JayMâ-n°121
(ETE 2016)
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Paroles de Mâ
Chapitre 5
Extrait du livre ‘Paroles de Mâ Anandamayî-Classées par thèmes’
Ishwar, Dieu, Ishta
(suite et fin des extraits de ce livre)
Tout dépend de Dieu, dans tous les domaines. Faites-lui entendre vos prières et présentez- lui vos offrandes. Il vous faut le suivre tout au long de votre vie. Il n’y a pas d’autre voie. Sans Lui vous êtes impuissants. Parce que c’est Sa création. Tout ce qu’Il fait Il le fait pour le bien de tous. Vos pensées égoïstes et d’intérêt personnel ne sont pas bénéfiques. Vous êtes les enfants de l’immortalité, pourquoi vous laisserait-Il aller vers la mort ?
Si vous touchez votre doigt, vous, individus, êtes touchés, pourtant vous n’êtes pas votre doigt. Si vous touchez votre vêtement, vous êtes touché, et cependant vous n’êtes pas votre vêtement. Ainsi la « partie » de vous c’est vous et il en va de même pour votre « vous » entier. De même étant un, Il est nombreux, et étant nombreux Il est un. C’est sa Lîlâ. Il est dans Son entièreté dans un grain de sable. Tout comme Il est dans Sa complétude dans l’homme. Il est en intégralité dans Sa complétude – la complétude absolue.
Quand il y a l’état de Bouddha, la compassion est possible, même de l’intérieur du nirvâna. Peu importe la quantité de chaleur que vous soutirez au feu, son intensité ne diminue en rien. Avec Dieu qui possède la complétude, il n’est rien qui puisse rendre malheureux. Dans le royaume de Dieu, dont vous savez qu’Il est la plénitude même, personne, pour quelque motif que ce soit, ne peut être malheureux. Il est souverain et libre.
La signification de Pranava (OM) est Akshar Brahman, (l’indestructible Brahman). Le principe indestructible, qui ne décline jamais, est là, dans toutes les lettres de l’alphabet. C’est pour cela qu’il est nommé Shabda Brahman (la forme sonore de l’ultime réalité).
Il est le père suprême, la mère suprême, le frère suprême, l’ami, le mari – tout cela en un. Il est chaque nom et chaque forme. Il est également sans nom et sans forme. Aussi, la voie où règne Son souvenir constant dans le coeur et dans l’âme, engendre la paix. Cette voie-là doit être tentée.
Tous sont enfants de Dieu. Et pour Lui il ne peut être question de bas et de haut. Il tend Sa main à tous ceux qui désirent Son étreinte.
Il est dans la nature de Dieu de garder la porte toujours ouverte. Si ce temps et cette énergie que nous consacrons à des tâches d’ordre commun, nous les utilisons pour Lui, alors la voie vers la connaissance du Soi s’ouvre d’elle-même devant nous.
Tout comme la vache nettoie son veau en le léchant et le débarrasse de toutes ses salissures, Dieu Lui aussi, débarrasse Ses enfants de toutes leurs imperfections afin de les rendre purs et sacrés. Il convient de se mettre à l’œuvre sans tarder, en gardant toujours Dieu à l’esprit.
Quelle que soit l’action que Dieu entreprend, Il le fait pour notre bien. La chose est difficile à comprendre pour l’être humain. C’est pour cela que lorsque les désirs d’une personne ne sont pas exaucés, il en résulte tristesse et souffrance. Maintes fois, obstacles et difficultés se dressent sur la voie d’un désir honnête et droit, ou d’un acte louable. Il faut toutefois se rappeler que les raisons pour lesquelles Il nous fait passer par là, sont au-dessus de notre compréhension. Il est bon et clément et nous fait don à tout moment de Sa miséricorde.
Dieu est parfait. Venez à Lui pour recevoir la lumière de cette perfection. La souffrance du monde est dans le sentiment de l’absence de Dieu. Là où est la révélation de Dieu, il n’y a ni dualité ni souffrance.
Lorsque vous voyez une pierre il n’y a pas vigraha (la conscience claire que Dieu est présent dans une statue de pierre) et lorsque vous voyez vigraha, il n’y a pas de pierre. Dieu est là quand vous pensez à son image en tant que Dieu. Si l’on dit que c’est l’image de Dieu, alors il est souhaitable de faire un effort pour Le visualiser. Lorsqu’il y a le concept « pierre », il y a « durbuddhi » (Dieu est loin. Dur = loin, buddhi = concept, intuition, Mâ joue aussi sur les mots car, comme nous l’avons vu, dur-buddhi peut aussi signifier ‘mauvaise pensée’). Ce n’est pas une réflexion spirituelle. L’intelligence dont on use pour obtenir le bonheur objectif et terre à terre, est sujette aux changements, pas sa forme immuable, mais sa forme éphémère. Mais lorsqu’il y a révélation de Dieu uniquement, il n’est plus question d’impermanence. Dans la perspective que vous avez de la création, il n’y a pas de permanence. C’est parce qu’elle est sujette aux changements qu’une pensée est dite « terre à terre », « ordinaire ». Peut-il y avoir révélation (dans la pensée ordinaire ?) – c’est la destruction. Où il y a destruction, il n’y a pas illumination du Soi. Où est le Soi ? Là, la destruction n’est pas éliminée. La destruction doit être détruite.
Aussi longtemps qu’il y a « moi » et « mien », il n’y a pas le sentiment de Dieu.
Il n’y a plus d’affliction lorsqu’on est capable d’aimer Dieu. Le sentiment même d’être séparé de Lui n’est que bonheur. Ce n’est que lorsqu’on L’aime qu’on éprouve le sentiment profond d’En être séparé. Qu’est-ce que le viraha (vi = particulier, raha = existe) ? (vi- signifie en général loin, d’om le sens ‘exister loin de’, c'est-à-dire ‘séparation’. Ici, Mâ réinterprète le mot d’une façon nouvelle). Seul celui en qui Dieu existe de façon particulièrement forte, est en mesure d’éprouver ce sentiment de séparation.
(Traduit de l’anglais par Jean E. LOUIS)
Editions Unicité : francoismocaer@yahoo.fr chez qui on peut se procurer le livre dont nous donnons ici le dernier passage choisi et qui nous a accompagnés pendant plusieurs saisons.
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Une jeune tétraplégique
retrouve le sens de la vie
sous le ciel de l’Inde
Propos recueillis par Jacques Vigne
A 22 ans, Hélène se rend pour six mois en Inde et ce voyage change sa vie. À 30 ans, un accident de la route la laisse tétraplégique. Après deux ans de traitement hospitalier, elle décide de retourner se faire soigner en Inde avec l’Ayurvéda, le yoga et la méditation. Partie pour trois mois, elle s’installe en fait six ans à Pondichéry et effectue un travail en profondeur au niveau du corps et de l’esprit. Elle livre son témoignage à Jacques Vigne qui est passé, en tournée de conférences et séminaires, tout à fait au sud de l’île de la Réunion où elle vit maintenant, près d’une côte du bout du monde.
Entretien (du 23 octobre 2014)
Jacques : Aller se faire soigner en Inde avec l’Ayurvéda pour des maladies graves est un sujet dont on parle : l’émission sur Arte, Mon médecin indien, raconte, par exemple, l’itinéraire d’une femme qui va se soigner en Inde de son cancer du sein, avec la médecine traditionnelle. Elle rencontre à son retour en France son ex-cancérologue qui accepte de venir rencontrer les médecins indiens qui l’ont soignée. Hélène, tu as aussi bénéficié en profondeur non seulement de l’Ayurvéda, mais de l’atmosphère spirituelle de l’Inde après ton terrible accident. Quel a été ton itinéraire de vie avant ton accident, y compris avec l’Inde ?
Hélène : Je suis d’une famille qui avait de grandes qualités intellectuelles : mon père était chirurgien cardio-vasculaire à Marseille, et ma mère était conservatrice du Musée archéologique dans la même ville. Cependant, ils n’avaient aucun intérêt pour la spiritualité, et pour ma mère, c’était même une fermeture active et parfois agressive. Leur laïcité avait un côté totalitaire. J’ai, en quelque sorte, réagi à cette attitude, en me plongeant assez jeune dans la Bible, le Coran, et à l’âge de 22 ans, soit en 1994, j’ai décidé d’aller passer six mois en Inde. Certes, j’avais le goût du voyage dans mes gènes si l’on peut dire : mon arrière-grand- père était d’une famille de 18 enfants dans les Alpes, il était parti à Marseille pour s’engager dans la marine comme mousse. Il a écrit de jolies cartes postales de tous les ports du monde qu’il visitait, et nous avons gardé cette collection qui m’a fait rêver durant mon jeune âge. Le métier de ma mère, comme archéologue spécialiste de la Grèce, m’avait ouvert à la culture ancienne, et le grec que j’ai appris est très proche du sanskrit. Dans ce sens je me suis sentie assez rapidement à l’aise en Inde. Pour préparer mon voyage, j’ai directement acheté dans une petite boutique spirituelle près du Châtelet, un livre : La méditation selon les Oupanishads. Je n’y ai rien compris, mais j’étais malgré tout fascinée. Une fois partie, je me suis retrouvée directement dans le feu de l’action en participant à la demi Kumbha-méla d’Allahabad en 1994. Elle survient six ans après la grande Kumbha-méla, et est plus petite qu’elle, mais réunit quand même quelques millions de personnes. J’ai rencontré rapidement un sadhou de la congrégation monastique la plus ancienne de l’Inde, la Juna Akhara (juna signifie « ancien » en sanskrit). Ce sadhou boiteux m’a amenée directement à un de ses collègues de cette congrégation qui était français. J’étais donc d’emblée dans le bain, il m’a appris des tas de choses en me traduisant ce qui se disait en hindi. Parfois, avec mes amis occidentaux, nous parlions trop, et les premiers mots que nous avons appris en cette langue ont été tchup thap bêto « Taisez-vous et restez assis ! ». Le gourou que j’ai rencontré était Kalyanpuri d’Omkareshwar, un lieu de pèlerinage dans le centre de l’Inde. C’est une île en forme de Om enserrée par la rivière Narmada dans le Madhya-Pradesh. J’ai reçu de lui un mantra de Shiva qui m’accompagne constamment depuis lors. Après la Kumbha-méla, nous avons suivi les sadhous à Bénarès, puis à Girnar au Goujarat pour la Shivarâtrî. Cette fête là-bas représente le plus grand rassemblement de sadhous de l’Inde après la Kumbha-méla. Nous avons été reçus par des Swamis très instruits qui d’emblée, nous ont appris énormément sur le shivaïsme. De retour de ces six mois initiatiques, j’ai acheté une édition abrégée du Mahâbharata et le livre de poche de l’enseignement de Mâ Anandamayî, qui m’a beaucoup inspirée : j’étais étudiante, je n’avais pas d’argent pour acheter de nombreux livres.
J’ai rapidement rencontré après mon retour un ami musicien et shivaïte, qui avait l’esprit de simplicité de l’Inde : il vivait avec un matelas et une casserole ; nous avons décidé de faire notre vie ensemble et nous avons eu un bébé que, d’un commun accord, nous avons appelé « Satya », ce qui signifie « vérité » en sanskrit. Après, la vie a suivi son cours, j’ai fait une licence en cinéma puis une maîtrise en organisation des spectacles, ce qui m’a permis de travailler avec celui qui est devenu mon mari et de le soutenir dans sa carrière d’auteur- compositeur. Il pratique le style reggae, en incluant dans ses chansons beaucoup de sens profond et d’amour.
Ton lien déjà constitué avec l’Inde spirituelle t’a-t-il aidée après l’accident ?
A l’âge de 30 ans donc, est survenu ce terrible accident de la route près de Toulouse. Quand je me suis réveillée de mon coma, j’ai compris que j’étais soudain devenue tétraplégique à vie, je me suis exclamée Om Shiva Baba ! Et l’esprit de renoncement de ces sadhous rencontrés en Inde a refait surface dans mon esprit pour m’aider à avoir une première acceptation de base de la situation. Cela s’est traduit en pratique par :
- Le vœu de rester soudée en me mariant avec mon compagnon et de faire face. La force de l’amour, de la volonté et de la foi en le fait que « tout est possible ». L’espoir et le courage.
- La certitude immédiate que tout cela a un sens, un sentiment très profond que je peux transcender cet état de fait, une grande confiance dans mon corps que je n’ai jamais considéré comme malade. J’ai effectué ma rééducation très sérieusement, consciente que j’étais à un niveau zéro et que je devais tout réapprendre, à commencer par respirer, puis parler, manger, tenir ma tête … à la manière d’un nouveau-né ! J’ai vécu cela comme un cadeau et continue encore aujourd’hui à veiller sur moi-même et mes progrès quotidiens … C’est devenu mon yoga, ma sâdhanâ, ma recherche de la vérité.
Par quel travail de conscience as-tu pu vaincre la spasticité, qui est une sorte de second handicap venant s’ajouter au premier de la tétraplégie elle-même ?
Mon corps a, dès le début, été inondé de médicaments contre tous les problèmes avérés de la tétraplégie, dont d’abord la spasticité. Quand j’ai rapidement fait le point, j’avais 11 médicaments différents y compris le tranxène, le stylnox, le rivotril… j’étais à la dose maxima des myorelaxants habituels et on m’appelait « Madame contracture » au centre de rééducation. Je me suis battue contre le système qui veut nous endormir et préfère couper ce qui dérange plutôt que de chercher à comprendre (je suis fille de chirurgien cardio- vasculaire !) J’ai tout arrêté après trois mois de rééducation sauf le baclophène à faible dose. Je côtoie la médecine depuis toujours, j’ai rencontré de grands neurochirurgiens qui m’ont avoué qu’ils ne savaient rien sur la moelle épinière, que tout était possible, qu’il y avait toujours de l’espoir.
Dans ce sens, j’ai senti que mon corps restait vivant et réagissait au monde extérieur et intérieur, agressions, peurs, stress, souffrance morale, alors j’ai compris qu’il n’était pas « tétraplégique » et que je ne l’étais pas non plus, j’étais autre chose que cela, je l’étais avant et je le suis toujours. Alors j’ai revendiqué mon droit à me soigner moi-même. Je me suis tournée vers la méditation, la pensée positive et la pratique de l’autohypnose pour me calmer. Grâce à cela, je n’ai fait que six mois de centre de réadaptation, aucune opération, je vis à mon rythme et j’avance en confiance.
En fait, les deux ans qui ont suivi n’ont pas été faciles : déjà, les médecins avaient tendance à me bourrer de médicaments dont je ne voulais pas vraiment. L’ambiance du centre était humainement assez négative, tout le monde fumait là-bas, il n’y avait que cela à faire, je suis donc tombée dans cette addiction au tabac. J’ai fait deux tentatives de suicide, une fois je suis partie le plus vite possible avec ma chaise roulante en voulant rentrer sur l’autoroute voisine et me faire percuter par une voiture pour en finir. Heureusement, les infirmiers courent plus vite qu’une tétraplégique qui tourne les roues de sa chaise, ils m’ont donc rattrapée et j’ai évité de faire cette bêtise fatale. J’ai failli aussi périr de septicémie. Lorsque j’ai reçu mon certificat de la Cotorep avec l’intitulé : « inapte au travail », j’ai senti une rébellion en moi. Je ne suis pas « la tétraplégique de la chambre 208 », comme on me désignait à l’hôpital, je suis moi-même, et c’est beaucoup plus vaste. Nous voulions de toute façon avec mon mari retourner en Inde pour y vivre et l’image de cette terre est revenue en force à notre esprit. Nous sommes donc partis à Pondichéry trois mois pour essayer. Nous y sommes restés six ans ! Les deux premières années ont été concentrées sur le traitement du corps, les massages ayurvédiques me faisaient un bien énorme, mais étaient forts, souvent je restais couchée pendant deux jours entre les séances. J’ai ajouté une ostéopathie influencée aussi par la méthode Feldenkrais. Je dormais beaucoup, c’était mon corps qui se reconstituait. J’ai été beaucoup aidée par la médecine ‘siddha’, qui est la thérapie traditionnelle du Tamil-Nadu. J’ai aussi lu énormément, récemment, j’ai fait deux ans d’interruption, mais je me remets maintenant avec plaisir à la lecture grâce à de bonnes lunettes…
Entre l’ayurvéda de Pondichéry et l’ostéopathie d’un expert d’Auroville, j’ai pu arrêter tous mes médicaments, à part le Baclofen qui est spécifique contre la spasticité des tétraplégiques. Ce problème est un effet secondaire principal de cette atteinte, difficile à combattre. Cependant, j’ai beaucoup progressé. Les kinésithérapeutes m’avaient affirmé que jamais je ne retrouverais la capacité de chanter, pourtant j’ai accompagné mon mari en chantant en concert devant des salles entières. Le travail en piscine m’a aussi beaucoup aidée, et je continue avec le massage, qu’il soit ayurvédique ou autre. J’ai aussi effectué l’électrostimulation sur les points varma, ils sont comme des points d’acupuncture, mais dans le système ayurvédique. J’ai aussi reçu beaucoup d’amour de mon professeur de chant carnatique qui m’a très patiemment fait progresser dans son art malgré mon gros handicap.
Mon ostéopathe à Pondichéry était Goupi, disciple d’un ex-champion de boxe bengali devenue thérapeute corporel. Depuis 40 ans, il vit à Pondichéry, où la Mère lui avait donné pour mission de soigner les corps. Tout le monde le connaît là-bas avec son short et son vélo. Il parle non seulement sept ou huit langues, mais il sait aussi s’adresser directement au corps. Il accompagnait mes efforts de marche soutenue par des mantras comme Om Jay Ma !, et mes exercices exigeants par des injonctions peu communes du style : « Accouche de la lumière, accouche du Soi ! » Cela stimulait considérablement mon cœur à la tâche. J’ai aussi été très encouragée quand j’ai vu qu’il avait réussi à faire finalement marcher un tétraplégique dont un orteil s’était mis à fonctionner de nouveau après douze ans.
En six ans, nous avons appris pas mal de tamoul avec mon mari, car nous habitions dans un village près de Pondichéry et cela était naturel de s’y mettre. J’ai aussi rencontré une élève française de Desikachar qui avait, comme moi, mis son fils au lycée français de Pondichéry, tout en allant régulièrement pour des cours au Yoga Mandiram de Chennaï. Ces cours de yoga, individuels et adaptés, m’ont considérablement aidée. J’avais fait de la danse indienne avant mon accident, dans le style du nord, mais maintenant je découvrais l’efficacité du hatha- yoga adapté. Il y a vraiment une révolution à faire pour le traitement de la tétraplégie, en Occident on ne propose qu’une gymnastique passive, alors que le travail des gestes conscients est très important.
Du point de vue psychologique et spirituel, j’ai clairement senti que pour une handicapée, malgré les facilités matérielles offertes, tout posait des problèmes en France. Par contre, en Inde tout est possible. Dès l’arrivée à l’aéroport, on me disait, Yes, it is possible, no problem ! Et plein de choses se mettaient en place. Ce qui m’a beaucoup aidée pour donner un sens à ma vie a aussi été l’amour pour mon enfant, Satya. Il avait cinq ans lors de l’accident, et son éducation normale a toujours été pour moi une priorité.
Je ne suis pas adepte des grandes organisations, mais étant à Pondichéry, j’ai beaucoup bénéficié de la pensée de Shrî Aurobindo et j’ai été impressionnée en allant visiter la chambre où il a vécu pendant plusieurs dizaines d’années à l’ashram. De plus, j’ai été influencée positivement par l’esprit d’Auroville. Certes, il y a des erreurs et des critiques à propos de cette grande organisation, mais ceux qui s’y engagent sont, pour la plupart, sincères, et ils effectuent toutes sortes de réalisations fort utiles dans le domaine de l’écologie par exemple.
J’ai reçu une aide spirituelle considérable en rencontrant Râmana Mahârshi. Déjà, la bonté de son visage m’a tout de suite conquise, j’aurais bien aimé l’avoir eu comme Papy, et je ne pense pas être la seule... La simplicité de son travail sur le « Qui suis-je ? » m’a redonné confiance en moi. J’ai pu voir clairement ma vraie nature au-delà de l’accident et de la tétraplégie. Si je devais résumer l’effet de son enseignement sur moi et les gens que je connais, je dirais qu’il est très rassurant. La simplicité de sa vie aussi a été pour moi une leçon. Son rapport très direct avec les animaux également. Tout cela représente de bons gages d’authenticité.
La Mère de l’ashram de Pondichéry m’a aussi beaucoup inspirée : ses enseignements sur le pouvoir du mental afin même d’aller changer les cellules du corps, m’ont donné une ligne directrice dans ma lutte intérieure contre le handicap.
Pries-tu ou fais-tu des vœux pour le bien du monde ?
Non, je ne pratique pas vraiment de pensées ou de prières pour le monde, je me rends compte de mon égoïsme, je ne suis pas baptisée, je prie seule et ne demande rien, je prie pour apaiser mon mental, pour être dans l’amour, je crois à la philosophie humaniste, à l’amour de l’homme et de Dieu, à la force de la nature. Je cultive mon jardin, protège ma famille, respecte la vie en toute chose.
As-tu des modèles parmi les handicapés célèbres ?
Je n’ai pas, ou que peu de modèles parmi les handicapés, sauf chez les artistes aveugles ou musiciens handicapés qui transcendent par l’art leur handicap. Il y a aujourd’hui M.Erickson, père de l’hypnose, le « guérisseur blessé », et Alexandre Jolien, philosophe et IMC. Après mon accident, j’ai eu plusieurs entretiens avec Annick de Souzenelle qui m’a fait sentir qu’un des sens de ma souffrance et des solutions spirituelles que j’y trouve était, entre autres, d’ouvrir ma propre famille à cette dimension. Cela marche assez bien pour mon père, moins pour ma mère. Elle m’a gentiment envoyé des ajouts, non publiés à cette époque, à son livre Le Symbolisme du corps humain sur les os et la moelle, qui m’ont beaucoup intéressée.
Pourquoi es-tu revenue de Pondichéry à la Réunion il y a deux ans ?
En fait, il faut avouer que la vie en Inde en tant que femme blanche et fortement handicapée n’était pas si facile. Je devais avoir une équipe de sept personnes pour s’occuper de moi, cuisinière, femme de ménage, chauffeur, etc. Certes, ils étaient tous dévoués, mais c’était lourd. Ici, je peux prendre ma propre voiture avec conduite assistée et beaucoup de choses pratiques marchent mieux. Je retrouve à la Réunion le fonctionnement matériel pratique de la métropole — avec le soleil en plus. La tétraplégie perturbe la régulation thermique et rend par exemple les gens frileux, c’est une des raisons pour lesquelles je me sens bien ici avec le climat tropical. Plus profondément, 30% de la population de l’île est d’origine indienne, et nous sommes baignés par l’Océan indien. Le pays de Gandhi et de Ramana Maharshi n’est qu’à six heures d’avion, j’y retourne d’ailleurs bientôt.
Nous avons, avec des amis, un projet de vie très proche de la nature dans les Hauts de Saint-Leu qui inclura aussi un autre jeune tétraplégique par accident, qui est devenu comme un petit frère. Certes, nous avons à faire un certain nombre de demandes d’aide, mais je m’y connais depuis le temps que j’en remplis, et d’habitude je réussis à obtenir celles que je demande ! Les choses sont donc assez bien parties, nous sommes maintenant propriétaires, avec notre petit groupe, d’une belle maison en bois entourée d’un grand terrain dans la forêt.
J’espère pouvoir vous accueillir la prochaine fois pour un stage de méditation ouvert à tous, y compris à ceux qui ont peu de ressources financières…
Penses-tu que tu puisses atteindre la joie intérieure complète avec ton handicap ?
Oui je pense que je peux le faire, en effet :
- Je ne suis handicapée que par rapport aux autres et au monde, ce n’est qu’une question d’adaptation pratique. J’ai besoin de plus de soins, d’attention et de vigilance que les « valides ».
- Mon corps est paralysé, dans l’incapacité de bouger comme les autres et de ressentir au niveau cutané, immobile certes, mais pas inerte !
- La première chose que m’ont apprise les sadhous, c’est de m’assoir et de me taire ! J’ai vécu en pleine santé et vitalité dans mon corps jusqu’à 30 ans, « un esprit sain dans un corps sain ». Je connais la marche, la danse, la jouissance, la douleur physique, tout cela est en moi, je le revis en pensées, en rêve, c’est vivant.
- Il faut dépasser la frustration, le manque, le désir, le regard des autres, ACCEPTER ce qui est, c’est la seconde leçon que j’avais reçue en lisant Le livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rimpoché. Par ailleurs, le Dalaï-lama dit « tout n’est que souffrance », alors je ne suis pas plus handicapée que vous…
- Ma paralysie physique est ma voie de rédemption, mon épreuve dans cette vie, mon God gift comme me disent les indiens, mon cadeau divin, je le conçois comme un rappel à l’ordre supérieur pour me forcer à me réaliser.
Je discute beaucoup de spiritualité avec mes amis, je suis reliée à certains très intensément, je rencontre les personnes que je dois rencontrer au moment où il le faut, je reconnais que je ne suis pas seule, il y a une « communauté » universelle, une tribu de gens « connectés ». Au fond, cela me touche que vous m’interviewiez maintenant à propos de mon itinéraire de vie, car dans quinze jours, cela va faire 12 ans exactement que j’ai eu mon accident. Je crois aussi que ce cycle a du sens, et très bientôt je repars pour trois mois et demi à Pondichéry. L’Inde a été pour moi, mon mari, ou mon fils, un grand apprentissage de la vie simple. En étant pénétré comme par osmose par l’ambiance du shivaïsme, mon jeune fils en particulier a mieux accepté l’impermanence du monde, car il a failli me perdre à trois reprises. Je peux dire que ma vie entière depuis l’âge de 22 ans a été marquée par cet esprit de simplicité.
Sens-tu que tes limitations motrices t’ont aidée à développer d’autres facultés ?
Je crois que la paralysie des quatre membres m’a permis de développer plus d’acuité visuelle et auditive, j’ai parfois l’impression de voir « tout », de voir la « trame » du monde entre les choses, d’entendre le vide, c’est difficile à expliquer… De plus mon cerveau semble tout enregistrer, tout remarquer, je me souviens de tout, je pense à tout, je suis très organisée, j’étonne tout le monde car « j’assure », je me débrouille comme un chef et j’aide beaucoup les autres au quotidien, je suis très sollicitée pour mes conseils de vie. Par contre je ne peux plus supporter l’ignorance, la méchanceté, la stupidité… je suis parfois dure et sévère ! J’ai la sensation de « sentir » davantage le monde, les gens, les énergies qui m’entourent. Je sens de plus en plus le besoin de me mettre à l’écart, de me recentrer, me protéger du monde.
Réalises-tu que ton exemple peut inspirer un grand nombre ?
Oui, j’ai conscience que je peux être un exemple de résilience et de courage, on me le dit tous les jours, parfois on m’arrête dans la rue, les gens qui m’aiment me le confirment, ils croient en moi, mon fils est fier de moi et m’écoute avec respect, il sait, il a confiance, il me rappelle à chaque instant que je suis sur le bon chemin. Oui je crois qu’un jour mon expérience pourra en aider d’autres, je suis honorée d’être un exemple, c’est magnifique de donner cela, ma force, ma foi, mon amour de la vie.
J’ai toujours eu un sourire épanoui, même au réveil du coma, j’aime sourire, j’aime la vie, j’aime mon corps, mes pieds, mes mains… j’aime l’Inde, là-bas il n’y a plus de handicap, il y a le tout et j’en fais partie.
Le mantra Om namah shivaya m’accompagne depuis 20 ans, Ganesh est mon partenaire au quotidien, et je sais que la voie de la connaissance, du jnâna yoga est infinie, salutaire, magnifique.
MERCI, de m’avoir permis de faire le point Merci, d’avoir écrit vos livres
Merci de me ramener à la conscience, de m’ouvrir de nouvelles portes
JAY !
Hélène de Paolis habite depuis quelques années dans une sorte de bout du monde, à Grand- Bois, près de Saint-Pierre, la capitale du sud de l’île de la Réunion. Au-delà, il n’y a que des milliers de kilomètres d’océan jusqu’à l’Antarctique. On peut la contacter à heleneva72@outlook.fr
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Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché,
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !
(Extrait de Vers Dorés, Gérard de Nerval)
– Poète visionnaire, Gérard de Nerval nous montre la marche à suivre : Honorer le vivant, Réaliser notre transformation pour l’ouverture de notre conscience à la Vie.
(‘Bulletin du Transpersonnel’ – Avril 2012)
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Réponses de l’ermite sur Dieu
9 octobre 2015
Nous avons reçu aujourd’hui à l’ermitage de Dhaulchina la visite d’un groupe d’une douzaine de jeunes Allemands en formation de professeur de yoga avec Lothar Wester qui a lui-même reçu l’initiation de Swami Bhaskarânanda et a arrangé un petit centre de séminaires près du village en contrebas de l’ermitage. Lothar a posé comme première question du satsang : « Comment considérer Dieu, à la fois en général et dans l’enseignement de Mâ ? » Swami Nirgunânanda, gardien de l’ermitage de Dhaulchina, s’est lancé dans une grande réponse qui a fait pratiquement tout le temps du satsang. Il a d’abord expliqué comment Dieu n’était déjà qu’un mot, un concept qui n’est apparu finalement que très tard dans toute l’histoire de l’évolution du monde, de toute façon après l’apparition du langage lui-même. C’est par projection mentale que nous imaginons un Dieu créateur qui était là au début du monde. Il nous a ensuite donné une réponse intéressante de Mâ à la question : « Est-ce que Dieu existe ? » « Si vous croyez en Dieu, il existe, si vous n’y croyez pas, il n’existe pas !» Si l’on ne croit pas en Dieu, ce qui est tout à fait possible, Swamijî déconseille cependant de passer son temps à critiquer ceux qui croient.
Une autre définition de Dieu était éthique, c’est pour développer tout ce qui est bon en nous que nous nous concentrons sur ce concept de Dieu. On pourrait résumer cela dans la formule anglaise : God is good. Une troisième définition est reliée à l’expérience méditative de base, c’est-à-dire l’arrêt du mental : « Dieu est le point de quiétude le plus intime vers lequel convergent et viennent se stabiliser toutes nos inquiétudes intérieures ». Swamijî rapproche l’hindouisme du bouddhisme, malgré leurs points de départ apparemment différents, l’hindouisme essayant de s’unir plutôt directement à la félicité et le bouddhisme partant de la souffrance dont on doit se libérer. Il fait remarquer que de toute façon, les deux qualités étaient l’image en miroir l’une de l’autre, et donc le travail à faire n’était pas si différent dans chacune des approches. En conclusion, alors que le groupe était déjà en dehors du temple et prêt à partir, Swamijî leur a conseillé d’être très sérieux… dans le travail de développer la joie dans leur pratique et dans leur vie.
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Conversations
avec Swami Vijayânanda
Recueillies par Aurélie Simonet (Punya) – Suite du N°120…
Aurélie (Punya), après une formation de juriste en Suisse, a rencontré Mâ Anandamayî (on peut dire ‘sur le plan subtil’) et connu Swami Vijayânanda en 2002. Elle a vécu auprès de lui pendant près de 3 ans à Kankhal en Inde. Elle nous livre ses ‘Conversations’ avec Swami Vijayânanda, qui ‘quitta son corps’ en une belle journée de printemps, le Lundi de Pâques 5 Avril 2010, à l’âge de 95 ans. Nous faisons revivre ces conversations comme un hommage à notre vieux Maître, jamais disparu de nos cœurs. Voici la suite de notre N°120 :
Question - Pourquoi est-ce que certaines personnes ont obtenu la Réalisation du Soi alors que beaucoup d'autres ont encore tant de chemin à parcourir avant d'arriver à la Libération?
Réponse. - Du point de vue d'un grand sage, nous sommes tous déjà au stade de la Réalisation. Un jour, j'ai demandé à Mâ de me donner la Libération. Elle m'a répondu "Mais tu ES libre!"… C'est seulement le voile de l'ignorance qui fait que les gens pensent qu'ils sont loin de la Réalisation et qui les fait agir en conséquence. C'est pourquoi la sadhana consiste principalement à enlever progressivement ces voiles (constitués des émotions négatives, des croyances etc.), et à agir conformément à de solides principes moraux, ainsi qu’au Dharma.
Q. - La Grace divine est toujours présente, mais souvent nous ne savons pas être réceptifs. Que faire pour s'ouvrir à la Grâce?
R. – Vivre en récitant constamment votre mantra avec amour, en pensant à sa signification (donc si possible pas mécaniquement). Et en vivant une vie pure, notamment en évitant de faire du mal à quiconque, en étant parfaitement honnête etc.
Q. - Est-il vrai que si je pense être une personne qui commet beaucoup de "péchés", alors je le deviens?
R. - Oui, vous devenez ce que vous pensez, alors ne vous identifiez pas avec votre mental, mais avec votre vrai Soi, qui est pur! Et pensez à Mâ (ou à toute autre manifestation du Divin suprême) aussi souvent et intensément que vous le pouvez. Quand vos pensées s'échappent en direction de ce que vous appelez un "péché", observez ces pensées sans faire ce qu'elles vous suggèrent de faire. Regardez-les simplement, sans jugement, et laissez-les passer, en vous souvenant qu'elles ne sont pas vous, c'est juste votre mental, alors que vous êtes le Soi.
Q. - Quelle est l'importance de dire la vérité?
R. - C'est essentiel pour quelqu'un qui mène une vie spirituelle. Il s'agit d'un des cinq Yamas, l'un des cinq principes moraux fondamentaux dans l'hindouisme (cf. Yoga Sutra de Patanjali). J'aime beaucoup la devise de l'Inde: "seule la vérité vaincra" (satyam evam jayate; on peut la lire sur les pièces de monnaies et billets de banque indiens!). Bien entendu, c'est à combiner avec une autre maxime, qui dit que la victoire est là où est le Dharma. Il faut du bon sens dans la manière de respecter les principes; il existe des moments où il vaut mieux garder le silence plutôt que de dire la vérité, notamment si cela risque de blesser quelqu'un inutilement.
A propos de vérité et d’humilité, voici l'histoire d'un sage hassidique, qui était tellement humble qu'il ne se rendait pas compte de son propre niveau spirituel (très élevé). De trop nombreux disciples se regroupaient auprès de lui, tant et si bien que le rabbin de la ville lui conseilla de leur dire de s'en aller en leur expliquant qu'il n'avait aucun pouvoir, ne pouvait rien leur enseigner etc. Le sage suivit son conseil. Apres avoir entendu cela, les disciples affluèrent de plus belle, reconnaissant à son humilité la qualité du sage. Alors le rabbin, après lui avoir dit "Oh, vous tous aimez tant l'humilité…", lui conseilla de leur dire le contraire, de se vanter qu'il pouvait faire des miracles, etc., afin d'éloigner ces disciples. Le sage, inconscient de son propre pouvoir spirituel, répondit: "mais non, je ne peux pas leur mentir"!
Q. - Quelle est l'influence de l'alimentation sur la vie spirituelle?
R. - Ce qu'on mange et la manière de le manger ont une influence sur le mental; "jaysa ann taysa mann": telle est la nourriture, tel est le mental. Cela peut être une aide (quand c'est sattvique) ou un obstacle (comme la viande) pour la sadhana. Dans ce domaine comme en beaucoup d'autres, il s'agit de trouver un équilibre. L'ascétisme aussi bien que les excès sont à éviter; la modération est l'idéal. Il faudrait traiter le corps avec respect, mais sans s'y identifier, comme un cavalier avec son cheval.
De nombreux sadhakas cherchent du plaisir dans la nourriture, puisqu'ils ne se permettent aucun autre plaisir "du monde". Cela passe dès qu'ils trouvent une vraie joie dans la méditation; alors il n'y a plus d'attirance pour des plaisirs aussi transitoires et extérieurs. En attendant cela, et tout en cherchant à maintenir un équilibre en prenant de la nourriture sattvique en quantité modérée (ce dont le corps a besoin, ni plus ni moins), il ne faut pas oublier que ce qu'une personne mange n'a pas autant d'importance que ce qu’elle donne de compassion et d'amour sincères!
Q. - Qu'entendez-vous lorsque vous parlez de la capacité à contrôler le mental?
R. - C'est la capacité d’arrêter ses propres pensées à volonté, de garder un mental silencieux (au moins calme) lorsqu'il n'est pas nécessaire de l'utiliser. Cela permet de maîtriser désirs, peurs, instincts et impulsions; dès lors la raison domine la passion… C'est cette discipline de self-control qui fait la différence entre une personne forte et une personne faible, et c'est ce qui permet au sadhaka de faire de rapides progrès.
Lorsque votre mental est maîtrisé, vous voyez qu'en réalité les problèmes n'existent pas. Les problèmes ne sont que dans le mental! Nous n'en n’avons pas quand nous sommes en plein sommeil profond (sans rêves) : dans cet état le monde n'existe pas. D'une manière comparable, quand nous contrôlons nos pensées et émotions nous nous libérons des illusions et des croyances négatives qui voilent la réalité, et nous entrons en contact avec notre vraie nature, qui est le Divin suprême. C'est pourquoi la pratique spirituelle consiste surtout dans la purification et la maîtrise du mental pour que notre vrai Soi apparaisse.
Q. - Quelle attitude adopter concernant la Kundalini?
R. - La principale règle à ce sujet est de ne rien forcer, en aucune manière. Un éveil de cette force ne devrait avoir lieu que sous la supervision d'un Satguru (un sage ayant obtenu la complète Réalisation). Toute ouverture des nadis (soit la première étape vers l'éveil de la Kundalini) ne devrait se faire que lorsque le sadhaka a un excellent contrôle de ses désirs (surtout sexuels) et de la colère. Le Satguru teste le disciple pour voir s'il est capable de résister à la pression énorme - et dangereuse - qui vient avec la Kundalini. Dès lors, il ne faudrait jamais rien faire volontairement à ce sujet, mais se contenter de laisser le Satguru s'en occuper, tout en menant une vie pure, avec une parfaite chasteté et un bon contrôle du mental. Avant de parvenir à ce stade ou de rencontrer un Satguru, le karma-yoga est la meilleure manière de se préparer, puisqu'il peut être pratiqué partout et en toutes circonstances. (A suivre…)
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Nouvelles de Ma Sharanam
(4) (Suite des Ashrams de Mâ en Inde)
(Envoyé par Marie-France MARTIN, et suite des N° 118, 119 et 120)
06 décembre 2015 :
Après mon dernier envoi de nouvelles, je pensais que, la vie redevenant plus « normale », je n’écrirais plus guère. Mais certains d’entre vous m’ont demandé de continuer. Je le ferai donc, un peu à la façon d’un journal. Pour nous aussi, ce sera une trace de la façon dont Ma Sharanam va se développer.
Voilà près de 6 semaines maintenant que Swamiji est revenu. Pause sur la construction de bâtiments, finitions qui rendent un peu plus confortable ce qui était déjà vivable, installation dans la durée pour l’hiver. Ici, la température descend rarement en dessous de 10°, et remonte à environ 30° en début d’après-midi, ce sera donc très vivable jusqu’en mars, quand il commencera à faire trop chaud, mais leurs chambres devraient être construites à cette date.
La grande cuisine aussi émerge comme lieu de vie collective. A Omkareshar, on ne pouvait pas avoir trop de monde dans la cuisine, cela dérangeait. Mais ici, 9 ou 10 personnes peuvent y travailler simultanément sans être gênées. Alors, après la prière du soir, le repas n’est habituellement pas prêt, on se dirige vers la cuisine, il y a ceux qui aident à finir de préparer le repas, une bonne dizaine, et ceux qui regardent et papotent.
Mâ Anandamayî disait qu’un ashram n’était pas complet s’il n’y avait pas de vache. Il y en a une, qui nous est arrivée avec son veau âgé de trois jours, il y a environ un mois. La vache, c’est ‘Narmada’, et le veau s’appelle ‘Nandou’.
Un pépiniériste ami nous a fait cadeau de plusieurs centaines de plantes et d’arbres, fruitiers ou donneur d’ombres, d’arbustes décoratifs, de fleurs, et nous avons planté, planté !...Cela a été l’occupation principale des enfants le dimanche matin….
Nous avions déjà une personne du village pour s’occuper des espaces verts, mais devant l’augmentation de la charge de travail, nous avons embauché un second homme chargé exclusivement du potager. Depuis, nous n’avons pratiquement plus besoin d’aller en moto (l’ashram ne disposant pas de voiture) acheter des légumes à 6 km. Nous en avons beaucoup plus, et poussés sans pesticides !...Dans quelques mois, nous allons peut-être avoir nos premiers fruits…
Nous avons reçu nos premiers hôtes occidentaux : D’abord une religieuse autrichienne, puis une femme suédoise et un jeune Italien. Nous attendons un couple cette semaine, puis plusieurs personnes fin décembre…Les amis qui se sont donnés tant de mal pour financer le démarrage de notre ashram et de notre école, sacrifiant leurs économies et leur confort pour venir en aide à leur famille spirituelle dans le besoin, tiennent à venir voir dès maintenant à quoi ressemble leur nouvel ashram !
En début de semaine, nous avons planté un « triveni » triple arbre aux racines enchevêtrées, un neem symbole de Brahma, un pipal symbole de Vishnu, et un banian symbole de Shiva, quand Swamiji s’est figé. Il a demandé une chaise pour s’asseoir, puis du papier et un stylo pour dessiner. Quand il a eu fini son dessin, il nous a dit « le temple de Mâ est là, et nous allons le construire nous-mêmes ».
19 décembre 2015 :
La nouveauté de cette semaine, c’est un petit oratoire dédié à Krishna et Radha. L’oratoire est construit, l’environnement en cours de finition, la statue, qui devait être installée hier, est arrivée trop tard, et maintenant, il faut attendre deux jours, car aujourd’hui et demain ne sont pas astrologiquement favorables. Swamiji, autrefois complètement sceptique à ce sujet, a été complètement convaincu qu’il y avait là-dedans quelque chose de vrai, par la précision des renseignements qui lui ont été donnés par un astrologue sur son passé et son caractère, et depuis a étudié le sujet sérieusement. Il ne croit pas que l’astrologie soit fiable pour prévoir l’avenir d’une personne donnée, car il croit à la liberté des personnes, surtout lorsqu’elles suivent une voie spirituelle, mais il croit à la réincarnation, et que les gens naissent à un moment et dans un lieu donné, donc dans une configuration astrologique donnée, en fonction de leur karma. Il utilise l’astrologie pour choisir le moment favorable pour telle ou telle chose, et pour les individus qui lui demandent conseil, pour leur indiquer leurs points forts et les points qu’ils doivent travailler pour se rééquilibrer.
Le temple de Shiva ne sera pas prêt pour l’installation du Linguam pour Noël. Ce rituel est donc remis à plus tard, probablement dans la seconde quinzaine de janvier.
L’école fonctionne normalement. A son ouverture, les professeurs ont été effarés de découvrir dans toutes les classes, jusqu’à la huitième, des enfants qui ne savaient pas lire. En classe trois (CE2), un seul enfant savait. Le principal a donné l’ordre à tous les professeurs de cesser pour un temps tout enseignement autre que celui de la lecture, puis il a élargi aux bases du calcul.
Les enfants de l’ashram ont retrouvé l’équilibre joyeux qu’ils avaient à Omkareshar. Ils poursuivent leur scolarité. Ils aident aussi à la cuisine, sont chargés de la propreté de l’ashram, et aident aux plantations, ou occasionnellement à d’autres travaux. Une heure le matin et une heure le soir sont consacrées à la vie spirituelle, et comportent en ce moment deux périodes de 10 minutes par jour d’entraînement systématique à la méditation. J’en profite, car en méditation, les bases me manquaient, et je ne progressais pas. Il y a aussi en soirée une heure d’activités sportives, et, évidemment, la musique.
1er janvier 2016 :
L’école a célébré son premier « sport day ». Comme le nom ne l’indique pas, il s’agit d’une joyeuse kermesse, avec tous les jeux qui se faisaient dans les kermesses de mon enfance, courses en sacs, courses diverses avec des objets sur la tête, ou dans une cuillère dans la bouche, le tout agrémenté par des danses. Cela a duré deux jours, et le troisième, 31 décembre, de la musique exécutée par les jeunes musiciens de l’ashram.
La nuit et le matin suivant, il y a eu des activités plus religieuses, pour la communauté, pour les 6 occidentaux qui sont à l’ashram en ce moment (les 5 « chambres » bricolées sont toutes occupées). Une bonne vingtaine d’amis indiens nous avaient rejoint pour l’occasion, ils ont passé ce qui restait de nuit sous la grande tente, et ne repartiront que demain. Les enfants qui logent sous tente, eux, ont dormi dans l’école.
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Extrait de la Thèse de Doctorat en psychologie
Présentée par Joëlle Maurel
(Suite des JAY MA N°119 et 120)
L’AUTORISATION NOETIQUE
Par quels cheminements parvient-on à la réalisation de soi ?
(Nous avions promis, en présentant Joelle Maurel dans la Rubrique ‘Nouvelles’ du JAY MA N°118, de donner des extraits de cette thèse. Voici la suite de nos Jay Mâ N° 119 et 120) :
La cinquième partie de cette recherche a donc été consacrée à l’analyse des entretiens en les confrontant au modèle conceptuel construit. L’analyse des entretiens m’a permis de dégager trois grandes phases dans le cheminement vers l’autorisation noétique et, pour chacune de ces phases, un certain nombre de grands thèmes :
- 1ère phase : Ce qui pousse la personne à entrer dans un processus de changement ?
Ce moment du cheminement vers la réalisation de soi correspond à un moment de passage de la conscience ordinaire à une conscience élargie ; l’homme endormi s’éveille et commence à cheminer vers l’homme conscient qui semble présenter un certain nombre de caractéristiques :
- il vit souvent un état de souffrance omniprésent,
- il vit centré sur lui-même, ancré dans sa douleur,
- il est dans une phase de quête, un état de questionnement,
- il cherche un sens à sa vie,
- il est dans un état de solitude profonde,
- il ne voit pas la vie qui l’entoure de façon objective
Les grands thèmes qui se dégagent de ce premier moment du cheminement et poussant la personne vers l’autorisation à entrer dans le processus d’évolution de sa conscience, sont les suivants :
- La souffrance : La souffrance engendrée par les conflits intérieurs - La perte de confiance en soi et envers les autres - La peur de la mort - Le suicide - Les rencontres avec la mort - Les trahisons - L’amour - La drogue - L’auto-destruction - Le sentiment de descente et de ne plus pouvoir remonter - L’injustice - Le racisme.
- La famille : L’enfance, l’adolescence - Les relations avec le père - Les relations avec la mère - Les influences subies dans l’enfance et la notion d’être prédestiné - Le conditionnement - La transmission des souffrances parentales non résolues - Les violences subies dans l’enfance (physiques ou psychologiques) - Le manque affectif. Les deuils non résolus. Les ruptures.
- L’éducation et la religion : L’éducation religieuse dans l’enfance - La découverte de la spiritualité - Les lectures et la rencontre avec des maîtres ou des guides - La notion du bien et du mal - La vie professionnelle - Les expériences intérieures et la rencontre avec le non- rationnel.
- Le questionnement : Une remise en cause de soi et des autres - La révolte - Le désir de changer - La violence.
- La solitude : Un sentiment de différence par rapport aux autres - Le sentiment d’être incompris et de ne plus comprendre les autres - Un sentiment d’inutilité - Le doute - Le sens de la vie et de la mort - La recherche de soi.
La mort est une notion présente dans tous les thèmes de cette première phase dans la mesure où elle accompagne le moment de passage d’un état de conscience à un autre.
- 2ème phase : ce qui accompagne le changement et comment il est vécu.
Ce moment du cheminement vers la réalisation de soi s’associe à l’ouverture de l’homme conscient vers la conscience éveillée ou mystique. Il s’agit ici de l’ouverture de la conscience personnelle et de la perception de la conscience universelle. Les personnes s’engageant dans cette phase de changement présentent les caractéristiques suivantes :
- certaines vivent le changement comme une véritable explosion, remplie de tumulte et de chocs ; elles vivent alors des flashs existentiels de façon brute,
- pour d’autres le changement est une phase lente dans le temps, sans heurt, comme une continuité de la vie ; les personnes subissent alors une initiation au fil du temps,
- dans tous les cas, cette phase s’accompagne symboliquement de morts/renaissances.
Les grands thèmes accompagnant cette deuxième phase de l’analyse des entretiens sont les suivants :
- Le changement : Un choc existentiel ou une évolution progressive - La transformation de la personne (psychique et physique).
- La connaissance : Les rencontres et l’aide extérieure - Les lectures - La recherche d’un maître ou d’un guide - L’acquisition d’un nouveau savoir - La connaissance de soi.
- La rencontre avec le non-rationnel : Les rêves, les expériences modifiées de la conscience, les visions - Les expériences de lumière - Les techniques de cheminement vers soi (yoga, méditation, reiki, sophrologie…) - La psychothérapie - Le risque de fuite hors de la réalité.
- Le renoncement et l’acceptation : Le renoncement à l’autre, les ruptures - Le renoncement à ce que l’on était - La séparation d’avec ce qui était connu et rassurant - L’acceptation de ce que l’on vit et de ce que l’on découvre - Une autre compréhension des relations humaines.
- La spiritualité : L’illumination, la révélation d’avoir découvert sa voie - Le sentiment d’unité avec le monde - Le retour vers l’intérieur de soi - La découverte d’une nouvelle liberté - L’apprentissage d’une autre sensibilité, d’une nouvelle perception - L’Inde comme symbole de la spiritualité et de la connaissance de soi.
- La souffrance : Les pressions extérieures comme frein au changement - La lutte entre l’évolution personnelle et la normalité sociale - La douleur et la souffrance comme passages obligés au changement - La rencontre avec la dépression, la folie, la mort.
- 3ème phase : accès à une autre vision du monde et une autre organisation de son existence.
Ce moment du cheminement vers la réalisation de soi peut être comparé, au niveau du modèle conceptuel sur lequel je m’appuie, au moment de progression de la conscience éveillée ou mystique vers la conscience noétique. Les personnes s’engageant dans cette évolution présentent certaines caractéristiques :
- elles s’ouvrent désormais aux autres, après avoir été à la rencontre d’elles-mêmes. Elles découvrent la compassion,
- elles sont beaucoup plus autonomes,
- elles se sentent comme investies d’une mission ouverte sur le don,
- elles sont plus conscientes et responsables de leurs actes,
- elles sont pleines de nouvelles connaissances,
- elles ont un regard beaucoup plus lucide sur la vie,
- elles ont beaucoup moins d’attentes et commencent à accepter chaque moment dans l’instant.
Les grands thèmes se dégageant des entretiens et accompagnant cette phase d’évolution de la conscience concernent :
- la spiritualité et les autres : Le désir de donner, de transmettre - L’écoute - L’amour - Le pardon - La joie.
J’ai retrouvé dans l’analyse des entretiens les quatre grandes phases de l’évolution de la conscience conduisant à l’homme noétique, que j’avais dégagées à partir de l’étude de la vie de Jung, Krishnamurti et Aurobindo et que j’avais élaborées dans mon modèle conceptuel.
- : homme endormi → conscience fermée ou endormie → prise de conscience.
- : homme conscient → conscience élargie.
- : homme éveillé ou mystique → conscience éveillée et/ou illuminée.
- : homme noétique → conscience noétique.
Résultats de la recherche
Il existe un chemin menant à l’autorisation d’un changement d’état de conscience et conduisant progressivement ou soudainement l’individu à faire l’expérience du Soi ou de la conscience noétique et du dépassement de la dualité et de la souffrance. Ce cheminement est différent et unique pour chacun suivant son histoire et les moyens qu’il développe ou met en œuvre. Il est donc possible de parler d’une multitude de voies puisqu’il y en a autant qu’il y a d’individus mais, dans le même temps, d’un seul chemin car le but à atteindre est le même pour tous ceux qui l’empruntent, même si les moyens d’y parvenir sont différents. Il est impossible d’enfermer l’autorisation noétique dans un modèle conceptuel figé, mais il est possible de repérer des thèmes ou des moments traversés par chaque chemin individuel malgré sa singularité et de dégager ce qui est commun à la plupart d’entre eux. Cependant, l’ordre dans lequel apparaissent les différents thèmes rencontrés n’est pas figé et les différentes étapes ne sont pas séparées les unes des autres, ni linéaires. Les thèmes rencontrés peuvent être variables suivant les personnes, les histoires, les cheminements et sont inter-reliés en permanence aux différents niveaux de la conscience. En effet, n’importe quelle personne peut faire l’expérience de la conscience noétique lors d’un événement particulier sans s’autoriser à l’engagement vers une démarche de réalisation de soi. Notons cependant qu’il est possible d’intégrer un niveau supérieur seulement si la conscience s’est ouverte à ce niveau et qu’en ce sens il y a une progression évolutive dans le processus d’ouverture de la conscience en terme de sauts et/ou de rupture d’un niveau à l’autre.
- Les différents moyens menant vers la réalisation de soi que j’ai pu étudier et/ou dégager pendant mon travail sont les suivants : la voie spirituelle, la voie psychothérapeutique, l’écriture de son histoire de vie, la créativité, l’art, la poésie, la rêverie, les voyages, …
Ces différents moyens conduisent tous vers une démarche d’intériorisation et de connaissance de soi qui commence, soit par un flash ou un choc existentiel, c’est-à-dire une prise de conscience soudaine par l’homme de son ignorance et de sa souffrance, soit par un questionnement sur le sens de l’existence, présent depuis toujours ou qui est apparu peu à peu au cours de l’expérience de vie.
Que l’entrée dans le cheminement soit lente et graduelle ou subite, elle nécessite, dans tous les cas étudiés, la prise de conscience que quelque chose existe peut-être derrière la réalité construite et conceptuelle dans laquelle nous évoluons. Il s’agit d’un dévoilement du monde ontologique, du monde caché suscitant un questionnement profond sur le sens de la vie, sur la mort, la souffrance, …
L’autorisation à s’engager vers la réalisation de soi peut se produire au moment de la prise de conscience. Elle invite l’individu à aller chercher des réponses à ses questions, elle pousse au changement, à l’ouverture à l’inconnu, au voyage intérieur ou extérieur, à la découverte, à la transgression de ce qui est établi, à l’acceptation de l’altérité, au métissage avec d’autres valeurs.
Celui qui reste dans la peur et le refus du changement ne s’autorise pas à l’engagement que suscite le cheminement vers soi et reste fermé ou bien conscient, mais bloqué dans une conscience limitée souvent associée à une pensée rationnelle, technique et scientifique.
La connaissance de soi dans le monde occidental peut être très limitative, car elle est basée sur les valeurs qui le fondent, c’est-à-dire la rationalité, la scientificité, la technicité, … Le chemin vers l’autorisation noétique exige une ouverture à l’inconnu, à ce qui nous dépasse. Je me suis appuyée sur l’anthropologie ternaire et sur une vision trinitaire de l’homme pour montrer que la réalisation de soi ne peut s’atteindre qu’en réhabilitant la notion d’Esprit complètement exclue de la vision occidentale du monde. Il s’agit donc de s’ouvrir au monde de l’imaginal, au symbolique, à la pensée mythique pouvant mener vers le monde du réel, caché et non rationnel.
Tous les chemins étudiés montrent une rencontre avec l’inconnu qui nous dépasse, nous altère, nous oblige au changement et l’acceptation d’une force plus haute à laquelle nous devons nous soumettre et nous confronter.
Ce cheminement conduit la personne à faire l’expérience de l’unité après avoir été enracinée dans la dualité. Elle peut croire un instant avoir atteint la conscience noétique et fait l’expérience de la Vérité à travers l’unité mais c’est là un des grands dangers du cheminement : confondre la conscience illuminée et unitaire qui reste attachée au monde de la psyché et au Moi d’avec la conscience noétique correspondant à un état de conscience uni-duelle qui n’enferme pas la personne ni dans l’unité ni dans la dualité, mais l’ouvre simplement à ce qui est.
Ma recherche ne m’a pas permis de rencontrer des personnes ayant atteint cet état de réalisation de conscience noétique, mais l’étude de la vie des grands sages, ainsi que l’interview de certaines personnes ayant cheminé assez loin, montrent que le chemin vers la réalisation de soi n’est pas seulement un chemin de fuite dans des expériences d’unité, mais c’est un chemin de souffrance, de lucidité, de responsabilité où l’homme doit se confronter à tous les aspects de son être qui sont le reflet de tous les aspects du monde et où il doit accepter de renoncer à toutes ses croyances, quelles qu’elles soient. Il lui faut renoncer à la croyance même de son Moi qui n’est qu’addition de conditionnements, de reproductions, d’habitudes, de mémoires. Au terme de cette quête de sens, l’homme, sur le chemin de lui-même, découvre que la vie n’a peut-être aucun sens si ce n’est d’en construire sans cesse pour échapper au vide. Il a alors le choix : continuer de construire du sens tout en sachant que cela n’en a peut-être aucun ou bien affronter le vide et le dépasser. Ceux qui s’y sont risqués rencontrent le silence, l’amour, la compassion et un immense élan de vie vers l’autre, un immense désir d’éduquer et d’aider son prochain. En s’ouvrant à la conscience noétique, l’homme devient un éducateur.
Nouvelles
- Denise Desjardins, épouse d’Arnaud Desjardins, nous a quittés elle aussi…voici ce que nous envoie Véronique Gravouille :
Bonsoir Geneviève, Bonsoir Jacques,
Nous avons le regret de vous annoncer que Denise a rendu son dernier soupir dans la soirée de jeudi 17 mars. Elle s'est éteinte à Hauteville, paisiblement, à l'âge de 93 ans. On a pu lui rendre un dernier hommage sur place. La veille Denise avait demandé qu'on lui enlève la perfusion qui maintenait son hydratation, ce que voyant, Emmanuel lui avait demandé si elle se sentait prête à partir. Elle avait alors répondu malicieusement, "moi, je suis prête, mais toi, es-tu prêt à me laisser aller ?"... Avant son départ, Denise nous a fait le cadeau d'un dernier livre, sorti en librairie il y a à peine trois semaines, dans lequel on peut lire (p 120) :
"Tant de bienfaits semblent M'avoir été accordés...
Je les considérais comme tout naturels Avant d'en être privée.
Tant de miracles, celui de naître, D'être nourrie par l'air
Que je respire, de pouvoir m'exprimer; Qu’il me soit encore donné d'écrire Me paraît miraculeux
Mais pourquoi ne pas continuer à écrire Puisque je continue à vivre ?"
Elle a accompagné avec génie des centaines de personnes par le ‘lying’… J'ai beaucoup de gratitude envers Denise qui m'a accompagnée sur le chemin.
Voici une interview récente : http://www.philosophies.tv/chroniques.php?id=810 Dans le recueillement
Véronique Gravouille veronique.gravouille@wanadoo.fr
- Retraite avec Jacques Vigne – du 3 au 14 juin 2017 : au ‘Pré Martin’ (ANNOT dans les Alpes de Haute Provence - Arrière-Pays Niçois - (Proposée et coordonnée bénévolement par Geneviève (Mahâjyoti’) koevoetsg@orange.fr
Descriptif du thème de la retraite : ‘Mieux comprendre les racines de la tristesse et réveiller la joie intérieure’
Bien qu’un an à l’avance pour 2017, les Inscriptions sont ouvertes - Arrivée prévue le samedi 3 juin 2017 dans la journée ou fin d’après-midi, et départ prévu le mercredi 14 juin en fin de matinée.
Geneviève (Mahâjyoti) qui coordonne bénévolement la retraite fera le lien ‘au besoin’, mais il est recommandé de s’adresser au Pré Martin directement pour réserver l’hébergement et les repas. Avec prière d’aviser Geneviève ensuite.
Réservations et inscriptions directement : Village d’hôtes : ‘Le Pré Martin’ Mme Gabrielle AUGER - Route du Pré Martin - Annot 04240
Tel : 04 92 83 31 69 – 06 99 43 21 10 - Email : contact@lepremartin.com Sites : www.lepremartin.com et www.annot.com
Accessible par le train des Chemins de Fer de Provence, au départ de Nice et de Digne : www.trainprovence.com
- Le prochain long programme ‘Tournée et Voyages 2016-17’ de Jacques Vigne, qui commence à prendre corps peu à peu, est déjà sur son site www.jacquesvigne.com. Il se complètera au fur et à mesure que les rencontres, stages, retraites, conférences se préciseront. Le demander aussi à Mahâjyoti (koevoetsg@orange.fr )
- Retraite de Florence Pittolo (Sahaj Neel) pour ‘Terre du Ciel’ du 24 au 30 Juillet 2016 – Sur le thème ‘L’Amour voie d’éveil et de libération’ mystique de l’amour, chemin de sagesse dans le monde – L’exploration de nos potentiels à aimer un partenaire, à vivre la relation de couple harmonieusement, est l’alliée de notre croissance spirituelle - Avec l’équipe de Terre du Ciel à Chardenoux : www.terre-du- ciel.org et florence_pi@yahoo.fr – Tel : 06 68 54 73 87)
- Un nouveau livre : celui de Nathalie Héraut ‘Voyages en Yoga pour les enfants, petits et grands’. 3 itinéraires pour pratiquer en famille ou à l’école, dans un coffret qui propose 3 séances guidées de A à Z, sous forme d’itinéraires à travers des cartes coloriées de postures, respirations, méditations, relaxations et chansons. Ce guide de ‘Yoga-Voyages’ offre des exercices pour les petits de 3 à 5 ans, et les plus grands à partir de 6 ans. Illustrations de Céline Barrère et Stéphane Bourret. Préface de Jacques Vigne : Nous assistons, et participons à une maturation de l’humanité. Pour que cette humanité soit stable et solide, il est important que les fondations puissent être installées dès l’enfance. Cet ouvrage de Nathalie va dans ce sens, c’est donc un grand service qu’elle rend aux enfants et aux parents conscients de leur responsabilité pour la construction d’une société meilleure. (Jacques Vigne, Paris, Janvier 2015). L’auteure Nathalie Héraut enseigne le yoga et la pleine conscience aux enfants depuis plus de 10 ans. (Prix : 20€) - nathalie.heraut@wanadoo.fr
- Le livre « La puissance de guérison de l’esprit méditations guidées pour soulager la douleur et aider le corps à guérir », de Joëlle Maurel, est en librairie depLe livre « La puissance de guérison de l’esprit méditations guidées pour soulager la douleur et aider le corps à guérir », de Joëlle Maurel, est en librairie depuis le 8 avril 2016. Ce livre lui a été comme « révélé » lors d’une retraite méditative et, depuis son écriture, Joëlle a déjà enregistré avec sa voix 19 des méditations guidées du livre, sur CD, soit environ 16 heures d’écoute, qui, elle l’espère, pourront aider en tant que supports méditatifs ceux qui le souhaitent. Le travail continue…pour que ce livre puisse contribuer à soulager la souffrance. Nous avons déjà publié plusieurs passages de la ‘Thèse de Doctorat’ de Joëlle, y compris dans ce numéro du JAY MA. Site Internet : www.joelle.maurel.pagesperso-orange.fr Tél : 06 20 11 20 07.
- Un autre livre ‘La Béatitude de la Tortue’ de Mathieu (co-directeur de la Revue INFOS YOGA) est sorti également aux Editions ThoT (225 pages -18 €) On peut le commander chez le libraire ou l’obtenir par correspondance directement sur : http://ecoledeyogamathieu.fr/publications Mathieu 06 65 27 55 74 - Email ecoleym@orange.fr www.infosyoga.info - www.ecoledeyogamathieu.fr – C’est le récit d’un voyage…En 1981 parcourir l’Inde était encore une aventure, on y croisait de drôles de gens, comme Khrisnamurti, Mâ Anandamayi, ou Vijayânanda, mais le personnage le plus paradoxal de ce récit reste l’Inde, pays hallucinant et fascinant qui ressemble au nôtre, mais où rien ne fonctionne de la même façon…Voyage d’initiation au yoga et à la méditation, sur la piste d’une mystérieuse transcription en sanskrit intitulée ‘La Béatitude de la Tortue’. Enquête singulière au travers d’un véritable labyrinthe en Inde et à la périphérie de nous-mêmes, vers notre centre. Mathieu est également co-fondateur de la ‘Maison du Yoga’ à Paris.
Abonnements au ‘JAY Mâ’ de Mars 2015 à Mars 2017 (Marche à suivre en général)
Cette nouvelle session de deux ans, a débuté avec le N°116 du printemps, un ‘Numéro Spécial’ dédié à ses 30 années d’existence et à Atmananda qui en fut l’inspiratrice. Cette session ira donc de Mars 2015 à Mars 2017. Merci aux futurs nouveaux inscrits d’entrer dans la Grande Famille de Mâ ! Les abonnés actuels ne sont pas concernés, ils seront avisés du renouvellement en temps voulu, avant le printemps 2017.
Merci également, et d’avance, à tous ceux qui rejoindront ‘en route’ l’expérience du ‘JAY MA’ et qui s’inscriront pour ces deux prochaines années à venir, auprès de José Sanchez Gonzalez pour la partie administrative : 10 rue Tibère – 84110 Vaison-La-Romaine – nagajo3@yahoo.fr – 0634988222 et ensuite auprès de Geneviève (Mahâjyoti) qui en gère bénévolement l’édition, pour qu’elle puisse procéder aux envois en vous remettant sur ses nouvelles listes : koevoetsg@orange.fr. N’oubliez pas de l’aviser afin de recevoir les JAY MA…sinon, ils ne vous parviendraient pas !
La brochure reste toujours au prix de 1 Euro symbolique par exemplaire trimestriel envoyé par email, soit 4 numéros par an. Le renouvellement ou l’inscription se feront toujours automatiquement pour deux ans. Il faudra donc envoyer à José, comme d’habitude, un chèque de 8 Euros au nom de Jacques Vigne, pour couvrir les deux prochaines années. Les numéros arriérés seront toujours envoyés par Geneviève (Mahâjyoti) à tous ceux qui s’inscriront en cours de route.
Cette brochure fut créée il y a juste 30 ans... Elle représente un lien d’amour avec l’Inde, avec Mâ, les Swamis, les lectures, les retraites, les voyages, les témoignages, à travers la composition qu’en fait Jacques Vigne avec la collaboration bénévole de Mahâjyoti, qui a une
« Lettre d’infos » à votre disposition sur demande, pour bien comprendre la marche à suivre et pour ceux des pays qui n’ont plus de chéquiers.
Table des matières
Paroles de Mâ : ‘Ishwar, Dieu, Ishta’ (Extraites du livre ‘Paroles de Mâ-Classées par thèmes’)
Une jeune tétraplégique retrouve le sens de la vie (Recueilli par Jacques Vigne)
Réponse de l’ermite sur Dieu
Conversations avec Swami Vijayânanda (Suite-Recueillies par Aurélie Simonet-Punya)
Nouvelles de Ma Sharanam (Suite des Ashrams de Mâ en Inde, par Marie-France Martin)
L’Autorisation noétique-Par quels cheminements parvient-on à la réalisation de soi ? (Extrait de la Thèse de Doctorat de Psychologie de Joëlle Maurel) Suite des N° 119 et 120
Nouvelles
Abonnements pour deux ans : 2015 à 2017
Table des Matières