Extrait
chapitre
numéro
19

JayMâ-n°70

Cette brochure représente un lien d'amour avec l'Inde, avec Mâ, avec les Swamis, les lectures, les voyages...

Jay Mâ n°70

(AUTOMNE 2003)

Paroles de Mâ

citées par Atmânanda dans son livre «  A la rencontre de Mâ Anandamayî - entretiens avec Atmânanda »
Propos recueillis par Madou. Sélection des paroles par Isabelle Trublet.



Je suis persuadée que c'est l'Occident, bien plus que l'Inde, qui répandra l'enseignement de Mâ Anandamayî.
C'est un enseignement universel et qui peut convenir à chacun.

Mâ Anandamayî n'était pas un être humain, c'est absolument certain.

Elle avait toujours conscience de son état. Elle ne s'identifiait ni avec son corps, ni avec son mental, et elle n'avait aucune émotion. Pas du tout ! Jamais elle n'agissait, ni ne répondait sous le coup de l'émotion.

"Pour moi", disait-elle, "il n'y que l'Un. Tout est la manifestation de l'Un."

Je sais que tout peut arriver, mais que l'unité est là. Si je meurs, le corps meurt. Mais  je reste avec elle. Cette unité demeure pour toujours.
                                                   
                                                     
Vous savez, Mâ est venu sur terre dans un corps humain afin que nous "sachions" car nous ne savons rien. Nous sommes tellement ignorants de la vérité ! C'est pourquoi Krishna est venu, Bouddha est venu, le Christ est venu et Mâ est venue. Si la divinité ne venez pas périodiquement sur terre sous une forme humaine, ce serait trop difficile pour les hommes de progresser et de comprendre un peu de la vérité.

Mâ me disait : "rester à Rajghat ! Restes-y !". Elle ne disait rien d'autre. Elle voulait que j'observe, je cherche et trouve par moi-même.

Lorsque des chrétiens venaient, elle leur disait : "vous avez foi dans le Christ ? Suivez le Christ !".
Et elle les encourageait à suivre son enseignement.
Mâtâjî nous disait que la voie du christianisme était bonne, et qu'il fallait retrouver l'enseignement originel de Jésus.

Vous savez, c'est nous qui manquons de confiance.
C'est pourquoi il faut que celle-ci soit confortée par différentes choses telles que la dikshâ, l'initiation, et autres cérémonies. Mais Mâ est là. Si nous avons confiance en elle, si nous évitons de nous occuper de trop d'autres choses, car alors le mental se disperse, si nous pouvons nous concentrer sur sa Présence, en avoir conscience vraiment, alors nous n'avons plus besoin d'autre chose. Il faut avoir confiance en sa parole !

Vous m'avez dit que vous lisez au moins quelques lignes des paroles et de l'enseignement de Mâ chaque jour. C'est très bien, c'est cela qu'il faut faire.
Lorsque les gens me disent qu'ils sont tristes et déprimés, je leur conseille de lire chaque jour un peu des enseignements de la Mère. Depuis plus de trente ans, je traduis les paroles de Mâ, alors je connais tout par coeur. Mais lorsque je lis ses paroles, ça m'aide : Mâ est vraiment présentes dans ses mots, dans ses paroles.

Ce que dit Mâ est toujours la vérité. Si la Mère m'a dit : "je resterai ici toujours !", c'est vraiment qu'Elle y est ; vous savez, elle avait toujours des réponses directes qui jaillissaient,. Elle était toujours comme cela. Aussitôt une question posée, la réponse était là, claire et précise, sans aucune hésitation.

Mâ disait souvent à Indira Gandhi : "ce qui s'est passé est le jeu de Dieu, sa lîlâ. Il ne faut jamais avoir de haine, ni d'inimitié envers qui que ce soit et quoi que l'on vous fasse. Vous devez vous souvenir constamment de votre ishtâ-dévatâ, c'est-à-dire de votre divinité de prédilection."

Question : Au fond, vous ne vous sentez jamais seul à la dérogation
Atmânanda : Non ! jamais je ne me sens seule. J'ai Mâ.


Question : Vous vivez toujours en présence de Mâ ?
Atmânanda : et Mâ m'aide ! De façon et bien souvent par l'intermédiaire des autres.

Avec Mâ, j'ai tout appris.


Lorsque Mâ pénétrait dans l'agitation d'une gare, elle se tenait debout, si calme, si paisible, que petit à petit autour d'elle tout le monde se calmait !

Mâ n'était pas une sainte ou une sage. Elle était une incarnation unique et sans pareille de la divinité.
Dès sa naissance, et jusqu'à ce qu'elle ait quitté son corps, elle fut consciente de ce qu'elle avait toujours été et continuerait d'être toujours. Pas un seul instant elle ne s'identifiait à son corps.
Celui-ci semblait être un corps humain, mais ne l'était pas vraiment.

Elle est partout, toujours, et vous-mêmes ressentez sa Présence.

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Une réponse de Vijayânanda

Est-ce par humilité que le gourou dit souvent qu'il n'en est pas un ?

Le gourou ce qui déclare qu'il n'est pas un guru,  ce n'est pas par fausse humilité, c'est parce qu'il perçoit la réalité : il n'y a qu'un seul le guru, c'est Dieu. Mâ le disait souvent, mais ce n'est que maintenant que je le réalise vraiment. J'ai demandé à Mâ si je pouvais la considérer comme mon guru. Elle m'a justement répondu cela : «  Il n'y a qu'un seul le guru, c'est Dieu ». Une autre fois, elle m'a dit "je suis ce que tu veux que je sois". Je voulais la considérer comme gourou,  alors elle s'est comportée comme telle à mon égard. Il faut avoir un désir intense pour le guru. Quand je suis venu en Inde, la mention même du mot "guru" me faisait pleurer ; à ce moment-là le gourou se manifeste. Comme on dit, "quand le disciple est prêt, le gourou arrive".
   Les disciples des maîtres hassidiques, comme les disciple indiens, avaient une foi aveugle dans leur gourou. Un jour, l'un d'eux est venu voir son rebbe en lui disant : "Je n'en peux plus, ma chambre est trop petite, il y a ma grand-mère ma tante qui sont là, c'est vraiment de trop !" Le rebbe lui  a répondu :
"Est-ce que tu as une chèvre ?" Le disciple a répondu : "Oui!" Le maître a continué : "Eh bien ! Prends-ta chèvre et mets-la dans ta chambre !". Obéissant, le disciple a fait ainsi, malgré l'aspect visiblement illogique de cette instruction. Au bout de deux semaines  il est revenu, à bout. "Ce n'est plus possible ! Il n'y a vraiment plus la place de mettre même une épingle dans notre unique chambre !" Le rebbe lui dit alors : "Eh bien, remets ta chèvre à l'étable ! ". Il l'a fait,  et puis est revenu voir le rabbi un peu plus tard l'air tout joyeux en disant : "Maintenant, nous avons vraiment de la place !".


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Sur les traces des Yoguis

par Vijayânanda



Nous continuons ici quelques extraits du livre de Vijayânanda qui n'a jamais été publié en français, mais est paru directement à Bombay  à Bharatiya Vidya Bhavan.

   Il existe de nos jours - et j'en ai rencontré - des êtres humains ayant essayé et réussi. J'ai vécu parmi et je suis encore sous la direction spirituelle d'un des plus grands d'entre eux. (Vijâyananda parle de Mâ Anandamayî, mais il ne voulait pas mentionner son nom dans ce premier livre général sur son itinéraire intérieur par délicatesse, son souci étant de ne pas gagner d'argent avec le nom de son maître.) Est-ce du védanta ou du Yoga ? Du bouddhisme ? A moins que ce ne soit de la kabbale, du soufisme, ou peut-être de la théosophie ? Tous ces propos ne sont que des mots, des étiquettes sur des flacons. Et souvent l'étiquette est fausse, le flacon vide. C'est en nous-même que se trouve la solution du problème. Ce qui est réel en nous ne peut pas mourir.
Ce qui est au centre de notre conscience est identique en tous les êtres. Ce qui est la base et le support de toute chose, qui ne peut être atteint ni par la souffrance ni par la mort, est aussi l'essence même de notre personnalité. Mais faut-il aller pour cela à Ceylan ou aux Indes ? Certes non ! Mais peut-être était-ce mon destin d'aller au pays des grands sages.
Peut-être aussi les conditions extérieures y sont plus recherche intérieure. Mais mon objectif immédiat, c'était de rencontrer un de ces grands sages "qui a réussi" et de bénéficier de ces conseils. Mon programme était de visiter d'abord Ceylan, et si possible de vivre une courte période  dans un monastère bouddhiste. Après, ce serait l'Inde, mais je comptais me limiter au sud car les trois grands sages célèbres, Ramana Maharshi, Râmdâs et Shrî Aurobindo
vivaient dans le sud. En outre, mon temps disponible était limité à un mois de séjour..

[Vijâyananda raconte maintenant son départ du port de Marseille pour un séjour en Inde qui dure jusqu'à maintenant - c'est-à-dire cinquante-deux ans plus tard.]

    Ce fut le 12 décembre 1950 que j'ai quitté Marseille et la France à bord du Felix-Roussel.
Quelques jours avant mon départ, un entrefilet dans les journaux m'avait appris la mort de Shri Aurobindo à Pondichéry. Hélas ! C'était le deuxième sage qui s'était réfugié dans le nirvana juste avant mon arrivée. [Le premier avait été Ramana Maharshi en avril de la même année] Si mes préparatifs n'avaient pas été aussi avancés, peut-être aurais-je ajourné le voyage. Le 12 décembre soir, peu avant le coucher du soleil, le Félix-Roussel s'est éloigné lentement du
port de Marseille. Presque tous les passagers regardaient en arrière comme si de nombreux fils invisibles  nous reliaient encore à cette terre. Un à un, les fils se rompirent. D'abord les amis qui agitent leurs mouchoirs sur le quai,  les uns essuyant une larme qui a fait un sillon sur une pommette, d'autres souriant silencieusement, certains criant peut-être quelques mots d'adieu. Puis le quai n'est plus qu'une ligne grise, avec quelques taches colorées qui bougent. Et maintenant, c'est la gracieuse silhouette du port de Marseille qui attire les regards, la corniche, les jetées, Notre-Dame de la Garde et tout ceci se fond bientôt dans bleu de la Côte. La plupart des passagers quittent le pont. Il semble que les fils qui nous reliaient à la terre se soient rompus et c'est une nouvelle vie qui commence.
    Pendant ces trois semaines, de nouvelles amitiés vont se lier, il faudra s'adapter à un mode de vie différent : les heures de repas, la promenade sur le pont, la partie d'échecs ou de bridge avec les amis, les soirées, les flirts, l'imprévu des escales, etc.
etc. Ceux qui ont vécu à bord d'un bateau savent à quel point l'esprit est absorbé par cette vie sociale à bord, qui, bien qu'éphémère, donne l'impression de permanence. La durée de notre vie comparée à l'éternité est également éphémère. Et pourtant, nous travaillons comme si nous bâtissions sur le roc. Les uns amassent des richesses, les autres des honneurs ou des connaissances mondaines. Pourtant nous savons qu'un fumée. Ceux qui ont lu le Mahabharata se souviennent sans doute de la fameuse question posée par le Yaksha au roi Youdhisthira : Youdhisthira, le célèbre roi, était en exil dans une forêt avec ses frères pour une période de quatorze ans. En tant que nobles guerriers, leur devoir était de défendre les brahmanes. Un jour, un brahmane vint se plaindre qu'on lui avait dérobé un fagot de bois sacrificiel qu'il avait caché dans un arbre. Youdhisthira, l'aîné et le chef, envoya ses quatre frères, Arjouna, Bhima, Nakoula et Sahadév à sa recherche et lui-même partit de son côté. L'un après l'autre, les frères arrivèrent au bord d'un étang à l'eau limpide. La longue marche dans la forêt les avait terriblement altérés, et cette eau
providentielle était une tentation presque irrésistible. Mais une voix du haut d'un arbre se fit entendre : "cette eau m'appartient ; si tu bois sans répondre à mes questions, tu mourras".
 C'était un Yaksha, une sorte d'esprit supérieur qui vivait en ces lieux. On dit que "ventre affamé n'a pas d'oreille". C'est encore bien plus vrai pour la soif, car aucun des quatre frères n'écouta l'avertissement et l'un après l'autre ils tombèrent sans vie au bord de l'étang. Youdhisthira arriva à son tour, également assoiffé et il entendit le même avertissement.
Néanmoins, il était non seulement un grand roi, mais aussi un sage renommé pour sa vertu et sa maîtrise de soi. Il accepta le défi du Yaksha qui, comme le sphinx lui posa un certain nombre de questions auxquelles il répondit à l'entière satisfaction de l'esprit. Le Yaksha lui permit de boire, lui rendit le fagot de bois du brahmanane - car c'est lui qui l'avait dérobé - et en plus lui accorda le droit de formuler un voeu.
Youdhisthira le pria de rendre la vie à ses frères. Ce qui fut fait. Une des questions du Yaksha - et c'est là que je voulais en venir - était :

"Quelle est la chose la plus étonnante dans ce monde ?"
Youdhisthira répondit :
"c'est que tous les jours nous voyons des gens mourir et que personne ne croit réellement qu'il mourra lui aussi un jour".

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En compagnie de Mâ Anandamayî


par Bithika Moukerjî



  Nous donnons ici la suite des écrits de Bithika à propos de la rencontre des religions. Nous avons vu dans le numéro précédent qu'elles étaient au château de Bossey de Genève pour une année scolaire de rencontres sur l'effet la rencontre des religions ;
voici ce qu'elle dit aux étudiants en théologie chrétiens rassemblés à cette occasion :

Religions et traditions (mon premier grand discours)

A la fin de l'année universitaire, le Prof. Nissiotis me demanda si je voulais bien parler de mes impressions sur l'école et ses objectifs. Il affirma qu'ils aimeraient tous écouter ce que j'avais à dire au sujet de leur programme. Ce fut une tâche tout à fait inattendue mais les gens qui assistaient à mes séminaires insistèrent pour que j'accepte. Un étudiant venu d'Afrique, Michael Jackson, vint me trouver, disant que je devrais tirer parti de l'opportunité pour être aussi severe concernant les chrétiens qu'ils l'avaient été envers les autres religions. Il alla même jusqu'à dire que si je n'étais. Il était l'un de ces chrétiens engagés et cependant il restait nostalgique au sujet du bagage culturel qu'il avait laissé derrière lui.
Je rassemblai mes idées. On avait fait du chemin depuis mes premières conférences d'introduction.
J'avais acquis quelque connaissance sur le mouvement oecuménique et ses problèmes endémiques. Cette conférence fut l'un des plus difficiles qu'il me fut donné de faire dans toute ma carrière. L'assistance était composée d'amis personnels. Bien des secrétaires vinrent écouter également. Je ne voulu pas offenser leur susceptibilité en tant que chrétiens, car j'avais moi-même une haute opinion de leur propre engagement religieux. Mon discours dura juste cinquante minutes, le visage sérieux et attentif de Michael Jackson et compris qu'il n'était pas déçu.
Je résumai sommairement pour eux ce que j'avais retenu de ce que Shrî Mâ avait dit concernant la destinée humaine et la possibilité de dialogue entre les différentes religions du monde.

« La Vérité est éternelle. Elle se répand partout et ne tolère aucune catégorisation relationnelle.
L'homme, à la recherche de cette Vérité, est un pèlerin désireux d'éclaircir le mystère de sa présence sur la terre. Nous naissons pour une tradition, un bagage culturel, une situation géographique, une foi religieuse. Le point de départ nous est donc donné.
Les religions sont nécessaires sans limite de temps ni d'espace. Chercher à universaliser un mode particulier de révélation n'est ni nécessaire, ni réaliste. Ce sont des facettes de la même Vérité qui témoignent de son omnipresence.

« L'Eglise, cependant, prend sa mission très au facilement en Orient comme étant la descente tangentielle de la transcendance pour devenir immanente : une venue vers nous du ciel et de la terre, afin que l'homme puisse lever les yeux et être rempli par la joie de ce message. Mais les hommes et les femmes qui relevèrent le défi et prirent le rôle de sauveur du monde entier n'avaient pas l'illumination en eux-mêmes. Ils interprétèrent la volonté de Dieu, ce qui est une très dangereuse procédure. Au lieu de s'émerveiller devant la magnificence de la 'création de ieu', ils s'empressèrent de diviser les peuples en 'civilisés', 'tribus primitives', 'païens' et ainsi de suite.
« Aux yeux des chrétiens, le monde ressemble à un méli-mélo confus et au-delà des limites de l'autorité de Dieu ! Autrement, pourquoi un chrétien serait-il invité à améliorer Sa création ? Dans ce contexte, St. Paul à Athènes, qui sert de modèle aux évangélistes de tous les temps.

« Passant par là je vis vos prières et trouvai un autel portant cette inscription, AU DIEU INCONNU. Qui donc est Celui que vous adorez par ignorance, en vérité je vous le dis. »
(Actes VIII, 23.)

« La question se pose de savoir si les Athéniens avaient pu répondre à Paul : 'Lui que vous avez trouvé maintenant, nous lui rendons déjà hommage, car il est vraiment inconnu mais pas inconnaissable'. Nous pourrions imaginer que Paul aurait alors identifié la philosophie des athéniens comme une hérésie de gnosticisme.
« Il est vrai que le Concile Vatican II a donné une sorte de reconnaissance aux autres religions. Ceci pourrait être interprété comme un  mouvement de bienvenue de la part de l'Eglise, s'il n'avait pas été accompagné par la suggestion que la multitude des non-chrétiens devrait écouter les Evangiles et ainsi acquérir la nécessaire qualification pré-requise pour être acceptée au sein de l'Eglise.
« Ceci constitue une violence inutile envers les sentiments des autres pèlerins. Beaucoup d'entre vous ne sont plus sympathiques envers ceux qui considèrent toutes les autres religions comme des menaces ou des défis. L'empressement pour écouter peut graduellement l'emporter sur la tendance à prêcher. Si 'l'autre' pouvait être vu aussi comme un pèlerin, un voyageur, un ami engagé dans la quête de la grâce de Dieu, c'est alors que le dialogue pourrait devenir une base pour atteindre l'unité, une plus grande compréhension de l'importance de cette tâche à venir, une attitude qui soutient plutôt qu'une attitude perturbatrice envers la vie religieuse. Le dialogue, en fin de compte, peut seulement être continué en langage équivalent. Si les participants utilisent des termes qui varient dans leur signification, il ne peut pas y avoir de communication importante.
« Le dialogue est un terme ambivalent. La tradition hindoue elle-même est structurée d'après le dialogue.
Des Upanishads jusqu'aux Dharma Shastras (les livres des lois), la structure du texte est toujours celui d'une conversation entre le chercheur de Vérité et un enseignant (rishi) qui l'a réalisée. L'ensemble de la tradition sanskrite peut être résumé par ce verset souvent cité :

Réveille-toi, lève-toi ; approche-toi des grands (sages) et apprends :

Aussi aiguisée que la lame d'un rasoir
Est la route (vers Lui), difficile à traverser ; Ainsi dit le sage.
(Kathopanishads II. 14)

« Tous les textes scripturaires pivotent autour de cette vocation de regarder au-delà de la condition donnée de l'homme dans ce monde. La recherche de la Vérité est quelque chose comme une quête de réalisation de soi dont parlent les advaitin (monistes), ou de réalisation de Dieu dont parlent les fidèles d'un Dieu personnel (monothéistes). Le Soi est l'antaryâmin (le témoin intérieur), qui apparaît comme l'ista devatâ (l'image vénérée au plus profond du cour) pour les fidèles. De ce fait, la recherche doit commencer par une tentative de concentration sur l'être intérieur.
« Comme je l'ai dit, pourquoi quelqu'un devrait-il se sentir attiré par la mission de prêcher ? Ceci ne pourrait être basé que sur la croyance que Dieu s'est retiré de Sa création et n'est plus concerné. Comparez avec l'Enseignant Illuminé. Il se suffit à lui-même et il est l'allégresse personnifiée, parce qu'il regarde le monde comme l'expression parfaite d'un être parfait. Il n'est pas appelé à prêcher, ne pose pas de questions et ne demande pas d'obéissance. Il répond de bonne grâce aux chercheurs sincères, dissipe leurs doutes et renforce leur détermination. Par sa présence, il établit la viabilité de la quête spirituelle. La La révélation de la Vérité est là pour maintenir la cohésion entre le temps et l'éternité.
Dieu n'est pas dans le passé seulement, il est aussi dans le présent et il est même là pour toujours.

« L'un des plus récents dialogues relatés dans la tradition sanskrite est la Gita. C'est le premier texte dans lequel les mots 'Le Seigneur a dit' (Sri Bhagavan uvacha) sont utilisés. Même là, le dialogue ne se change en dissertation que lorsque le disciple (Arjuna) se reconnaît comme tel et requiert précisément d'être guidé (Gita II.7). Ce qui est remarquable ici, c'est l'observation de l'Enseignant qui conclue par ces mots :

Cette sagesse, plus secrète que tout ce qui est secret, T'a été déclarée par Moi :
Réfléchis alors à tout cela et fais ce qu'il te plaira.
(Gita XVII.63)

« La liberté d'être soi-même, jusqu'en la présence de Dieu n'est ni refusée, ni banalisée. A moins qu'un homme soit saisi d'un désir ardent de connaître Dieu, d'une faim pour la liberté d'être lui-même, d'un désir pour une béatitude sans réserve promise pour lui par les Ecritures (shastras), il n'est pas métamorphosé en un chercheur (jijñâsu). Devenir un véritable chercheur est le but de la vie religieuse.
« La façon de chercher et de trouver est basée sur une conception dualiste : Dieu et sa création. L'idée entière de dualité est significative seulement en tant que lien d'amour. C'est pourquoi les hindous célèbrent comme de nombreux liens d'amour avec Dieu tout ce qui est expérimenté par l'homme sur la terre. Dieu peut être connu comme Père, Mère, Bien-aimé, Ami, Maître ou Enfant. La peur de l'enfer, la rédemption des péchés, et même l'espoir de salut comme paramètres d'une vie d'amour spirituel, n'ajoutent rien à la majesté et à la compassion de Dieu. Comment une religion, quelle qu'elle soit, peut-elle justifier son sacerdoce, à moins qu'elle ne présente Dieu comme la seule recherche valable dans la réussite humaine !
« Les comunautés et écoles religieuses sont très importantes. L'individu acquiert de la force par sa sampradaya ou comunauté. Cela donne une cohésion majeure à des efforts peu systématiques. Le sens de la solidarité, l'unité des objectifs, le sentiment d'ensemble requis pour les célébrations et rituels, sont favorables à une vie d'efforts spirituels, ou sadhana. Si un commonwealth de nations pouvait être un concept politiquement viable, alors nous pourrions
être capables de nous orienter vers un avenir de commonwealth de religions. Ce serait une célébration des voies infinies de l'avènement de Dieu parmi son peuple. La façon religieuse de vivre pourrait donner matière à réjouissance, à une joyeuse participation dans le mode d'expression des autres par rapport au culte divin. Par conséquent, laissons le dialogue être un instrument de célébration des nombreuses croyances qui enrichissent la civilisation. »

J'étais épuisée à la conclusion de ce discours.
Nicholas affirma plus tard qu'il en  avait eu des sueurs froides à ma place. Il y eut juste quelques applaudissements au départ, puis soudain tout le monde se leva pour me faire une vraie ovation, soutenue et prolongée.

Ils étaient tous émus et le faisaient voir clairement. Le Professeur Nissiotis se leva de sa chaise, m'apporta un verre d'eau et prononça des mots qui montraient son appréciation sans réserve, comme le firent certains autres après lui. Il dit : « En votre présence, j'ai senti la futilité de ce programme tout entier. Le fait que vous ayez accepté en souriant d'y participer a rendu le reste inutile. » Rien n'aurait pu mieux justifier le message que Shrî Mâ avait passé en 1972-73, à la Graduate School. (p.308 à 312).



par Bithikâ Mukerjî

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Comment je suis devenue une disciple de Mâ Anandamayî


par Dîpikâ Bansal



Dîpikâ est une jeune femme des environs de Delhi dont le grand frère est souvent en retraite, et a passér du temps à pratiquer à Kankhal frais de l'ashram de Mâ Anandamayî . Elle  a envoyé à Jacques Vigne pour le journal Jay Mâ ce récit d'une expérience qu'elle a eue avec Mâ dans des circonstances de voyage à l'étranger pas très faciles.


C'était en décembre,  l'une de mes amies m'a proposé d'aller en Thaïlande pour une retraite. Jacques Vigne nous avait donné des renseignements sur tout le périple. Cependant, les choses ne se déroulèrent pas comme prévues. Mon amie n'a pas obtenu son visa pour la Thaïlande, puisqu'elle était originaire de Shrî Lanka, on lui avait demandé de le prendre dans son propre pays, ce qui n'était pas facile pour elle. Mais j'ai décidé d'y aller toute seule, puisque c'était mon premier voyage à l'étranger et que tout était déjà organisé.
    Avec la bénédiction divine, je suis arrivée à Bangkok. Là-bas, tous les hôtels étaient pleins. Ma destination était le monastère de Suan Mokh ["le Jardin de la libération" , un grand monastère bouddhiste dans le sud du golfe de Thaïlande qui organise des cours de dix jours de vipassana à la fois pour les Thaïs, et en anglais pour les étrangers chaque mois ; il se à quelques kilomètres d'une ville appelée Chaya, déformation du nom sanskrit  Jaya, "la victoire"].  Avant, j'ai commencé à voir le pays parce que j'avais assez de temps avant le début du cours de vipassana. Devrais-je vous dire combien il est difficile d'avoir une nourriture végétarienne normale quand vous êtes purement végétarienne et qu'en particulier vous ne comprenez pas la langue du pays.
Enfin, la période est arrivée pour partir vers le sud.
Cela n'était pas facile, il y avait des problèmes de réservation, de savoir avec qui je devais partir, etc.... A un certain moment, j'ai été vraiment déçue, j'avais le sentiment de perdre mon temps à Bangkok.
Avec ces troubles dans le mental, je m'assis pour la méditation, mais j'étais dans un état lamentable, incapable de me concentrer même en posture de lotus.
Tout d'un coup, je vis une belle image de Mâ. J'avais beaucoup entendu parler d'elle par mon frère qui la considérait comme son guru mais je n'avais eu aucune expérience avec elle. C'était une photographie de Mâ qui sortait continûment du sol de la pièce et rentrait dans mon front ; je ne pouvais pas reconnaître ce qui m'arrivait, j'ai paniqué et commencé à tout stopper, mais immédiatement, je réalisai qu'il devait arriver quelque chose pour mon bien car  cette image était celle du gourou de mon frère, ainsi, je laissai faire, et le phénomène continua pendant quelques minutes.
Ensuite, je me suis retrouvée assise sur les genoux de Mâ avec ma tête sur son épaule. J'étais dans la position d'un bébé  sur les genoux de sa mère. Elle me donna un petit coup sur le dos et dit : "Va, Krishna est en train de t'attendre". [Dîpikâ est une fidèle de Krishna]. Je me reposais dans la même posture pendant quelques minutes et me sentit plein d'amour pour Mâ.
Tout disparut, mais je n'avais pas envie d'ouvrir mes yeux pendant longtemps et je me laissais aller au même genre de sentiment, je pensais flotter. Après quelque temps, à l'ouverture des yeux, je me suis sentie très relaxée, très calme et n'avais pas envie de me relever. Je refermai mes yeux, et essayai de revenir dans la même position, mais fut incapable de le faire.
Je me sentis pleine d'énergie quand je me relevai. Je me mis à faire des plans pour aller vers le sud du pays alors qu'avant, j'étais désespérée, je pleurais vraiment. Maintenant, je trouvais finalement une place dans  un car de tourisme confortable et j'ai décidé de passer un ou deux jour sur une île à faire de la méditation en face de l'océan.
Cependant, là-bas, une mésaventure m'attendait : mes chèques de voyage avaient tous disparu, ce qui fait que je me suis retrouvée sans argent dans cette région du bout du monde ! Quand je m'en suis aperçue, je fus frappée de stupeur. Il avait de quoi créer de la confusion dans l'esprit, mais l'instant suivant, le visage de Mâ m'apparut en face de moi et immédiatement, je me suis souvenu que j'étais assise sur ses genoux et je me suis sentie relaxée. Je remis
tout entre les mains de Mâ. Je me mis à penser qu'il n'y a avait pas de quoi s'inquiéter. Je fis le nécessaire, ce n'était pas si simple, car j'avais à peine l'argent pour téléphoner à Bangkok s'il fallait le faire, mais les banquiers locaux ont été coopératifs plus qu'il n'était de leur devoir, et j'ai pu arranger mes affaires. J'étais si soulagée, cela ne peut s'exprimer par des mots ! Et je suis encore surprise d'avoir fait face à tous ces problèmes très calmement. C'était la première fois que je voyageais à l'étranger, et pour nous, jeunes indiennes, nous ne sommes pas de du tout habituées à nous déplacer toutes seules. Maintenant j'ai plus confiance en moi-même et je sens mon cour s'élargir en me souvenant de cette grande expérience avec Mâ Anandamayî.
Elle  est avec moi sans cesse.


Jay Mâ !


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LE SON DU SILENCE


par Marion Mantel


Le son du silence est un son très particulier.
Il n'a ni début ni fin, mais contient tout début et toute fin.
Il n'a ni espace ni temps, mais contient tout espace et tout temps.
Il n'a aucune note, mais contient toute note.
Il n'a aucune couleur, mais contient toute couleur.

Le son du silence est le son de l'univers.
Sa demeure est en dedans,
Sa résonance au centre de l'être.
Tu peux l'entendre dans le silence du cour.
Tu peux le connaître dans le cour du silence.


Le son du silence est le témoin immuable de la Source
que tu n'as jamais quittée.


Il était là avant toi.
Il sera là après toi.
Il est là avec toi,
Autour de toi,
En toi,
Toi.
Est.

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PRIÈRE À LA MÈRE DIVINE
« DONNE-LUI UN NOM »


par Marion Mantel



Mère de l'Univers,
Regarde Ton enfant qui pleure.
Elle ne cherche qu'à T'aimer
Et être aimée par Toi.

Mère de la Béatitude,
Regarde sa solitude.
Elle ne cherche qu'à Te contempler
Et être contemplée par Toi.

Mère de l'Amour,
Regarde Ton enfant sourd.
Elle ne cherche qu'à T'écouter
Et être écoutée par Toi.

Mère de tous les Sons,
Donne-lui un nom.
Elle ne cherche qu'à T'appeler
Et être appelée par Toi.



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Pushpadidi,
la fontaine du Son de la félicité.


par Brahmachârinî Gîtâ Banerjî
traduit du hindi par Jacques Vigne



  Pushpadi, Bhajanânanda de son nom de sannyâsinî, est décédée en février 2003. C'était  une des meilleures chanteuses auprès de Mâ, et nous traduisons ici l'hommage que lui rend une brahmachârinî enseignante au Kanyâpîth de Bénarès et qui l'a connue de longue date. Son texte est écrit dans un hindi fortement sanskritisé, comme aiment à l'écrire les religieux hindous. Celui-ci ne manque pas de charme, à condition d'avoir un dictionnaire de sanskrit plutôt
que de hindi à portée de main pour la traduction. C'est la voix de Pushpadî qu'on entend dans la scène de Gourou-pournima du fait de main d'Arnaud Desjardins.
Celui-ci a bien d'autres enregistrements d'elle non pubiés datant de 1961, qu'il a suggéré à ses disciples de réunir.

    Dans cette gorge ont résonné nâda Brahman [le son en tant qu'écho de l'Absolu], cette sonorité grave et paisible comme la montagne Mandara [celles dont les dieux et les démons se sont servis pour baratter l'océan primordial, réputé aussi être la demeure de Durgâ]. Elle a bourdonné, la grâce sans cause de Shrî Shrî Mâ dans les cordes de la vînâ de son existence, elle dont les bhajans, kîrtans, chant des hymnes plongeaient dans la félicité absolument tous les fidèles de Shrî Shrî Mâ qui les écoutaient ; elle qui faisait vibrer l'espace et des vagues des douces mélodies qui sortaient de sa gorge durant l'anniversaire de Mâ, la Samyam saptah, Durga poujâ et toutes sortes d'autres célébrations, elle qui faisait vibrer les murs de l'ashram par la douceur de ses hymnes et de ses chants, elle donc, Bhajânandajî, notre Pushpadi, qui mérite toute notre confiance et notre respect, est maintenant l'objet de notre souvenir : au fond du cour resurgissent les termes du gourou des poètes, Rabindranath [Tagore] :

Ce vase qu'est  cette célébration est comblé de ton souffle et de ton humble foi, Et ainsi, toi-même et tous les gens présents ont été envahis de félicité!

Dans cette gorge, ce sont profond et grave comme la montagne ne bourdonnera plus, la salle de satsang de l'ashram de Kankhal ne résonnera plus du son absolu, nâda-brahman,  qui sortait de ta gorge : "Satyam, jñânam, anantam Brahman" (mantra extrait d'une Upanishad et qui signifie "Brahma est vérité, connaissance et infini"). Au fond de mon cour se remettent à résonner seulement ces paroles du poète :
Aujourd'hui, c'est ta voix qui résonne dans la fête des paroles, parfois dans des tonalités graves, parfois avec une douce résonance.

   Le grand-père maternel de Pushpadî était un grand propriétaire terrien du district de Shrîhatta au Bengale et en était aussi le célèbre préfet ; il s'appelait Shrî Rajnîkânt Ray Dastidâr. : du point de vue spirituel également, il était tout à fait avancé, il avait un visage resplendissant à la façon d'Agni, le dieu du feu. Il n'a jamais proféré de mensonge de sa vie. Son patriotisme était extraordinaire. Il était au aussi un excellent pianiste. Il chantait magnifiquement l'hymne national "Vandé mâtaram", je rends  un culte à la Mère. Mâ a dit une fois à Pushpadî :

"Le bien qu'il y a en vous tous, c'est à lui que vous le devez."

   Ce grand-père  disait souvent à Pushpadî: "Pourquoi donc allez-vous à l'ashram ?" Elle lui répondait : "Pour avoir le darshan de Mâ". Une fois, son grand-père lui dit alors : "Je vois Shrî Shrî Mâ dans la lumière bleue - ainsi est ma vision". Il était venu une fois à Calcutta pour le darshan de Mâ, c'était à l'époque de l'ashram deBâliganj, à l'intérieur de la ville. Là-bas, il chanta auprès de Mâ un kîrtan de Krishna et Balarâm (Krishna enfant et son grand frère Balarâm, "Râm-le-fort" ). Mâ accouru soudain et dit : "Je vois des deux côtés deux enfants". Submergé par le bhâva, elle se mit à se rouler sur le sol à cet endroit même. Les fidèles ramassèrent la poussière de ce lieu et se la mirent sur la tête. Sa dernière heure venue, le grand-père de Pushpadî dit à sa mère : "Pourquoi y a-t-il tant de lumière ? Avez-vous ouvert la lumière ? Il y a tant de lumière !" S'étant exprimé ainsi, il rendit l'âme.
Quelques jours plus tard, la mère vit en rêve le visage de son propre père resplendissant dans le Surya-lok, le monde du soleil.
   Le père de Pushpadî s'appelait Shrî Umesh Chandra Sén, et Krishnânanda Giri  après sa prise de sannyâs.
Il était proviseur d'une école. Auparavant, il avait été avocat. Mais il avait abandonné ce métier, car il fallait s'y appuyer sur des mensonges ; il était très beau, et doué d'une silhouette agréable. Il avait un grain de beauté juste au milieu du front ; voyant cela, Shrî Mâ lui avait dit un jour : "Dès la naissance, tu as reçu le tîkâ  [ la marque au milieu du front qu'on met après les rituels, par exemple au feu] des cendres du sacrifice au feu sacré."
   La mère de Pushpadî, Shrîmatî Kshîrodavâsinî Dévî ["la déesse sortie de la mer de lait", c'est-à-dire Laxmî, l'épouse de Vishnou] avait reçu son éducation à la maison. Elle était particulièrement douée pour la gravure, la calligraphie et tous les arts de l'écriture. Shrî Mâ avait dit après avoir vu la mère de Pushpadî : "il y a une bonne base ; elle ne s'est jamais mal comportée".
Pushpadî s'appelait Sâvitrî de son nom de  jeune fille. Sa mère l'avait surnommée « bhajan » (chant).
En voyant dans le journal de Calcutta l'annonce de l'arrivée de Mâ, l'oncle maternel de Pushpadî se rendit  au darshan. Après avoir entendu parler d'elle, Pushpadî avec sa mère et l'oncle se rendit à l'ashram pour avoir aussi le darshan de Mâ. C'était en 1946, à Baliganj, rue Ekdâliyâ. Dès le premier darshan de Shrî Shrî Mâ, quatre points sont apparues clairement à l'esprit de Pushpadî : « je n'ai jamais vu un tel sens du Soi, de l'intériorité chez quiconque. Je n'ai
jamais vu une telle félicité chez quiconque. Si mon Dieu est comme cela, c'est bien ! Il faut que je m'en aille avec elle. Un jour Pushpadî se rendit auprès de Shrî Mâ. D'une façon ou d'une autre, elle  réussit à la rejoindre. Mâ lui dit : "Distribue à chaque enfant une guirlande". Pushpadî en donna donc une à chacun. Il lui passa par l'esprit d'en garder une pour elle, comme un prasâd de Mâ, mais ensuite, elle réfléchit que Mâ ne le lui avait pas dit. Ensuite, Shrî Shrî Mâ, au moment de s'en aller du satsang, s'éloigna un petit peu et revint au pour donner une à Pushpadî une belle guirlande de roses  qu'elle avait gardée sous sa chaise.
  Un jour, Pushpadî était sortie faire des courses avec sa tante. Du marché, elle se rendit seule chez Mâ. Une fois arrivé là-bas, elle a appris que Shrî Shrî Mâ étaient arrivée. On était déjà avancé dans la nuit. Pushpadî était seule. Shrî Shrî Mâ  lui demanda : "De qui es-tu la fille ?" Pushpadî répondit : "Je suis votre fille". Shrî Shrî Mâ  lui  reposa deux fois de plus la même question : "De qui es-tu la fille ?" Et Pushpadî de donner la même réponse : "Je suis votre fille ". Pushpadî dit à Shrî Mâ : "Il faut que je m'en aille avec vous" mais Mâ ne répondit rien.
  Cette même nuit, Pushpadî eut une expérience extraordinaire. Pendant toute la nuit , elle ressentit qu'une personne  vêtue de blanc était assise au-dessus de sa tête [dans la tradition hindoue, on médite sur le guru ou sur son ishtâ-dévatâ comme étant assis au-dessus de la tête].
Un jour, Pushpadî se rendit à l'ashram de la rue d'Ekdâliyâ  et apprit qu'il y avait l'inauguration d'une nouvelle propriété du juge SR Dasupta. et que Shrî Shrî Mâ s'y était rendue. Une fois parvenue là-bas, elle vit que le satsang était déjà terminé.
Shrî Shrî Mâ et Dîdîmâ  étaint assises. On avait organisé des clôtures en bambou pour canaliser la queue des fidèles. Chacun allait faire pranâm devant Mâ à son tour. Il y avait une très longue queue.
Chacun offrait une guirlande, et s'en allait. Pushpadî resta debout quelque temps sous le pandal et ensuite s'engagea dans la queue pour aller faire son pranâm à Mâ. Juste au moment où elle faisait ce pranâm, elle s'aperçut qu'en elle  il n'y avait rien, qu'elle était devenue complètement vide. Tout en faisant sa prosternation,  elle sentit quelque chose de lourd qui lui tombait sur la nuque ; elle vit que c'était  une guirlande de fleurs. Auprès de Mâ,  il y a avait une guirlande particulièrement lourde et plutôt grande.
C'était celle-ci que Mâ avait lancée d'une certaine distance autour du cou de Pushpadî. Shrî Shrî Mâ fixait Pushpadî du regard. Pushpadî aussi se mit à regarder Mâ droit dans les yeux, sans changer de direction. Ensuite, lentement, Mâ regarda d'un autre côté. Pushpadî rentra à la maison en portant toujours cette  guirlande autour du cou.

  Quand Pushpadî était assise auprès de Mâ,  toujours elle pleurait. Tout le monde demandait à Mâ : "Mâ, pourquoi cette fille pleure-t-elle ?" Mâ répondait en riant : "Demandez-lui directement !" Malgré des requêtes répétées, quand Pushpadî vit que Mâ ne la prenait pas avec elle, elle se mit à penser qu'en priant le seigneur Jésus ou bien Chaitanya Mahâprabhou, Mâ certainement la prendrait avec elle, mais qude son côté, elle-même ne lui parlerait pas de ses prières.
  Un jour, Shrî Shrî Mâ était sur le point de partir à Vishnoupour, elle demanda soudain : "Où donc est la jeune fille qui pleure ? Installez-là dans ma voiture !" Mais Pushpadî n'était pas présente. Le jour suivant, lorsqu'elle vint à ashram, tout le monde lui demanda : "Où étais-tu donc? Mâ t'a appelée, pour te prendre avec elle à Vishnoupour".  Pushpadî répondit : "Je n'y suis pas allée, car que faire de seulement trois ou quatre jours. Avoir la compagnie de Mâ pour si peu de temps, qu'est-ce que ça veut dire ?"
   Quelque temps plus tard, Shrî Shrî Mâ allait partir pour Bénarès. La mère de Pushpadî  la prit avec elle pour le darshan. Elle demanda : " Mâ, je ne peux pas la garder à la maison, prenez-la avec vous !
Renvoyez-la moi dans un mois." Mâ dit  : "Est-ce qu'elle pourra rester seule ?" La mère répondit : emmenez-la à la gare de Howra. Ce corps  y va aussi.
Le train de Bénarès y est en partance." En arrivant à la gare, Pushpadî vit au milieu des bagages empilés que Swami Paramânandajî avait perdu connaaissance à cause d'un accès de fièvre. Pushpadî acheta une noix de coco et donna son eau à boire au Swami. Sur ces entrefaites, Shrî Mâ est arrivée. Elle dit à Didi en voyant Pushpadî : "Didi, cette jeune fille va venir avec ce corps".  Juste avant, Didi avait déjà demandé à Pushpadî : "Qui es-tu ? Où  t'en vas-tu? Maintenant, nous ne prenons pas de grandes jeunes filles  au Kanyâpîth." Cependant, aussitôt que Didi entendit Mâ parler de Pushpadî, elle demanda : " Est-ce que tu as un billet de première classe ?" Pushpadî répondit : "Non, je n'ai qu'un billet de troisième classe". Aussitôt, Didi prit le billet et demanda à quelqu'un dans la foule : "Peux-tu donc changer ce billet ?" Juste au moment où la personne  ramenait le nouveau billet, le train s'est ébranlé. C'était en novembre 1947.
  Dès qu'elle arriva à Bénarès, Pushpadî se mit au service de Mâ. Au bout d'un mois, celle-ci lui demanda de retourner à la maison. Mais Pushpadî ne le fit pas.
Quelques jours plus tard une lettre de son père arriva, demandant à Shrî Shrî Mâ de la renvoyer à la maison. Elle appela la jeune fille pour un entretien privé, et lui fit lire la lettre. Ace moment-là, Pushpadî dit à Mâ. "Mâ, bien que je sois venue à vous, vais-je être obligée de retourner dans le monde?"
Après avoir entendu Pushpadî s'exprimer ainsi, Shrî Shrî Mâ répondit-elle même au père par courrier.
  Pushpadî enseignait aux jeunes filles du Kanyâpîth.
Elle était une experte à la fois en danse et en chant.
Elle organisait donc des spectacles à l'occasion de Jhulan Purnima [la pleine lune, où l'on honore particulièrement Radha et Krishna], Janmashtamî [huit jours après Jhulan Purnimâ, anniversaire de la naissance de Krishna], et pour d'autres fêtes avec les jeunes filles de l'école pour montrer à Shrî Shrî Mâ des épisodes de la vie de Râm, Krishna ou des scènes qui mettaient en valeur les faits et gestes d'autres saints.
Shrî Shrî Mâ  avait demandé plusieurs fois à Pushpadî : "Est-ce que tu es une brahmane?" Pushpadî répondait : "Non". Un jour, à Puri, Pushpadî demanda à Swami Parâtmânandajî : "Pourquoi Mâ me demande cela de façon répétitive? Est-ce qu'elle ne sait pas que je ne suis pas une brahmane?" Le Swami répondit alors : "Il y a en toi des signes de brahmane ; c'est sûr, Mâ voit à l'intérieur de toi certains signes".
   A l'heureuse occasion de l'anniversaire de Mâ à Kashi(Bénarès), une chanteuse très connue, Shrîmatî Girijâ Dévî, était venue se produire devant Mâ. Après ses bhajans, Mâ demanda à Pushpadî d'en chanter un également. Celle-ci répondit : "Mâ , après cela, il ne faut pas chanter de bhajan !" Mâ demanda : "Quoi ? Que peut-il arriver par le simple fait de chanter ?"
Pushpadî dit : "Les auditeurs vont m'attraper et me battre !" En entendant cela, Mâ répliqua : "Ah bon ! Tu prêtes autant d'attention à la louange au blâme - je ne savais pas". A ces mots, Pushpadî se mit immédiatement à chanter. Juste à la fin de son bhajan, Shrîmatî Girijâ Dévî la prit dans ses bras et lui dit : "Oh ! Cette voie que tu as là ! Dans ta gorge, il y a de la magie !"
   Une fois, Mâ avait placé Pushpadî à l'ashram de Dehra-Dun. Elle était encore très jeune. Tous les jours, elle chantait des hymnes, la Bhagavad-Gîtâ, etc.. Les sadhous de l'ashram de Ramakrishna à côté s'assemblaient à la porte de celui de Mâ pour écouter les source extraordinaire de ces douces sonorités :
"Qui chante d'une voix si douce et avec une si belle prononciation les hymnes ? Qui est cette jeune fille ?" Les mahâtmas aimaient beaucoup les bhajans de Pushpadî. En particulier Shrî Haribâbâjî en faisait un grand éloge. Il disait : "En entendant chanter Pushpa, un sentiment de renoncement survient." Ainsi donc, Shrî Shrî Mâ aussi prenait avec elle Pushpadî dans la plupart des endroits où elle allait pour le satsang.
Sinon, les mahâtmas lui demandaient : "Mâs, où est Pushpa?" La première ministre de l'Inde de l'époque, Shrîmatî Indirâ Gandhi aimait également beaucoup les kirtans de Pushpadî ; par conséquent, en tant qu'invitée spéciale, Pushpadî allait à la résidence de la Première ministre pour des occasions particulières comme par exemple la mort de Firoz Gandhi [le mari d'Indirâ], celle de Nehru ou enfin celle d'Indirâ elle-même, pour chanter en face de son urne funéraire.
   Dans la dernière phase de sa vie, Pushpadî prit le sannyâs du président de la Divine Life Society, Swami Chidânandajî. Il lui donna pour nom Shrî Bhajanânanda [félicité du chant]. Elle continua à chanter jusqu'à ses derniers jours.
  Depuis quelque temps, elle était malade du cour.
Elle était en traitement pour cela. Cependant, lors de la dernière Samyam Sapta, tout le monde avait été réjoui d'entendre une fois de plus de sa bouche même satyam, jñânam, anantam Brahman, ce chant qui évoque le nâda Brahman, le son de l'Absolu. Après cette semaine de retraite, elle s'en fut à Poone. Encore le 6 février, à l'occasion de Sarasvatî pujâ, elle fit vibrer l'ashram de Poone de ses chants, et le 25 février 2003, elle se fondit pour toujours aux pieds de  Shrî Mâ, passant de ce monde mortel à celui de l'immortalité afin d'y recevoir l'onction du nectar de la musique divine.
  Aujourd'hui, nous lui rendons hommage dans les termes du poète :

Dans les doux appels du coucou,  dans les cris sonores du paon, dans les arbustes des vergers  Dans les fleurs aussi, ce n'est que ta douce mélodie qui résonne ;
Et tu laisses en nous - comme une douce mémoire- la vaste vague de ta félicité.


Bramachârinî Gunitâ Banerjî, Kanyapîth, Varanasi Publié dans Ananda Varta (hindi), juillet 2003

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Quelques "samyogs" récents de Mâ


par Jacques Vigne



  Par samyog, on entend un concours heureux de circonstances, où les facteurs s'unissent, c'est la racine de Yoga,  unir, pour arriver à une fin, une synchronicité en quelque sorte. D'après le témoignage de Vijâyânanda et de nombreux autres, auprès de Mâ, les samyogs étaient monnaie courante, tellement qu'on n'y faisait plus  tellement attention ; ce n'était qu'après qu'ont réalisait que les coïncidences étaient quand même statistiquement très improbables, pour ne pas dire extraordinaires. Voici quelques unes de ces coïncidences peu banales qui me sont arrivées durant cette  saison chaude à l'ermitage de Dhaulchina :

- le 5 juin 2003, Swami Nirgunânanda a fait la poûjâ d'inauguration de la nouvelle chambre à l'ermitage, avec sa belle vue sur l'Himalaya. Je m'y suis donc installé juste après. Le soir même, au crépuscule, je méditais tranquillement pour ma première soirée dans cette chambre. La porte était fermée, j'entendais qu'il y avait beaucoup de vent dehors. Quand je me suis relevé de ma méditation et me suis retourné, j'ai vu qu'il y a avez des pétales de roses blanches, un peu roses par endroit, qui parsemaient le sol, ce n'était pas un tapis, mais il y en avait peut-être une dizaine. Le lendemain soir, le phénomène s'est reproduit, et plus jamais après. On peut trouver une explication rationnelle à ce phénomène, le van qui arrivait du sud a poussé les pétales des rosiers qui sont en dessous de ma chambre vers la véranda du premier étage où elles ont dû tourbillonner, puis sous ma porte à l'intérieur. Cependant, cela fait trente ans que je pratique régulièrement, la plupart du temps dans des pièces fermées, mais voilà la première fois qu'en me relevant, j'ai trouvé des pétales de roses sur le sol.
- Une mère est venue avec sa fille adolescente de quinze ans en visite à l'ashram pour une dizaine de jours. L'enfant avait un défaut qu'ont souvent les adolescents, une tendance à fuir la communication et à s'enfermer en soit même en écoutant de la musique, en particulier avec un walkman. En fait, quand elle est arrivée à l'ashram de Mâ, son walkman est tombé en panne, elle a essayé de le réparer mais sans succès.
Elle pensait le jeter, mais l'a quand même gardé avec elle. Pendant tout le séjour, elle a été "obligée" d'entendre parler de vie spirituelle... La veille du départ, n'ayant rien à faire, elle a de nouveau essayé d'ouvrir le walkman, qui c'est elle remet à fonctionner spontanément...
- Je m'étais dit qu'au mois d'août, comme la plupart des français, il fallait que je prenne des vacances à l'intérieur même de mon ermitage, c'est-à-dire je cesse de travailler sur mon ordinateur pour rédiger le Jay Mâ ou d'autres écrits, ou même pour la correspondance. Il  me restait à rédiger un article très bref que j'avais promis comme contribution à un ouvrage qui va sortir pour le 50e anniversaire d'Amma.
Je l'ai écrit le vendredi 1 août au matin. Le samedi 2 août, il y a eu une forte surcharge de courant tout à fait imprévue dans le système électrique et l'adaptateur de courant de l'ordinateur a été grillé en un rien de temps. Je ne pouvait donc m'en servir, le temps de commander un nouveau à Delhi, car il n'y en avait pas à Almora, cela m'a emmené jusqu'au 28 août, juste le temps de rédiger ce Jay Mâ avant de redescendre dans la plaine.
- Comme j'étais dans l'ensemble en silence, il y a peu de monde qui est passé à Dhaulchina, cependant, j'ai eu la surprise un jour de voir arriver avec leur sac à dos un lointain cousin avec sa jeune femme, Guillaume et Juliette. Il sont restés une semaine faire retraite et ont continué ensuite leurs périple par un trek en Himalaya très heureux de leur séjour ici. Cinq semaines plus tard, un couple d'enseignants qui avaient perdu leurs deux seuls enfants dans un même
accident de voiture m'a demandé l'autorisation de venir. Vu l'épreuve spéciale qu'ils avaient traversée, je la leur ai donnée. En m'entretenant plus avant avec eux, je me suis aperçu que leurs deux enfants s'appelaient Guillaume et Julie. Je leur ai donné un cadeau pour Guillaume et Juliette, en pensant qu'il y avait là un signe de Mâ : les rencontres se poursuivent, on est uni dans les Soi non seulement à ses propres enfants disparus mais aussi aux enfants des autres qu'on rencontre "par hasard", la vie continue...


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Inauguration  de l'école de Mâ Anandamayî



au village de Jamradi en contrebas de l'ermitage de Dhaulchina
par Jacques Vigne



   Le village de Jamradi est « en contrebas» de l'ermitage de Dhaulchina au sens himalayen du terme, c'est-à-dire qu'il y a 1.200 m de dénivelé à descendre pour y parvenir ! Là-bas, il y a des fidèles de Mâ qui ont entrepris  en 1995 d'ouvrir une nouvelle école de Mâ. Elle s'est installée dans des locaux prêtés. Vers 2000, grâce à des donations, ils ont pu acheter un nouveau terrain, bien situé avec une vue magnifique sur les collines de l'Himalaya. En avril 2001, un groupe de Français et de Belges est venu pour une semaine de retraite à l'ashram de Patal Devî à Almora. Ils ont visité Dhaulchina, et comme il y avait dans ce groupe une professeur de lettres et de hatha-yoga de Châlons-en-Champagne  avec six de ses élèves,  ils ont décidé d'organiser là-bas un programme avec Jacques Vigne et que tout le bénéfice irait pour la construction de cette école primaire. Ce qui fut fait en mi-décembre 2001, avec une conférence du vendredi soir qui a réuni plus de 200 personnes et un stage de week-end avec plus de quatre-vingt-dix personnes.  A partir de là, les travaux ont progressé, on a un peu attendu pour bénéficier aussi d'un crédit
du député local, qui  possède un fonds de développement qu'il peut distribuer lui-même. Il a contribué pour un tiers, et le groupe de Châlons pour deux tiers. Il était présent à l'inauguration du samedi 30 août dernier, avec un autre député.  L'école a déjà plus de quatre-vingts enfants, avec trois salles pour les accueillir. Elle est reliée au réseau des shishu mandir-vidya mandir [temples des petits enfants - temples de la connaissance] organisé par l'ashram de Shrî Aurobindo à Pondichéry et qui compte de nombreuses écoles primaires et secondaires dans toute l'Inde.
  Dans une des salles de l'école, on avait organisé la lecture d'une partie du Râmâyana, le Sundarakhand [la « belle partie »] . C'est la tradition de lire une partie ou tout le Râmâyana pour l'inauguration d'une maison. On avait installé un dais avec le livre sacré lui-même, une photo de Mâ Anandamayî, et sur le côté une photo de Swami Nirgunânanda, qui avait fait le lien pour permettre la construction de cette école. On avait fabriqué aussi dans la même salle de classe un autel en boue séchée, védi, avec des yantras dessinés à la farine. Un vieux moine adorateur de Râm et de Hanuman, Sitaram Baba,  était venu. C'était lui qui avait posé la pierre de fondation de l'école il y a deux ans, il est âgé,
dit-on, de 105 ans. Il est très aimé dans la région, et quand il organise des lectures du Râmâyana, des milliers de gens peuvent venir. Après les discours des politiciens, il a mis de l'ambiance en clamant  le nom de Râm dans l'assemblée, qui lui a répondu par une ovation et des rires,  c'était un joyeux et sain rappel qu'il n'y a pas que la politique et la distribution des subventions sur terre...
  Un détail intéressant qui nous met dans l'ambiance millénaire de l'Inde : au début de la cérémonie, sur la terrasse de l'école avec cette vue splendide sur l'Himalaya, on a distribué  les guirlandesour honorer les hôtes de marque : on a commencé par le seul Swami en orange présent, et on a terminé par les images de Sarasvatî, déesse de la connaissance et des écoliers.
Il y a de nombreux dieux en Inde, mais quand on a la chance d'avoir un Swami dans l'assemblée, qui est en principe  le canal vivant du Divin, on l'honore en premier lieu.
Trois enseignants francophones sont passés entre fin juillet et mi-août et ont voulu faire une donation à l'école ; nous avons décidé de l'attribuer pour un meilleur salaire des quatre instituteurs. En effet, ceux-ci sont payés environ 20 ? par mois, de ce qui est très peu pour vivre,  même dans un village de montagne où la vie est moins chère que dans les villes. Il y aura aussi en principe une correspondance en anglais  établie entre les élèves du village de Jamradi et ceux  d'une petite bourgade du département de l'Aube. Le couple de professeurs qui venait de là-bas souhaite aussi y organiser une collecte pour offrir l'internet à la grande école du canton, qui compte environ 400 élèves. Mâ permet des liens inattendus entre les gens et les pays...


Nouvelles


- Swami Nirgunânanda poursuit son tour en Europe.
Après être du 5 au 9 juillet au domaine des Courmettes au-dessus de Nice il va dans la région de Londres durant quelques jours puis un mois aux États-Unis pour revenir en Inde le 16 octobre.
- Le grand moment de la Durga poujâ sera le 3 octobre, il s'agit de Mahâshtamî  le moment précis où Durgâ a tué le démon Mahîsha, à la jonction des deux journées lunaires, c'est-à-dire à une heure qui varie tous les ans, à 7h du matin cette fois-ci ; pour cette année, le calendrier hindou est plutôt en avance, et donc il faut s'attendre à ce que les dates des fêtes, y compris l'anniversaire de Mâ, soit plus tôt que 'habitude.
- Il y aura deux voyages organisés en 2004 à la rencontre de Swamis disciples de Mâ Anandamayî en compagnie de Jacques Vigne : 1) du 10 au 25 avril, quatre jours à Kankhal où nous rencontrerons en soirée Swami Vijayânanda, et verrons pendant la journée  la demi Koumbha-Méla d'Hardwar qui rassemble plusieurs millions de personnes. Mâ disait que cet événement était "l'étendard de l'hindouisme", car on peut voir ensemble toutes les congrégations de
sadhous et les nombreux fidèles (environ six millions) qui viennent  leur rendre visite sur les bords du Gange.  Cette fête a lieu six ans après la précédente et avant la suivante grande Koumbha-Méla. Nous monterons ensuite faire un peu de promenade   dans le grand Himalaya, dans la région d'une des sources du Gange, Kédarnath.
2)  Du 3 au 24 juillet, nous ferons principalement une douzaine de jours de retraite en silence à Dhaulchina même, excepté les périodes de satsang. Swami Nirgunânanda sera présent. Le thème de la retraite sera : "l'écoute du silence et l'enseignement de Mâ Anandamayî". Puis nous descendrons à Kankhal pour quelques soirées avec Swami Vijayânanda et une visite des environs, surtout Rishikesh et le début du Gange himalayen.


Renouvellement des abonnements


La plupart d'entre vous ont renouvelé leurs abonnements. Pour ceux qui ne l'auraient pas fait, ou pour les nouveaux, il est possible d'envoyer un chèque de 14 ? à l'ordre de Jacques Vigne à l'adresse suivante :
Mme Magali Combal. Vous serez abonnés jusqu'en fin mars 2005.


Table des matières



Paroles de Mâ citées par Atmânanda
Une réponse de Vijayânanda
Sur les traces des Yoguis par Vijayânanda
En compagnie de Mâ Anandamayî par Bithika Moukerjî
Comment je suis devenue une disciple de Mâ Anandamayî par Dîpikâ Bansal
Le son du silence par Marion Mantel
Prière à la mère divine : « donne-lui un nom » par Marion Mantel
Pushpadidi, la fontaine du Son de la félicité par Brahmachârinî Gîtâ Banerjî
Quelques "samyogs" récents de Mâ par Jacques Vigne
Inauguration  de l'école de Mâ Anandamayî à Dhaulchina par Jacques Vigne
Nouvelles
Renouvellement des abonnements
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