Concentration
Q : Mâtâji, quelle est l'utilité de suivre une sâdhanâ, de faire du japa, de la méditation, des cérémonies religieuses et tout le reste ? Nous pratiquons depuis des années. Mais en retour de tout ces efforts et altruisme, que reçoit-on ? Nous ne le savons pas ! Tout cela conduit-il plus près de la Réalité ?
Mâ : Quand vous lavez vos affaires vous mettez du savon, n'est-ce pas ? Mais il est vrai qu'elles ne seront propres qu'après avoir été rincées encore et encore, et qu'ait disparu toute trace de savon. La saleté peut-elle disparaître sans savon ? La pensée du Divin est le savon, en finalité cette pensée doit disparaître aussi sous les eaux pures du Gange de la Suprême Connaissance (jnâna-gânga). Ne vous souciez pas des résultats. En affaires, vous donnez et vous recevez quelque chose en retour. On appelle cela du "marchandage", mais ce n'est pas un véritable acquis. Si vous adoptez cette attitude mercantile, vous n'obtiendrez rien. N'abandonnez jamais vos pratiques jusqu'à l'éveil. Soyez persévérant dans vos efforts et votre sâdhanâ.
Le souvenir du Divin est une flamme. Quelle que soit la direction vers laquelle souffle la flamme, elle brûlera tout ce qu'elle rencontre. Selon vos actes, vous récolterez les fruits. Aucun effort n'est jamais vain. Les bonnes comme les mauvaises actions donneront leur abondante moisson — car Il est d'une générosité infinie.
Peut-être direz vous : "Je veux être un puissant de ce monde, et mon désir n'est toujours pas réalisé !"
Vous recevrez très exactement à la mesure de ce qui vous est dû — rien de moins, rien de plus.
Si un vase rempli d'eau a un trou, si petit soit-il, toute l'eau s'écoulera. De même avec vous :votre concentration n'est jamais totale. Il y a une fissure en elle — vous ne voulez pas la réalisation de tout votre être."
(Satsang rapporté dans Ânanda Vârtâ)
Q : Comment les premiers samskara ont-ils été formés ?
Mâ : Ces questions-là relèvent de la cosmologie.
Celle-ci en particulier est née dans votre esprit, de même que vous avez en vous les concepts de création, de continuation et d’annihilation.
Toutes les actions que vous effectuez, vous les effectuez pour une raison donnée et c’est pour cela que vous considérez que Dieu a des raisons Lui aussi. Mais dans le domaine de la Vérité dernière cela n’a aucun sens. C’est pour cette raison que les védantistes appellent cela Maya (illusion).
Triguna Babu : Mâ, ne devrions-nous pas consacrer davantage de temps à la méditation ?
Mâ : Si, car cela renforce la concentration. Et puis la méditation finit par s’épuiser, par se dissiper durant son propre cours. Et ce qu’elle laisse derrière elle est indicible.
Triguna Babu : Si la méditation elle-même accroît la concentration, alors nous pourrions très bien méditer sur les choses de tous les jours ?
Mâ : La méditation sur les choses de la vie courante augmente sans aucun doute la concentration, mais elle crée des liens, des attaches. Seule la méditation sur les choses vraies peut rompre ces attaches.
Q : Pourquoi devons-nous fixer notre attention tout au long du chemin ?
Mâ : L'attention aigüe est Lui et aussi le "pourquoi".
Mâ : Celui qui cherche Dieu ne doit pas critiquer ou dire du mal des autres. Si vous voyez quelqu'un, n'essayer pas de l'étiqueter "bon" ou "mauvais". Sinon, votre attrait pour Dieu en sera diminué et vous aurez la tentation de vous auto-glorifier. Mieux vaut regarder en dedans de soi-même.
Q : Comment puis-je me débarrasser du sens de 'moi' et de 'mien' ?
Mâ : Effacez ce 'a' au début de 'amar' (mien), ce qui restera 'mar' signifie 'appartenant à la Mère, de la Mère'...
Les cinq organes d'actions et les cinq sens peuvent faire leur travail, mais restez fixés sur le Nom ; à ce moment-là, votre ego s'atténuera progressivement.
Quand vous sentez que le mantra commence à se réciter spontanément à l'intérieur, cela veut dire également que l'ego diminue.
Q : Ma, vous avez atteint le sommet de la sadhana avez-vous vraiment besoin d'observer toutes ses règles qui sont si strictes.
Mâ : Il faut bien que je demeure en ce monde ; le contrôle de soi est nécessaire pour que l'ego ne prenne pas le dessus.
(Ma veut donner l'exemple aux autres, car en tant que sage elle est prise comme une référence).
Une visiteuse : Mâ, je désire la réalisation du Soi, et qui plus est rapidement.
J'ai été en recherche depuis si longtemps et maintenant, les années s'accumulent.
Mâ : La réalisation du Soi n'est pas dans le temps.
Q : De toutes façons, avant que je meure, je dois l'atteindre ! S'il vous plaît, dites-moi comment.
Mâ : Vous devez être immobile autant que possible et méditer dans la solitude.
Au lieu de cela, vous vous êtes mis sur le dos tellement de travail qui vous oblige à donner votre attention aux affaires du monde !
Q : Mais je ne veux pas me retirer du monde. Pourquoi ne puis-je pas avoir la Réalisation ici et maintenant, au milieu de mes activités du monde ?
(Shrî Mâ hocha la tête)
Mâ : Cela ne peut pas être.
Considérez cela sous cet angle : quand vous souhaitez écrire une lettre, vous ne le faites pas en public.
Vous prenez votre stylo et votre papier et vous asseyez toute seule.
Une fois écrite, vous pouvez la lire aux autres.
Une fois que le Soi est réalisé, la question de vivre dans le monde ou en solitude ne se pose pas.
Mais tant que vous luttez pour cela, vous devez vivre à l’écart.