanées ; en effet, la vie que j'ai menée après avoir rencontré mon gourou a été riche en splendeur et en miracles. Mais pour des raisons que je ne peux révéler, je ne mentionnerai pas dans ce livre même le nom de ce "grand être" auquel je dois plus que ma propre existence. Un jour, peut-être, si Dieu me prête vie et force, j’écrirai un testament de vénération et de gratitude envers l’être qui m'a éveillé à une vie nouvelle. [Vijayânanda a également expliqué plus tard qu'il ne voulait pas faire commerce avec le nom de son gourou en se servant de sa réputation pour vendre son propre livre]
Après avoir discuté différentes hypothèses, tentant d'expliquer pourquoi la vache était sacrée pour les hindous, Vijayânanda risque la sienne :
Au début de la création sortit du barattage de la mer de lait entre autres, la vache Kamadhénou. Celui qui la possédait et pouvait la traire obtenait la réalisation de tout ce qu'il désirait. Kamadhénou représente selon toute probabilité le symbole de la connaissance ésotérique. Celui qui l'a obtenu devient tout -puissant. Tuer la vache sacrée signifierait alors interrompre la transmission de la tradition ésotérique, ce qui de tout temps était considéré comme une faute très grave. Comme il arrive souvent, le non-initié confond le symbole avec sa représentation grossière, et c'est la vache en chair et en os qui a pris la place de Kamadhénou, la Connaissance sacrée.
Je dois dire que, même après plusieurs dizaines d'années en Inde, j'évite systématiquement d'entrer dans les temples hindous ou même de les visiter. Ce n'est point par aversion, hostilité pour les dieux de l'Inde et leurs rituels. Loin de là. J'ai beaucoup d'admiration pour la manière si scientifique avec laquelle les hindous ont élaboré leur culte des idoles. Ce n'est pas non plus par peur de me trouver dans une situation semblable à celle du diable tombé dans un bénitier… L'enceinte sacrée de la plupart des temples est interdite aux non-hindous mais il y a toujours des accommodements avec le ciel et avec ma robe de sadhou je pourrais facilement entrer si je le voulais ; d'ailleurs, les lois de l'Inde moderne ont imposé la libre entrée dans la plupart des temples.
La raison de mon abstention est tout autre. Les hindous orthodoxes - même s'ils n'en ont pas clairement conscience – ont l'impression que leur sanctuaire a été pollué si un Occidental y a pénétré, et faire violence au sentiment religieux de qui que ce soit est un acte que je désapprouve fortement. D'ailleurs, les brahmines n'ont pas tout à fait tort quand ils croient que quelque chose a été perturbé dans l'atmosphère de leur temple si un étranger y a pénétré. Il est difficile pour un Occidental de comprendre exactement l'attitude mentale de l'hindou sur ce point, comme sur beaucoup d'autres d'ailleurs. Car cela demande la connaissance d'une texture psychologique fondamentalement différente de la nôtre.
Comme je l'ai déjà écrit, l'hindou est beaucoup plus proche que nous des sources de la nature. Le "cordon ombilical" qui relie sa pensée à l'inconscient collectif n'est pas oblitéré, comme celui de la plupart des Occidentaux. La mentalité de l'homme d'Occident est centrée sur un intellect puissant, clairement conscient, logique, qui veut façonner le monde qui l'entoure à son image. L'homme primitif des civilisations traditionnelles ne cherche pas à dominer la nature, ni même à lui arracher ses secrets, mais son art suprême consiste à vibrer en harmonie avec l’ensemble de la vie cosmique comme une vague qui trouve naturellement sa place dans le mouvement ondulatoire de l'océan. A l'échelon inférieur, cette attitude produit "l'homme du troupeau", le dum-driven cattle. Cependant, chez l'homme évolué, la vague devient un centre de conscience ouvert aux forces cosmiques et il a des inspirations qui dépassent la pensée logique. Quand l'hindou moyen entre dans son temple, il "sent" quelque chose qui est une perception directe, mais qu’il n'est pas capable d'exprimer en mots, car l'aspect discursif de son esprit est peu développé. Ce "quelque chose" est ce mélange de paix intérieure, de joie, d'harmonie (à des degrés variables selon les individus), que l'on ressent quand il y a eu un contact, ne serait-ce que l'espace d’un clin d’œil, avec la vie cosmique. Le mécanisme qui provoque ce contact est complexe. L'hindou croyant vient visiter son temple dans une attitude mentale réceptive. Cette attitude est spontanée et ne lui demande aucun effort conscient, car son esprit est imprégné depuis l'enfance d’idées et de croyances ayant trait à l'idole devant laquelle il vient se prosterner. Le temple lui-même est en général ancien, ou au moins reconstruit sur un site antique, et souvent sa création est entourée d'un halo de légendaire et de miraculeux. Cette atmosphère de sainteté qu'il avait dès sa construction est entretenue par la poujâ journalière effectuée sans interruption depuis des centaines d'années pour beaucoup de temples. Cette poujâ est un véritable acte de magie cérémonielle qui doit être fait par un brahmine qualifié. La ferveur religieuse des nombreux visiteurs vient encore exalter la sainteté du lieu. Aussi, il n'est pas étonnant qu'il existe dans certains temples une atmosphère religieuse qui se sent, presque palpable. L'hindou qui viendra le visiter y ajoutera sa goutte d'eau de ferveur car le temple fait partie d'un cadre naturel dans lequel il s'intègre harmonieusement.
Mais l'Occidental, même s'il a de fortes sympathies pour l'hindouisme, amènera automatiquement une note discordante dans cet ensemble. Tout ce qu’il verra et entendra produira des associations d'idées différentes de celles de l'hindou. Par exemple, le son assourdissant des gongs et des cymbales de l'âratî, la fin du service du temple, qui pour l'hindou marque le point culminant de la ferveur religieuse sera pour l'Occidental un vacarme qui le crispera. La vue de l'idole évoquera en lui des idées qui n'ont souvent rien de commun avec ce que l'image est censée représenter. Et tant de choses encore qui se produisent quand deux cultures fondamentalement différentes viennent en présence.
Tout cela est compris intuitivement par l'hindou moyen. D'ailleurs, l'homme tant soit peu cultivé en Inde, accepte comme une vérité évidente que notre esprit de surface n'est pas la chose qui compte, que nous valons ce que valent nos samskaras. Ceux-ci sont les impressions d'expériences, d'actes, de croyances etc. qui existent à l'état latent dans notre inconscient, comme d'innombrables graines prêtes à germer et à porter fruit dès que les circonstances favorables leur seront offertes. Ces impressions sont le résultat non seulement de notre vie actuelle depuis notre naissance, mais aussi des nombreuses vies antérieures que nous avons traversées. "Vous n'avez pas les samskaras qui vous permettraient de vous harmoniser avec le rituel hindou". C’est l’explication simple que donnerait un hindou cultivé…
Dès le début de mars, il commence à faire chaud à Vrindâvan et la fête de Holi qui ressemble un peu à notre carnaval y est célébrée avec un éclat particulier. Tant pis si je manque l’occasion. La fraîcheur des cimes himalayennes a plus d’attrait pour moi maintenant.