Méditation
Une visiteuse : Mâ, je désire la réalisation du Soi, et qui plus est rapidement.
J'ai été en recherche depuis si longtemps et maintenant, les années s'accumulent.
Mâ : La réalisation du Soi n'est pas dans le temps.
Q : De toutes façons, avant que je meure, je dois l'atteindre ! S'il vous plaît, dites-moi comment.
Mâ : Vous devez être immobile autant que possible et méditer dans la solitude.
Au lieu de cela, vous vous êtes mis sur le dos tellement de travail qui vous oblige à donner votre attention aux affaires du monde !
Q : Mais je ne veux pas me retirer du monde. Pourquoi ne puis-je pas avoir la Réalisation ici et maintenant, au milieu de mes activités du monde ?
(Shrî Mâ hocha la tête)
Mâ : Cela ne peut pas être.
Considérez cela sous cet angle : quand vous souhaitez écrire une lettre, vous ne le faites pas en public.
Vous prenez votre stylo et votre papier et vous asseyez toute seule.
Une fois écrite, vous pouvez la lire aux autres.
Une fois que le Soi est réalisé, la question de vivre dans le monde ou en solitude ne se pose pas.
Mais tant que vous luttez pour cela, vous devez vivre à l’écart.
Question : Mâ, mon mental est très instable, je ne peux me concentrer sur rien. Que dois-je faire ?
Mâ : Si votre mental ne s'attache à aucun objet, alors vous êtes libre de tout attachement, c'est une bénédiction !
(Rires de l'auditoire... Puis quelqu'un précise que cette question est posée par un jeune garçon. Mâ s'explique donc d'une manière qui lui soit accessible.)
Mâ : Où est ce garçon ? Faites-le venir près du micro.
(Mâ, lui répondant en face à face)
Si votre mental ne s'attache jamais à rien, c'est une très bonne chose. C'est même une bénédiction.
Car quand le mental n'est attaché à aucun objet, le vrai vous-même peut se révéler.
Pourquoi donc essayeriez-vous d'attacher votre mental à quelque chose ?
Le jeune garçon : Mais je veux contrôler mon mental pour méditer et je n'y arrive pas. Que dois-je faire ?
Mâ : Il vous faut simplement vous concentrer sur le nom de Dieu.
Le jeune garçon : Dieu a tellement de noms différents. Lequel dois-je choisir ?
Mâ : Choisissez le nom de Dieu qui vous touche le plus et répétez celui que vous aurez ainsi choisi.
Si vous l'aimez, votre mental sera satisfait ; donc prenez le nom qui vous plaît le plus et méditez aussi sur la forme divine qui lui correspond.
Le jeune garçon : J'ai foi en Vous. Quel que soit le nom que vous me suggérerez, c'est celui que je souhaite prendre.
Mâ : D'accord !
Est-ce qu'ici, en face de toute l'assemblée, vous êtes prêt à prendre un Nom ?
Le jeune garçon : Oui.
Mâ : Bien ! Alors répétez tous les noms de Dieu que vous connaissez, les uns après les autres.
La foule (après de longs éclats de rire) : Il ne sait pas combien Dieu a de noms. Que faut-il faire ?
Mâ : Quels noms de Dieu connaissez-vous ?
Le jeune garçon : J'en connais un certain nombre, mais j'en veux Un qui vienne de Vous !
Mâ : Dites-moi les noms que vous connaissez.
Le jeune garçon : Jusqu'à présent, je répétais les noms de Ma Bhagavan, Ram, Krishna, Shankara Bhagavan...
Mais aujourd'hui je ne répéterai un Nom qu'après vous.
Mâ : Rama, Krishna, c'est très bien.
Question : Dieu nous a donné le sens du "je", Il le retirera à nouveau.
Quel besoin y a-t-il de s'abandonner à soi-même ?
Réponse : Pourquoi demandez-vous cela ?
Il suffit de rester immobile et de ne rien faire.
Question : Comment peut-on rester immobile ?
Réponse : C'est pourquoi l'abandon de soi est nécessaire.
Question : Quel est le moyen d'entrer dans la marée ?
Réponse : Poser cette question avec un empressement désespéré.
Si vous dites que vous n'avez pas la foi, ce corps insiste pour que vous essayiez de vous établir dans la conviction que vous n'avez pas la foi.
Là où se trouve la foi "non", le "oui" est potentiellement là aussi.
Question : Si nos parents sont opposés à notre recherche spirituelle et s'ils n'ont pas de respect pour notre guru, que devons-nous faire ?
Certains disent : " Il faut obéir au guru". Quelle est donc l'attitude juste ?
Mâ : Celui qui veut vivre avec sa famille doit obéir à ses parents.
Et, en même temps, il vous faut suivre les instructions spirituelles de votre guru.
Mais pour ceux qui ont pris le sanyasa et qui se sont rendus libres des contraintes sociales comme l'ont fait tous les religieux qui sont ici, ceux-là n'ont plus à obéir à leurs parents.
Ai-je raison, Baba ?
Swâmi Prakashânanda : La réponse de Mâ est comme un aphorisme (sutra).
Un sutra compte peu de mots mais a une signification très profonde ; et je vais l'expliquer.
Celui qui, de par sa condition, est lié à la vie familiale, doit obéir à ses parents aussi bien qu'à son guru.
Ceci dit, en obéissant aux directives de son guru, il assure de fait le bien-être de ses parents...
Mais, pour celui qui a pris le sanyasa, comme les mahâtmas ici présents, le seul devoir est d'obéir au guru.
Ce sont les deux chemins.
Le premier c'est celui de Rama, le second celui d'Hanuman.
Le chemin de Rama est terrestre (Rama marche sur la terre), celui d'Hanuman est céleste (il vole dans les airs).
Cette référence à l'épopée du Ramayana illustre le fait que celui qui vit en famille doit, de ce fait, suivre une voie plus prosaïque et se servir du Karma Yoga et de la méditation comme de deux bouées qui l'empêchent de sombrer en traversant l'océan de la vie.
La voie de ceux qui ont renoncé au monde, au contraire, est plus rapide car ils sont libres des contraintes sociales.
Chacun doit suivre la voie qui convient à ses possibilités et à sa condition.
Question : La "méditation" sur les objets extérieurs, sur les objets ordinaires d'attachement, est facile pour moi. Mais j'éprouve beaucoup de difficultés à méditer sur Dieu. Pourtant, vous dites que Dieu est Amour et qu'on peut donc facilement éprouver de l'amour pour lui. C'est seulement si mon amour pour Dieu s'accroît que je pourrai réellement méditer sur lui. Comment puis-je donc faire pour augmenter mon amour pour Dieu ?
Mâ : Vous devez rechercher la compagnie des sages (satsangha).
Par exemple, ici, nous sommes en période de contrôle et d'ascèse. Beaucoup d’entre vous ont même pris ponctuellement des vœux. Si vous suivez cette discipline correctement, vous augmenterez votre pouvoir (shakti) en fonction de l'intensité de vos pratiques (tapas).
Celui qui vit en compagnie de sages, qui écoute la lecture des Ecritures Saintes et les commentaires inspirés et qui développe une attitude fraternelle envers autrui, celui-là entre sûrement dans la bonne voie.