Lila
Quand on lui posait des questions sur elle-même, elle disait :
" Ce corps est toujours dans le même état, sans aucun changement.
Ce n'est que votre attitude qui vous pousse à considérer un aspect particulier comme étant ordinaire ou extraordinaire. "
Elle ajoutait :
" L'univers est un jeu divin, vous avez le désir de jouer et donc vous êtes attirés par le rire et le côté joueur de ce corps.
S'il avait pris une pose grave et immobile, vous ne seriez pas venus vers lui.
Apprenez à jouer d'une manière très belle le jeu de la joie (ânanda ka khel) ; ainsi, dans le jeu même, vous atteindrez le sommet du jeu.
Comprenez-vous ? "
Le fils de ce docteur est mort il y a quelques jours, à la suite de graves brûlures.
Mâ : Chaque fait qui se produit dans notre vie est inscrit dans notre destin. Il faut comprendre que ces évènements sont inévitables. C’est notre destinée qui s’accomplit. Il y en a qui meurent le corps brûlé par les flammes, d’autres qui meurent l’esprit dévoré par le feu.
Docteur : Il devrait y avoir une limite à la souffrance. Nous devrions avoir la force suffisante pour supporter la douleur.
Mâ : En vérité, c’est Lui qui nous donne cette force. Chacun, ici bas, doit endurer la souffrance qui lui est destinée. Peu importe que l’on considère cela comme une faute du Tout-Puissant ou comme un des aspects de Sa Grandeur, ce qui compte, c’est qu’il appartient à chacun de vivre ce qui lui est destiné.
Docteur : Puisque notre sort est de souffrir qu’on le veuille ou non et puisque ce qui arrive, doit de toutes façons arriver, le but de cette vie ne devrait-il pas être de ne rien faire du tout, de rester assis et d’attendre tranquillement que le temps passe ?
Mâ : Comment peut-il être possible d’éviter l’action ? C’est Lui qui vous pousse dans le tourbillon de la vie et du travail. Les gens travaillent, ils travaillent encore et encore. A la longue ils sont tellement épuisés qu’ils sont contraints de renoncer à toute forme d’action. Mais il ne peut en être ainsi que lorsque l’heure est venue qu’il en soit ainsi. L’homme doit travailler et supporter les conséquences des actions passées, aussi longtemps que son karma n’est pas accompli. C’est la lilâ (le jeu) du Divin.
Docteur : Cela équivaut à bastonner une personne après l’avoir ligotée. Une belle situation, il n’y a pas à dire !
Non seulement je dois accomplir mon travail avec les mains ligotées, mais en plus je dois supporter les conséquences de cette situation ! C’est peut-être le jeu du Divin, mais là Il joue à nos dépens !
Mâ (Elle sourit) : Qui est-ce qui se réjouit ? Qui est-ce qui souffre ? Qui reçoit les coups ?
C’est Lui qui frappe et c’est Lui qui reçoit les coups et endure les souffrances. Personne n’existe, si ce n’est l’Unique.
Docteur : Si vous voyez les choses sous ce jour-là alors plus rien n’a d’importance.
En fait c’est Lui qui fabrique l’abcès et qui, ensuite, devient le médecin et...
Mâ (Elle l’interrompt) : Il ne fabrique pas l’abcès. Il devient Lui-même l’abcès.
(Dans la salle tout le monde rit).
Ecoutez, sur cette terre où vivent les hommes, le malheur et les souffrances sont inévitables.
Au début vous étiez un, puis vous êtes devenu deux, puis trois, puis une multitude. C’est pour cela que vous devez souffrir.
Mais il y a une chose que vous pouvez faire : prendre des médicaments. Consultez un bon médecin, il vous prescrira un traitement.
Ainsi vous pourrez soigner votre maladie. Il n’y a pas d’autre façon de parvenir à la paix.
Docteur : Mais où puis-je trouver un bon médecin ?
C’est précisément pour cette raison que je souhaitais vous rencontrer.
Mâ : La grande difficulté c’est de le trouver le bon médecin.
Quoiqu’il en soit, faites vous prescrire, par un médecin que vous considérerez comme étant compétent, les médicaments appropriés.
La meilleure des solutions serait de vous faire hospitaliser, parce que à l’hôpital vous seriez contraint de prendre les médicaments prescrits aux heures indiquées. Sans compter que l’ambiance du lieu vous serait bénéfique. Mais vous n’aurez peut-être pas la possibilité de vous faire hospitaliser.
Dans ce cas, prenez vos médicaments chez vous, de façon régulière. Mais là, hélas, il est probable que vous ferez des erreurs dans les doses et les horaires prescrits ou qu’un régime alimentaire inadéquat contrariera l’effet des médicaments.
De nombreuses personnes affirment qu’elles disent et redisent régulièrement le nom du Divin, mais qu’elles n’en tirent aucun profit.
Comment peut-on espérer tirer profit d’un médicament bénéfique si par ailleurs on adopte un régime alimentaire totalement pernicieux ?
Et c’est ce qui risque de se passer chez vous aussi.
Quoiqu’il en soit, efforcez-vous d’avaler vos médicaments à heures régulières et adoptez, aussi souvent que vous le pouvez, un régime sain et bénéfique.
En vous joignant, par exemple, à des sadhu (pratiquants spirituels).
Question : Quand la création a-t-elle commencé ?
Et comment le premier homme est-il apparu sur Terre ?
Mâ : Avant la création, Dieu seul était.
Pour son divertissement (lîlâ), il conçut le monde ; et c’est ainsi que le monde fut manifesté.
Sans conception préalable, il n’est pas possible de faire quoi que ce soit.
Par exemple, avant de construire une machine, l’homme doit la penser.
Quand on voit une machine on en infère l’existence du créateur de la machine. La même chose peut être dite pour cet univers qui est une création de son concepteur : Dieu...
Mais ces idées de création et de créateur ne sont pas d’une grande valeur en elles-mêmes.
A travers ces deux termes, vous devez reconnaître le principe non-duel qui est votre Vraie Nature : comme je l’ai déjà dit, il n’y a rien d’autre que le Soi.
Les idées de création et de créateur ne sont que des moyens pour réaliser cette Vérité Ultime.
Question : Comment Dieu a-t-il eu l’idée de la création et pourquoi a-t-il créé le mal, la souffrance, et tout ce que nous voyons de semblable ?
Swâmi Prakashânanda : Si vous continuez à arguer dans ce sens, vous allez vite être déçu car Mâ va finir par vous soutenir qu’il n’y a pas de création du tout ! ... (Rires de l’assemblée)
Mâ : La pensée de la création, la création et le créateur, tout cela est le Soi, tout est Dieu. Il n’y a rien d’autre que Dieu, que le Soi.
Jusqu’à ce que vous ayez réalisé cela, la pensée et l’imagination sont actives et les questions jaillissent sans fin.
Mais quand vous comprenez que seul le Soi est, alors toutes les questions sont résolues d’un coup.
C’est pour vous aider à réaliser le Soi que l’idée de Créateur est utilisée et non pas pour expliquer l’existence de la création.
Il vous faut donc essayer de réaliser la nature du Soi au lieu de discuter l’idée de la création.
Q : Je suis pris dans les filets de l'illusion (mâyâ). Comment en sortir ?
Mâ : A la machette.
C'est comme ça qu’on se fraie un chemin dans la jungle. Pour cela, il faut déjà s'enfoncer dans la jungle.
Nous parlons de l'illusion de qui ? Les jeux d'illusions de Dieu n'ont pas de commencement. Pourtant ils peuvent avoir une fin.
Même au plus profond de la jungle, on peut ouvrir une clairière.
Un pot bien astiqué révèle sa qualité. "Cela qui est" resplendit quand on a suffisamment frotté !
Comment retirer la pellicule de l'illusion ? Dans la compagnie des sages, et en suivant les conseils de son guide (guru).
Tant que le guide de n'a pas été trouvé, tous les noms font écho à Son Nom, toutes les formes sont Sa forme, toutes les qualités, Sa qualité.
Réfléchissez bien à cette question : comment me libérer de l'illusion ?
Quelle est la voie ? Quels sont les moyens ?
D'une façon ou d'une autre, pensez toujours à Lui.
Nos pensées, nos paroles, dédions-les Lui. Le reste n'est que futilité et souffrance.
Q : On dit que Dieu est tout en tout. Rien n’arrive sans qu'Il ne le veuille.
Ainsi donc, pourquoi devrait-on nous blâmer pour nos péchés ?
Mâ : Tout est Lui seul. Bien et mal sont aussi Lui-même.
Il ressent de la joie dans le bien qu'il fait et c’est lui-même qui souffre des conséquences des mauvaises actions.
Je vous vois comme Lui qui est en train de dire qu'Il souffre.
Il est heureux, et Il est misérable.
Tel est son jeu, lîlâ, depuis la nuit des temps.
Q : Quelle est l'utilité de toute cette lutte ?
Mâ : Elle est très utile.
Un enfant, tandis qu'il étudie, ne comprend pas combien de connaissances il est en train d'acquérir.
Quand il a de bonnes notes à ses examens, ils se sent heureux. De même, quand le temps viendra, vous vous rendrez compte de combien de progrès vous avez fait.
Continuer à vivre dans le souvenir de Dieu.
Ce qui est agréable, preyas, est bon en apparence ; ce qui est réellement bon, shreyas, est en apparence difficile et désagréable.
Il est nécessaire de rendre ce qui est réellement bon agréable aussi.
Q : Si quelqu'un se tourne vers la religion dans ses vieux jours, est-ce qu’il sera capable de maintenir un calme de l'esprit à l'heure de la mort ?
Mâ : Il y a des attirances et influences innombrables qui déterminent le style de vie d'une personne, on ne peut donc rien dire en ce qui concerne sa dernière heure.
Ce corps dit : tout est possible, il n'est donc pas bon de restreindre sa vision.