Origines
Une dame avec un bébé dans les bras était venue voir Mâ qui s’entretenait avec de nombreux visiteurs et visiteuses.
En entrant, la dame demanda : ‘Où est la Mère ici ?’
On lui désigna Mâ. Eut lieu alors la conversation suivante:
Q : On dit que vous êtes Mère. Où sont vos fils et vos filles.
Mâ : Ici (en désignant son coeur)
Q : Où est votre mari ?
Mâ : Ici (avec le même geste)
Q : Où sont vos parents ?
Mâ : (avec un sourire) Ici en ce coeur
Q : Votre maison ?
Mâ : (Avec le même geste) Ici !
La dame qui posait ces questions semblait complètement déconcertée, n’arrivant pas à comprendre ce à quoi Mâ faisait allusion.
Mâ le remarqua et avec sa façon habituelle d’apaiser et de convaincre lui dit :
Mâ : Ici en ce corps il y a tout ce qui se trouve dans l’univers –père, mère, fils et fille et tous les êtres crées.
De cet Un tout tient son être. Dans cet Un tout existe, tout persiste et finalement tout se fond.
Question : Quand la création a-t-elle commencé ?
Et comment le premier homme est-il apparu sur Terre ?
Mâ : Avant la création, Dieu seul était.
Pour son divertissement (lîlâ), il conçut le monde ; et c’est ainsi que le monde fut manifesté.
Sans conception préalable, il n’est pas possible de faire quoi que ce soit.
Par exemple, avant de construire une machine, l’homme doit la penser.
Quand on voit une machine on en infère l’existence du créateur de la machine. La même chose peut être dite pour cet univers qui est une création de son concepteur : Dieu...
Mais ces idées de création et de créateur ne sont pas d’une grande valeur en elles-mêmes.
A travers ces deux termes, vous devez reconnaître le principe non-duel qui est votre Vraie Nature : comme je l’ai déjà dit, il n’y a rien d’autre que le Soi.
Les idées de création et de créateur ne sont que des moyens pour réaliser cette Vérité Ultime.
Question : Comment Dieu a-t-il eu l’idée de la création et pourquoi a-t-il créé le mal, la souffrance, et tout ce que nous voyons de semblable ?
Swâmi Prakashânanda : Si vous continuez à arguer dans ce sens, vous allez vite être déçu car Mâ va finir par vous soutenir qu’il n’y a pas de création du tout ! ... (Rires de l’assemblée)
Mâ : La pensée de la création, la création et le créateur, tout cela est le Soi, tout est Dieu. Il n’y a rien d’autre que Dieu, que le Soi.
Jusqu’à ce que vous ayez réalisé cela, la pensée et l’imagination sont actives et les questions jaillissent sans fin.
Mais quand vous comprenez que seul le Soi est, alors toutes les questions sont résolues d’un coup.
C’est pour vous aider à réaliser le Soi que l’idée de Créateur est utilisée et non pas pour expliquer l’existence de la création.
Il vous faut donc essayer de réaliser la nature du Soi au lieu de discuter l’idée de la création.
L’épouse de l’ambassadeur hollandais et son amie, toutes deux psychologues jungiennes, sont venues voir Mâ et ont posé les questions suivantes :
Q : En psychologie, on guérit les patients en leur parlant, mais ici on dirait que votre émanation guérit les gens sans paroles. Nous essayons d’aider les gens. Que devons-nous faire pour eux en priorité ?
Mâ : En ce monde, qui peut être considéré comme normal ? Tout le monde est un peu fou : certains courent après l’argent ou la beauté, d’autres sont passionnés par la musique ou entichés de leurs enfants, etc. Ainsi nul n’est parfaitement équilibré.
Q : Quel est donc le remède ?
Mâ : De même que l’on n’arrose pas les feuilles d’un arbre mais ses racines, de même il faut s’attaquer aux racines de la maladie des hommes. Le remède à toutes les maladies consiste à stopper les fluctuations mentales. Quand l’esprit aura cessé de s’agiter, alors tout ira bien pour l’individu, tant au niveau physique que psychologique.
Q : Comment les fluctuations mentales peuvent s’arrêter ?
Mâ : En comprenant le chemin qui permet de découvrit “Qui suis-je ?”.
Le corps, qui passe de la jeunesse à la vieillesse, finit par disparaître. Ce n’est pas le vrai je.
L’homme doit donc découvrir sa véritable identité. Quand il s’y emploiera, son esprit recevra la nourriture qui le calmera. L’esprit ne peut trouver une nourriture adéquate dans les choses de ce monde, qui sont périssables, mais seulement dans cela qui est Eternel. Le rasa, le nectar de cet Eternel, pacifiera l’esprit.
C’est la Joie qui est à l’origine de l’univers, et c’est pourquoi les choses éphémères de ce monde procurent une joie passagère. Sans joie, la vie est un supplice.
Vous devez donc découvrir cette Joie pure qui a engendré le monde et qui est l’essence même de votre être. Et cela se produit quand les fluctuations mentales s’arrêtent.
Q : Comment les premiers samskara ont-ils été formés ?
Mâ : Ces questions-là relèvent de la cosmologie.
Celle-ci en particulier est née dans votre esprit, de même que vous avez en vous les concepts de création, de continuation et d’annihilation.
Toutes les actions que vous effectuez, vous les effectuez pour une raison donnée et c’est pour cela que vous considérez que Dieu a des raisons Lui aussi. Mais dans le domaine de la Vérité dernière cela n’a aucun sens. C’est pour cette raison que les védantistes appellent cela Maya (illusion).
Triguna Babu : Mâ, ne devrions-nous pas consacrer davantage de temps à la méditation ?
Mâ : Si, car cela renforce la concentration. Et puis la méditation finit par s’épuiser, par se dissiper durant son propre cours. Et ce qu’elle laisse derrière elle est indicible.
Triguna Babu : Si la méditation elle-même accroît la concentration, alors nous pourrions très bien méditer sur les choses de tous les jours ?
Mâ : La méditation sur les choses de la vie courante augmente sans aucun doute la concentration, mais elle crée des liens, des attaches. Seule la méditation sur les choses vraies peut rompre ces attaches.
Shrî Mâ dit un jour à propos de ces hymnes :
' La Parole est à l'origine du monde ; la création se développe progressivement et se transforme grâce au développement et à la transformation de cette Parole à la fois initiale et éternelle. »