Pranam
Atal Babu : Ma, à chaque fois que je vous pose une question, vous demandez la permission de répondre à quelqu'un d'autre, mais un fils a toujours envie de communiquer directement avec sa mère.
Mâ : Ne demandez-vous pas la permission à votre Guru pour faire tout ce que vous avez à faire ?
Atal : Certes, et je demande même la permission avant de dire quelque chose !
Mâ : Ne parlez pas alors de quelqu'un d'autre
(ce qui veut dire que non seulement Ma considère son mari comme son guru, ainsi que le conseille la tradition indienne, mais qu'elle estime qu'il n'est pas différent d'elle-même.)
Question : Est-ce que toute action doit être considérée comme le fait de la volonté de Dieu ou est-ce seulement le cas de certaines actions ?
Mâ : Quoi que vous fassiez vous devez ressentir : ceci est la volonté de Dieu et je sers Dieu en le faisant.
Le monde a été créé par Dieu, donc quoi que l'on fasse, on est à son service.
C'est Lui qui fait (karta) et c'est Lui qui vous pousse à faire.
Si vous gardez cela à l'esprit, le souvenir de Dieu sera facile.
Vous devez dire à Dieu : "Dieu, Vous êtes l'Agissant, Vous êtes Celui qui me pousse à agir, et tout ce que je fais, je le fais pour Vous."
Vous devez toujours garder ce sentiment dans votre esprit.
Pratiquez cela tout le temps, avec patience et tout ce qui doit arriver arrivera.
Si vous avez cette attitude, pas de possibilité d'échec pour vous.
Des femmes s'approchent de Mâtâji pour la saluer.
Mâ reste silencieuse.
Après leur départ, elle dit :
Voyez, est-il possible de saluer d'une manière juste ?
Quel est le sens de ces pranâma ?
Bien, c'est comme déverser de l'eau d'un pot à l'extérieur. Si le pot est tourné à l'envers, toute l'eau se déverse.
De la même manière, une véritable salutation (pranâma) consiste à abandonner tout son contenu émotionnel aux pieds de ce que vous saluez.
Ne dites-vous pas que notre tête est le siège de toutes nos pensées et émotions ? Mais quand on s'incline très bas, rien n'est donné vraiment.
C'est comme remuer un poudrier : un peu de poudre tombe par les trous, non pas toute la poudre.
Aussi, tant que le pot à eau n'est pas vidé, le Divin ne pourra le remplir.
(Satsang rapporté dans In association with Sri Ma Anandamayi)
Question : Il est dit qu'une personne qui étudierait les Shastras (Ecritures), même avec une très grande foi, n'arriverait pas à la Libération sans la grâce de Dieu. Est-ce vrai ?
Mâ : Cela veut seulement dire que celui qui étudie sans s'abandonner à Dieu ne peut pas obtenir de résultats spirituels.
C'est seulement en renonçant à son moi que l'Homme peut gagner la Libération.
Il lui faut donc faire le namaskar à Dieu.
Voilà ce que je peux dire du point de vue de la pratique de la voie (sadhana).
En ce qui concerne le point de vue des Ecritures, je laisse la parole à Baba Prakashânanda.
Swâmi Prakashânanda : Mâ a expliqué le sens du mot "namaskar" de manière parfaite même du point de vue des Shastras, car où il y a mental, il doit y avoir samsara et il faut donc abandonner ce mental à Dieu pour en être libéré.
Quand le mental est abandonné aux pieds du Seigneur, ce mental lui-même devient Dieu.
Quand on a complètement renoncé à son mental, il n'y a plus de mental, il ne reste que Dieu.
C'est pourquoi il est dit qu'en faisant simplement namaskar, on est lavé de tous ses péchés.
Et c'est aussi pourquoi le namaskar est encore appelé pranam (abandonner son ego aux pieds du Seigneur).
Voilà pourquoi il est dit dans le Ramayana que seul le pranam à Rama permet d'atteindre la Libération et non pas la simple étude des Shastras (Ecritures).
Quand on pratique le japa d'un nom de Dieu avec concentration, alors ce nom devient le nom de son propre Soi.
Et quand le disciple dit : "Je m'abandonne à Dieu", il perd son ego et s'établit dans le Soi.
C'est pourquoi il faut pratiquer le namaskar à Dieu.
Mâ : Excellent commentaire, Baba !
C'est là le vrai namaskar.
Quand on pratique ainsi le namaskar, il faut observer qui salue et qui est salué.
On arrive alors à réaliser que seul le Soi est.
Question : Mais puisqu'un seul namaskar suffit à détruire tous les péchés, pourquoi devrions-nous en faire encore et encore ?
Mâ : Le premier namaskar doit être fait pour la purification du mental ; et ensuite les autres pour devenir Un avec Dieu.
Q: Pendant tous ces jours de fête, nous avons entendu tant de choses magnifiques !
Mâ : Magnifique ? Tant que vous distinguez le "beau" et le "laid" vous n'avez rien compris !
Q : Nous ne comprenons même pas un peu ?
Mâ : "Nous comprenons"... c'est sans intérêt tant que celui qui comprend et ce qui est compris demeurent séparés.
Q : (...) et quand nous sommes oublieux !
Mâ : L'oubli ? Oubliez l'oubli. La mort doit mourir.
Q : (...) et quand l'on se souvient !
Mâ : Se souvenir ? Alors vous gardez en tête. Rejetez plutôt.
Déposez tout ça à Ses pieds.
Je veux dire : demeurez dans l'expérience de ce qui est !