On ne retourne pas deux fois dans le même fleuve…
« Dans les mêmes fleuves, nous entrons et nous n’entrons pas, nous sommes et nous ne sommes pas. »
Héraclite
Comme le dit à peu près Krishnamurti, la fleur n’est jamais la même, elle est toujours renouvelée, et mon regard sur elle est alors éternellement émerveillé.
"Pouvez-vous simplement la regarder [la fleur], comme si c’était la première fois, sans que le mot ou l’idée interfère ? C’est dans cet acte de voir qu’il y a une réalité vivante, une communion avec ce qui est."
Il en va de même en ce qui concerne notre relation avec l’Enseignement. On ne peut pas tomber dans la doctrine si notre regard est constamment renouvelé.
Et si on se demande, comment certaines personnes peuvent consacrer leur vie à Dieu, en étudiant constamment les mêmes textes (comme la Bible, le Coran, la Torah, etc.), la réponse est là : ils sont constamment renouvelés et purifiés par l’étude et par l’Enseignement…
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J’écris cela parce que je fais l’expérience en ce moment même de cette sorte de "renouvellement".
L’année passée, j’ai voulu mettre l’accent sur le fait qu’il existe des écrits qui comparent les paroles de Mâ Ânandamayî et celles du Christ (voir l’ouvrage "Ce corps, Jésus et Anandamayi" de Jean-Claude Marol) mais qu’il n’y a pas d’équivalence avec les paroles du Bouddha, à ma connaissance.
Et dans le même élan, en regroupant certaines paroles de Mâ (quand elle parle du « devoir de l’homme ») j’ai rassemblé ces paroles en fonction de l’Octuple Sentier, parce que j’y voyais une résonance évidente…
L'Octuple Sentier est une voie pratique du bouddhisme pour mettre fin à la souffrance, composée de huit étapes comme la compréhension juste, la parole juste ou l’attention juste. Il guide vers une vie éthique, une discipline mentale et une sagesse qui libèrent l’esprit des illusions.
Comme il m’a fallu produire un texte pour clarifier ce qu’est l’Octuple Sentier et les quatre Nobles Vérités, j’ai vu aussi que je devais clarifier certaines notions (pour ceux qui voudraient s’y intéresser davantage) comme la transformation des émotions perturbatrices en sagesse.
Et pour cela, je m’apprête à partager avec ceux qui le veulent bien un écrit sur les dhyani bouddhas.
Les cinq dhyani bouddhas sont des figures symboliques du bouddhisme, représentant les aspects purifiés de l’esprit humain. Chacun incarne une sagesse spécifique et aide à transformer les émotions perturbatrices, telles que l’ignorance ou la colère, en qualités éveillées.
J’y travaille depuis quelques semaines (en fonction du temps que j’ai) et j’ai été complètement bluffé, je dois dire… je m’explique…
Il y a des années, j’avais déjà produit un texte pour résumer les cinq dhyani bouddhas...
Et on a alors l’impression d’avoir fait le tour de la question, d’avoir bien résumé le sujet des cinq dhyani bouddhas… direction, parèdre, monture, couleur, etc.
Mais en refaisant ce travail, des années plus tard, j’ai redécouvert le sujet de façon vraiment étonnante… comme si je comprenais maintenant tant de choses que je n’avais pas vu à l’époque.
Parce que nous entrons et nous n’entrons pas, dans ce fleuve qui toujours demeure.
Vaste et incommensurable est l’absorption de l’enseignement, infini, toujours renouvelé…
Ça s’appelle "grandir" ou "évoluer", mais en réalité, c’est plutôt une "purification permanente"… – voilà pourquoi certains renoncent à tout pour s’y plonger. (je ne dis pas que c'est précisément mon cas).
Vous n’avez jamais fini de vous purifier et d’entrer dans la Beauté Eternelle que recèle l’Enseignement.
Chaque mot de Mâ Ânandamayî, chacun de ses gestes durant sa vie sur Terre, tout est enseignement… sa présence même dans ce monde, et sa disparition, nous laisse tout entier avec ce Fleuve où nous entrons et n’entrons pas…
J’ai donc été secoué lorsque j’ai "redécouvert" le sujet des cinq dhyani bouddha…
Il y a une sorte d’abondance qui n’a pas de fin, quand on touche l’enseignement avec un coeur sincère… et cela donne une sorte de soif...
Comme un enfant qui découvre un paysage fabuleux et qui, ne pouvant en détacher le regard, s’aventure toujours plus loin pour en explorer le plus possible… sauf que cela semble illimité, que l’exploration est totale, à chaque seconde, et pourtant sans fin… Et, comme si cela ne suffisait pas, plus vous reconnaissez ce Paysage, plus cela vous transforme et vous harmonise avec Lui.
Je compte partager ce travail bientôt, en espérant que cela résonnera suffisamment pour qu'on voit les liens avec l'enseignement de Mâ.
Peut-être un autre texte suivra, pour creuser encore cette équivalence. Car dans ce Fleuve, on n’a jamais fini d’entrer.