Jay Mâ n°109
(ETE 2013)
Paroles de Mâ
Extraites de ‘Les Enseignements de Mâ Anandamayî’ - Chapitre 25
L’ETRE HUMAIN
Ce qui différencie l’homme de l’animal, c’est ce pouvoir particulier que l’homme possède, pouvoir qui lui permet d’atteindre la perfection. En ce qui concerne l’être humain, ce corps dit « celui qui a esprit et conscience est un être humain ». Peut-on considérer comme un humain celui dont le mental n’est pas conscient et qui est obnubilé par les objets des sens ?
Vous avez le privilège d’être nés en tant qu’humains. Ne perdez pas en futilités un seul moment de cette vie. La végétation, les oiseaux, les animaux en général, vivent dans ce monde, souvent pour de courtes périodes. Ils engendrent une nouvelle végétation, de nouveaux oiseaux, de nouveaux animaux. Puis ils prennent congé de ce monde. Qu’est-ce qui vous différencierait d’eux si vous suiviez le même processus ? Empruntez la voie du non-retour (c'est-à-dire la libération dès cette vie ou au moment de la mort, pour ne pas voir une nouvelle réincarnation).
Des quantités de karma en même temps que de naissances demeurent inconnues et insondables. C’est une grande chance que de jouir de la naissance humaine. Alors efforcez-vous de la faire fructifier, car vous la devez à Sa grâce. Elle est également le fruit de vos bonnes actions passées. La naissance de l’être humain est un fait extraordinaire. C’est pour cela qu’il faudrait entreprendre, durant cette naissance humaine, une ligne de vie dirigée vers l’éveil de la nature humaine.
Il y a 24 heures pour la sâdhanâ et le culte à Dieu. Le désir profond de parvenir à Dieu devrait être en vous. Tout être humain devrait ressentir le besoin impératif d’atteindre sa propre essence. Passez le temps qu’il faut aux obligations de ce monde, mais mettez à profit le reste de votre temps pour la contemplation divine. Le japa, la méditation, la lecture de textes spirituels, la pûjâ, la prière et l’offrande du Soi, tout cela c’est pour Lui, pour Lui seulement. Invoquez-Le et pleurez pour Lui.
(Traduit de l’anglais par Jean E. Louis)
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Mâ se révèle à nous
Par Bhaiji (Jyotish Chandra Roy)
Les textes qui suivent sont des extraits traduits de l’ouvrage « Mother Reveals Herself » unique traduction en anglais faite à partir de notes inédites rédigées en bengali par Bhaiji (Jyotish Chandra Roy). Ces notes relatent un grand nombre de faits, souvent extraordinaires, survenus dans la vie de Mâ Anandamayî au cours d’une période qui va de l’année 1896 à l’année 1932 (son enfance, sa Divine Révélation et son enseignement de la sâdhanâ). Mâ parle souvent d’Elle-même à la troisième personne en usant de l’expression « ce corps ».
(Suite du ‘JAY MA’ N° 106 –Automne 2012)
Dans l’incapacité de porter la nourriture à sa bouche
Un jour j’ai été invitée à déjeuner chez Rajendra Kushari. Cela se passait lors d’une période où j’observais le silence. Durant les quelques jours qui avaient précédé cette invitation j’avais mangé du riz, de façon normale, comme je le faisais d’autres fois. Mais ce jour-là, je me suis rendue compte, dès le début du repas, que lorsque je portais la nourriture à ma bouche, la prise qu’exerçaient habituellement mes doigts se relâchait d’elle-même et les aliments glissaient entre mes doigts. Mes mains n’étaient ni engourdies ni affaiblies et pourtant, chaque fois que je portais quelque chose à ma bouche, leur prise se détendait et elles abandonnaient ce qu’elles avaient saisi un instant auparavant. Ainsi, en dépit de mes efforts et de ma bonne volonté, je n’ai pas pu manger. Chacun des membres de la famille qui m’avait invitée semblait profondément affligé. Ils étaient convaincus d’avoir commis quelque grave erreur. Je les ai rassurés en leur expliquant que certains changements se produisaient régulièrement dans ce corps, comme déclenchés par une mystérieuse machine. Le Soi demeure alors en suspens. Je suis retournée à Shahbag.
Des faits semblables se sont produits à différentes reprises. Un jour, alors que je m’étais assise pour prendre mon repas, mes doigts prenaient la nourriture mais ne parvenaient pas à garder leur prise sur ce qu’ils avaient saisi et tout ce que je voulais mettre dans ma bouche finissait sur le sol. J’ai alors soulevé mon assiette de la main gauche et j’ai porté la nourriture à ma bouche de la main droite. C’est de cette façon que j’ai mangé pendant les trois ou quatre jours qui ont suivi, mais petit à petit je me suis rendu compte que la main droite se refusait, elle aussi, à porter la nourriture jusqu’à ma bouche.
Alors j’ai commencé à mélanger une petite quantité de tous les plats qui avaient été préparés, après quoi je prenais autant de nourriture que possible dans ma main gauche et de ma main droite je portais cette nourriture jusqu’à ma bouche. Et ensuite je mangeais lentement. Mais après deux ou trois jours, cette façon de faire a cessé de fonctionner elle aussi.
Bien sûr, Bholanath a fini par se rendre compte que j’avais de grandes difficultés à me nourrir. Un jour, alors que nous étions assis pour le repas, il m’a appelée. Je me suis assise en face de lui, j’ai réuni mes deux mains en forme de coupe et je lui ai dit : « Donne-moi à manger ce qu’il te plaira. Juste une fois. » J’ai mangé en portant la bouche vers la nourriture qu’il me donnait.
Peu de temps après, j’ai tout à coup réalisé que mes mains ne parvenaient même plus jusqu’à ma bouche. Tout comme les feuilles de la sensitive se rétractent dès qu’on les effleure, mon corps tout entier semblait devenir inerte dès que mes propres mains s’approchaient de ma bouche. On aurait dit que j’avais perdu tout contrôle sur les choses qui m’entouraient et toute capacité à accomplir la moindre tâche, telle que celle de porter la nourriture de mes mains jusqu’à ma bouche pour me nourrir.
Ce corps se sentait comme un enfant qui s’amuse avec différents jouets. La faim, le désir de manger, semblaient ne pas exister pour lui. Il n’y avait que sérénité en lui. Lorsque Bholanath commençait à lui poser des questions, celui-ci, au bord des larmes, répondait comme un enfant : « Ce que je fais, je ne le fais pas de ma propre volonté. Mes mains ne se soulèvent pas et je ne peux pas manger. » Bholanath me répondait : « Très bien. C’est moi qui te donnerai à manger. »
A partir de ce jour-là, j’ai cessé de m’alimenter par mes propres moyens. Au début, durant cette période, Bholanath, ou la personne qui était chargée de me donner à manger, devait s’asseoir en face de moi et si elle ne le faisait pas, je ne tardais pas à me lever en disant : « Je ne veux plus manger. » Par la suite, ce corps a eu le kheyâl qu’il fallait mélanger tous les plats qui avaient été préparés et qu’on devait le nourrir avec ce mélange, en ne le lui présentant qu’avec deux doigts, une seule fois, comme s’il s’agissait d’un simple brin d’herbe. Ceux qui m’ont donné à manger se sont fidèlement pliés à cette règle, tous les jours. On me donnait également à boire, une fois tous les deux jours. Cinq mois et demi se sont écoulés de cette façon. Le septième jour de Bâsanti pûjâ, Jyotish m’a fait porter du lait avec lequel je me suis nourrie durant les trois jours qui ont suivi, à l’exclusion de toute autre nourriture. Le soir du dixième jour, j’ai pris du riz.
Il y a toujours des liens subtils qui agissent à la base, à la racine, de chaque chose. De plus, ce sont des liens plus subtils encore que ceux-ci, qui sont à l’origine, d’une façon ou d’une autre, de la réalisation et de l’accomplissement de toutes les actions. Et ces liens empruntent différentes voies, aussi bien dans la sphère de la spiritualité que dans le monde de l’action.
Dans les jours qui ont suivi, j’ai continué à manger de la même manière que durant cette période-là.
Un jour, quatre ou cinq ans plus tard, alors que j’étais à l’ashram de Ramna, toutes les personnes qui étaient avec moi ont insisté pour que je recommence à manger avec mes propres mains. Et ce corps avait le kheyâl qu’il devait le faire. Tandis que je m’asseyais pour manger, un sentiment étrange m’a envahie. J’ai commencé à parcourir l’ashram, prenant une ou deux bouchées de-ci de-là et me nourrissant de ce que trouvais devant moi y compris des petites bêtes ou des oiseaux. Tout cela en m’asseyant par endroits ou en me promenant dans les allées, ce qui eut pour résultat que le repas de midi s’est prolongé bien plus longtemps qu’à l’accoutumée. Le soir on m’a servi du sandesh (gâteau) et d’autres plats. J’ai étalé le sandesh sur le sol avec l’idée que cela équivalait à le manger. Voyant mon comportement, les personnes autour de moi étaient troublées et commençaient à murmurer que si ce corps voulait rester en vie, il fallait absolument qu’il mange et plusieurs d’entre elles demandaient qu’on leur permette de me donner à manger. A partir de ce moment-là, quiconque se trouvait à proximité et avait le désir de m’alimenter pouvait le faire. J’avais le sentiment que leurs mains étaient les miennes et que je mangeais donc avec mes propres mains.
Aucune contrainte, aucune condition n’étaient imposées à ce corps qui, pour satisfaire aux désirs de Bholanath, mangeait une petite quantité de nourriture (un mélange de tous les plats préparés) une fois par jour.
Lorsqu’on lui demandait si le fait de manger de cette façon impropre et irrégulière n’affectait pas négativement son organisme, Mâ répondait : « Le fait de manger ou de ne pas manger ne fait aucune différence pour ce corps. »
La guérison d’une jeune fille
Un après-midi, alors que je m’affairais à l’une de mes tâches journalières, une voiture est arrivée avec à son bord une famille qui venait du village de Raipur. L’homme qui la conduisait est allé parler à Bholanath, il lui a dit : « Je suis venu pour rencontrer Mâ. J’ai une fille qui est clouée au lit depuis quatre ans. Au début, elle avait tout le temps de la fièvre, puis son corps a commencé à se raidir et maintenant elle est pratiquement paralysée et nous devons l’aider en tout et pour tout. Elle a douze ans et elle est mariée. Le médecin de l’endroit, Guru Prasad Mitra, un homme de renom, s’est occupé d’elle pendant trois mois, mais il n’y a aucune amélioration. En fait c’est lui qui nous a conseillé d’amener notre fille ici. Et comme nous n’avions aucun autre recours, nous avons décidé de l’amener ici. » Lorsque Bholanath est venu me rapporter les paroles de cet homme, mes lèvres ont tout à coup prononcé ces quelques mots : « Demande-leur de venir jeudi prochain. »
Ils sont revenus le jour qui avait été convenu. Les parents ont amené la fille dans la pièce où je me trouvais et, sur ma demande, ils l’ont étendue à même le sol. Je me suis tout de suite rendue compte qu’elle n’avait même pas la force de s’asseoir. Elle était tellement affaiblie qu’elle pouvait à peine parler. Je suis allée m’asseoir près d’elle et je lui ai dit : « Essaie de rouler un peu sur le sol. » Elle s’est efforcée de faire ce que je lui avais demandé, sans bien y réussir. Alors je lui ai dit : « Bien, ça suffit. » Lorsque ces personnes sont arrivées, j’étais en train de réduire en petits fragments des noix d’arec pour la bhoga. J’ai jeté quelques-uns de ces fragments par terre et je lui ai dit : « Tends ton bras et ramasse-les. » Elle les a ramassés. Avec grande difficulté. La famille est repartie peu de temps après cela.
J’ai su par la suite qu’en arrivant chez eux, elle avait pris son repas puis s’était étendue sur son lit pour jouer à un jeu de société avec des amis venus lui rendre visite. Et tout à coup, en entendant le bruit d’un véhicule qui passait et des notes de musique provenant de la rue, elle a sauté sur ses pieds et a couru à la fenêtre pour voir de quoi il s’agissait. Après cela, elle a recommencé petit à petit à marcher. Le lendemain, son père est venu nous informer, heureux et souriant, des progrès accomplis. J’ai appris par la suite que la jeune fille s’était totalement rétablie.
Bhoga de la pleine lune à l’ashram
Un jour nous sommes allés faire la bhoga chez Nishi babu comme nous l’avions prévu. La nuit était pratiquement tombée lorsque nous sommes rentrés à Shahbag, après avoir accompli la cérémonie. C’était une nuit de pleine lune et Motori avait décidé d’organiser la bhoga de la pleine lune, ce soir-là, avec la première paye de son fils. Lorsque nous sommes arrivés, nous avons constaté qu’elle avait déjà terminé la préparation des différents mets. En nous attendant, elle chantait le kirtan en compagnie de quelques autres personnes. Comme à l’ordinaire, nous avons fait l’offrande de la nourriture à Bhagabân, après quoi les personnes présentes ont participé joyeusement au partage du prasâd.
Aujourd’hui encore on célèbre à l’ashram le rituel de l’offrande de la bhoga. On réalise, là aussi, que si un fait ou un évènement quel qu’il soit, doit se produire, il se produit, immanquablement, de lui-même.
Donner à manger aux Nécessiteux
Il y a quelque temps de cela, Shashanko babu a pris des dispositions pour donner à manger aux plus déshérités. Cela avait été organisé à l’Ecole privée de Médecine de Dhaka et un kirtan avait été chanté à cette occasion. La veille nous nous étions rendus à l’Ecole de Médecine où des préparatifs étaient en cours pour la confection de plats cuisinés à distribuer le jour suivant aux nécessiteux, entre autres choses du khichuri (riz aux légumes) et des gâteaux.
Le lendemain matin, le kirtan s’est prolongé tard dans la matinée et ce corps est entré dans un profond bhâva. Lorsqu’est arrivé le moment de servir le repas de midi, ce corps a eu le kheyâl qu’il devait participer lui aussi au service. J’ai dit à Khukuni de m’accompagner et nous nous sommes mises toutes les deux à servir les personnes qui s’étaient assises dans l’attente du repas. Tandis que j’étais occupée à servir, j’ai remarqué un homme atteint de la lèpre qui attendait, lui aussi, son repas. Il paraissait tout à fait incapable d’utiliser ses mains pour s’alimenter. Je me suis approchée et je lui ai dit : « Je vais vous aider. » Mais il a répondu : « Non, non. » Et, rapidement, il s’est mis à manger avec une cuillère. Lorsque le premier groupe a fini de manger, Bholanath est venu vers moi et m’a dit : « Tu peux arrêter. Ce sont les hommes qui vont servir maintenant. »
Entre-temps, le ciel s’était obscurci. Au-dessus de nos têtes, de gros nuages sombres et menaçants s’étaient amoncelés. Il n’allait pas tarder à pleuvoir. Mais ce corps a eu le kheyâl de rester à l’extérieur. Quelques instants plus tard de grosses gouttes ont commencé à tomber et bien que chacun ait pressé ce corps d’aller se mettre à l’abri, celui-ci est resté dehors parce qu’il devait rester dehors. Tout le monde a fini par comprendre que ce corps ne se serait mis à l’abri que lorsque le deuxième groupe aurait eu la nourriture qu’il attendait. La pluie s’est alors mise à tomber à verse.
Dans la soirée, Shashanko babu a conseillé à ce corps de prendre quelque nourriture à son tour. Mais ce corps a demandé que les autres personnes viennent en faire autant elles aussi. Ce à quoi ces dernières ont répondu, d’une façon ou d’une autre, qu’elles ne voulaient pas manger, car tout cela avait été organisé uniquement pour les démunis. Puis quelques étudiants qui étaient venus pour aider au service se sont mis à lancer quelques mots avec chaleur : « Aujourd’hui Mâ va nous servir. »
Au milieu de cette confusion qui commençait à régner j’ai dit : « Qui est véritablement démuni ? Ne sommes-nous pas tous des démunis ? Car qui doit être considéré comme tel ? Chacun d’entre nous a besoin d’entretenir son corps en le nourrissant et en l’habillant, mais seuls ceux qui ne possèdent pas l’authentique trésor, seuls ceux-là sont véritablement démunis. » Puis tous ensemble nous sommes sortis. Dehors, l’essentiel du service était maintenant terminé. Seules quelques personnes étaient encore en train de manger. Je me suis assise à leurs côtés. La nuit commençait à tomber. Des mots me sont venus aux lèvres : « Les démunis que nous sommes ont-ils besoin du trop-plein de lumière qui leur est toujours dispensé ? Celle qui règne en ce moment n’est-elle pas suffisante ? »
Le repas terminé, nous sommes retournés à Shahbag.
Rendre hommage en touchant les pieds
En voyant l’état dans lequel est entré ce corps durant le kirtan qui s’était déroulé à l’Ecole de Médecine, Anâth, un étudiant de cette école, est entré, lui, dans une sorte d’extase spirituelle. Il n’a pas pris de nourriture et n’a pas dormi pendant deux jours. Le soir du deuxième jour, il est venu à Shahbag et a déclaré, les larmes aux yeux, qu’il continuerait à ne prendre aucune nourriture aussi longtemps qu’il n’aurait pas touché les pieds de Mâ et qu’il ne se serait pas courbé devant Elle dans un pranâm de dévotion. J’ai accepté, sur l’insistance de Bholanath, et ce jour-là Anâth a touché les pieds de ce corps et lui a rendu hommage. Le voyant faire, de nombreuses autres personnes ont voulu suivre son exemple. Le jour suivant, Anâth se comporta de la même façon. Il fut décidé, à partir de ce jour-là, que tous les mois, le même jour, à la même heure et cela pendant cinq minutes, quiconque en exprimerait le désir pourrait rendre hommage à ce corps en en effleurant les pieds de ses mains. Lorsqu’ils entendirent ces paroles, tous ceux qui étaient présents à ce moment-là, rendirent hommage à ce corps durant les cinq minutes qu’ils avaient à leur disposition. Ce corps était resté debout, immobile, pendant ce laps de temps, après quoi il s’était laissé choir machinalement sur le sol en position assise. Petit à petit, cette pratique s’instaura d’elle-même et se déroula chaque fois sans discontinuer.
(Traduit de l’anglais par Jean E. Louis)
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Vijayânanda, le témoin de Mâ
Par Vigyânânanda (Dr. Jacques Vigne)
(En souvenir de Swami Vijayânanda qui a ‘quitté son corps’ à 95 ans, le Lundi de Pâques 5 Avril 2010, à Kankhal, Inde. Il a été ensuite transféré à Paris. Son ‘samadhi’ (tombeau) se trouve au cimetière du Père Lachaise, où se déroulent régulièrement des cérémonies très émouvantes).
Vijayânanda est arrivé en Inde en 1951, il avait trente-six ans. Il a rencontré Mâ Anandamayî à Bénarès, lui a demandé s'il pouvait rester quelques jours dans son ashram, et plus d'un demi-siècle après, il y était toujours. Dès sa première rencontre avec elle, il a eu la certitude qu'il s'agissait du maître spirituel qu'il recherchait. Pendant dix-neuf mois, il a été tous les jours auprès d’elle, sauf pendant une journée. Après, il est resté surtout à Bénarès, et ensuite pendant dix-sept ans dans les Himalayas, avec une vie très solitaire, y compris à l'ermitage de Dhaulchina face au sommet de la Nanda Dévi (7860m) où j'écris moi-même ces lignes en ce moment. Depuis un quart de siècle, il est resté dans l'ashram principal de Mâ à Kankhal, où elle a son samâdhi (tombeau). Il y voyait les visiteurs tous les soirs, sinon il menait une vie de moine typique, en particulier par sa régularité et par l'intensité de sa pratique de la méditation. Il faisait remarquer que cet emploi du temps fixe pouvait être considéré comme du tamas, de la répétition ou du conditionnement, mais il faut savoir que le Soi lui-même, dans son aspect d'immuabilité, a cette qualité de tamas. C’est la base immobile de tout. Il ne voyageait pratiquement pas, un jour je lui ai demandé s'il était comme les sages taoïstes qui voient le monde de leurs fenêtres, il m'a répondu : " Je n'ai même pas besoin d'aller à la fenêtre !"
Pendant douze ans, il n’a pas voulu entendre parler de l'actualité et n'a pas du tout lu le journal, mais ensuite, il l’a parcouru chaque jour, même si c'était souvent quelque peu en diagonale. En effet, il expliquait que le védantin médite sur l'unité, et que connaître un minimum de ce qu'il se passe dans le monde est un signe d'unité avec lui.
Une des choses qui m'a plu à l'ashram de Mâ Anandamayî, c'est qu'on peut dire qu'ils ne font pas de prosélytisme. Vijayânanda, en particulier, ne faisait que répondre aux questions des gens, et ne donnait pas de discours religieux ou d'enseignement formel. Certaines personnes étaient déçues car elles auraient espéré qu'il leur "parle de ses expériences", mais il ne le faisait pas. Comme il aimait à dire familièrement : « Il faut me tirer les vers du nez ». Il a écrit un petit peu sur son contact avec Mâ durant les premières années, mais ensuite il ne le faisait pratiquement plus. Son premier livre, Un Français dans l'Himalaya, est constitué en grande partie des comptes rendus de questions et réponses qui ont été recueillies au fil des années. Il a vécu simplement dans une chambre qui a été financée à l'ashram par un de ses amis. En vingt ans, je ne l'ai jamais vu accepter d'argent.
Quand il était en France après la guerre, il avait pris des cours de Yoga à Paris, c'était le tout début. Au départ, il était tellement rigide que même rester en tailleur deux minutes lui était pénible. Avec l'entraînement en Inde, il a réussi à tenir la posture de lotus pendant six heures d'affilée sans même changer de côté, et aussi l'équilibre sur la tête avec les jambes en lotus pendant deux heures trois quarts. Certains textes de Yoga disent que, quand on arrive à rester 3 heures dans cet âsana, on obtient le samâdhi... Vijayânanda ne conseillait pas aux pratiquants de pousser autant, mais il donnait ces exemples pour illustrer le fait que lorsqu’on tient vraiment le coup, il y a un moment où la douleur qui augmente progressivement disparaît complètement. Pour les occidentaux qui veulent avoir de bonnes bases en méditation et développer une maîtrise des émotions, il conseillait le retour systématique aux sensations, comme c'est expliqué par exemple clairement dans la méditation bouddhiste vipassana. Il prônait aussi l'observation de la respiration. Pour le bouddhisme théravada, rien qu'avec cela, on peut arriver au nirvâna. Cette méthode a aussi le grand avantage de pouvoir vous rééquilibrer à tout moment si vous n’êtes pas guidé par un enseignant. Par contre, ce dernier est important si l'on fait du prânâyâma intensif, il faut avoir vraiment l'expérience de cette voie. Vijayânanda disait parfois que s'il s'était installé en France, il aurait eu tendance à dire aux gens, comme le faisait Krishnamurti, de méditer directement et de se passer complètement des rituels en conformité avec la tradition. Il affirmait que la plupart des gens ont besoin d'un lien fort avec un enseignant spirituel. Il ne s'agissait pas de diviniser celui-ci, mais de comprendre que chaque être humain est à sa manière un canal de l'Absolu, qu’il y est relié comme par un fil électrique. Certains laissent mal le courant passer, d'autres sont de bons conducteurs, et les sages sont des ‘super conducteurs’. Ils peuvent donner un goût de l'expérience de la félicité spirituelle, ânanda, sans qu'il y ait de gaspillage ou de perte d'énergie.
Après un certain nombre d'années de pratique à son arrivée en Inde, il était devenu un expert en hatha-yoga. Cependant, il avait fini par abandonner sa pratique et par la suite, il reconnaissait que ce fut une erreur. Il constatait : "On a l'âge de son dos, et à plus de quatre-vingt-dix ans, le mien est plutôt rouillé. Si j'avais continué la pratique des postures, je n'en serais certainement pas là." Avis utile à garder présent à l'esprit...
Dès son adolescence, il était déjà intéressé par la perspective du contrôle complet du mental. Il avait commencé le Yoga à l'âge de dix-neuf ans, et après soixante-dix ans de pratique, il disait qu'il y était arrivé. « Si on travaille dans sa propre cuisine, on trouve tout de suite ce dont on a besoin, mais si on est dans celle de quelqu'un d'autre qu'on découvre pour la première fois, on peut chercher pendant dix minutes le moindre objet. De la même façon, maîtriser son mental revient à trouver immédiatement en soi l'énergie dont on a besoin pour le rééquilibrer et l'orienter dans la bonne direction. » Cependant, ce contrôle du mental n'est pas un but en soi, mais une ouverture vers la Libération.
A l'occasion de l'anniversaire de Mâ célébré en mai, j'ai reçu un nouveau nom de Vijayânanda que je connaissais depuis vingt ans. C'est celui de Vijnânânanda, qu’on prononce en hindi Vigyânânanda, et qui signifie "Félicité de la connaissance complète". Dans la tradition, la seconde moitié du nom de renonçant est toujours ânanda, la félicité, car c’est la cause et la conséquence du renoncement, alors que la première moitié doit être un nom du Soi mentionné dans les Upanishads et dont la première syllabe est la même que celle du nom de départ (‘Vi’ donc pour moi-même). Cela ne veut pas dire que je vais automatiquement m'habiller en orange, mais c'est certainement un pas en avant dans l'approfondissement de la tradition du Yoga et de la voie spirituelle de l'Inde.
Vigyânânanda - Ermitage de Dhaulchina
Pour aller plus loin – De Vijayânanda :
- Un Français dans l'Himalaya Editions Terre du Ciel, 1997
- Un chemin de joie, ouvrage qui regroupe d'autres conversations avec Vijayânanda et certains de ses écrits sur l'Inde qui y avaient été incorporés en anglais. Il n'a pas voulu que cet ouvrage soit publié, mais a accepté qu'on le mette sur le site de Mâ Anandamayî : www.anandamayî.org
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Séjour à la Kumbha Mela d'Allahabad
du 09 au 13.02. 2013
avec le groupe du Docteur Jacques Vigne- Vigyanananda- et
expérience du défilé des Maîtres
et du grand bain du 10.02.2013
Par Monique Manfrini
Dans notre dernier N° 108, nous avions publié un très intéressant article de Jacques Vigne sur la naissance et l’histoire de la Kumbha Mela, et avions annoncé un récit ‘vécu’ de Monique Manfrini qui y a participé cette année.
Voici également ses commentaires du 03-03-13 :
OM
Le retour de notre périple post Kumbha Mela a été laborieux et aussi douloureux...En bref, nous avons atterri samedi 23-02 à Marseille avec 5 heures de retard par suite des problèmes de tempête de neige à Munich...Puis, mon rhume a fortement dégénéré et j'ai dû me soigner sérieusement pendant toute la semaine sans aucune énergie pour consulter mon ordi...Je l'ouvre aujourd'hui seulement!!!
Quant à mon mari Richard, cela ne va pas très fort non plus mais, pour lui, c'est le système digestif qui est en berne et il se remet peu à peu mais a été surpris par la violence de l'attaque!
A part ces désagréments et les problèmes de pollution de + en + sérieux en Inde et surtout à la Kumbha Mela où nous avons presque tous attrapé des refroidissements, la Kumbha a été une expérience très forte et particulièrement inoubliable...
Mon mental est rempli de questionnements, d'interrogations et d'une sorte de "langueur" et je ne crois pas que la maladie y soit pour grand-chose...En bref, je digère la Kumbha Mela comme un serpent qui aurait avalé une très grosse proie...Cela prend du temps et consume de l'énergie...
Après la Kumbha, nous sommes partis pour le Rajasthan via Delhi et j'ai mis mon séjour à Allahabad entre parenthèses autant que possible...Nous en parlions un peu avec Richard de temps à autre mais nous devions nous concentrer sur notre voyage et nos découvertes des beautés architecturales et des paysages du Rajasthan...La Kumbha faisait alors son travail souterrain en nous et cela a repris dès notre arrivée à Marseille...
J'essaie de mettre de l'ordre dans tout cela et je n'ai pas cessé d'y penser...J'ai acheté un livre à la Kumbha sur Ma Ananda Mayee dans la tente qu'occupait la Sangha de Ma à Allahabad et je le lis dès que je le peux. Il s'intitule "Mother reveals herself"...Quelle jeunesse dans l’acceptation totale et joyeuse de la volonté divine! Ma me rappelle une autre sainte de l'église catholique, Sainte Rita à laquelle est consacrée une église, près de chez nous...Elles ont vécu, toutes deux, le même abandon, plein, confiant et aimant à Dieu...
Toutes mes amicales salutations à Jacques et à tous les participants/tes à la Kumbha Mela. Nous avons pu apprécier chacun(e) et avons partagé avec tous une expérience qui se situe bien au-delà des mots...
Bien spirituellement à vous, Monique.
Et voici son récit :
Dès le début de Juin 2012, lors du passage de Vigyananand à Marseille, il nous avait informés qu'il organisait un groupe qui participerait à la Maha Kumbha Mela d'Allahabad.
Nous n'avions jamais assisté à une Maha Kumbha Mela bien que j'aie pu participer avec des amis à la dernière Kumbha Mela d'Haridwar, l'année même où Swami Vijayanandaji a quitté son corps.
Ne résidant pas sur place, il avait été impossible de réussir à se plonger dans l'ambiance et la ferveur de cette manifestation aussi spectaculaire que spirituellement marquante...C'est dans cet état d'esprit que la décision d'aller à Allahabad pour participer directement à la Maha Kumbha en rejoignant sur place le groupe du Docteur Jacques Vigne a été prise...
Nous avons donc rejoint le groupe de Vigyanananda le 09.02.13, en début d'après-midi, non sans quelques péripéties locales...notre train ayant 4 H de retard à notre arrivée à Allahabad et tous transports vers Triveni Ghat où nous devions retrouver les autres participants étant désormais interdits par les forces de l'ordre... Mais, “interdit” n'est pas synonyme “d’impossible” en Inde et nous avons pu rejoindre le groupe grâce aux conducteurs de deux vespas qui connaissaient très bien le site de la Kumbha Mela...Là, nous avons été accueillis par M.Dinesh Sharma, directeur de l'agence Teerth Travels qui ne parlait que du défilé à venir et de la chance que nous avions de participer avec les Maîtres au grand bain du 10.02, soit le lendemain...
Nous étions assez épuisés et abasourdis par le bruit cacophonique ambiant, les haut-parleurs qui diffusaient, en continu, des messages incompréhensibles pour nous et l'atmosphère d'immense kermesse alentour...sans compter les éclairages puissants et multicolores des nombreux campements des Maîtres. C'était la même atmosphère qu'à la précédente Kumbha Mela d’Haridwar mais au superlatif !
Nous nous sommes ensuite installés dans un campement provisoire où la soixantaine de membres du groupe était déjà hébergée depuis la veille au soir puisque l'interdiction de circuler vers le site de la Kumbha Mela datait, en fait, du 08.02...Vigyanananda et M. Dinesh Sharma ont alors choisi de rester plus près de Triveni Ghat pour ne pas avoir à marcher sur une bonne distance avant de commencer le défilé du Grand Bain...Nous avons été hébergés par Swami Harishchander Puriji Maharaj qui dirige deux ashrams dont l'un Shiv Shakti Peeth est situé à Haridwar-Kankhal- et l'autre à New York aux Etats Unis.
Ce soir-là, nous avons tous été invités par un Maître d'un campement voisin à partager le repas du soir...Assis les uns à côté des autres, sur plusieurs rangées parallèles et faisant face à d'autres invités, nous avons été servis sur une grande “assiette” alvéolée en feuilles de bananier compressées. Les rangées d'invités étaient longues de plusieurs centaines de convives. De nombreux brahmacharis et membres de l'ashram faisaient le service. Puis, nous avons attendu que tous les invités aient été servis et que les tous les Maîtres invités commencent à manger, après la récitation des prières rituelles, pour prendre notre repas. Nous avons respecté les règles qui sont familières à ceux qui sont déjà allés dans un ashram. De l'avis de tous, la nourriture était variée, de bonne qualité et moins épicée qu'ailleurs...Les convives indiens étaient très intéressés par la présence d'occidentaux parmi eux et nous ont posé de nombreuses questions et se sont bien divertis à nous observer avec beaucoup de bonhommie et d'espièglerie... Nous étions des êtres bizarres pour d'autres personnes alors même que nous étions, nous-mêmes, plongés dans un environnement très étrange et difficile à appréhender...C'était formateur de se sentir en terre inconnue et d'arriver à relativiser tout ce que nous percevions!
Nous sommes repartis avec notre groupe et avons rendu visite au campement des ‘femmes-sadhous’, non loin de là. Seules, les femmes ont été autorisées à y entrer. Il faisait déjà nuit. Nous avons été accueillies dans la tente d'une femme-Maître Naga- coiffée d'un grand chignon. Sa première disciple, Shangam Giri, présente à ses côtés, nous a expliqué que sa langue maternelle était le français. Elle s'est d'ailleurs exprimée en français et en anglais. De ces deux femmes se dégageaient une grande force et beaucoup d'énergie...Le comportement du Maître Naga était fait d'un mélange de distance, d'autorité naturelle et de bienveillance...Sa disciple était beaucoup plus libre et directe dans ses propos. Elle s'exprimait avec humour. Elle nous a expliqué qu'elle était avec son Maître depuis plusieurs années et qu'elle avait, parfois, un peu de difficultés à s'exprimer en français...Ce soir-là, nous avons toutes reçu un “prasad” du Maître-Naga et sa bénédiction...Nous nous sommes inclinées et en partant, plusieurs d'entre nous voulaient revoir ce Maître...pour lui poser des questions. Le “darshan” du Maître avait eu beaucoup d'effet sur certaines d'entre nous.
Nous avons, ensuite, rejoint les hommes du groupe. Ils nous attendaient au bout du campement des femmes. Nous sommes alors rentrés au campement provisoire où nous devions tous passer la nuit sous une grande tente. Sur le tapis de sol nous avions installé tous nos sacs de couchage. En chemin, nous avons vu des sadhous avec leurs disciples, assis autour de foyers rudimentaires...Les chants religieux et la musique dévotionnelle emplissaient la nuit...Vigyanananda et M.Dinesh Sharma nous expliquèrent que nous nous lèverions à 3H du matin pour participer au défilé des Maîtres. Pour la première fois, des occidentaux pouvaient défiler dans les cortèges des Maîtres et participer au Grand bain du 10.02, celui de Mauni Amavasya. Mauni Amavasya a lieu le 15ième jour de la semaine obscure de Magh (en janvier- février). “Mauni” vient du mot Muni qui désigne un ascète pratiquant le vœu de silence. Mauni Amavasya est considéré comme le jour de conjonction du soleil et de la lune, un jour très favorable pour accomplir le bain purificateur (snan) au confluent du Gange et de la Yamuna. Ce jour-là, le soleil et la lune entrent dans le signe du Capricorne.
La nuit fut courte, peuplée de chants et de musiques religieuses et à 3H tous les participants au Grand Bain se réveillèrent spontanément et se préparèrent pour le défilé des Maîtres. Conduit par Vigyanananda et M.Dinesh Sharma, éclairé par les campements illuminés, suivant le drapeau de rassemblement, le groupe progressa parmi la foule du défilé des Maîtres vers le lieu où se trouvait le char de Swami Harishchander Puriji Maharaj. Nous devions suivre son char jusqu'au lieu du Grand Bain (snan). Nous pouvions admirer les nombreux autres chars des Maîtres un peu partout. Ils étaient tirés par des tracteurs -plus sûrs que les éléphants de jadis- et les Maîtres se trouvaient dessus sur des sortes de “trônes” bien décorés en compagnie de leurs disciples. Les Maîtres étaient assis sous un dais. Les symboles de leurs ordres les entouraient : tridents pour les Shivaïtes. Les noms des ashrams et des Maîtres étaient inscrits sur les chars. Il y avait sur les chars des bannières colorées, des oriflammes parfois anciennes. Le défilé donnait une impression de désordre-ordonné...dont nous ignorions les règles! Nous avons attendu, longtemps, dans le froid du petit matin, serrés derrière le char du Maître...Nous observions la foule des participants, prenions des photos des chars et des groupes qui défilaient. L'équipe d'Arte était avec nous et filmait le défilé. Trois membres de notre groupe ont eu un malaise vagal...probablement imputable à la fatigue, au long piétinement et au fait que certains n'avaient rien mangé. Ils ont été pris en charge par le groupe et les conseils de Vigyanananda et de Philippe -de la chaîne Arte- deux docteurs bien utiles parmi nous! De plus, l'énergie ressentie en nous était très puissante...Les chars se sont peu à peu mis en mouvement et le défilé s'est alors accéléré. Nous nous sommes tous mis à chanter avec force avec les passagers du char et la foule massée sur le trajet : “BOM, BOM, BHOLE et HARE, HARE” ainsi que d'autres chants sacrés. L'émotion et la ferveur étaient à leur comble... Nous marchions désormais d'un bon pas. Puis, nous avons vu le confluent du Gange et de la Yamuna et nous sommes alors dirigés vers le bord de l'eau. Plusieurs d'entre nous ont pris un bain intégral dans l'eau sacrée, d'autres se sont aspergés d'eau. Nous avons, tous, ressenti le besoin d'entrer en contact avec cette eau sacrée. Tout autour de nous, les nombreux participants au Grand Bain, hommes, femmes, de tous âges et conditions et même enfants, plongeaient entièrement dans l'eau froide du petit matin...sans aucune hésitation. Une joie calme et émue régnait partout...Des bateaux alignés le long du rivage servaient à protéger la foule et permettaient d'éviter tout accident dû à une panique ou à une bousculade éventuelle...L'organisation de ce Grand Bain dénotait une longue habitude des grands rassemblements en Inde. Il n'y eut aucun accident ni noyade pendant ce Grand Bain...Après le bain, chacun se séchait rapidement puis repartait pour céder la place à ceux qui arrivaient derrière eux...Nombreux étaient ceux qui remplissaient un récipient d'eau sacrée pour le ramener chez eux ou dans leur village. Nous avons ressenti la foi simple et forte de tous ceux qui étaient venus très tôt pour participer au Grand Bain.
A présent, le jour s'était levé et nous nous sommes tous regroupés pour revenir au campement. En chemin, nous avons pris des photos de la foule des baigneurs qui arrivait sans arrêt. Nous avons mis beaucoup de temps pour retourner au campement...Nous avons dû changer plusieurs fois de directions car le service d'ordre, très actif, barrait certains chemins. Les chars continuaient à défiler vers le bord des fleuves sacrés et nous les croisions tout en nous éloignant. Ainsi, nous avons rencontré un groupe de nagas qui portaient, en courant, sur une sorte de chaise à porteurs un vieux naga qui ne pouvait plus marcher...L'armée a alors écarté la foule sans ménagement pour que le groupe puisse passer. Nous avons pu apprécier à quel point les nagas sont aimés et respectés en Inde. Nous avons aussi vu des nagas défiler sur leurs chevaux, vision impressionnante. L'un d'eux effectuait des exercices respiratoires en dilatant et contractant son ventre...
Notre retour a duré plus de deux heures. Il nous a permis d'observer tout ce qui se passait autour de nous, toute la vie foisonnante des hindous venus participer à La Kumbha Mela. Des habitants, sans doute d'un même village, s'étaient déplacés et restaient groupés le long des chemins. Beaucoup d'entre eux étaient pauvres mais il y avait très peu de mendiants. Tous campaient sur place, couples, jeunes enfants ou personnes âgées, presque toujours dans l'inconfort. Ce qui semblait compter pour eux était d'être présents et d'assister au rassemblement.
Dès notre retour, nous nous sommes reposés un moment puis, tous ensemble, nous avons été prendre notre repas dans le campement d'un Maître, comme la veille. Là, nous avons pu parler avec d'autres convives qui manifestaient beaucoup de curiosité à notre égard. Un médecin ayurvédique local nous a donné des conseils et nous a parlé de sa pratique médicale...Après le repas, nous sommes retournés à la tente puis avons tous rencontré le Maître qui nous a généreusement hébergés et accueillis dans le défilé du matin, Swami Harishchander Puriji Maharaj. Nous lui avons tous témoigné notre reconnaissance en nous prosternant devant lui et avons pris congé.
Après avoir réuni nos affaires, nous sommes allés en groupe vers les tentes du Rahi Ilawart Tourist Bungalow sur Yamuna Bank Road. Nous étions tous assez chargés et le chemin était très fréquenté par les pèlerins qui repartaient chez eux après le Grand Bain. La marche nous parut donc plus longue que les jours suivants.
Le campement des Tourist Bungalows est constitué de nombreuses tentes de 2 personnes, avec une salle de bains adjacente, séparée par une toile. Quelques tentes sont beaucoup plus grandes et plus luxueuses. Le campement est bien tenu et comporte des plantes et des arbustes. Un grand vase très haut, semblable à celui que l'on décore pour honorer les Maîtres, trône au milieu du jardin. Le restaurant se situe dans une grande tente située près de l'entrée du campement. Nous y avons pris tous nos repas à partir du soir du 10.02. La nourriture était bien cuisinée et servie sous forme de buffet. Nous nous sommes tous installés dans les tentes pour la nuit. Le partage des tentes à plusieurs fut la règle pour le premier soir et plus parfois...L'Inde n'est-elle pas une grande école de patience et de tolérance? N'étions-nous pas venus jusqu'ici pour comprendre cela aussi?
Dès le lendemain matin, d'autres visites du groupe dans les campements de Maîtres suivirent. Vigyanananda et M. Dinesh Sharma, aidés par la patiente Marie, organisèrent toutes ces visites. Parmi celles-ci, il y eut la visite à la femme-Maître Naga, rencontrée le premier soir, suivie d'une séance photo avec sa disciple francophone, Shangam Giri. Certains posèrent des questions au Maître sur son enseignement et sa disciple servit d'interprète. La rencontre fut très détendue et nous ressentîmes beaucoup de paix. Les hommes du groupe furent accueillis dans la tente et purent recevoir le darshan puis les prasads du Maître. La séance photo, devant la tente, fut un bon moment de partage et de rires...Nous reçûmes la bénédiction de Shangam Giri pendant que nous posions avec elle.
Nous avons été accompagnés chez tous les Maîtres par un ami de Vigyanananda, un sadhou français qui nous a aidés de ses explications et expliqué sa vie de sadhou en Inde. Il a écrit un livre sur sa vie dont il nous a parlé...une vie riche passée dans la pauvreté et les pèlerinages itinérants des sadhous!
Nous avons, notamment, rendu visite à deux campements: celui de Swami Shivom Tirthji Maharaj et celui de la Sangha de Ma Ananda Mayee.
Dans le premier, nous avons pu rencontrer le Maître, Param Pujya Maharishi Shri Punitacharyaji Maharaj, à deux reprises. Le Maître est un ‘Siddha Yogi’. Nous avons pratiqué la répétition, sous sa conduite, du mantra qui lui a été donné par le Seigneur Dattatreya pour aider l'humanité à atteindre la paix et le bonheur et à évoluer vers l'épanouissement spirituel. Ce mantra est le suivant: “Hari Om Tat Sat Jai Guru Datta”. Poojya Swamiji a passé plus de 60 ans à pratiquer une sadhana assidue et à accomplir des actes de purification - tapasya-. Il continue encore à le faire...Par la répétition du mantra sacré, il a été expliqué qu'on recevait une énergie subtile qui donnait au chercheur spirituel l'expérience de la méditation spontanée ( Shahaj Dhyan) et initiait le dévoilement, purifiant le mental et le corps. Ce yoga est un Sahaj Siddha Yoga qui vise à la transformation intérieure spontanée du chercheur spirituel au moyen du mantra précité.
Le Maître dirige deux ashrams en Inde :
- Girnar Sadhana Ashram à Junagadh dans le Gujarat,
- Trimurti Shri Guru Datta Seva Ashram à Rishikesh dans l'Uttaranchal.
Un élève américain, William Howell ou Vishnudatta était présent et nous a parlé avec beaucoup d'enthousiasme de la pratique enseignée par le Maître.
Dans le deuxième campement, celui de la Sangha de Ma Ananda Mayee, nous avons été reçus par deux membres de la Sangha. Nous sommes arrivés au moment de la Pooja du soir et nous sommes tous assis pour y assister. L'ambiance était recueillie et paisible comme dans l'ashram de Kankhal et en fin de pooja nous nous sommes purifiés au feu sacré et avons reçu en prasad une belle photo de Ma. Puis, le groupe a pu poser des questions sur Ma et son enseignement. Tous les participants présents semblaient ressentir la grâce d'être chez Ma, en présence de membres de sa Sangha...Il était déjà tard et nous devions tous retourner aux Tourist Bungalows à pied. Avant de repartir, nous avons pu acheter livres et souvenirs sur Ma.
Le lendemain matin, 13.02.2013, nous avons quitté Allahabad et la Maha Kumbha Mela, avec le sentiment qu'un travail intérieur avait lieu en nous par la grâce de notre participation à cette immense communion sacrée où il est dit que tous les Maîtres présents et passés sont là pour aider les êtres humains à avancer sur leur chemin spirituel...
OM, TAT, SAT!
Monique Manfrini.
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Édito : L'Inde torride encore et toujours
Par Huguette Declercq
Un chaud témoignage d’Huguette Declercq (Amrit Kaur) qui revient d’un voyage en Inde
Il est frappant par sa simplicité, sincérité, sensibilité, intensité
Nous voici de retour de cette Inde magique, puissante et torride dans tous les sens du terme. Comme chaque fois, j'ai cette sensation que ce pays intensifie presque au centuple ce que nous vivons. Si nous avons une habitude de comportement, elle sera présente, et surtout visible non pas une seule fois, mais plusieurs fois par jour, dans le quotidien de notre vie de groupe
Si nous sommes critiques, nous allons l'être tout le temps, et si nous voulons bien regarder, cela nous sautera aux yeux. Si nous estimons que les autres sont responsables de ce qui nous arrive, c'est dix fois par jour que nous aurons à vivre de telles situations. Si nous sommes indécis, cela n'arrêtera pas durant tout le séjour. Si nous arrivons toujours le dernier, voire en retard
L'Inde brûlante nous demande patience, acceptation et nous offre connaissance de soi, et plus encore plus lorsque nous vivons en groupe. A certains points de vue, chaque élément du groupe est le miroir pour nous d'une facette de notre personnalité. Et pour notre groupe précis, je fais allusion au petit et au grand groupe. Cela a rendu notre expérience encore plus intense et plus riche.
Bien entendu, ceci, si nous acceptons de regarder notre vie, notre comportement, notre niveau de bonheur vrai, en nous plaçant dans la position du témoin. L'Inde nous jette à la figure des éléments de notre histoire, et nous permet d'en tirer profit. Et comme toujours, à nous de choisir le regard que nous voulons poser sur nous, et notre rencontre avec ce pays si puissant
Durant notre voyage, nous avons vu des endroits magnifiques, des endroits sordides, nous avons vu les palais, les temples d'une richesse incroyable, et les mendiants, vivant, logeant à même le sol. Nous avons croisé des gens qui nous permettent de regarder notre vie autrement, si nous le choisissons. Nous sommes toujours libres du regard que nous posons tant sur ce et ceux que nous croisons que sur nous-mêmes. Et c'est ce regard qui nous aide à grandir dans le bonheur vrai, celui que nous portons en nous, et qui nous rend lumineux.
Huguette
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Messages et souvenirs des voyages en Inde
D’Hélène PIC à Geneviève (Mahâjyoti)
Chère Geneviève,
Je vous adresse un petit texte rédigé un soir ‘Le temps court’, une inspiration du moment, alors le voilà, sans prétention, c’est une tranche de vie… nous allions voir maman à l’hôpital, j’ai cru pour la énième fois la voir partir…
Le temps court
(Par Hélène Pic)
Le temps court, il court vite, c’est déjà demain ? Oui, dit la petite voix, c’est déjà demain, même plus si tu veux ? Tu as oublié la notion du temps ? C’est bien et pas bien, ça dépend… qu’as-tu fait ? Faut-il faire quelque chose ? Je n’en sais plus trop rien. Méditer, penser, dormir, rêver, lire, cuisiner, aller à l’hôpital voir la famille, faire des courses, humer l’air ensoleillé, s’émerveiller, se révolter, faire des lessives, ne pas oublier de rappeler, tenir au courant, se tenir au courant, dire que l’on pense à vous, à toi, à tous, se rappeler des évènements de la vie, supputer sur les autres évènements, ne pas vouloir que ses enfants souffrent, ni ses proches, ni ses amis, être incompétent pour apporter de l’aide quand il faut, agir quand il ne faut pas, dire de travers, voire le contraire, se ronger de toutes ces inepties, puis oublier, puis se rappeler, aimer, puis souffrir, dormir pour oublier, se réveiller pour vivre, c’est déjà demain ? Mais non ce soir, mais non, aujourd’hui, vous le savez, vous ? Tout devrait être si simple, c’est une erreur, tout existe par antinomie, le bien, le mal, le beau, le laid, la joie, la tristesse. Restera toujours l’amour inconditionnel, l’amour de Mâ, pour le divin comme disait Vijayânanda, sans rien d’autre et donner le plus possible, sans rancœur ni amertume…. Bien, bien dit la petite voix… en es-tu capable ? Sans rire ? Et bien on tente ! Avec ou sans fondement à tout cela, il semblerait que cela s’appelle la vie… Je crois sincèrement du plus profond de mon être qu’il y a autre chose et j’en suis certaine, ce n’est pas possible, il y a autre chose, et cela se trouve à l’intérieur et à l’extérieur du Soi, c’est une fusion ou une confusion avec le temporel et l’intemporel, bref toujours le contraire ! Le spirituel comme dirait Marianne (Marianne Casari, médecin à Nice)
Allez va on continue et je vous aime tous, vous qui savez…
Je vous embrasse, en Mâ !
Hélène (Février 2013)
Chère Geneviève (Mahâjyoti)
Merci à vous, je viens de recevoir votre récit, je me régale d’avance ! Déjà le soleil est au rendez-vous ce matin avec cela… c’est bien agréable !
Namasté
Je m’abonne maintenant pour le ‘JAY MA’. Mais cela me rappelle une petite histoire d’Arnaud Desjardins qui voulait voir un Grand Maître dans un ashram, ou un temple, ou un monastère tibétain… (Souvenirs de 1976…) le lama l’a envoyé balayer la cour en lui disant (de mémoire) que c’était aussi primordial et qu’il ne fallait pas trop y attacher d’importance… etc.… j’avais 26 ans, j’en ai 63, mais c’est toujours resté très vivace en moi… Relativisons !
OM NAMAH SHIVAYA
Un grand merci pour votre livre !
Bien sûr qu’il apporte de la joie et bien plus… le style, la vérité naturelle et spirituelle (dans les 2 sens du mot…) sont un savoureux voyage pour l’âme, le cœur et les souvenirs toujours très vivaces en moi. Je me souviens, moi aussi, d’un voyage avec Jacques. Nous l’avions fait (avec le groupe de yoga de Lyon où j’étais) en février 2007. Mêmes lieux que vous, à peu près les mêmes personnes rencontrées. J’avais beaucoup aimé Swami Vijayânanda, si malicieux et abordable ! Il nous titillait pour nous faire parler avec toujours une grande simplicité. Personnellement je serais bien restée là-bas… et les vibrations de MA quand on entre dans « Sa » maison, là où elle repose, sont si fortes que le silence s’impose et la méditation est intense, j’attends de retourner là-bas avec patience… quand le moment sera venu.
Puis il y eut février 2009, le Kerala, eh oui, avec ses plages cachées et merveilleuses.
Chez AMMA, grand voyage ! Puis un merveilleux petit ashram dédié à Sri Ramana Maharshi, face à Arunachala le Mont Sacré, plus discret comme ashram et tellement doux. Là aussi le silence se fait de lui-même. L’Inde est magique, car tout est dans une vibration spirituelle. Même en cas de conflit, le premier ressort est la recherche mystique ou le sens spirituel de l’évènement.
J’avoue avoir un faible pour l’Inde du nord. Donc Avril 2010 en route pour le Népal, toujours avec Jacques, mais un autre groupe que je ne connais pas du tout. Par contre je fais la connaissance de Marianne Casari et Xavier Bihr, tous les deux médecins à… Nice, ils sont partis en février de cette année 2013 pour Bénarès, avec tout un groupe médical, organisé par DEVA EUROPE. Mais je reviens à mes moutons… avant de partir (j’ai raconté cette histoire à Jacques qui a bien rigolé) : je vais chez Décathlon faire les derniers achats de voyage et faire l’acquisition de quelques paires de chaussettes couleur orange, à l’attention de Vijayânanda, le but étant de les donner à Jacques, pour Swamiji, à son retour à Haridwar. Que je te tourne, que je te vire dans ce grand magasin, plus de chaussettes oranges… par contre je sentais derrière moi, devant moi, à côté la présence de Vijayânanda, tout sourire affectueux, limite rires… je ne savais pas qu’il était déjà parti, qu’il venait de ‘quitter son corps’ le Lundi de Pâques 5 Avril… je l’ai su à l’arrivée au Népal… il n’avait plus besoin de ses chaussettes…
J’ai été très touchée dans votre récit, Mahâjyoti, par vos témoignages sur Dhaulchina et Assise, je souhaite ardemment y aller ! Le livre ‘Un Français dans l’Himalaya’ est plus qu’un livre de chevet, il est à côté de mon lit dans « ma niche à bouquins », car la photo de Vijayânanda veille, avec celle de MA, toute proche (MATRI DARSHAN, de Bhaïji). Et celui qui ne me quitte plus depuis des années et qui commence à être un peu usé… le livre de Yogananda, ‘Autobiographie d’un yogi’.
Oui, Babaji (Swami Vijayânanda) est très présent. Je me souviens aussi du Swami suisse, dans sa maison ronde, pour « ne pas mettre de meubles et recevoir beaucoup de monde »… et qui nous faisait chanter… il m’avait gentiment dit : « Tu as Babaji en toi… ». Je lui demande souvent de me laisser la grâce de marcher dans ses traces en l’Himalaya, et là, je m’endors… J’aime aussi les livres de Jacques et bien d’autres encore…
L’inde, Jacques et son enseignement, sont certainement les plus belles choses qui me soient arrivées, Merci, merci, merci, c’est mon mantra…
Merci de tout cœur, j’attends la suite par JAY MA interposés, peut-être un jour aurons-nous l’occasion de nous rencontrer, mais déjà votre livre est avec les autres… il veille. Vous rendez humble. Merci également pour ce magnifique portrait que vous avez dessiné de Vijayânanda, doux et espiègle ! Bien vu, ressenti et réalisé ! Félicitations.
Vous et Jacques avez des destinées exceptionnelles et vous savez en faire profiter les autres. C’est un don lié aux karmas précédents, certes, mais vous savez comment le comprendre et le redonner. Grand merci !
J’ai regardé cette nuit, sur ARTE, ‘La planète yoga’, un régal. Rishikesh bien sûr, mais le travail en Europe, Amérique, Canada… comme l’avait annoncé Yogananda, grand émissaire de la cause.
Du reste, tellement imprégnée de son livre Autobiographie d’un yogi, quand je suis arrivée en Inde la première fois, j’étais persuadée que tout le monde le connaissait et allait parler de BABAJI, Lahiri Mahâsaya, Sri Yukteshwar et Yogananda… pas du tout, à part le Swami Suisse et Jacques à qui j’avais posé la question. Ils sont tellement nombreux à découvrir… Alors les rencontres ont été fortes : Vijayânanda, MA, l’ashram de MA à Bénarès avec les chants védantiques et la promenade en barque aux aurores, inoubliables !
Courage pour vos traductions et heureux ceux qui pourront les lire.
Merci pour votre rayon de soleil bienvenu et bien heureuse de vous avoir entendue au téléphone… Une voix c’est toujours un peu comme un chant.
Plus je lis votre travail, votre livre, plus je suis impressionnée… je le répète, tant pis ou tant mieux, mais ça rend humble.
Quel accomplissement… Vous savez recevoir et redonner.
Merci, merci, merci. Bon travail du soir dans la joie et la saveur du silence de la nuit.
Om Jay Mâ – Hélène
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Une brève réponse de Swami Jnanananda sur Mâ
Nous étions début avril avec 20 Français autour de Swami Jnanananda. D’origine suisse allemande, il est venu à l’âge de 20 ans à Calcutta pour suivre l’enseignement du Kriyayoga avec Atmananda, ami d’enfance et disciple de Yogananda Paramhamsa. Il a passé entre autres quinze ans de sadhana à Kankhal, puis une vingtaine d’années sur les contreforts de l’Himalaya en contrebas de Mussoorie. Il est maintenant à Dehradun, où nous l’avons rencontré. Pendant notre satsang, un Swami américain, Mangalananda, est arrivé d’Indore où il vit près de son gourou Kédar Swami qui était disciple de Ma. Il écrit un nouveau livre sur elle, en collaboration avec Lisa Hallstorm, une Américaine qui a déjà publié toute une recherche sur Ma et ses disciples. Il voulait demander en privé à Swamiji ses souvenirs sur Ma, mais celui-ci a voulu parler devant tout le monde pour évoquer une anecdote de sa vie. Il la tenait directement du raja de Solan, qui était proche de Mataji et est devenu le premier président de la Sangha de Mâ. Il avait été à la rencontre de celle-ci quand elle s’approchait de Solan, t l’a retrouvé dans une grotte. Quelqu’un lui a demandé si l’on pouvait se relier à elle. Elle a répondu : « La Mère est toujours avec vous et vous pouvez être sûr qu’elle apparaîtra pour vous aider en particulier au moment où vous traverserez une vraie crise ».
(Recueilli par Jacques Vigne)
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Notre expérience à Varanasi : DEVA
(Expérience de deux médecins français de Nice : Marianne Casari et Xavier Bihr, dont nous expliquons le programme dans notre rubrique ‘Nouvelles’, ci-dessous)
Notre premier voyage en Inde en 2007, où nous avons eu la chance d’être guidés par Jacques Vigne, a été une étape décisive de notre chemin de vie.
Pratiquant le Hatha Yoga et le chant védique, nous avions lu et étudié un peu la philosophie et la spiritualité indienne, mais cette immersion profonde au cœur d’une spiritualité tellement vivante et prégnante a été une véritable révélation, bousculant beaucoup de choses dans notre univers d’occidentaux privilégiés.
L’érudition et la grande simplicité de Jacques nous ont permis de partager des moments très forts à Rishikesh comme à Sultankeshwar, de puja en séance de méditation au bord du Gange mythique.
La rencontre la plus bouleversante a été celle de Swami Vijayânanda dans l’ashram de Ma Anandamayî. Le regard perçant du vieil homme demeure une impression inoubliable : celle d’avoir, le temps d’un satsang, entraperçu ce qu’est la Sagesse d’un être parvenu à l’Eveil…
Vijayânanda a quitté son corps à 95 ans, le Lundi de Pâques 5 Avril 2010, lors de notre second voyage avec Jacques Vigne au Népal, et l’acceptation de Jacques de ce départ ainsi que son récit des dernières heures de Vijayânanda a encore accentué notre vénération pour ce Maître dont nous nous sentons à la fois si éloignés de par notre ignorance, et si proches. N’était-ce pas un médecin français, comme nous deux, attiré par la magie de l’Inde et en recherche ?
En 2007, nous avions également rencontré Jean-Max Tassel, Président de l’Association Deva, dont Jacques Vigne soutient l’action à Varanasi auprès du Dr Tulsi. Enfin, nous allions pouvoir nous rendre utiles en apportant un peu d’aide médicale, dans le centre pour enfants handicapés, les écoles d’enfants des rues et les communautés de lépreux.
Nous nous rendons depuis, une à deux fois par an, à Varanasi pour partager nos expériences mutuelles avec l’équipe du Dr Tulsi, qui est vite devenue notre « indian family » ! De retour en France, nous faisons notre possible pour faire connaître Deva et aider ainsi à développer les projets sur place.
Pendant nos séjours là-bas, nous avons pris l’heureuse habitude d’aller méditer tôt le matin sur la terrasse de l’ashram de Ma Anandamayî et d’écouter les chants matinaux des jeunes filles de l’ashram.
Ce dernier matin de notre séjour de février, nous y étions, seuls ; une toute petite fille de la rue est venue me prendre par la main, les cheveux sales et emmêlés, les cils pleins de poux, le sourire tendre et lumineux… Elle m’a parlé, sérieusement, longtemps, en Hindi, et je lui répondais par mon sourire.
Elle est restée à côté de nous, silencieuse, pendant notre méditation et les chants, puis a voulu nous guider, à notre départ, par un escalier inconnu de nous…Nous l’avons suivie jusqu’à une terrasse sur le Gange où nous avons découvert …une plaque commémorative pour Vijayânanda … ! Nous sommes tombés à genoux, plein de larmes d’émotion, et nous sommes recueillis un moment.
En nous retournant, la petite fille avait disparu, telle une messagère magique ayant accompli sa mission…nous démontrant avec une clarté aveuglante que la communion des âmes n’est pas une illusion en Inde…
Marianne Casari et Xavier Bihr
Nouvelles
Quand le dévouement s’unit à la science
- Deux médecins de Nice, les docteurs Marianne Casari (généraliste, gynécologue, homéopathe) et Xavier Bihr (professeur d’homéopathie spécialisé dans la médecine du sport et traumatologie) ont mis toute leur énergie, leur enthousiasme et leurs compétences au service de l’Inde (soins à donner aux enfants handicapés mentaux, structure éducative à offrir à ceux qui sont socialement défavorisés, aide à apporter aux lépreux…) et cela dans le cadre de l’Association DEVA EUROPE : http://deva-europe.org dont Jean-Max Tassel est le président. Une nouvelle ‘Antenne’ a été créée à Nice, que Marianne Casari a accepté de représenter. Après avoir découvert l’Inde en 2007 au cours d’un voyage en compagnie du Dr. Jacques Vigne, Xavier et Marianne étaient tombés amoureux de Bénarès-Varanasi et des actions menées à cet endroit par le Dr. Tulsi, actions d’ailleurs soutenues par Deva Europe. Ils s’étaient promis d’y retourner, ce qu’ils ont fait une première fois en Février 2012 où ils ont débarqué avec des malles chargées de 60 kilos de matériel médical. Ils y sont repartis en Février 2013, avec toute une équipe, pour un fabuleux séjour d’entraide et de compétences au service des plus démunis (consultations homéopathiques, pansements aux lépreux, échanges de méthodes de travail pour les personnes handicapées, cas et aides d’urgence dans le cadre de la « Help Line », visite des écoles, soutien pour parrainer un enfant…). Les structures du Centre Deva rassemblent, en tout, 7 projets et 7 actions, comprenant entre autres l’école des enfants défavorisés de Gangotri, la structure éducative de l’école Ambedkar, le Centre Annapurna dédié à l’éducation des jeunes filles, et la clinique pour les lépreux Navjeevan. Emails : contact@deva-europe.org et Marianne Casari : m.casari@free.fr à Nice. Nous leur souhaitons bonne chance dans leur magnifique initiative humanitaire, dans la lignée du proverbe indien ‘Tout ce qui n’est pas donné est à jamais perdu…’.
- Deux retraites de quelques jours ont eu lieu à Kankhal à trois semaines de distance en mars-avril. Elles étaient animées par Vigyananand dans le cadre de deux voyages successifs du même thème « Sur les pas du Bouddha ». Il y avait une trentaine de personnes dans le premier groupe et une vingtaine dans le second. Avec ce dernier, nous avons pu avoir un satsang avec Pushpa qui était juste de retour, et comme d’habitude son témoignage et ses propos simples ont touché le groupe. Une des participantes était d’ailleurs revenue dans ce groupe avec l’intention de retrouver une seconde fois Pushpa.
Renouvellement des Abonnements
Pour la nouvelle session du ‘JAY MA’ 2013-2015
Merci à tous ceux qui ont déjà renouvelé leur abonnement pour la nouvelle session de deux ans, qui ira de Mars 2013 à Mars 2015 et qui a commencé avec le dernier N° 108 du printemps 2013… Nous les félicitons d’être restés et nous remercions les nouveaux inscrits d’être entrés dans la Grande Famille de Mâ !
Merci également à tous ceux qui rejoindront l’expérience du ‘JAY MA’ en s’inscrivant pour ces deux années à venir auprès de José Sanchez Gonzalez pour la partie administrative : 10 rue Tibère – 84110 Vaison-La-Romaine – nagajo3@yahoo.fr – 0634988222 et ensuite auprès de Geneviève (Mahâjyoti) qui en gère bénévolement l’édition, pour qu’elle puisse procéder aux envois en vous remettant sur ses nouvelles listes : koevoetsg@wanadoo.fr.
La brochure est toujours au prix de 1 Euro par exemplaire trimestriel envoyé par email, soit 4 numéros par an. Le renouvellement ou l’inscription se font automatiquement pour deux ans. Il faut donc envoyer à José un chèque de 8 Euros au nom de Jacques Vigne, pour couvrir ces deux années. Les numéros arriérés seront envoyés à tous ceux qui s’inscriront en cours de route.
Cette brochure fut créée il y a désormais 25 ans. Elle représente un lien d’amour avec l’Inde, avec Mâ, avec les Swamis, les lectures, les voyages, à travers la composition qu’en fait Jacques Vigne, avec la collaboration de Mahâjyoti qui a une « lettre d’infos » à votre disposition sur demande, pour bien comprendre la marche à suivre.
Table des matières
Paroles de Mâ Extraites de ‘Les Enseignements de Mâ Anandamayî’
Mâ se révèle à nous par Bhaiji
Vijayânanda, le témoin de Mâ par Jacques Vigne
Séjour ‘vécu’ à la Kumbha Mela par Monique Manfrini
L’Inde torride, encore et toujours par Huguette Declercq
Le temps court (messages et souvenirs des voyages
en Inde) par Hélène Pic
Une brève réponse de Swami Jnanananda sur Mâ
Recueilli par Jacques Vigne
Notre expérience à Varanasi : Deva par
Marianne Casari et Xavier Bihr
Nouvelles ‘Quand le dévouement s’unit à la science’
Renouvellement des abonnements
Table des matières