Non-dualité
Question : J'ai lu dans des livres que certains êtres disent qu'ils doivent descendre pour agir dans le monde. Cela semble impliquer que, bien que l'on soit établi dans l'Être pur, on doit recevoir l'aide de l'esprit pour travailler. Tout comme un roi, lorsqu'il joue le rôle d'un balayeur, doit, pour l'instant, s'imaginer qu'il est un balayeur.
Réponse : En assumant un rôle, il n'est certainement pas question d'ascension ou de descente. En demeurant dans Son propre Être essentiel, Il met lui-même en scène une pièce de théâtre avec lui-même. Mais lorsque vous parlez d'ascension et de descente, où se trouve cet état d'Être pur ?
Brahman est un sans second.
Bien que sous votre angle de vue, je l'admets, il apparaît comme vous le dites.
Question : Vous avez expliqué cela depuis le niveau de l'ignorance. Maintenant, s'il vous plaît, parlez du niveau de l'illuminé !
Réponse : (en riant)... Ce que tu dis maintenant, je l'accepte aussi. Ici (en se montrant du doigt), rien n'est rejeté. Qu'il s'agisse de l'état d'illumination ou d'ignorance - tout est correct.
Le fait est que vous êtes dans le doute.
Mais ici, il n'est pas question de doute. Quoi que vous puissiez dire et à n'importe quel niveau - c'est Lui et Lui et seulement Lui.
Question : S'il en est ainsi, est-il utile de vous poser d'autres questions ?
Réponse : Ce qui est, est. Il est naturel que des doutes surgissent. Mais ce qui est étonnant, c'est que là où Cela est, il n'y a même pas de place pour des prises de position différentes. Les problèmes sont discutés, certainement, dans le but de dissoudre les doutes.
Il est donc utile de discuter. Qui peut dire quand le voile sera levé de vos yeux ? Le but de la discussion est de dissoudre ce mode de vision ordinaire. Une telle vision n'est pas une vision du tout, car elle n'est que temporaire.
La vraie vision est celle pour laquelle il n'y a pas de différence entre voir et être vu. Elle est sans yeux - elle ne doit pas être observée avec ces yeux ordinaires, mais avec les yeux de la sagesse. Dans cette vision sans yeux, il n'y a pas de place pour la "di-vision".
Q : A mon sens, il ne peut y avoir une vision intégrale de l'Etre suprême, au plus, nous en aurons une vision partielle...
Qu'en pensez-vous ?
Mâ : Si vous pensez que l'Etre peut se mettre en morceaux, alors vous pouvez employer le terme de "partiel ".
Mais peut-il y avoir des "parts d'Absolu" ?
Vous raisonnez en termes de parts, et vous voulez prendre "votre" part, n’est-ce pas !
Il est le Tout, Celui qui est.
Q : Mais alors, il doit bien y avoir au moins des niveaux dans la Connaissance?
Mâ : Où est la connaissance des formes du Sans Forme, il ne peut y avoir de niveau.
Aller pas à pas concerne la période où l'on cesse tout juste de courir derrière les objets, et où l'on se tourne vers l'Eternel.
Dieu n'est pas encore une évidence, mais sa quête est devenue "intéressante". Cette progression réserve des foules d'expériences...
Là où est la pensée, est fatalement l'expérience !
Les expériences traduisent les mille façons d'approcher la Connaissance Suprême.
L'esprit qui s'était d'abord empêtré dans la matérialité, affirmant que jamais on ne peut savoir si Dieu existe ou non, et qui tournait le dos à "tout cela", finalement rebrousse chemin !
N’est-il pas naturel que la lumière lui parvienne, "accommodée" à sa situation ?
Tous les états possibles et inimaginables ont un nom.
Mais les états particuliers cessent, quand le Soi est enfin reconnu !
Q : Le corps peut-il survivre à l'effondrement de notre égocentrisme ?
Mâ : Le corps est-il un obstacle à la Connaissance Suprême ?
Et d'abord la question de savoir si "le corps" existe ou non, se pose-t-elle ? A un certain stade, cette question ne se pose plus. Quand elle se pose, vous n'êtes pas établi dans l'Être Pur ; et vous attendez votre réponse !
La vraie réponse se tient là où il ne peut plus y avoir ni question ni réponse... où il n'y a plus d'"autre", plus aucune division.
Alors approcher les maîtres et recevoir leurs instructions, étudier les Ecritures, n'a plus aucun sens.
Voilà, pour un aspect de la question...
Par ailleurs, vous voyez des niveaux dans la connaissance, à la manière des niveaux universitaires sanctionnés par des diplômes, quand vous cherchez. Quand le Soi est révélé à lui-même, rien de tout ça.
Un effort personnel, la pratique de la méditation, apportent certes des fruits ; mais dans le Soi, mis en lumière, il n'y a pas de but à atteindre et pas de non-but.
Bien que ce soit, ce n'est pas.
Bien que ce ne soit pas, c'est.
Voilà !
Vous dites qu'il doit subsister un vestige de fonctionnement mental. Il est pourtant un stade où le fait qu'il subsiste ou non une trace de "mentalité" n'a plus aucun sens.
Si tant de choses peuvent être consumées, ce vestige-là ne peut-il aussi être consumé ?
Il n'y a plus ni oui ni non. Ce qui est, "est".
Méditer, contempler, est une aide tant qu'on est balloté entre acception et rejet.
Vous voulez un support, n'est-ce pas ?
Le support qui vous portera plus loin, jusque-là où il n'est plus question de support et de non-support, c'est le support sans support !
Ce que disent les mots s'"éteint".
Lui, est au-delà des mots.
Mâ : Le professeur ne peut vous enseigner que si vous avez la capacité d'apprendre.
Bien sûr, il peut vous aider mais vous devez être capable de répondre, vous devez avoir en vous la capacité de saisir ce qu'il enseigne.
Question : Quel est le meilleur chemin vers la connaissance de soi ?
Réponse : Tous les chemins sont bons. Cela dépend des samskaras d'un homme, de son conditionnement, des tendances qu'il a apportées avec lui lors de ses naissances précédentes. De même que l'on peut se rendre au même endroit en avion, en train, en voiture ou à vélo, de même différentes lignes d'approche conviennent à différents types de personnes.
Mais le meilleur chemin est celui que le Guru indique.
Question : S'il n'y a qu'Un, pourquoi y a-t-il tant de religions différentes dans le monde ?
Réponse : Parce qu'Il est infini, il existe une variété infinie de conceptions de Lui et une variété infinie de chemins vers Lui. Il est tout, toute sorte de croyance et aussi l'incrédulité de l'athée. Votre croyance en l'incrédulité est aussi une croyance. Lorsque vous parlez d'incrédulité, cela implique que vous admettez la croyance. Il est dans toutes les formes et pourtant Il est sans forme.
Question : D'après ce que vous avez dit, j'en déduis que vous considérez que l'informe est plus proche de la Vérité que le Dieu avec une forme ?
Réponse : La glace est-elle autre chose que de l'eau ? La forme est tout autant le Soi que le sans forme. Dire qu'il n'y a qu'un seul Soi et que toutes les formes sont des illusions impliquerait que l'informe est plus proche de la Vérité que le Dieu-avec-forme. Mais ce corps déclare que toute forme et l'informe sont Lui et Lui seul.
Madame M. a demandé ce que signifiait vraiment la doctrine chrétienne du salut par la foi dans le Christ sanctifié.
Mâ : Il y a bonheur et souffrance, péché et vertu, vie et mort : ces couples d'antagonismes sont la croix sur laquelle le Christ est crucifié.
Mais il est la vérité éternelle qui transcende la dualité, c'est pourquoi il a souri sur la croix. C'est ce que nous devons faire.
C'est là notre sauveur. C'est aussi la voie hindoue. C'est aussi l'idéal des rishis.
Méditez sur le Christ en tant que lumière du monde, la lumière intérieure comme la lumière extérieure du soleil et de la lune.
Tous sont en lui et Il est dans tous.
Il est la lumière entre vos sourcils.
Si pendant la méditation vous avez des visions de Kali, Durgâ, Mâ, Shiva, considérez-les également comme des formes du Christ et non pas comme des formes distinctes de lui. Si vous rencontrez un grand être spirituel, dites-vous : "C'est le Christ qui s'est révélé à moi sous cette forme même".
Toutes les formes sont ses formes. Il est vaste, et n'est pas uniquement limité à la forme de Jésus.
Considérez votre demeure comme celle du Seigneur.
Brûlez de l'encens et réservez un siège spécial pour la méditation.
Méditez et lisez des textes sacrés. Laissez vos enfants vivre leur vie et passez la vôtre en contemplation.
Q : Quel est votre travail ?
Mâ : Je ne travaille pas. Pour qui travaillerai-je, puisqu'il n'y a qu'un ?