Deuxième partie
Rencontre avec des sages remarquables La seconde partie de cet ouvrage a trait à la rencontre de Vijayânanda avec quelques sages remarquables ; même si ceux-ci sont aujourd'hui décédés, leur message et la valeur de leur exemple sont intemporels et peuvent servir de référence aussi bien à notre génération qu'aux générations futures.
Chapitre I – KRISHNAMURTI
On imagine souvent un sage de l'Inde vêtu d'une vaste toge ou d'un dhotî de couleur orangé, portant une longue barbe et des cheveux blancs tombant sur les épaules, à moins qu'il ne soit rasé à la manière des sannyâsin. Peut-être vit-il dans une retraite solitaire dans l'Himâlaya, ou dans une caverne aux environs de Rishikesh, à moins que ce ne soit dans un âshram au bord du Gange, avec ses nombreux disciples. On le voit environné d'une foule d'admirateurs, ou d'un groupe choisi de chélâ, vêtu comme les anciens rishi de l'Inde. Souvent, il est adoré comme un dieu et tout visiteur se prosterne devant lui avec vénération et lui apporte des offrandes. Ses paroles sont profondes et rares et sont toujours en accord avec les Écritures.
L'homme moderne, en sa compagnie, oublie qu'il vit à l'ère atomique, et il lui semble qu'il a fait marche arrière dans le temps, jusqu'à la bienheureuse époque védique. Pourtant, rien de semblable avec Krishnamûrti. S'il est vrai - et c'est mon opinion - que le nec plus ultra de la grandeur spirituelle consiste à paraître absolument naturel, Krishnamûrti a certainement atteint le sommet de cette réalisation. Car rien - ni dans son vêtement, ni dans sa conversation, ni dans ses manières, ni même dans son attitude - ne laisse deviner qu'il n'est pas un homme ordinaire. Si ce n'est pourtant son noble visage éclairé d'un sourire quelquefois teinté d'une légère tristesse, où l'on peut découvrir une compassion infinie pour tout ce qui vit.
Et aussi, ses grands yeux, comme on n'en voit que chez les hindous, et qui semblent refléter cette « vie impersonnelle », sujet central de ses conférences. Ses conférences attirent toujours une foule, car à une maîtrise parfaite du langage il allie un sens psychologique raffiné, et il sait exprimer en termes clairs des situations et des nuances psychologiques que la plupart des psychanalystes de métier soupçonnent à peine. Mais ni la psychologie ni la psychanalyse ne sont les sujets de son enseignement, car, bien qu'il s'en défende, il enseigne quelque chose, et ce qu'il dit le place parmi les grands gurus modernes. Néanmoins, non seulement il n'accepte pas le rôle de guru, mais - rompant avec l'antique tradition hindoue - il déclare catégoriquement que non seulement le guru n'est pas nécessaire, mais que prendre appui sur un maître ne peut que retarder la progression spirituelle ; qu'on ne peut découvrir la vérité qu'en soi-même par un effort personnel et indépendant. Il rejette de même l'autorité de toute Écriture ou tradition, quelles qu'elles soient. Mais qu'enseigne donc Krishnamûrti dans ses conférences ? Ce serait difficile à dire avec précision, car ses méthodes - si méthodes il y a - sont avant tout négatives. L'enseignement ésotérique ne peut pas être codifié dans des formules, ni enfermé dans des écrits, car c'est une chose vivante, qui varie selon les individus et les circonstances.
Quand le subjectif a pris le pas sur l'objectif, alors l'expérience spirituelle commence. Essayer de l'exprimer par des mots, c'est déjà l'objectiver et, par le fait même, la couvrir d'un voile qui la déforme.
Dans ses conférences, Krishnamûrti conseille à ses auditeurs de découvrir le fonctionnement de leur propre esprit, dans son aspect conscient aussi bien que dans son mécanisme inconscient. Mais il leur refuse tout point d'appui, que ce soit celui d'une méthode de yoga, de la direction d'un guide, ou d'une déité tutélaire. Ils doivent tenter cette aventure, car c'est une redoutable aventure (« A journey on an uncharted sea »), sans idée préconçue, sans préjugé, sans peur. Il s'agit d'observer le mouvement de nos pensées, sans porter de jugement, sans surimposer une interprétation parlée, voire même sans tentative de maîtrise de soi. « Observer » n'est d'ailleurs pas le mot exact, car prendre l'attitude de l'observateur produit une division de l'esprit en deux éléments, c'est-à-dire une formation mentale jouant le rôle du spectateur des autres formations mentales, et ce n'est pas la méthode qu'indique Krishnamûrti. La prise de conscience du courant des pensées doit se faire de l'intérieur.
L'observateur doit rester intensément conscient tout en étant emporté par le courant des pensées, sans essayer d'entraver ou de changer en quoi que ce soit leur cours. Notre esprit est, en effet, une chose en mouvement, et ce mouvement est produit par l'opposition de deux forces comme l'est n'importe quel autre mouvement. Opposer une pensée à une autre, c'est alimenter ce mouvement et lui donner un nouveau dynamisme, même si cette pensée est un acte de maîtrise de soi ou même simplement l'attitude de l'observateur.
Le mouvement de notre esprit ne peut être arrêté qu'en annulant le conflit des vagues mentales qui s'opposent constamment les unes aux autres. Inutile de dire que cette méthode est extrêmement difficile et n'est pas à la portée de n'importe qui. La plupart de ceux qui s'engagent dans la voie spirituelle préfèrent choisir « une plus humble carrière », c'est-à-dire un chemin progressif. Mais la route qu'indique Krishnamûrti est le « chemin abrupt », pour employer le langage du zen. Bien qu'il ne l'ait jamais dit, ses conférences reflètent la déclaration du Bouddha : « Comme dans le grand océan, il n'y a qu'une seule saveur, celle du sel, ainsi, dans mes paroles il n'y a qu'un seul enseignement, celui de la libération. »
D'ailleurs, de même que le Bouddha, il y a deux millénaires et demi, la venue de Krishnamûrti marque une réaction révolutionnaire à un excès de ritualisme et à un occultisme s'attardant, et souvent s'égarant en route pour cueillir des demi vérités ou des pouvoirs occultes décevants. Car Krishnamûrti est né de la Société Théosophique. Il fut élevé et instruit par Annie Besant qui avait prédit qu'il serait un jour « I'lnstructeur du Monde » J'avais lu en France, ou plutôt dévoré avec avidité, tout ce qui m'était tombé sous la main au sujet de ses conférences, celles du camp d'Omen, d'Ojaï, et aussi ses livres.
J'avais alors à peine vingt ans, et cette méthode « dénudée » avait profondément imprégné mon esprit. Pourtant, je n'avais jamais pleinement accepté cet enseignement au point de me placer parmi les « disciples ». Mais ce que Nietzsche disait pour lui-même, que ceux qui pensent être ses disciples ne l'ont pas réellement compris, peut aussi s'appliquer à Krishnamûrti. Je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer ce grand sage.
Ce n'est qu'une vingtaine d'années plus tard, en Inde, que j'eus la bonne fortune d'un contact personnel avec ce grand maître moderne. Durant la période allant de 1951 à 1959, j'habitais le plus souvent à Bénarès, dans l'âshram de Mâ Ananda Moyî, au bord du Gange. Krishnamûrti venait presque chaque année à Bénarès, en hiver, vers le mois de décembre. Il logeait à l'école qu'il a fondée à Raj Ghât et donnait des conférences publiques pendant presque toute la durée de son séjour dans la ville sainte. À cette époque, je menais une vie de réclusion et il était rare que je sorte de l'âshram autrement que pour une courte promenade. D'autre part, Mâ Ananda Moyî avait rempli mon esprit et mon cœur à tel point que je n'avais aucun désir d'aller voir un autre sage.
Pourtant, un jour, vers 1953, des amis hindous m'emmenèrent à la Bénarès Hindu University où Krishnamûrti devait faire une conférence dans l'après-midi. Nous arrivâmes un peu en avance et Krishnamûrti n'était pas encore arrivé. La salle, néanmoins, était déjà pleine de monde, le public étant presque uniquement formé d'hindous, surtout des étudiants et étudiantes de l'université, presque tous habillés à l'européenne, ou du moins d'un costume occidentalisé. Quant à moi, j'étais vêtu à la manière des sâdhu de l'Inde et portais une barbe et des cheveux longs.
C'était une étrange situation : un sâdhu européen dans la ville sainte, au milieu d'hindous occidentalisés... Bientôt un homme entra dans la salle. Il était habillé à l'européenne et portait une gabardine. Rien ne le distinguait des autres visiteurs. Il n'était ni annoncé ni accompagné. Il monta sur l'estrade très simplement et commença à dire quelques mots. C'était Krishnamûrti. Il regarda l'auditoire, et automatiquement le « sâdhu européen » à la barbe et aux longs cheveux, étrange représentant d'une Inde traditionnelle au milieu de ce public hindou occidentalisé, attira son attention. Un sourire légèrement ironique passa sur son visage, car Krishnamûrti n'aime pas les « marques extérieures » d'une vie spirituelle. Il commença la conférence, répondant surtout aux questions qu'on lui posait.
Les sujets étaient ceux dont il parlait ordinairement. Il insista surtout sur deux points : autorité des Écritures et du guru, qui ont encore conservé toute leur force dans ce bastion de l'orthodoxie hindoue qu'est Bénarès. Mais ce qui m'intéressait, c'était moins les mots de l'orateur que sa manière de s'exprimer et son attitude vis-à-vis du public. Il n'y avait rien d'un discours ex cathedra, pas la moindre trace de la supériorité d'un « enseignant ». Il parlait très simplement, mais dignement, sans familiarité, en excellent anglais, répondant aux questionneurs d'égal à égal, comme s'il s'agissait de « chercher ensemble » la vérité.
Pourtant, il me semblait qu'il y avait une froideur impersonnelle dans son contact avec le public. Mais, plus tard je compris que c'était une violence qu'il se faisait à lui-même. Bien que les sujets traités fussent des plus abstraits, mon attention était intensément tendue et mon esprit dans un état d'hyperconscience. Cet état persista pendant les deux ou trois jours suivants, puis s'atténua progressivement. Une personne ayant été longtemps en contact avec Krishnamûrti m'affirma que cet état était courant après ses conférences. Ainsi, il dirige ses auditeurs vers leur for intérieur, les pressent à découvrir eux-mêmes le fonctionnement de leur esprit, et apparemment leur refuse tout point d'appui, même pas (et peut-être surtout pas) la parole du maître, mais, comme tous les véritables gurus (car bien qu'il s'en défende, il est un guru) il leur donne le pouvoir d'accomplir cette tâche : I'hyperconscience indispensable pour l'étude introspective. Que Krishnamûrti soit capable de « transmettre du pouvoir », j'en ai eu la preuve plus tard lors d'une deuxième rencontre. Néanmoins, ce premier contact ne me laissa pas d'impression profonde et je pensai à tort que Krishnamûrti n'était qu'un froid intellectualiste.
Quelques années plus tard, en 1957 ou en 1958, alors que j'étais toujours à l'âshram, Krishnamûrti vint comme d'habitude à Bénarès pour l'hiver. Mais, cette année-là - ayant probablement besoin de repos, à moins que ce ne soit pour une autre raison - il vivait en demi-réclusion et, semble-t-il, ne donnait même pas d'entrevues privées. Au début de mars, une dame française, Mme B., célèbre pour ses recherches sur les réactions physiologiques dans les transes des yogis, vint me rendre visite à Bénarès.
En cours de conversation, j'appris que cette dame était théosophe et qu'elle avait une grande admiration pour Krishnamûrti, mais n'avait jamais eu l'occasion de le rencontrer personnellement. Un coup de téléphone à l'école de Rajghât nous apprit que le Maître était toujours à Bénarès, car il avait prolongé son séjour cette année, mais qu'il ne serait pas possible d'obtenir une entrevue privée. Krishnamûrti ne sortait de sa chambre que vers cinq heures du soir, pour une promenade dans le jardin de l'école, et c'était le seul moment où les visiteurs pouvaient le voir. Nous décidâmes d'aller à Rajghât le lendemain dans l'après-midi. Mme B. n'avait aucune question à poser mais désirait simplement voir le Maître.
Un sannyâsin de l'âshram et un brahmachârin désirant également avoir le darshan de Krishnamûrti devaient nous accompagner. Notre âshram est sur la rive du Gange, près de l'Assi Ghât, c'est-à-dire à l'extrême sud de la ville, et l'école de Raj Ghât est à l'autre bout de Bénarès, à l'extrême nord, également tout près du fleuve. Nous pensâmes que faire le chemin en barque le long du fleuve serait le moyen de locomotion le plus agréable, sinon le plus rapide.
Le lendemain, dans l'après-midi, notre petit groupe descendit les escaliers qui mènent vers le ghât. Une barque de pécheur devait nous amener à destination, et nous arrivâmes sous une pluie battante à Rajghât. Un homme apparut, sortant d'une des chambres du rez-de-chaussée.
C'était, je crois, un des secrétaires de Krishnamûrti. Il nous confirma ce que nous avions déjà compris de par nousmêmes: que le Mâître ne sortirait pas pour sa promenade ce soir, à cause de l'orage. Nous avions décidé de retourner à notre âshram, quitte à revenir un autre jour, et nous nous apprêtions à partir, lorsque le secrétaire, qui avait disparu un moment, revint et nous dit que Krishnamûrti nous invitait à venir le voir dans sa chambre, au premier étage. Cette marque de délicatesse du grand maître me toucha profondément. Krishnamûrti nous reçut avec une simplicité et une cordialité qui m'allèrent droit au cœur... et m'étonnèrent, car j'avais dans ma mémoire le visage d'un Krishnamûrti impersonnel et distant, presque froid, tel que je l'avais vu à la B.H.U. Pourtant, ici, sa cordialité semblait si simple, si spontanée, comme si nous avions été des amis de vieille date. En Inde, la coutume veut qu'on fasse une offrande à un sage quand on va lui rendre visite, ne serait-ce que quelques fleurs. Néanmoins, on nous avait dit que Krishnamûrti n'acceptait aucune offrande, et qu'il était même opposé à cette pratique, comme il l'est d'ailleurs à beaucoup d'autres coutumes faisant partie du cadre de la tradition orthodoxe.
Pourtant, mon habitude de vivre parmi les hindous et de suivre leurs coutumes était tellement invétérée que j'avais néanmoins cueilli quelques roses dans notre âshram, avec l'intention de les offrir au Marâtre. C'est ce que je fis, avec cependant une légère appréhension quant aux réactions possibles. Encore une fois, Krishnamûrti nous montra qu'il cachait un « cœur de bodhisattva » derrière un intellectualisme en apparence froid et impersonnel. Il reçut les fleurs dans ses deux mains. Son attitude et l'expression de son visage étaient celles d'un homme qui reçoit un don précieux d'amitié. Quelques pétales étant tombés à terre, Krishnamûrti s'accroupit sur le sol et les ramassa un à un comme s'il voulait dire que rien ne devait se perdre de ce don précieux. Cet aspect inattendu du maître m'émut profondément. Il s'assit sur une natte, à même le sol, comme c'est la coutume en Inde, et nous-mêmes en face de lui. Nous étions venus pour le darshan et non pour le fatiguer par des questions, d'autant plus qu'il ne faisait pas de conférences à cette époque et vivait en réclusion. L'importuner avec nos doutes philosophiques eût été de très mauvais goût.
D'ailleurs, le « silence » d'un grand sage n'est-il pas le meilleur des discours ?
Nous échangeâmes à peine quelques mots avec le Maître, et le silence se fit. Puis - je ne saurais dire comment cela se produisit - mes paupières tombèrent et j'entrai en méditation. Mes autres compagnons en firent de même, d'après ce que j'appris plus tard, sauf le brahmachârin qui garda les yeux ouverts « pour observer le spectacle », me dit-il. Je ne saurais dire combien de temps cette méditation dura. Vingt minutes peut-être, d'après l'évaluation du brahmachârin, mais ce fut pour moi l'occasion d'une curieuse expérience: il me semblait que mon corps physique s'était estompé et qu'il ne restait au centre qu'une ligne droite sur laquelle s'étageaient trois « nœuds » psycho-physiologiques auxquels la conscience se cramponnait sans pouvoir s'en dégager.
C'était - c'est du moins ainsi que je les identifiais - les trois granthi (« nœuds » classiques décrits dans la philosophie du yoga), les trois liens fondamentaux qui nous attachent à la conscience individuelle limitée, et qui sont formés à leur racine de deux parties. Un élément physiologique, qui peut se localiser sur un point du corps, mais auquel il ne faudrait pas essayer de fixer une base anatomique, car il fait partie d'une anatomo-physiologie subjective différente de celle qui est étudiée en Occident.
Approximativement, l'on pourrait dire que ce point correspond à un plexus nerveux des systèmes sympathiques et parasympathiques. Le second élément du granthi est formé par la conscience individuelle, qui est en quelque sorte « tordue » sur ce point par le conflit des deux vagues mentales opposées de peur et de désir. C'est la combinaison de ces deux éléments qui constitue le granthi. Ces nœuds existent constamment chez l'homme ordinaire. Ils forment la base inconsciente de notre comportement et sont voilés par des couches mentales de plus en plus superficielles, jusqu'à celle de la conscience claire. Le premier « nœud », en allant de bas en haut, est le granthi génital. Il est placé à un niveau de conscience relativement plus superficiel que les deux suivants.
Par « génitalité », je ne veux pas dire seulement l'élément sexuel. On peut très bien mener une vie de chasteté, avoir une solide maîtrise de l'instinct sexuel et pourtant ne pas être libéré du granthi génital, car il totalise toutes les nuances d'amour et d'affection dans nos rapports avec « les autres ».
Chacune a une tonalité qui lui est propre et l'amour sexuel proprement dit n'est que l'une d'entre elles. Le deuxième « nœud » est placé au niveau du cœur, à un point où nous prenons conscience d'une angoisse respiratoire quand la « respiration nous manque ». C'est le centre de l'instinct de conservation, de la lutte pour la défense de notre vie physique. Le troisième granthi se trouve au niveau du front. Il est placé sur un plan plus profond encore que l'instinct de conservation physique.
C'est le centre de l'égoïté, la volonté de s'affirmer comme étant une entité distincte des autres.
Vu dans sa « nudité », il se présente comme une volonté d'être, sombre, triste et dure.
Cette description des trois granthi ne correspond que dans les grandes lignes à celle qu'on trouve dans les livres classiques.
Peut-être serait-elle en désaccord avec ces derniers sur des points secondaires. Mais ce que j'ai voulu décrire ici est simplement une expérience personnelle, qui a pu être différente pour d'autres individus.
Nous prîmes congé du Maître. Il se leva et nous accompagna jusqu'au couloir, plaçant son bras, tour à tour, sur nos épaules tout en marchant, comme si nous étions des amis de vieille date. Il pleuvait toujours et nous refîmes le long chemin vers notre âshram.
Chacun des membres de notre petit groupe donna ses impressions sur cette entrevue extraordinaire avec le Maître.
Devant mes yeux flottait l'image du nouveau Krishnamûrti, celui que j'avais découvert.
Un Krishnamûrti qui savait allier un intellectualisme raffiné, une compassion infinie et cette tendresse spontanée qui sont les marques caractéristiques des véritables sages.