Guru
Question : S’il vous plaît, Mâ, expliquez-moi comment il faut méditer.
Mâ : Selon la méthode qui vous a été enseignée par votre guru.
Question : Il y a beaucoup de gurus. Ils enseignent des méthodes de méditation différentes ; mais ici, en face de vous, nous sommes vos élèves. Expliquez-nous comment méditer ; quelle est votre méthode spécifique ?
Vous avez dit à plusieurs personnes que leur manière de méditer n'était pas correcte, car ils bougeaient la tête et ne gardaient pas un mental calme. Donc, quelle est la bonne méthode ?
Mâ : En jouant d'un instrument de musique on obtient un certain son.
Les gens ont des capacités différentes d'entendre le son, mais le son reste le même. De la même manière, le Soi (âtman) est Un comme le son d'un instrument, mais la capacité de le réaliser est différente selon les individus.
En ce qui me concerne, j'enseigne comme j'ai été enseignée par mon guru ; et mon guru est le Soi omniprésent ; or, ce guru enseigne de manière directe...
Quand vous rencontrez un guru, vous devez imaginer qu'il est le Soi, et qu'il a pris cette forme pour vous enseigner.
(...) quand on accepte que le guru c'est le Soi, alors il faut demeurer sans objet. C'est ça la méditation. Mais il y a ici tellement de gens différents, avec des impressions différentes (vasanas), des tendances latentes différentes (samskaras), des traditions et des psychismes différents ! Comment serait-il possible d'enseigner une méthode de méditation convenant indifféremment à tous ?
(...) Continuez la méthode à laquelle vous êtes habitué...
(...) Chacun doit s'efforcer d'être sans objet
(autre traduction possible : de cesser l'identification avec tout objet).
Atal Babu : Ma, à chaque fois que je vous pose une question, vous demandez la permission de répondre à quelqu'un d'autre, mais un fils a toujours envie de communiquer directement avec sa mère.
Mâ : Ne demandez-vous pas la permission à votre Guru pour faire tout ce que vous avez à faire ?
Atal : Certes, et je demande même la permission avant de dire quelque chose !
Mâ : Ne parlez pas alors de quelqu'un d'autre
(ce qui veut dire que non seulement Ma considère son mari comme son guru, ainsi que le conseille la tradition indienne, mais qu'elle estime qu'il n'est pas différent d'elle-même.)
Question : Jusqu'à aujourd'hui, j'ai cherché un guru sans être à même de le trouver.
Finalement, je suis venu à cette semaine de méditation et, à présent, j'ai développé une foi totale en Vous.
Voulez-vous, s'il vous plaît, m'accepter comme disciple ?
Mâ : Le disciple qui accepte un guru, le guru qui accepte un disciple, ces deux personnes ne sont rien d'autre que Mâ...
Je n'ai aucun désir de disciples ni ne souhaite devenir le guru de quiconque. La relation guru-disciple ne peut s'établir que spontanément.
Mais si vous acceptez Dieu comme guru, alors quoi que vous cherchiez, tout prendra place naturellement.
Un swâmi : Mâ, pourquoi ne l'acceptez-vous pas explicitement comme disciple ?
Mâ : Je n'ai aucune idée de ce qu'est un guru.
Laissons donc la volonté de Dieu s'accomplir.
N'êtes-vous pas vous-même Dieu ?
Et qui ne l'est pas ? Et où n'est-il pas ?
Tout arrive à cause de sa Lîlâ (jeu cosmique).
Vijayananda a demandé : ‘Peut-on atteindre la Réalisation en intensifiant une émotion comme l’amour?’
Mâ : Oui, prema, l’amour pour Dieu, est une voie. Mais ce que le monde appelle amour est moha, "illusion".
Il n’y a pas d’amour vrai entre les individus. Comment pourrait-on recevoir un pur amour de quelqu’un qui est limité par l’égocentrisme et la possessivité ?
Les gens me disent : “Mon amour pour Untel est vrai, ce n’est pas un amour ordinaire”.
Mais ils se bercent d’illusion, moha est toujours un amour pour ce qui est mortel et conduit donc à la mort.
Si vous ne pouvez pas obtenir l’objet de votre amour, vous voulez le tuer ou mourir vous-même.
Mais l’amour de Dieu, prema, conduit à la mort de la mort, à l’Immortalité.
C’est la raison pour laquelle, dit-on, c’est un péché de considérer que le Guru est limité à un corps humain. Il faut considérer que le Guru est Dieu.
Je connais une femme qui voulait se suicider quand son Guru est mort ; je lui ai dit :
‘Un Guru meurt-il ? Ce n’est pas parce qu’il a quitté son corps qu’il est mort.
Le Guru est omniprésent et n’abandonne jamais son disciple. Si vous voulez mettre fin à vos jours parce qu’il est parti, cela montre que vous l’aimez comme une personne, pas comme un Guru.’
Il arrive que les gens tombent amoureux de leur Guru, mais s’il s’agit d’un guru authentique il peut sublimer leur amour et le diriger vers le Divin. Mais s’il n n’a pas transcendé la personnalité, alors il y aura des problèmes.
Il arrive assez souvent que des jeunes filles inexpérimentées ou de jeunes veuves, voire des femmes mariées, se laissent entraîner sur un mauvais chemin. On dit qu’il faut abandonner son être entier, corps, esprit et coeur au Guru. Abandonner son corps signifie abandonner ses désirs au Guru afin qu’ils puissent être éliminés : cela ne signifie pas s’abandonner physiquement.
Question : Nous avons accepté une personne comme guru.
Mais comment pouvons-nous savoir qu'elle nous a accepté elle-même comme disciple ?
Mâ : Si vous doutez de votre guru, c'est que vous ne l'avez pas complètement accepté.
Question : Si le guru n'est plus sur cette terre ou s'il est trop loin pour qu'on puisse le rencontrer physiquement, comment faut-il faire ?
Mâ : Vous devez observer ses enseignements (upadesh).
Question : Comment le mantra que nous avons reçu de notre guru peut-il nous protéger ?
Mâ : Le mot mantra signifie "ce qui protège le disciple qui le contemple tout le temps" .
(...)
Mâ : Comprenez que le guru réside toujours avec le disciple. Où est le disciple, là se trouve le guru.
Question : Dans la Guru-Gîtâ, il est dit que le maître accorde à la fois la prospérité ou la jouissance dans le monde et la libération spirituelle.
Mais ces deux choses sont contradictoires. Comment devons-nous donc comprendre cette affirmation ?
Mâ : La plus grande jouissance, c'est la Libération !