Jay Mâ n°80
(ETE 2006)
Je dois d'abord m'excuser pour le retard de ce numéro de printemps de Jay Mâ. Je reviens de dix semaines fort occupées avec différents groupes de Français, y compris cinq semaines à l'île de la Réunion où il y a eu nombre d'ateliers sur le Yoga, la psychologie, le sens de l'Inde pour l'Occident et où j'ai pu évoquer souvent l'enseignement de Mâ devant des publics variés qui tous avaient envie d’apprendre et d’évoluer.
Vigyânânand, le 6 avril 2006
Paroles de Mâ
Les paroles suivantes sont extraites du début de l'agenda spirituel 2000 avec une pensée de Mâ pour chaque jour, en anglais et en hindi, ce qui permet de mieux en cerner le sens quand on connaît cette dernière langue.
Etre attiré signifie être transformé.
Quand le but devient stable, le noeud de la limitation s'ouvre.
Lorsqu’on est sérieux et intelligent, on progressera vers Lui.
Sans la souffrance intense (yantranâ) de ce monde, l'intérêt pour identifier le "Machiniste de la machine" (yantra ka yantri) ne s'éveillera pas.
Il n'y a rien en ce monde qu'on puisse considérer avec mépris, manque de confiance ou négligence.
En t'embellissant toi-même, si tu parviens à installer sur un beau siège Celui qui est éternellement beau, alors tout apparaîtra comme beau.
Où que tu ailles, si tu y vas avec une conscience et une énergie entière, tu verras que l'altérité de qui que ce soit n'existe pas.
Les différentes voies des hindous, des musulmans, des shaktas et des vaishnavas arrivent à Sa porte.
Le Seigneur et son serviteur peuvent bien être deux, mais leur racine est une.
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En association avec Mâ Anandamayî
9e partie - par Amulya Kumar Datta Gupta (traduit du hindi)
Le bonheur de la liberté
12 mars 1953
Mâ parle de l'opposition apparente entre souvenirs et oubli, action et inaction, japa et ajapa., vérité est fausseté. Elle évoque aussi un état supérieur :
"Dans cet état, il n'y a rien qui soit comme la vérité ou l'erreur, la cause en est qu'il n’y subsiste pas de dualité. Du point de vue du monde, on peut séparer les choses en vraies et fausses. Certes, il peut arriver qu'un propos sorte de la bouche de ce corps, et qu'il soit obligatoirement vrai. Dieu est l'essence de la vérité. Mais il y a aussi un état où la question du vrai ou du faux ne se pose pas. À ce niveau, il y a seulement un jeu en soi-même [ou : 'un jeu du divin en Lui-même']. Si l'on se situe à un autre niveau, il y aura quand même la séparation entre vrai et faux. Par exemple, on peut dire qu'on a une démangeaison dans une partie du corps, mais après, quand elle n'est plus là, cela ne veut pas dire qu'on a menti en en ayant parlé. De même, si on dit à quelqu'un d'attendre et qu'ensuite on ne peut venir, cela ne veut pas dire qu'on ait dit quelque chose de faux. La vraie raison de cela, c'est que celui qui demande d'attendre et celui qui attend ne sont qu'un seul et même être.
AKD Gupta: Est-ce que nous pouvons appeler ce genre de comportement 'la joie de la liberté'?
Mâtâjî (en riant): Cela, vous le savez. Vous savez aussi la manière dont on appelle dans les Shastras tel ou tel niveau spirituel. Ce corps n'a pas lu les Shastras.
La prière des gens dépend de leur état
23 mars 1953
Ce matin, dans l'ashram, nous avons été témoins de la conversation de Mâtâjî avec le docteur Pannalal (le préfet de Bénarès qui était un proche de Mâ, et dont le gendre, Govind Narayan, a été Ministre de la Défense sous Indira Gandhi et est encore l'actuel président de la Sangha). Dans le fil de l'entretien, il a demandé : « En se prosternant devant Dieu, quelle sorte de prière faudrait-il faire ? »
Mâtâjî : Dans l'idéal, il ne faudrait pas faire de requête, et pourtant, on peut obtenir le fruit de ses requêtes. Il est tellement miséricordieux qu'Il donne tout ce qu'on lui demande. Il se donne aussi Lui-même. Quand on demande des objets du monde, c'est-à-dire un objet dont on manque, Il apparaît sous forme de manque. Par ailleurs, en ne demandant rien, on peut aussi obtenir Son être entier. Il n'y a pas de cause à cela, à ce niveau tout est Lui.
Dr Pannalal : S'il en était ainsi, il n'y a pas besoin de prier.
Mâtâjî : Tu peux exprimer la prière, "que ta volonté soit faite", mais cela reste une requête. Si tu dis : "ô Dieu, je ne te demande rien" cela aussi est une requête. La vérité est que, selon l'état dans lequel se trouve les gens, leurs prières se concrétisent. Quand le jeu de la sâdhanâ s'est déroulé dans ce corps, c'est ce qui est apparu comme évident. À cette période, Bholanâth s'approchait de ce corps et lui disait avec insistance de faire ceci ou cela. À ce moment-là, c'était une période de pratique intensive et je n'avais aucune envie d'écouter ce que disait Bholanâth, est-ce qu'on doit faire ce genre de demande à Bhagavân [alors qu'il n'a pas envie de les entendre]? Rien qu’en entendant ces demandes, un courant électrique venu du ciel traversait ce corps et il demeurait comme frappé par la foudre. Ainsi, les propos de Bholanâth furent enterrés, et il n'y eut plus de demandes qui sortaient de sa bouche. Je pourrais comparer cela à une tempête qui assaille un voyageur en chemin, à ce moment-là on se met à effectuer différents types de prière, mais il y a aussi un niveau supérieur où l'esprit se trouve soudain dans un état où il n'y a pas la moindre trace de demande. C'est donc pour cela qu'on peut dire que les prières des gens remontent spontanément d’après leur état particulier.
Le sens de l'enfant Krishna qui suce son gros orteil
Mâtâjî (en riant) : Oui, on peut interpréter ainsi le jeu de Krishna. En ce monde, quand on cherche à obtenir le "nectar du pied" il s'agit en fait du sien propre. [le nectar du pied, charan-amrit, vient en général du pied du gourou pendant la puja, Mâ veut dire que le sâdhaka est en lui-même son propre gourou] cela est dû au fait qu'en ce monde, il n’y a rien d'autre que le Un. Donc, en suçant son gros orteil, Shrî Krishna manifeste le fait fondamental qu'il demeure en lui-même. Tout ce qu'on dit à propos de déguster le rasa signifie seulement qu'il demeure avec lui-même.
[un autre bhakta présente une interprétation un peu différente]
Dr Pannalal (à Mâtâjî): Je ne comprends pas clairement ce que vous expliquez.
Mâtâjî : Pitâjî, ce corps ne parle que rarement des actions d'avatars comme Râm, Krishna, etc... ou de celles des mahâtmas. Parfois, il peut ressortir certaines idées dans la conversation, mais en général, ce corps ne s'exprime pas sur ces sujets. Tu peux voir aussi que Dieu lui-même n'explique pas ses propre lîlâs [jeux]. Est-ce qu'il ne pourrait pas le faire lui-même ? Une des raisons peut-être qu'il est en fait très heureux de voir de quelle manière ses propres lîlâs sont interprétés et développés dans le coeur de ses fidèles. C'est lui-même qui fait en sorte que chaque bhakta puisse interpréter ces lîlâs à sa façon. Ainsi personne ne peut être déclaré de façon claire se trouver dans l'erreur. En évoluant avec spontanéité dans le coeur de ses fidèles, Dieu savoure l'infinie douceur de ses propres jeux.
L’histoire des quatre-vingt-dix-neuf
Un vieux couple vivait dans une cabane : ils étaient pauvres, mais avaient quand même de quoi manger trois fois par jour et allumer une chandelle pendant quelques temps lorsque l'obscurité de la nuit s'installait. Cependant, un soir, le voisin vit qu'ils n'allumaient plus de bougie le soir, et qu'en plus ils ne prenaient plus qu'un repas par jour. Il a pensé qu'ils avaient dû avoir un gros problème financier inattendu, et qu'ainsi leur pauvreté avait probablement tourné à la misère. Il s'est enquit discrètement de la situation, en leur demandant ce qui s'était passé. Ils lui dirent, en le prenant dans la confidences et en lui demandant de ne le répéter à personne : "En fait, nous n'avons pas eu de pertes d'argent, au contraire nous avons trouvé un trésor : il contenait quatre-vingt-dix-neuf pièces d'or, et nous avons réfléchi ainsi : si nous économisons sérieusement pendant un an, en ne mangeant qu'un repas par jour et en cessant d'allumer une chandelle le soir, nous pourrons compléter cette somme d'une pièce de plus et ainsi pouvoir jouir de la possession de cent pièces d'or !"
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Vacances d’été
Extraits de ‘Ces jours anciens avec Mâ Anandamayi’
de Bithika Mukerjî
L’année 1947 fut une époque de célébrations et de festivités. Shrî Mâ se rendit à Dehradun où les fleurs sont en abondance spécialement durant l’été, et où leur gamme multicolore semble s’épanouir à l’infini. Ayant trouvé des fleurs d’un gris bleuté, en forme d’étoiles, il me vint à l’idée de faire un satchakra pour le lit de Haribâbâjî. Toutes les autres couleurs étant facilement disponibles, je pus les disposer en forme de lotus avec le nombre de pétales approprié, la couleur et l’ordre voulus, représentant ainsi une sorte de moelle épinière s’élevant en serpentant pour aller se terminer dans les mille pétales blancs du lotus. Haribâbâjî en fut ravi et se fondit en compliments. Shrî Mâ fut surprise que je connaisse les détails du Satchakra. Le même soir, en privé, elle m’enseigna un kriya impliquant les chakras. Si nous avions tous obéi à ses instructions concernant ces simples chemins des kriyas yoguiques, je suis sûre que nos vies auraient pris une autre direction, mais hélas, la tentation d’échapper à la discipline était, quant à moi, une chose sur laquelle il fallait compter.(p. 152)
Parfois Shrî Mâ devait intervenir dans certains débats âpres en adoptant une position équitable vis-à-vis des opposants :
« Quelle est l’étendue de ce qui n’est pas ? Même si l’on dit que seul l’Un existe, ce n’est pas approprié car cela indique une distinction. Tout ce qui est, est (Ja ta). Tout est Lui, et Il est tout. »
« Que n’est-Il pas et où n’est-Il pas ? Là où le jeu (lîlâ) de la dualité est une entrave dans la compréhension (badhaka), sachez que c’est une étape pour le sadhaka. Ce que les Ecritures décrivent comme la plénitude de la félicité n’est pas une étape ou un état, mais il est ce qu’il est, et si on l’atteint tout est aussitôt exaucé. »
A ce stade du débat, Pandit Sunderlal émit des objections, plus par provocation envers Shrî Mâ qu’autre chose. Un jour il lui avait dit : « Vous ne prêtez aucune attention à ce que je vous dis. Vous vous êtes détournée de moi pour regarder autour de vous au moins 10 fois pendant que je parlais. » Shrî Mâ sourit et dit : « Pitajî, continuez je vous en prie, je vous prête toute mon attention ! » Lorsque Pandit Sunderlal finit son discours, Shrî Mâ ajouta : « Pitaji, vous ne vous êtes pas adressé qu’à moi, vous avez regardé autour de vous au moins 117 fois ! » Tout le monde éclata de rire au grand embarras du vieil homme. (p.153)
L’histoire d’une guérison
Durant ces vacances d’été, nous fûmes témoins de la guérison miraculeuse de Râmlâl qui avait été victime d’une maladie funeste. Râmlâl était un jeune garçon très attaché à sa grande amie Shrî Mâ, à qui il était venu rendre visite avec ses parents Ranadeva et Lila Ghosh de New Delhi. Un jour le petit Râmlâl eut de la température. On fit venir des médecins. Hélas, la fièvre monta rapidement et aucun traitement ne put en venir à bout.
Les médecins dirent alors qu’il s’agissait d’une pneumonie mais d’après leur attitude les parents en déduisirent que le gamin avait peu de chance de s’en tirer. Shrî Mâ était assise pendant le satsang, tandis que Haribâbâjî faisait une lecture à haute voix. Liladi entra par la gauche de la véranda et s’inclina devant Shrî Mâ, en pleurant d’impuissance, n’arrêtant pas de répéter : « Mâ, redonne-moi la vie de Râmlâl, Mâ, redonne-moi la vie de Râmlâl. » Ses sanglots à fendre le cœur émurent l’assistance. Haribâbâjî était visiblement touché. Seule Shrî Mâ resta immobile comme une statue, son expression sereine nullement impressionnée.
Après un moment Liladi, au bord de l’épuisement, finit par se calmer. Haribâbâjî suggéra que chacun se mette à prier pour la guérison de Râmlâl. Il choisit le mantra spécial de Durgasaptasati 11.29, le griffonna sur des bouts de papier qu’il distribua à tous les occupants de l’ashram. Un akhanda japa de ce mantra fut donc commencé près de la chambre du patient. Je crois que la crise arriva environ deux jours plus tard. Shrî Mâ avait pris l’habitude d’aller voir le jeune garçon très souvent pour se rendre compte de son état. Haribaba lui-même prit part à l’akhanda japa. La nuit de la crise, un voile de tristesse descendit sur l’ashram. La fièvre resserrait son étreinte, des glaçons ou autres remèdes de fortune à portée de la main se révélèrent inefficaces pour le gamin. On apprit plus tard que Mâ avait donné à Didi comme instruction de veiller dans la chambre de Râmlâljusqu’au plus profond de la nuit. Suivant à la lettre les directives que Shrî Mâ lui avait communiquées en privé, Didi avait soutenu le garçon de sa main gauche tandis qu’elle avait prononcé le japa de son propre Ista mantra. A l’aube, Didi fut soudain effrayée, comme si quelque chose d’affreux était sur le point d’arriver. Puis, rassemblant ses forces, elle se réfugia dans la méditation de Mâ. Non loin de là, Gini et moi dormions dans la partie est de la véranda. Gini s’éveilla soudain, tremblante de peur, puis elle se rassura en pensant que ce n’était qu’un cauchemar. Le matin suivant, la fièvre avait disparu.
Peu à peu Râmlâl se reprit et fut guéri après cette nuit de crise. Nous fûmes tous persuadés que cette mort avait été pressentie par la seule pensée intérieure, par la manifestation spontanée, suprême et divine (le kheyâla) de Shrî Mâ.(p.155-156)
Haribâbâ et son entourage
Durant cette visite à Shrî Mâ, Haribâbâjî arriva seul au début et sans sa « suite » habituelle, excepté Ghanshyam, son accompagnateur personnel. Nous apprîmes qu’il avait quitté Baandh sans rien dire autour de lui. Il confessa à Shrî Mâ que personne parmi ses fidèles n’était assez sérieux dans sa quête de félicité spirituelle. Tous avaient fait semblant de s’intéresser à lui. De toutes manières, son rêve de traverser la rivière de la vie (bhavanadî), en tenant par la main toute sa suite, était irréaliste. Sur le chemin spirituel, chacun doit voyager seul.
Quelques-uns parmi les plus importants villageois et propriétaires terriens de Baandh vinrent à Dehradun à la recherche de leur vénérable Haribâbâjî. Ils savaient qu’il serait allé voir Shrî Mâ. Ils vinrent donc le prier de retourner à Baandh et donnèrent à Mâ leur son de cloche : « Baba ne veut pas comprendre que nous avons fait de notre mieux mais que nous n’avons pas pu atteindre son niveau. Nous avons notre travail aux champs, à la maison, et ailleurs. Parfois on manque le satsang ou bien on s’endort. On a déçu Baba. » Une fois de plus ils demandèrent son indulgence, et ce dernier accepta de rentrer au village tout en invitant Mâ à venir le visiter. (p.157)
Péchés mignons
Durant ces vacances d’été 1947où l’Inde prit son indépendance, Shrî Mâ passait par Varanasi, et souvent par Allahabad. Puis un jour, de passage à Krishna-Kunja, elle me fit appeler.
Je la trouvai se reposant sur une simple natte posée au sol. Après un début de conversation sans importance, elle me demanda ce que j’avais fait à une date précise. Sur le moment je ne pus m’en rappeler, mais par association d’idées, je me souvins qu’un ami était venu nous chercher, Bindouet moi, pour nous emmener au cinéma.
Shrî Mâ me demanda à brûle-pourpoint : « Et vous avez vu quoi au cinéma ? »
Surprise, je répondis : « Vous voulez que je vous raconte le sujet du film ? »
« Oui. »
Je me mis alors à lui narrer l’intrigue de Rage in Heaven (Fureur au Paradis). C’était l’histoire d’un homme fou qui avait l’apparence d’un homme sain. Un jour il se suicida, mais s’arrangea pour que certains indices fassent que son meilleur ami soit arrêté pour l’avoir assassiné. Le film était interprété par une pléiade de stars dont désormais, je ne me rappelle plus les noms.
Shrî Mâ écouta l’histoire avec grande attention. Puis elle me fit remarquer la futilité qu’il y avait à perdre ainsi son temps d’une façon qui n’avait rien à voir avec le choix de vie que je m’étais tracé. Ce à quoi je répliquai immédiatement et presque sans réfléchir : « Mâ, je n’irai plus jamais voir aucun film ! »
Cela sembla lui faire plaisir. Elle avait dû avoir un kheyâla à ce propos, parce que depuis ce jour, je n’eus plus le moindre désir d’aller au cinéma. A tel point que je perdis tout intérêt pour les faits et gestes de mes stars préférées, ce qui pourtant avait été pour moi le passe-temps favori de ma jeunesse. Les magazines de cinéma ne présentaient plus aucune fascination pour moi, les affiches, les panneaux publicitaires me laissaient parfaitement indifférente. Ce fut comme si j’avais fait table rase à ce sujet. Ce n’est pas pour autant que je ne vis plus de films, non, Bindou fut le premier à me faire manquer à ma parole envers Mâ. Alors qu’il faisait son service à Kanpur, il vint une fois à Allahabad et m’emmena voir Jhanak Jhanak Pâyal Baje (Clic ! Clic ! On a joué des clochettes !), une comédie musicale faite de chansons et de ballets magnifiques. Il me dit : « Tu dois absolument voir ce film, quitte à ce que tu commettes un péché envers Mâ en ne tenant pas ta parole ! »
Je n’eus pas l’impression de commettre un péché, à la rigueur il s’agissait tout au plus d’un simple petit méfait qui, je l’espérais, me serait pardonné. De toutes façons, je ne sentis plus jamais aucun regain d’intérêt pour les films et je continue à obéir aux conseils de Mâ tout au moins en esprit, sinon à la lettre, car dans les années qui suivirent, je vis The Sound of Music (La Mélodie du Bonheur) ainsi que Shatranja Ke Khilari, (Le joueur d’échecs une œuvre célèbre de Sajyavit Ray]).
Ceci me fait revenir en mémoire un autre genre de conseils, mais de ceux auxquels je ne pouvais vraiment pas me soumettre. Quelqu’un avait raconté à Shrî Mâ que j’étais fervente de romans à énigmes. Mâ s’enquêta auprès de moi et suggéra que j’arrête de m’adonner à ce genre de lectures. J’en fus consternée et me défendis : « Mâ, j’affectionne tout particulièrement ce genre de romans pleins de mystère et j’ai bien peur de ne pas pouvoir y renoncer si facilement. » Shrî Mâ laissa tomber l’argument sans plus tarder, à mon grand soulagement. Il était évident qu’elle n’avait pas eu de kheyâla la poussant à éradiquer chez moi tout intérêt pour ce genre de romans que je continue d’ailleurs à apprécier. Je ne pense pas qu’elle ait jamais dit à qui que ce soit, une chose à laquelle il ne fut facile ensuite de se soumettre. (p.160-161)
Après ma maladie
Bithikâ est atteinte d’une primo-infection tuberculeuse, mais s’en remet.
Après une année en sanatorium où ma tuberculose fut enrayée, je fis retour auprès de Mâ. Sadhanda qui nous avait accompagnées (Tara, Bouba, Sati et moi) se plaignit d’avoir eu à escorter des jeunes filles alors qu’il avait l’air d’un sadhou.
Shrî Mâ ne prêta guère attention à la requête de Sadhanda. Elle le congédia en disant du bout des lèvres : « On verra cela… » Puis elle s’enquêta de notre lieu de résidence et voulut savoir à quelle distance il se trouvait par rapport à la maison de notre hôte Kantibhai, qui était un organisateur remarquable. Elle en conclut que c’était une distance raisonnable pour la parcourir à pied. « N’utilisez pas leurs voitures même s’ils vous les offrent. » Ainsi, bien que nous ayons eu des voitures à notre disposition, nous fûmes obligées d’aller à pied partout, durant tout notre séjour à Ahmedabad. (p.190)
La Namayajna, festival où l’on célèbre les noms de Dieu, dépassa toutes nos espérances d’expérience spirituelle. Mme Talyarkhan fut particulièrement enchantée par la musique et les danses autour de l’autel fleuri. Elle devint une grande admiratrice de nama yajna. Elle avait été disciple de Ramana Maharshi, mais après la disparition de son Gourou, elle se rapprocha de Shrî Mâ. On apprit que ce fut le grand Maharshi lui-même qui avait dit à quelques-uns de ses disciples qu’ils pouvaient aller voir Shrî Mâ s’ils sentaient le besoin d’être guidés spirituellement en son absence. Durant les années 50, de nombreuses personnes, en groupes ou individuellement, vinrent rendre visite à Mâ à Varanasi, certainement en réponse à cet ordre de Ramana Maharshi.(p.192-193) [ les questions qu'ils posèrent alors à Shrî Mâ furent consignées par Swami Virâjânanda dans le livreWords of Mâ Anandamayi]
Les plus belles années…
Les plus belles années de l’ashram à Varanasi…Souvenirs de festivals, de solennités, de célébrations… souvenirs d’importantes personnalités, de mahatmas avec leurs disciples, de familles royales, de magnats de la finance… souvenirs des écoliers avec leurs récitations et des petits chanteurs avec leurs musiques… Didi écrivait son journal et j’étais une des premières à avoir commencé la biographie de Mâ en anglais.
Le premier samyam saptah fut un succès sans précédent. Période de discipline rigoureuse couronnée par de joyeuses activités. Shrî Mâ était entourée de ses fidèles de longue date, Kamalaji, Ramaji, et autres matrones déguisées en villageoises, sans parler des filles de la laiterie de Vrindabanavec leurs pots de lait caillé sur la tête en train de danser en groupe autour de Shrî Mâ. Cette dernière les rejoignit, passant son bras autour de la taille d’une fille après l’autre. Shrî Mâ bougeait de façon gracieuse, allant de l’une à l’autre. Parfois, les pots tombaient et se brisaient à terre en répandant leur contenu. Alors Mâ choisissait des morceaux de lait caillé qu’on lui tendait dans des débris de pots et elle les offrait à ceux qui l’entouraient. Elle en barbouillait aussi les visages de toutes ses compagnes. Les hommes qui se tenaient à distance du groupe des danseuses virent tout à coup Shrî Mâ au milieu d’eux et ne purent échapper au barbouillage. Cependant, même durant une telle scène de chaos et de confusion, Shrî Mâ demeurait fidèle à elle-même. Je me souviens clairement m’être cachée derrière la foule car la perspective de me trouver mêlée à toute cette pagaille ne m’enchantait nullement. Mais Shrî Mâ, en dépit de tout, s’était frayée un chemin jusqu’aux plus éloignés des participants. Je me préparai donc à être arrosée comme les autres, mais non, elle tendit sa main devant moi, j’ouvris la bouche et elle me donna un minuscule petit bout de lait caillé, de façon si adroite que rien de fâcheux n’arriva. (p.208-209)
Shrî Mâ et le Kanyapeeth
Aujourd’hui le Kanyapeeth est reconnu comme une Institution privée et réputée, où les jeunes filles reçoivent un enseignement impeccable, en sanskrit comme en d’autres matières philosophiques.
La facilité avec laquelle certaines choses apparemment impossibles parvenaient à s’accomplir dans le voisinage de Mâ, tenait du miracle, ou mieux, il conviendrait de dire que le miracle était d’usage quand il s’agissait de Mâ. On ne sentait guère l’effort en accomplissant nos tâches. Elle n’avait qu’à laisser s’exprimer son kheyâla et tôt ou tard tout se réalisait. Le kheyâla de Mâ joua son rôle, en effet, pour que les jeunes filles puissent avoir une bonne éducation en sanskrit. Ainsi, son kheyâla fit que toutes les facilités furent réunies pour atteindre ce but. (p.215)
Bithika Mukerjee "Ces jours anciens avec Mâ Anandamayî "
Ouvrage pris par les éditions Agamat à Paris et qui paraîtra probablement en 2006
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Mes débuts avec Mâ
par Râm Alexander
Ram Alexander a passé une dizaine d'années auprès de Mâ, il nous a raconté lors de son passage à Kankhal en fin décembre2005 la manière dont il a été attiré par elle .
J'ai rencontré Mâ deux jours seulement après être arrivé en Inde. J'avais un programme de visiter le pays dans son ensemble, mais quelqu'un m'a amené de Delhi directement où Mâ se trouvait, à Naimisharanya près de Lucknow, un endroit isolé où, dit la tradition, les dix-huit Pouranas ont été rédigés. Finalement, je me suis déplacé pendant trois mois environ avec elle, cependant en gardant toujours l'idée de partir ensuite pour découvrir l'Inde. Un jour donc, mentalement pendant le satsang, je lui ai dit au revoir, et j'ai quitté l'ashram de Bénarès où j'étais. Mais à ce moment-là, je suis tombé très malade, et j'ai tout juste réussi à me traîner jusqu'à l'avion pour rentrer d'urgence aux États-Unis. Là-bas, j'ai eu dix jours de fièvre intense, comme 40 ou 41°. Je ne voulais pas prendre de médicaments, même pas de l'aspirine. Au bout de ces dix jours un beau matin, tout avait disparu. J'ai passé longtemps à regarder mes mains : j'avais le sentiment que chacun des atomes de mon corps était entièrement nouveau, avait été complètement renouvelé.
J'avais déjà un gourou aux États-Unis, Satchidananda, le disciple de Shivânanda. À l'époque, je n'imaginais pas que Mâ pouvait être mon gourou. Je pouvais facilement rester assis ici six ou sept heures en méditation. Voyant cela, il m'a dit d'aller dans sa propre maisonnette où il faisait retraite, pour en être le gardien. C'était une faveur, car d'habitude il poussait les gens à l'action, au karma yoga. C'était un yogi et j'étais content d'être dans son lieu. Cependant, j'ai quand même été assailli de doutes à son sujet. Un jour, je regardais une petite photo de Mâ que j'avais avec moi, et lui dit : "Si tu es vraiment omniprésente, manifeste-toi maintenant !" Les fenêtres étaient ouvertes, et juste à ce moment-là un grand tourbillon de vent est venu et m'a entouré, comme un cylindre d'environ 1,5 m de diamètre et deux ou trois mètres de haut. J'étais terrorisé, je me suis recroquevillé sur moi-même et j'ai imploré que cela se termine.
De retour en Inde, quand j’ai rencontré Mâ pour la seconde fois, elle m'a regardé et m'a dit qu'elle prendrait soin de tout. J'ai passé deux mois avec elle à la suivre dans ses déplacements. J'ai pris l'initiation. Après cette période, je me suis dit que j'en savais assez et je me suis préparé à retourner aux États-Unis, avec dans la tête de fonder un centre de Mâ ou quelque chose comme ça là-bas, une entreprise plutôt stupide! Au moment de prendre congé, j'ai demandé à Mâ si je pouvais faire quelque chose pour elle aux États-Unis; elle m'a répondu : "Si tu veux faire quelque chose pour moi, c'est de rester ici ! " Et du coup, je suis resté! Elle m'avait aussi dit de me faire construire quelque chose sur le terrain de l'ashram, à l'époque, il y avait seulement des plans pour le grand ashram, mais beaucoup de bâtiments n'étaient même pas commencés. Elle avait ajouté qu'il ne fallait pas que je dise que c'était elle qui m'avait conseillé cela. Cela a pris donc trois ans pour que les travaux de construction de mon nouveau koutir commencent. Quand ils ont débuté pour de bon, j'ai eu peur, je me suis senti piégé et j'ai voulu m'enfuir. Mâ m'a dit : "Si tu veux partir, tu le peux, mais de toute façon en tous lieux je serai dans ton coeur." Après qu'elle m'a dit cela, j'ai été désarçonné, que pouvais-je faire? Cela m'a ôté complètement l'envie de m'en aller, et je suis resté !
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Mâ
par Patrick Mandala
Ce texte correspond au second chapitre du roman initiatique Mâyâ de Patrick Mandala. Il se met dans le personnage d’un Sumérien qui aurait visité l'Inde en des temps très anciens. On découvre bien sûr dans ce récit toutes sortes de prises de conscience et d'intuitions de l'Inde éternelle qui sont venues à Patrick Mandala lui-même dans ses déplacements à travers le pays contemporain.
Mohenjo-Daro
"Je ne sais si cette femme du nom de Mâ est une sage, un maître ou une femme-prêtre comme celles du royaume de Sumer... Il émane d'elle une telle force et à la fois une telle douceur! Dieu seul le sait si moi je ne laissais pas !
"Et puis il y a eu ses trois réponses à trois questions qui furent posées hier. Ces réponses sont pour moi une énigme, insondable, comme l'océan qui borde Sumer. Ses proches disent qu'elles sont le reflet même de l'advaïta, de la non-dualité ultime. C'est possible... Je ne sais... mais si je suis venu là, c'est pour entendre de telles paroles ! Cette Mâ semble présente et absente à la fois - curieux paradoxe..."
- Mâ, guidez-nous !
- Selon l'approche, ainsi (est) la récompense (jar jemon bhâva tar temon lâbha)
- Mâ, répondez-nous !
- Ce que vous entendez dépend de la manière dont vous jouez (jemon bajâbe temoni sunbe).
- Mâ, qui êtes-vous?
- C'est et ce n'est pas. Et ni, "c'est" ou "ce n'est pas"; même au-delà. Tout ce que vous direz est Cela (âcche, nâi,. Acchcheo nâ, têr o âgé. Jâ bolo tâi) (en bengali).
Je suis ce que j'étais et ce que je serai. Je suis TOUT ce que vous imaginez, pensez ou dites. Mais le fait suprême, c'est que ce corps (Mâ) n'a pas pris naissance pour recueillir les fruits d'un karma passés (prârabda-karma). Pourquoi ne pas vous rendre compte que ce corps est la somme et la manifestation matérielle de toutes vos aspirations et de toutes vos pensées ? Vous l'avez tous désiré et maintenant vous l'avez. Alors jouez quelque temps avec cette poupée !
"Quand on demande à cette femme, à Mâ, ce qui la pousse à parler et agir ainsi - d'une manière si déroutante parfois, elle joint ses mains et en silence, et les élève vers le ciel. J'en déduis... J'en déduis, me semble-t-il, que c'est la volonté divine qui agit à travers elle. Si on la pousse à s'expliquer, comme je viens de le faire, elle répond doucement : "Khéyâla (improvisation, imprévisible). Il n'y a que l'Un et rien que l'Un. Tout est contenu dans l'Un, et l'Un est tout". Il semble que pour elle, l'existence d'une volonté individuelle séparée de l'Absolu, de cet Absolu dont parlentaussi nos moines-médecin à Sumer, ne se pose absolument pas. C'est une sorte... Oui, c'est une sorte d'"unité ininterrompue". Comprenne qui pourra !"
Patrick Mandala, "Mâyâ, Chroniques védiques"
L'Originel Accarias, collection Advaita, 2004, p.27-28
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Ode au Silence
Quand la vie te secoue
Quand les gens te bafouent
Quand tu rentres peiné
Te sens abandonné
Comme une jouissance
Il est là le SILENCE
Lorsqu’un peu tu bascules
Et te sens ridicule
Quand tu cries dans le vide
Et crois perdre ton guide
Suis ton itinéraire
Et apprends à te taire.
Ta voix vient à manquer
Tu ne peux plus ‘râler’
Tu vas ouvrir la cage
Et faire bon usage
De la ‘petite voix’
Qui est au fond de toi.
O restructuration
Des pensées qui s’emmêlent
Vraie cohabitation
Pour des idées ‘nouvelles’
SILENCE ô guérisseur
Des conflits intérieurs !
Tu envoies la détente
Tu chasses la pression
La musique est présente
Sans en avoir le son.
On plonge dans le bain
De l’inertie soudain !
En coupant toute écoute
De tes bruits, de tes pleurs
C’est alors que tu goûtes
Ton ‘Ecoute Intérieure’.
Celle que Mâ proclame
Pour le bien de ton âme.
Reprends donc à la main
Le bâton de pèlerin
Du petit ‘cheminant’
Qui avance en rampant.
Adopte le SILENCE
Comme un bain de jouvence !
SILENCE ô Energie
Après le bain, l’humour
Tu redonnes la Vie
Tu redonnes l’Amour !
Puis c’est la volupté
Du calme retrouvé.
Savoureux à goûter
C’est presque aussi sucré
Qu’un bonbon à sucer
Qui va régénérer
L’onde perturbatrice
Chargée de cicatrices !
Mâ riait des malices !
Travaille aux flancs l’Ego
Reviens sans artifices
Et reprends ton credo.
Puis fais que le son AUM
S’étende comme un baume.
Tu retrouves tes sens
Lumière, béatitude,
Amies de solitude.
C’est vrai que le SILENCE
Si l’Ego se calfeutre
Est LE Grand Thérapeute !
Mahâjyoti
(Geneviève Koevoets)
Retour d’Inde, Novembre 2005
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O Inde, ô mon Amour !
(Mes deux Indes)
Les singes sont énervés
Les chiens sont efflanqués
Les vaches sont avachies
J’avoue que je fléchis.
La boue et la misère
Les cris et la colère
Tintamarre de clochettes
De klaxons, de sonnettes.
Poussière et pollution
Les mendiants à foison
Les sadhous, les gourous,
Les sourires si doux !
Lentilles et choux-fleurs
Le train et sa lenteur
Les valises en bataille
Vite que je me taille !
Il y fait froid l’hiver
La mousson ? Un enfer !
La santé qui me quitte
Ca y est, c’est la bronchite !
Les rickshaws dans le vent
Les ventilos branlants
Les robinets cassés
Les plats trop épicés !
Enfants si miséreux
Moustiques si nombreux
Horaire si matinal
Douleur abdominale !
Enlevons nos chaussures
Nous sommes des impurs
Les groles qu’on doit mettre
Nous font des ‘pieds de prêtre’ !
Et pourtant la pûjâ
Résonne en nous déjà
Le samâdhi de Mâ
De marbre blanc est là !
Le vieux Maître est assis
Nous lui disons merci
Il est vêtu d’orange
Au loin coule le Gange !
C’est le ‘satsang’ du soir
Qui redonne l’espoir
Et qui nous restructure
Pourvu que cela dure !
La visite des temples
Tout ce que l’on contemple
Les guirlandes de fleurs
Nous ouvrent grand le cœur !
C’est du miel et c’est doux
L’EGO est prêt à tout
La spiritualité
Chasse la méchanceté !
Mâ est l’Enseignement
C’est le jaillissement
La lumière qui pénètre
Et la foi qui va naître !
Inde, l’imprégnation
De TOUT a eu raison
Tu es comme une fleur
Lotus du bonheur !
Tu habites chez moi
Où tu vibres de joie
Ton image en mon cœur
Est mon ‘Inde Intérieure’ !
Ton âme reste en moi
Je penserai à toi
Je t’aimerai toujours
O Inde, ô mon Amour !
Mahâjyoti
(Geneviève Koevoets)
Retour de Delhi en avion, Novembre 2005
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Aux rives de l'outre rêves
par Yves Moatty
Yves Moatty est l'auteur d'un beau livre sur La Mère des origines, et d'un autre Kabir, le fils de Râm et d'Allah, tout deux aux Deux Océans. Il a exercé comme juge à l'île de la Réunion, où il a également rencontré Mâ Amritamayi, qui venait souvent en visite là-bas. Il est influencé aussi par le zen qu'il pratique et par le style poétique des haïkus. Il est publié par les Editons Grand Océan, dans la collection "Lumière de Clermont". C'est le lieu où habite l'éditeur, sur les pentes du volcan en face de la mer, il s'agit de Jean-François Reverzy, écrivain lui-même, ainsi que psychiatre qui à la retraite et devenu récemment évêque d'une petite église orthodoxe... Il présente ainsi son édition : « Elle accueille ceux qui aiment la lumière d'or de la mémoire, la sagesse des profonds archétypes sans séparation ni distinction de forme d'écriture ou d'inspiration religieuse et philosophique ».
Yves a fait passer à Vigyânânand son recueil de poème lors de la visite récente de celui-ci au satsang de l'ashram d'Amma à Saint Louis de la Réunion. Nous reproduisons trois poèmes où il évoque directement le pouvoir de la Mère divine.
Une pluie de pétales
- mille vague de joie -
doucement glisse
des doigts de la déesse
sur l'autel de nos coeurs
tombent tombent les fleurs
éparpillées au vent
invisible du vide
nuit où souffle l'Esprit
et scintillent les étoiles
roulant au jeu sans fin
de l'Un avec lui-même
"je suis noire mais belle"
Cantique des cantiques
Et ainsi tu allais
le soleil sur ton front
ta longue chevelure qui ruisselait d'étoiles
l'océan déferlant en tourbillons d'écume
l'éternelle innocence de tes yeux
et ton rire éclaboussaient nos coeurs
car ainsi tu allais
ta beauté vierge ta beauté noire
ta beauté inondait
le chemin quotidien de nos pleurs
calvaire sans fin de la douleur
"à minuit tu me montres l'aube de la joie
Roumi
Lotus noir ô déesse
dissimulant ton coeur
pour l'ouvrir seulement
au soleil de minuit
tu exhales l'essence
à peine évaporée
du grand parfum de l'invisible
à toi seule je dédie
ce que je suis à qui tu es
tu es l'océan sans retour
tu es le visage du temps
miroir où tout s'efface
tout l'ailleurs de la vie
caresses de l'instant
de tes yeux dans mes yeux
de ma joie pour ta joie
si en toi je suis seul
au regard de l'unique
cascade de tes yeux
sur mes cheveux épars
caresse où ton souffle s'engouffre
tout océane ma vision
tu es l'éternité précoce
aubade de l'instant
et sur tes lèvres le goût
des parfums de la nuit
tu es le regard de la lune
miroir où je me mire
au jardin de lumière
arbre de vie ma sentinelle
Yves Moatty "Aux rives le l'outre rêves"
Editions Grand Océan 6 rue Pasteur 97400 St Denis La Réunion
(JFREVERZY@wanadoo.fr),
Nouvelles
- Swâmî Vijayânanda est en cours de traitement à l'ashram même pour une obstruction prostatique. Il s'agit d'un problème courant à son âge avancé et il se sent déjà beaucoup mieux du point de vue de son état général grâce à ces soins.
- Swami Nirgunananda se rendra de nouveau en France cette année. Il se rendra à Terre du Ciel (03 85 60 40 30 infos@terre-du-ciel.fr) du 30 juillet au 5 août, et aura probablement un programme à Genève les 1er et 2 juillet. Pour le reste, il ira au Etas-Unis, puis en Allemagne. Nous réannoncerons un programme plus précis dans le prochain numéro, et l'on peut aussi consulter www.anandamayi.org pour les mises à jour ou changement de dernières minute.
- Les participants aux stages et conférences de Vigyânânand à la Réunion en mars on donné généreusement 4000 € pour le Mâ Anandamayî Vidyâ Mandir (le 'Temple de la Connaissance de Mâ Anandamayî), l'école de Ramrari, un joli petit village himalayen niché en contrebas de l'ermitage de Dhaulchina. Nous remercions particulièrement Rachid Ganthy, un homme d'affaire réunionnais d'origine gujarati par ses ancêtres qui a contribué à cette action pour 2000 euros. Grâce à cela, il sera possible de construire un premier étage qui pourra abriter trois classes de plus et permettra de garder les enfants dans l'école jusqu'à la quatrième ou à la troisième. Leur nombre va passer de 80 à150 ou 160 environ. Le bâtiment sera enfin non seulement branché avec l'électricité et le téléphone, mais aussi avec l'internet grâce à un nouvel ordinateur donné par l'ashram.
- Nous signalons la parution de deux ouvrages de Patrick Mandala Le son du silence consacré à des instructions spirituelles et des anecdotes inédites de Râmana Maharshi et un roman initiatique, Mâyâ, qui donne forme à des expériences de l'auteur avec l'Inde, et dont nous avons reproduit un bref chapitre dans ce numéro même. Les deux ouvrages ont été publiés par Accarias - l'Originel, 5 rue de la Folie-Régnault, 75011 Paris originel-accarias@club-internet.fr
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Pour ceux qui voudraient prendre un nouvel abonnement, ils peuvent le faire en écrivant à Nadine et José Sanchez
L'Olivette
26 Hameau Beausoleil
Chemin de la Sainte-Croix
84110 Vaison-la-Romaine.
Envoyez un chèque au nom de Jacques Vigne de 6 €, et de 3€ pour l'abonnement par courriel. À ce moment là bien sûr, communiquez aussi votre adresse électronique et envoyez de plus directement une copie de votre message à jacquesvigne@yahoo.fr. Etant donné l'incertitude des acheminements par la poste indienne, cette formule mérite d'être considérée sérieusement.
Table des matières
Paroles de Mâ
En association avec Mâ Anandamayî 9e partie
par Amulya Kumar Datta Gupta (traduit du hindi)
L’histoire des quatre-vingt-dix-neuf
Vacances d’été par Bithika Mukerjee
Mes débuts avec Mâ par Râm Alexander
Mâ par Patrick Mandala
‘Ode au Silence’ et Inde , mon amour ‘ par Mahâjyoti
‘ Aux rives de l'outre rêve’ par Y. Moatty
Nouvelles
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Peut-être que Shrî Mâ pressentait que Bithikâ allait beaucoup écrire. En tous les cas, il faut témoigner qu'elle a un excellent anglais, certainement nourri par toutes ses lectures.