"Les trois saintes", de Jad Hatem, est un ouvrage à paraître, édité en 2021 par Saêr Al Mashrek éd., mais pas encore distribué.
"La sainteté est la perfection de l’homme. Il retrouve grâce à elle le contact avec un petit morceau d’éternité ou un grand, qu’il y ait un dieu ou qu’il n’y en ait pas, qu’il y en ait plusieurs ou seulement l’Un planant par-dessus toute déité passé, présente et à venir.
Bien que les femmes qui font l’objet du présent essai appartiennent à des religions (islam, christianisme, hindouisme), des époques (VIIe, XVIIe et XXe siècles) et des tempéraments différents, elles ont en commun le geste de l’excès dans l’amour de Dieu et des humains. Le décisif pour elles était, outre la quête de l’absolu, la peine réalisation d’elles-mêmes que ce soit dans la plénitude, le désert, l’enfer ou le néant."
Rabia al Adawiyya al Qaysiyya (arabe : رابعة العدوية القيسية) ou simplement Rabia Basri (713/717–801) est une mystique et une poétesse musulmane qui vécut à Bassorah. Elle est une figure majeure du soufisme.
Bassorah est une ville dont le rôle a été fondamental dans le développement du soufisme à cette époque, ville où elle est considérée comme une des saintes (wali). Elle doit venir d'une famille pauvre, et peut-être fut-elle volée encore enfant pour être vendue comme esclave, et selon la légende, elle aurait réussi à survivre en devenant chanteuse – ce qui correspond peut-être, note Pierre Lory, à un thème de l’hagiographie chrétienne fort répandu : la conversion de la femme aux mœurs dissolues. Elle devient la disciple du grand soufi Hassan al-Basri (m. 728).
Elle a également gardé un célibat strict, chose qui était étonnante en islam, qui érige le mariage en modèle et rejette le monachisme. Elle rejeta d’ailleurs de nombreuses demandes en mariage, voulant se donner seulement à Dieu, son Aimé. Elle disait d’ailleurs : « Le mariage est nécessaire à qui peut choisir. Quant à moi, je n’ai pas le choix de ma vie. Je suis à mon Seigneur et dans l’ombre de ses commandements ; ma personne n’a aucune valeur. »
Son amour pour Dieu est absolu, il n'y a aucune place pour l'amour de quoi que ce soit d'autre, et le monde n'a aucune importance à ses yeux.
Ce célibat ne l’empêcha pas d’avoir de nombreux visiteurs, dont certains furent des mystiques importants, et son renom lui attira des disciples qui la rejoignaient pour suivre ses enseignements, souvent donnés sous forme poétique, et son immense rayonnement lui valut la vénération de ses contemporains.
Plusieurs récits font aussi état de miracles : apparition merveilleuse de nourriture pour ses hôtes, lumière émanant de son corps qui permettait de se passer de lampe… Pour légendaires qu’ils soient, ces récits marquent clairement le statut de sainte et d’amie de Dieu (waliyya) de Rabia.
Rabi’a al-Adawiya est une figure majeure de la spiritualité soufie, dont elle a marqué durablement les orientations. Le deuxième siècle de l’ère musulmane où elle a vécu marque une étape importante dans la formation des courants de la mystique soufie. C’est une époque qui voit surtout des vocations individuelles de personnages qui cherchent avant tout l’ascèse et la solitude, au nombre desquels on peut mettre Rabia et Hassan al-Basri.
Rabia est peut-être la première grande voix du soufisme. Ces ascètes des premières heures de l'islam étaient à cette époque en marge de la société et apparaissent tels des avertisseurs pour le peuple, démontrant par leur existence même la vanité de certains musulmans d'enfermer l'esprit dans la lettre. Ainsi rejetait-elle l'état par lequel l'humanité se conforte dans l'insouciance ou la facilité et que les soufis jugent à l'opposé d'un état de quête.
Rabia n’a pas laissé d’écrits. Ce que l’on connaît d’elle consiste essentiellement en des fragments, que l'on trouve notamment dans des recueils de vies de soufis, comme le célèbre Mémorial des saints de Farid al-Din Attar. La tradition hagiographique lui attribue cependant des prières, des réponses et des vers.
Marie des Vallées, née le 15 février 1590 à Saint-Sauveur-Lendelin (Manche, France) et morte le 25 février 1656 à Coutances (Manche, France), est une mystique française, proche de saint Jean Eudes.
Les parents de Marie étaient croyants, mais peu pratiquants. Dans ce contexte peu favorable, Marie sentit pourtant très tôt sa mission spirituelle, et curieusement, Dieu lui ménageait les rencontres nécessaires.
La jeunesse de Marie fut un calvaire, et cependant, partout où elle dut passer, Marie fut comme un signe de Dieu par sa patience, son courage, sa foi et sa pureté.
Marie, à l'âge de 19 ans, attendait celui que le Seigneur lui enverrait: elle pensait alors se marier, car dans sa région on croyait, à l’époque, que le célibat était une malédiction. Mais bientôt, cependant, Marie pensera à conserver sa virginité, tout en se demandant si elle faisait bien... Un jour, elle fut attirée par un jeune homme d’une grande beauté; elle voulut bien accepter le mariage, à condition qu’ils vivraient comme frère et sœur. Le jeune homme accepta.
C’est alors qu’un prétendant éconduit eut recours à une sorcière. Le jeune homme lui communiqua le “charme”, et Marie, durant trois ans, violemment tourmentée, souffrit de vraies tortures physiques.
Alors qu'elle est prise de douleurs et de convulsions, on accuse le jeune homme, qui a quitté le Cotentin dès le lendemain, de l'avoir envoutée. Après trois ans de souffrances, elle est présentée à l'évêque de Coutances, Mgr Nicolas de Briroy, qui l'exorcise et commande une enquête sur sa vie et celle de sa famille. Mais Marie des Vallées n'est pas libérée et continuerait de répondre en latin et en grec alors qu'elle est quasiment illettrée.
Soupçonnée d'être une sorcière, elle est déférée en 1614 au parlement de Normandie, qui estime que les soupçons sont sans fondement. Elle se retire alors à Coutances.
Reconnue possédée par le Diable, elle est de nouveau exorcisée à de multiples reprises mais toujours sans résultat. Marie endure d'atroces souffrances mais finit par les accepter. Elle décide alors de se donner à Dieu afin de « souffrir les peines de l'Enfer » et de faire don de ses souffrances « pour le Salut de l'humanité et la destruction du péché ».
En 1641, Mgr Léonor Goyon de Matignon, évêque de Coutances, prie le père Jean Eudes d'étudier son cas. L'oratorien admire la dirigée de la mystique, tient ses visions pour surnaturelles et rassemble en 1655 tout ce qu'il sait d'elle dans des cahiers, qu'il intitule La Vie admirable de Marie des Vallées et des choses prodigieuses qui se sont passées en elle. Elle devient son inspiratrice, sa conseillère et l'aide à fonder des séminaires et à propager le culte du Sacré-Cœur.
- J'ai reproduit la bibliographie présente dans l'ouvrage En compagnie de Mâ Anandamayî de Bithikâ Mukerjî, en la complétant avec les ouvrages plus récents. J'essaierai au fur et à mesure de rajouter des éléments, des anecdotes pour chaque ouvrage si j'en trouve. Cette page est pour l'instant uniquement accessible via la section "Livres et documents", dans Media.
- D'autres extraits de livres sont désormais disponibles :
Ce Corps, paroles de Jésus et de Mâ, traduction de Jean-Yves Leloup et Jean-Claude Marol, 1999, éd. ALTESS
La saturée de joie par Jean-Claude Marol, Ed. Dervy 2001
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"The Three Saints", by Jad Hatem, is a forthcoming book, published in 2021 by Saêr Al Mashrek éd. but not yet distributed.
"Holiness is the perfection of man. Through it he finds contact with a small piece of eternity or a large one, whether there is a god or not, whether there are many or only the One hovering over all deities past, present and future.
Although the women who are the subject of this essay belong to different religions (Islam, Christianity, Hinduism), times (7th, 17th and 20th centuries) and temperaments, they have in common the gesture of excess in the love of God and humans. The decisive thing for them was, in addition to the quest for the absolute, the pain of self-realisation, whether in fullness, in the desert, in hell or in nothingness."
Rabia al Adawiyya al Qaysiyya (Arabic: رابعة العدوية القيسية) or simply Rabia Basri (713/717-801) was a Muslim mystic and poetess who lived in Basra. She is a major figure in Sufism.
Basra is a city that played a fundamental role in the development of Sufism at that time, where she is considered one of the saints (wali). She must have come from a poor family, and perhaps she was stolen as a child to be sold as a slave, and according to legend, she managed to survive by becoming a singer - which perhaps corresponds, Pierre Lory notes, to a widespread theme of Christian hagiography: the conversion of the woman with dissolute morals. She became a disciple of the great Sufi Hassan al-Basri (d. 728).
She also kept a strict celibacy, which was surprising in Islam, which sets marriage as a model and rejects monasticism. She rejected many marriage proposals, wanting to give herself only to God, her Beloved. She said: "Marriage is necessary for those who can choose. As for me, I have no choice in my life. I belong to my Lord and to the shadow of his commandments; my person has no value."
Her love for God is absolute, there is no room for the love of anything else, and the world has no importance in her eyes.
This celibacy did not prevent her from having many visitors, some of whom were important mystics, and her fame attracted disciples who joined her to follow her teachings, often given in poetic form, and her immense influence earned her the veneration of her contemporaries.
There are also several accounts of miracles: the marvellous appearance of food for her guests, the light emanating from her body that made it possible to do without a lamp, etc.
Legendary as they are, these accounts clearly mark Rabia's status as a saint and friend of God (waliyya).
Rabi'a al-Adawiya is a major figure in Sufi spirituality, and she left a lasting mark on its orientations. The second century of the Muslim era, in which she lived, marked an important stage in the formation of the currents of Sufi mysticism. It was a period that saw above all the individual vocations of people who sought asceticism and solitude above all, among whom were Rabia and Hassan al-Basri.
Rabia is perhaps the first great voice of Sufism. These ascetics of the early days of Islam were at that time on the fringes of society and appear as warners to the people, demonstrating by their very existence the vanity of some Muslims to enclose the spirit in the letter. Thus, she rejected the state by which humanity confirms itself in carelessness or ease and which Sufis consider to be the opposite of a state of quest.
Rabia left no writings; what is known of her consists mainly of fragments, which can be found in collections of Sufi lives, such as Farid al-Din Attar's famous Memorial of Saints. The hagiographic tradition, however, attributes prayers, responses and verses to her.
Marie des Vallées, born on 15 February 1590 in Saint-Sauveur-Lendelin (Manche, France) and died on 25 February 1656 in Coutances (Manche, France), was a French mystic, close to Saint Jean Eudes.
Marie's parents were believers, but not very religious. In this unfavourable context, Mary felt her spiritual mission very early on, and curiously, God provided her with the necessary encounters.
Marie's youth was an ordeal, and yet, wherever she had to go, Marie was like a sign of God by her patience, her courage, her faith and her purity.
Marie, at the age of 19, was waiting for the one whom the Lord would send to her: she was thinking of getting married, because in her region, at the time, it was believed that celibacy was a curse. Soon, however, Marie thought of keeping her virginity, but wondered if she was doing the right thing... One day, she was attracted to a young man of great beauty; she was willing to accept marriage, on condition that they would live as brother and sister. The young man agreed. Then a spurned suitor turned to a witch. The young man gave her the "spell", and Marie suffered real physical torture for three years. While she was in pain and convulsions, the young man, who left the Cotentin the next day, was accused of having bewitched her. After three years of suffering, she was presented to the bishop of Coutances, Nicolas de Briroy, who exorcised her and ordered an investigation into her life and that of her family. Suspected of being a witch, she was referred to the parliament of Normandy in 1614, which considered the suspicions to be unfounded. Recognised as possessed by the Devil, she was again exorcised several times but always without result.
Marie endured atrocious suffering but finally accepted it. In 1641, Mgr Léonor Goyon de Matignon, Bishop of Coutances, asked Father Jean Eudes to study her case. The oratorian admired the direction of the mystic, considered her visions to be supernatural, and in 1655 collected all that he knew about her in notebooks, which he entitled The Admirable Life of Marie des Vallées and the prodigious things that happened to her. She became his inspiration and advisor and helped him to found seminaries and to propagate the cult of the Sacred Heart.
- I have reproduced the bibliography in the book In the Company of Mâ Anandamayî by Bithikâ Mukerjî, completing it with the most recent works. I will try to add elements and anecdotes for each book as I find them. This page is for the moment only accessible via the section "Books and documents", in Media
- Other extracts of books are now available:
Ce Corps, paroles de Jésus et de Mâ, translation by Jean-Yves Leloup and Jean-Claude Marol, 1999, ed. ALTESS
La saturée de joie by Jean-Claude Marol, Ed. Dervy 2001
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