Extrait
chapitre
numéro
80

JayMâ-n°135

Cette brochure représente un lien d'amour avec l'Inde, avec Mâ, avec les Swamis, les lectures, les voyages...

Jay Mâ n°135

(HIVER 2019-2020)

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Ma Anandamayi

Joyeux Noël !

Paroles et Souvenirs de Mâ

Une Introduction à la Philosophie
de la Connaissance Absolue de Sri Mâ Anandamayî
Extrait d’un chapitre du livre ‘An Introduction to Sri Anandamayî Mâ’s Philosophy of Absolute Cognition’ - De page 120 à 145 – que l’on peut commander à Sri Bhupendra Sharma – Book Stall P.O. Kankhal Haridwar, 249408 (U.K.) Inde – Tel : 0091-9897326822 et bpbhupendra@yahoo.com – 0091-9837854522 – (On peut lui commander le livre et le régler par versement international).


Kédarnath Swamî (l’auteur du livre ‘Une introduction à la philosophie de la Connaissance Absolue de Shri Mâ Anandamayî’) fait partie de la dernière génération des disciples de Mâ. Il a maintenant environ 75 ans, et a en fait succédé à un gourou qu’il avait dans cette ville, avant et pendant qu’il rencontrait Mâ. Il a créé aussi un ashram avec une école d’environ 120 élèves, sur l’île d’Omkarashwar au milieu du cours de la Narmada dans le centre de l’Inde. C’est un écrivain engagé, avec une vingtaine de titres, petits ou grands, à son actif, y compris trois volumes qui présentent et commentent le contenu de ses entretiens avec Mâ. C’est aussi l’un des animateurs principaux de la samyam-sapta à l’ashram de Bhimpura sur les bords de la Narmada. Il cherche à rapprocher dans son œuvre l’hindouisme et l’enseignement du Bouddha. Il a au fond de son ashram d'Indore un temple dédié à celui-ci. Vigyânanand (Jacques Vigne) est en train de traduire du hindi en français et anglais, son petit livre avec une étude approfondie de la notion de samadhi dans les Yogasutra de Patanjali. (Suite)


Gaudapâda et la doctrine de la Non-origination (Ajâtivâda) et de la Non-dualité (Advaitavâda)

La philosophie de Gaudapâda (600 apr.J.C.) se base sur son célèbre ouvrage ‘Mândûkya

Kârikâ’ qui est en fait un commentaire de ‘Mândûkya Upanishad’. Les Kârikâs sont divisées en quatre chapitres, à savoir : (1) Âgama (écriture), (2) Vaithatya (illusion), (3) Advaita (non- dualité) et (4) Alâtasânti (immobilisation du tison ardent : les formes du monde sont comme ces lignes dessinées dans l’espace par le mouvement rapide d’un tison ardent. Quand on l’immobilise, toutes les lignes se condensent en un point). Comme son titre même le suggère, le premier chapitre est un exposé de la Réalité qui se fonde sur l’Âgama, l’écriture.

Les trois autres chapitres sont destinés à établir la même Vérité par le moyen de la logique et du raisonnement.

Après une étude minutieuse des deux cent quinze versets, nous sommes arrivés aux conclusions suivantes :

1. La Vérité Ultime

Selon Gaudapâda, Paramârtha, ou réalité ultime n’est autre que l’‘Advaita’. C’est d’ailleurs ce qu’il affirme de façon directe lorsqu’il dit ‘advaitam paramarthatah’ (1/17) ; ‘advaitam paramârthô hi’ (3/18) et de façon indirecte au moment où il déclare que lorsque l’âme individuelle, jîva s’éveille du sommeil de l’ignorance, il réalise sa nature non-duelle (1/6).

‘Fixez votre attention sur la non-dualité’ (2/36) ‘On ne subit pas la dualité lorsque l’esprit cesse d’agir’ (3/31) ; alors, tout n’est que paix et non dualité (4/45) etc...

2. Le Sens de l’Advaita

Lorsqu’il détermine la nature de l’ ‘Advaita’, Gaudapâda choisit deux méthodes, celle de la négation et celle de l’assertion, de l’affirmation.

Quand il applique la méthode de la déconstruction, il écarte d’emblée toute possibilité de création. Selon lui, pas plus jîva (l’âme individuelle) que le monde, ne sont nés ni n’ont commencé à exister. Il déclare avec fermeté : « Aucune âme n’est jamais née. Il n’existe aucune cause qui puisse l’engendrer. Absolument rien n’a jamais été engendré ! C’est là, la plus grande vérité qui soit ! » Il met en avant, de différentes manières, cette doctrine de la non-origination qui implique une absolue irréalité du monde.


Il dit aussi, pour soutenir son allégation :

« Si la dualité appartenait au réel elle aurait cessé d’exister. Cela est indubitable ! Mais cette dualité apparente n’est rien d’autre qu’une pure et simple illusion (Mâyâ)! »

Lorsqu’on a connaissance de la Grande Vérité, la dualité cesse d’exister. »


« Il y en a qui rêvent ou qui croient voir des châteaux fantastiques juchés quelque part sur les nuages...Eh bien telle est l’erreur des gens ordinaires, dénoncée par ceux qui sont versés dans le Vedantâ. »

« La dualité en tant que telle n’existe pas. Ceux qui croient la voir ne sont que victimes d’un préjugé qui relève du fanatisme. »

Gaudapâda révèle le cœur de sa doctrine lorsqu’il ajoute, toujours en expliquant la méthode de la négation « Il n’y a pas de ‘fin’, de ‘cessation’, il n’y a pas de naissance, pas de

dépendance, ni d’asservissement, il n’y a pas d’aspiration à l’éveil, personne ne recherche l’illumination, personne n’est illuminé. Voilà la Vérité absolue ! »

Il s’agit là d’un des aspects de la philosophie de l’Advaita telle que l’enseignait Gaudapâda par le moyen de la déconstruction. C’était, à son idée, la seule façon d’agir pour être en accord avec son propre jugement, car il était impensable de dévoiler la vérité suprême sans signaler auparavant où était l’erreur dans la façon de percevoir la réalité. Une fois l’erreur corrigée, il reste bien peu, voire rien du tout, à ajouter. La vérité se révèle d’elle-même car elle brille de sa propre lumière (sva-prakâsha).

« Lorsque toute chose est déniée, récusée » déclare Gaudapâda, « lorsque le ‘pas ceci, pas cela’ qu’enseigne le Shruti des Ecritures a agi, et qu’il ne reste rien que le soi puisse comprendre, alors le Non-existant se révèle. »

Quelle est la nature de ce Non-existant, de cet Âtman sans naissance ? Gaudapâda répond à cette question de la façon suivante :

« Celui qui a réalisé la Vérité, celui-là ne fait qu’un avec la Réalité. »

« Il ne dévie jamais du Réel. »

« Ayant réalisé la vérité de l’Atman, le mental cesse d’être le mental. Il est libéré de toute activité ».

« Le Non-existant est connu par le Non-existant. »

« Il transcende toute expression par les mots. Il est au-delà de toute action de l’esprit. Il n’est que paix et splendeur éternelle et il est libéré de toute peur. »

« Alors il n’y a plus ni acceptation ni refus. La conscience repose en elle-même. Le non- existant atteint son état identitaire originel.

« En vérité, l’esprit devient alors Brahman. »

C’est en ces termes affirmatifs que Gaudapâda explique l’Advaita. Selon lui, Advaita, ou Vérité Suprême, n’est pas la négation totale car Advaita est ‘éternel’ (nityam), il est ‘paix en tout’ (santam), ‘indifférencié’ (samyam) et il brille toujours de sa propre lumière (sakridabibhâtah).


3. D’autres dogmes de la philosophie de Gaudapâda

Outre la doctrine centrale de la ‘non-origination’ et de la ‘non-dualité’, Gaudapâda met également en valeur d’autres thèmes de cette philosophie, d’autres thèmes de moindre importance que nous pouvons résumer de la façon suivante :

(i) Avidyâ ou Mâyâ : selon Gaudapâda la cause première de l’asservissement pour jîva, c’est l’ignorance ou l’illusion qui est sans commencement.

(ii) L’acceptation d’une réalité relative (empirique ou phénoménale) : bien que Gaudapâda enseigne, comme nous l’avons dit, la doctrine de la non-origination absolue, de la ‘non-venue’ à l’existence de quelque chose que ce soit, principe qui n’accorde donc aucune place à aucune forme de dualité, il est toutefois conscient des difficultés d’ordre métaphysique de ceux qui perçoivent la dualité dans la dimension de leur vie de tous les jours. Ceux-là ne parviennent pas à résoudre le problème de la contradiction apparente entre l’enseignement de la non-dualité absolue d’une part et leur expérience du pluralisme dans leur vie de chaque jour d’autre part. Dans le cas de ces personnes, Gaudapâda admet la réalité relative du monde, des jîva-s et de tout ce qui a trait à cela, en disant tout simplement que la dualité ne cesse que lorsqu’apparaît la connaissance suprême.

Jusque-là, les explications qu’il donne concernant son enseignement sont des plus valables. La conséquence en est que selon son point de vue absolu, rien, strictement rien, n’existe, ni le Maître, ni les Ecritures, ni le disciple. Alors que du point de vue de la relativité, tout existe, et ce n’est que dans ce cas que les efforts prodigués dans l’enseignement et la recherche ont une véritable signification. D’ailleurs, bien que causalité soit synonyme d’impossibilité, Gaudapâda dit qu’elle peut être, qu’elle ‘est’ même, renforcée par le sage qui agit par égard pour ceux qui adhèrent au concept de la réalité apparente du monde en raison de leur foi en leurs pratiques religieuses.

Avec les observations qui suivent, Gaudapâda résume l’intégralité de son enseignement :

Le Sage, celui qui connaît la Vérité, explique et illustre toujours la Suprême Réalité de trois façons : ce peut être à la façon d’une conscience qui se révèle dualiste, état dans lequel les sujets apparaissent tout comme apparaît leur connaissance (c’est l’état des personnes ignorantes) ; en tant que conscience dans laquelle il n’y a pas de sujet mais uniquement la connaissance (c’est l’état des personnes ‘semi-illuminées’) ; et en tant que conscience qui transcende aussi bien l’un que l’autre, un état donc, où il n’y a ni sujet ni connaissance :

l’état de la réalisation de l’être pleinement illuminé. C’est ainsi que les hommes de grande sagesse – les Bouddhas – ont fait connaître le secret de la connaissance et du connaissable.

(Traduit de l’anglais par Jean E. LOUIS)


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Retour sur la retraite d’Annot 2018

Par Jean-Baptiste Tricheur

(3ème et dernière partie-Suite des N° 133 et 134)


Nous venons de vivre la retraite d’ANNOT de Septembre 2019, fort belle nature dans les Alpes de Haute Provence et avec des participants de très grande qualité…
Nous présentons ici la troisième et dernière partie du poignant témoignage de ce très jeune homme, Jean-Baptiste TRICHEUR, qui assistait pour la première fois à une retraite spirituelle et y abordait la méditation en compagnie de Jacques Vigne, à ANNOT en mai-juin 2018. Son attitude recueillie, sa présence intérieure, sa concentration, ont fait que je lui ai demandé de nous écrire un témoignage sur ce qu’un si jeune homme, de la nouvelle génération, pouvait éprouver au milieu de ces inconnus venus suivre Jacques Vigne. Quelle était sa recherche ? Voici la fin de sa réponse exhaustive et magistralement exprimée. Merci Jean-Baptiste… (Geneviève (Mahâjyoti)


Un parallèle me vient à l’esprit pour parler de l’invisible que la méditation a mis en lumière dans ma vie.

J’aime mâchonner un aspect de la physique qui me fascinait lorsque j’étais étudiant : la conception de la gravité.

Chez Newton, l’espace et le temps représentent un cadre inerte qui contient les phénomènes de la vie en mouvement.

Au contraire de la théorie de Newton, celle d’Einstein implique une interaction constante entre le fond et la forme, entre les corps et l’espace ; car ici les corps littéralement plient, courbent un tissu d’espace-temps par leur présence.

Ainsi comme l’explique l’astrophysicien Aurélien Barrau, « chez Einstein, la matière dit à l’espace comment se courber, et l’espace répond à la matière en lui disant comment se mouvoir ».

Je tentais de méditer cela en imaginant que nous ne sommes pas les pieds collés à la terre par une force attractive que celle-ci exercerait sur nous, mais plutôt car nous obéissons aux courbes d’un toboggan invisible qui borde nos corps, lui-même formé parce que la Terre tire à elle la couverture de l’espace-temps.

Nous glissons en permanence.

Je trouve que visualiser la gravité comme une déformation de l’espace nous fait chercher la matière invisible dans laquelle nous évoluons.

Petit à petit, cette vision du toboggan gagnait en épaisseur dans mon mental, elle me faisait vivre avec mon corps une sensation nouvelle du monde alentour.

Par la méditation, j’ai découvert qu’il est possible de donner une autre densité à la vie, de se perméabiliser à l’expérience de l’interaction avec le cosmos.


Méditation & musique

Depuis Annot, J’ai continué à pratiquer la méditation, mais surtout j’ai tenté de l’intégrer à mon quotidien, comme le suggère Tenzin Palmo dans son livre « La vie quotidienne comme pratique méditative ».

Pour illustrer cela, je souhaitais partager avec vous mon expérience de la musique nourrie par la pratique de la méditation.

J’aime jouer de la guitare et chanter, mais comme je ne prends pas de cours, je jouais les mêmes morceaux sans trop y mettre mon attention.

C’était une expérience agréable, mais plutôt répétitive finalement puisque je n’explorais rien de nouveau.

Cependant grâce à la méditation, mon esprit voyait avec un peu plus de clarté que ma pratique de la musique manquait de vie, et finalement je reposais souvent la guitare avec une pointe d’amertume.

Une sensation d’insatisfaction me poussait vers une autre activité. Je mettais cela sur le compte du manque de diversité dans mes morceaux.

En réalité, mon attention était tournée parfois vers le doigté, parfois vers ma voix, mais elle était également accaparée par des pensées et visions de moi jouant devant d’autres personnes ; je ressassais le film de ma vie à travers quelques scènes, souvent les mêmes, que je modifiais parfois et où l’on me faisait des compliments, voire même où l’on s’étonnait de mes talents.

Rien de criminel, je me complaisais dans cette expérience égotique agréable, et en même temps j’éprouvais un désagréable sentiment de déjà vu.

Mais je ne savais pas comment sortir de ce modèle.

J’ai pensé que je devais mettre ce désir narcissique au régime, mais une sensation élastique me ramenait vers ce plaisir.

Il fallait renoncer à quelque chose pour créer un espace où une nouvelle expérience pourrait naître, mais en attendant, il y avait surtout la sensation douloureuse de devoir changer.

Le cafard de remballer le campement.

Et puis j’avais le sentiment qu’il n’y avait pas de route possible en dehors de cette façon de faire. Comme une bille qui tente de rouler hors d’un bol dont elle reste prisonnière.

Après le séminaire d’Annot, et une pratique quotidienne, je sentais que j’avais plus d’un tour dans mon sac pour renverser les situations de la vie.

Je commençais à comprendre que la méditation de Shamatha, dans le sens de l’absorption la plus profonde possible dans un objet d’attention restreint, pouvait casser la croûte de notre « réalité ».

Je savais également qu’il fallait un peu de temps avant qu’une source de vie plus profonde ne remonte à la surface.

Je me suis armé de patience et j’ai fait des efforts pour changer ma façon de jouer de la musique.

Je posais longuement mon attention sur les sons de la guitare, je tentais de me mélanger à la vibration que faisait la cage en bois, de sentir dans quelles parties de mon corps venaient s’incruster les notes.

Les débuts ont été difficiles parce que mon esprit revenait sans cesse à mes pensées habituelles.

J’étais distrait, je m’en voulais, puis je m’en voulais de m’en vouloir …

Mais petit à petit j’ai ressenti que les plaques tectoniques de mes réseaux synaptiques se mettaient en branle.

Et quelque chose me pinçait le cœur lorsque je focalisais mon attention longtemps et précisément sur les sons. Mon ego râlait.

J’avais la sensation curieuse que le son de ma voix était moins « moi » que ces pensées répétitives qui réclamaient mon attention.

Je reconnaissais dans cette impression de « non moi », plus légère mais pour laquelle un effort était nécessaire, l’entrée d’un chemin pour se tirer au large.

Jouer de la guitare et chanter étaient devenus une méditation ; je changeais parfois ma focale attentionnelle pour élargir ou pour approfondir mes perceptions.

Le sens des sons s’ouvrait semaines après semaines : je percevais mieux les nuances, je sentais par exemple que ma voix vibrait différemment lorsque j’activais certaines zones par des exercices physiques, ou que j’avais soulagé mon diaphragme de certaines tensions.

J’ai même ressenti le besoin de réduire le nombre de morceaux que je jouais pour pouvoir en explorer un ou deux plus en profondeur.


Conclusion

J’avais fait avant la retraite un travail courageux sur ma négativité, en cherchant à planter les premières graines de pensées positives, le soir par exemple avec des petits exercices simples.

Je restais sceptique devant la possibilité de modeler ces pensées et ces émotions simplement en cultivant celles qui nous semblent le plus juste, mais je n’avais rien à perdre. En un sens, je ressentais un dégoût profond pour l’idée que je viens d’évoquer : cela signifie qu’il est possible de choisir qui l’on est.

Qu’il est possible de déplacer sa matrice, sa façon d’exister autour de la vie, et que ça n’est finalement qu’une question d’exercices quotidiens.

Je pressentais la mort de la personnalité, mais entre un état de bonheur qui ne me serait plus propre et le malheur d’être moi, je n’ai pas hésité bien longtemps.

(A ce moment j’avais l’idée que j’allais devenir une sorte de bon soldat de la vie propre et lisse… ce qui en soi est vrai, mais je ne pensais pas que ce travail ferait naître autant de vie, d’émotions et de joie).

J’ai essayé de toutes mes forces les exercices proposés à Annot ; j’ai vite eu envie de m’abandonner entièrement et de laisser brûler en moi ce besoin de renaître.

Et puis il ne fait aucun doute que Jacques et Florence transmettent en plus des méditations, une sorte de « La », comme le ferait un diapason, qui permet d’entendre le sens profond des choses et de transformer avec une grande douceur un certain nombre d’obstacles – les doutes du mental par exemple, mais j’imagine que le champ des possibles est immense.

J’aurais sans doute rejeté une part très importante de ce que j’ai lu ou entendu au cours du séminaire, ne serait-ce que deux mois plus tôt, mais dans ce contexte hors du temps, il a été possible d’accorder le bénéfice du doute à tout ce qui m’a été présenté et finalement de laisser la place aux changements profonds qui me poussent encore aujourd’hui.

Je voudrais terminer en remerciant l’équipe du Pré-Martin, qui a fait beaucoup pour rendre le séjour agréable.

Geneviève, pour son regard bienveillant, pour l’énergie qu’elle transmet et aussi pour avoir rendu le séminaire d’Annot possible.

Je remercie également Jacques et Florence de tout mon cœur ; savoir que le monde est habité par de telles personnes me donne envie de vivre.


Jean-Baptiste TRICHEUR


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Retour au livre
T.K.V. DESIKACHAR,

UNE HISTOIRE DE TRANSMISSION

Sandrine Oubrier et Béatrice Viard nous ont fait part, en 2017, de la sortie d’un très beau livre : T.K.V. DESIKACHAR, UNE HISTOIRE DE TRANSMISSION, dont nous avons parlé et donné des extraits dans les JAY MA N° 126, 127 et 129.
Edité par ‘Les Cahiers de Présence d’Esprit’, ce livre peut être commandé sur le site : www.presencedesprit.org (envoi gratuit à partir de 8 ex.) - Ou par courrier à ‘Les cahiers de Présence d’Esprit’, 28 cours Maurice Trintignant, 84290 Sainte Cécile les vignes.
« Avant même que T.K.V Desikachar ne quitte ce monde, mais alors qu'il était déjà très malade et ne pouvait plus enseigner depuis quelques années, l'idée de témoigner de ce qu'avait été le fait de le rencontrer, de travailler avec lui, m'est apparue essentielle. J'en ai fait part à Béatrice Viard.
Il ne s’agissait pas dans ce livre d'en parler sur le ton d'un éloge dithyrambique, et pourtant les différents témoignages convergent pour donner la mesure de cet être rare qui, en dépit des résistances rencontrées autour de lui, a œuvré à éveiller chez ses élèves des vocations de passeurs entre Inde et Occident. Laurence Maman »
En voici un :

De Sriram


RENCONTRE DE L’HOMME

Je fus un lecteur avide dans ma jeunesse, et, à la fin de mon adolescence, commençais à lire des livres consacrés aux différentes écoles de pensée indiennes. Cela me donna accès aux diverses idées relatives à la libération. Je plongeais aussi dans les textes des penseurs de l’Occident. Tout ce que je lisais et cherchais à comprendre se révéla très indigeste pour mon jeune intellect dépourvu d’entraînement. Je grandissais au sein d’une famille de brahmanes très conservateurs et ces lectures eurent pour effet d’ouvrir mon esprit et de faire naître un profond désir de rompre avec les conventions : je jetais au loin mon cordon sacré de brahmane. Je voulais passionnément poursuivre ma quête philosophique et suspectais toute trace de convention. Ce fût alors que j’entrepris l’apprentissage de différentes approches de la méditation auprès de personnes vivant dans ma ville natale : Chennai. Je fus aussi attiré par le Yoga et essayais plusieurs enseignants. J’abandonnais chaque fois au bout d’une ou deux tentatives. C’était chaque fois un échec parce que j’avais peur que mes enseignants, lesquels étaient la plupart du temps des membres de la société orthodoxe, ne fussent conservateurs dans leurs visions du monde et ne puissent accepter ma forme d’esprit libérale.

Un jour je rencontrais un groupe d’amis qui me parlèrent de « Monsieur » - Sri T.K.V. Desikachar -. Pourquoi-pas pensais-je ? Et l’un de ces amis, T.V. Anantanarayan, élève de Sri Desikachar, me conduisit à lui.

Je me retrouve face à un homme qui me regarde droit dans les yeux et qui m’aborde sur un ton léger ; toute inquiétude que j’ai pu avoir à l’idée d’être observé par une autorité savante quant à la tradition s’évanouit aussitôt. Je lui parle les yeux dans les yeux avec franchise. Et je me sens bien sûr rassuré par le fait qu’il porte, comme moi-même et comme la plupart des membres de la classe moyenne de Chennai à l’époque, un pantalon et une chemise plutôt que le vêtement traditionnel. Cela me libère de la peur qu’il ne comprenne pas mes manières modernes et libérales.

  • Pourquoi es-tu ici ?
  • Je cherche la libération.
  • Oh, nous ne vendons pas cela ici.
  • Ce n’est pas ce que je veux dire, Monsieur. Je souhaite apprendre le yoga afin de mieux saisir cette idée de libération.
  • Il vaut mieux que tu t’intéresses à pratiquer d’une façon régulière. Apprends, pratique chez toi régulièrement. On verra alors ce qui se passe.

Je deviens son élève et j’étudie régulièrement son Yoga. Quelques années plus tard je repose la même question.

  • Que se passe-t-il dans ta pratique ?
  • Je suis calme et plus attentif. En fait, j’apprécie de plus en plus ma pratique.
  • Continue. Quelque chose ne manquera pas de se produire.

« La clarté de la perception est la seule preuve de la sérénité de l’esprit ». Voilà ce que Sri Desikachar me dit en commentant l’aphorisme quatre du premier chapitre, tout en me poussant à rechercher cette clarté et à cesser de m’inquiéter de la convention.

Au début des années quatre-vingt, au Krishnamacharya Yoga Mandiram, une dizaine de personnes étaient inscrites chaque soir aux consultations. Sri Desikachar les reçoit à partir de dix-huit heures. Plusieurs de mes collègues sont sidérés par l’intuition avec laquelle il prend en charge les problèmes de ses clients. Sceptique comme je suis, je doute de leur appréciation, réduisant à l’expérience professionnelle ce qu’ils considèrent comme de l’intuition et de la clairvoyance.

Un soir, autour de dix-huit heures, nous pénétrons, Sri Desikachar et moi-même, dans le K.Y.M. Il y a beaucoup de gens sous le porche, debout ou assis dans des chaises roulantes, attendant la consultation. Passant devant eux, nous pénétrons dans la pièce des consultations. Je m’assieds face à lui à son bureau et puis après un moment il me dit : « Fais entrer l’homme qui souffre d’un mal d’estomac sévère ». Je demande au secrétaire assis au bureau dans l’entrée et lui demande de qui il s’agit. Il sélectionne la bonne fiche et je la prends pour appeler la personne en question. Je réalise dès les premiers échanges que cet homme n’a jamais rencontré Sri Desikachar et que ce dernier ne l’a jamais rencontré non plus, ni jamais entendu parler de lui auparavant. Un simple regard porté sur le groupe faiblement éclairé par la lumière du crépuscule lui avait suffi pour repérer la souffrance de l’un d’eux !

Au fil des ans, il y eût beaucoup d’occasions où je fus à même d’entrapercevoir l’extraordinaire capacité de Sri Desikachar à comprendre instantanément ce qui fait souffrir quelqu’un et ce qui est requis pour le soigner ; à voir instantanément l’essence d’un problème et sa solution. C’est là, à mes yeux, la philosophie en actes, la connaissance appliquée à la vie quotidienne.


APPRENDRE SUR MOI-MÊME

La connaissance ce n’est pas de voir clairement ce qui transcende le monde mais c’est surtout de voir clairement le monde sous nos yeux. N’est-ce pas là ce que le second chapitre du Yoga Sūtra nous enseigne, selon Sri Desikachar ?

Au cours de ma carrière d’enseignant au K.Y.M. 1, ce dernier me dit un jour que dorénavant j’aurais à enseigner le Yoga aux enfants handicapés mentaux ou à ceux qui montrent des difficultés d’apprentissage à l’Institut Vijay Human Services.

1 Krisnamacharya Yoga Mandiram, lieu créé par Desikachar pour diffuser l’enseignement de son père.

Cette proposition me révulsa. Je savais que je n’avais ni la patience ni l’intérêt pour ces enfants qui m’auraient permis de pénétrer leur monde, de les comprendre et d’entrer en contact avec eux. Je parvins à exprimer un refus immédiat sans paraître agressif. Heureusement il ne le comprit pas comme de l’arrogance de ma part et accepta, apparemment, ma décision.

Toutefois il revint avec sa proposition quelques jours après, que je refusais une fois de plus, poliment. La troisième fois qu’il en parla ce fût avec un sentiment d’urgence dans sa voix, ce qui fît que j’acceptais, contre mon gré, et sûr qu’il était conscient de cela. Pendant une année je consacrais deux jours par semaine à donner des cours réguliers, individuels et collectifs, à ces enfants. En fait je pris rapidement conscience que je le faisais avec passion et enthousiasme. A la fin de la deuxième année de cet enseignement aux enfants handicapés, je pris conscience que mon approche de la connaissance était transformée. J’étais devenu conscient que la connaissance se devait d’être pratique, applicable, qu’elle devait être  partagée et vécue dans la joie. Sinon elle devient un poids pour la tête et pour l’âme. Cet enseignement donné aux enfants me libérait et je devenais un être humain au cœur allégé apprenant à voir le monde tel qu’il est. Au fil du temps cette expérience me transforma et nourrit ma confiance. Bien entendu cela mit en évidence que l’insistance de Sri Desikachar à me faire enseigner à ces enfants était la preuve de son intuition. Son insistance a été une bénédiction déguisée.

T.K.V. DESIKACHAR, UNE HISTOIRE DE TRANSMISSION Edité par ‘Les Cahiers de Présence d’Esprit’
Peut être commandé sur le site : www.presencedesprit.org (envoi gratuit à partir de 8 ex.) Ou par courrier à Les cahiers de Présence d’Esprit, 28 cours Maurice Trintignant, 84290 Sainte Cécile les vignes.


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LEWIS THOMPSON

AU CŒUR DE L’ÉVEIL

Réflexions spirituelles et philosophiques d’un poète-sage anglais
Rencontres et entretiens avec Krishna Menon,
Râmana Mahârshi, Krishnamurti, Aurobindo, Mâ Ânandamayî…


Jacques Vigne a accepté d’en écrire la préface

Présentation, traduction et notes de Patrick Mandala

(Suite du N°134)

L’auteur Patrick Mandala, dont nous avons publié dans l’un des derniers numéros du JAY MA un extrait d’un de ses livres récents (en tant que traducteur de l’anglais cette fois) sur le personnage de Gandhi, nous livre ici les infos sur un livre ‘Au cœur de l’Eveil’, concernant un autre personnage qui lui tient particulièrement à cœur, Lewis Thompson, l’homme aux semelles de vent… En voici quelques passages pour ce numéro et pour nos JAY MA à venir.
L’Editeur en sera sans doute Luc Vidal pour ‘Les Editions du Petit Véhicule’ à Nantes.
En attendant, voilà la suite de ce qu’il nous raconte :


Avec Lewis Thompson (1909-1949) nous sommes appelés là à cheminer en compagnie d’une grande et belle Âme : un être rare et d’exception comme on en rencontre peu, très peu. S’il eut le bonheur et la grâce d’être auprès de Mâ et enseigné, j’ai eu aussi ce bonheur, avec mon épouse Ushâ-Cati, de rencontrer et d’être auprès de Mâ Ânandamayî entre 1971 et 1982, c’est-à-dire peu de temps avant son mahâ-samâdhi, à Khankal. J’ai connu aussi Âtmânanda et Vijayânanda, ainsi que Râm Alexander et Parvatî son épouse, ainsi que Gadhadhar ses proches disciples occidentaux, et bien entendu Arnaud et Denise Desjardins.

Toute ma gratitude à l’ami Jacques Vigne et à Geneviève Koevoets (Mahâjyoti) me donnant la possibilité de vous présenter un de mes textes qui me tient tout particulièrement à cœur 1:


Tout se met lentement en place : la lîlâ se déploie…

L’enfant prodige

Le jeune Lewis est élevé (particulièrement par sa mère) dans la stricte discipline et austérité protestante. Il fait ses premières classes dans des écoles privées. Reçoit une éducation conventionnelle à la Loughton School pour garçons. Le gamin ne fait pas montre d’un grand intérêt pour les études ; « il ne poursuit pas vraiment ce qu’il a commencé » - un défaut, il le reconnait, qui le suivra plus ou moins toute sa vie. Par contre, il fait preuve d’un intérêt certain pour ce qu’il perçoit comme la spiritualité du catholicisme, une sorte de « mysticisme naturel » qui va se développer spontanément en lui. Ce « mysticisme de la Nature » (qui n’en n’a pas eu l’expérience encore enfant ?) – qui n’est ni une vue de l’esprit, ni un conditionnement imposé par ses proches, mais bien un épanouissement, une ouverture du Cœur, de « l’intelligence du Cœur » si rare -, ce mysticisme est proche de celui qu’il découvrira quelques années plus tard chez ceux qui deviendront ses maîtres : William Blake, et W.B. Yeats et son ésotérisme symboliste celtique.

La mue – Les prédispositions

Le jeune Lewis (comme nous l’appellerons affectueusement tout au long du récit) fait montre d’une grande curiosité envers tout ce qui l’entoure, alliée à une hyper sensibilité – sensibilité ou réceptivité qu’il gardera toute sa vie, et non « sensiblerie ». Il protègera cette sensibilité par une certaine réserve, laquelle est le masque factice porté par les jeunes « lions » et lords de la très british aristocratie, comme des héros et dandy stendhaliens et balzaciens ; c’est en fait celle plus ascétique et impersonnelle de la « solitude du coureur de fond » qui tend de tout son être vers le but et n’entend pas en dévier d’un pouce.

S’il est « secret » pour les siens, il « grandit presque à part d’eux », c’est-à-dire en lui- même et par lui-même dirait un pur védantiste.

Il se dégage de toute sa personne une élégance naturelle, qui n’est pas surfaite – aristocratique peut-on dire, et devant laquelle nombre d’Indiens s’inclineront, le considérant comme l’un des leurs. L’élégance transparaît non seulement dans son maintien mais aussi dans sa parole. On voit dans les rares photos que nous avons de lui enfant, affleurer une grâce « rimbaldienne », à la fois fragile et volontaire, une distinction et un charme inné, presque féminin (il a toujours reconnu son androgynéité par la suite) – lequel, toutefois, sera très différent de celui de Marcel Proust, de Jean Cocteau ou d’Oscar Wilde par exemple. Ses mains, longues et fines, expressives comme son regard, « parlent ». Elles reflètent déjà une profonde intériorité. L’enfant « sait sans le savoir » ce que nombre d’adultes ne savent pas ou ne savent plus…À cet égard, je pense aussi à Emmanuel Sorensen, appelé « Shunyata » par Râmana Mahârshi, son compagnon pèlerin, ermite qui, lui aussi, vivait dans la solitude de la forêt himalayenne d’Almora (ouvrage : Shûnyatâ. La Voie de la tranquillité, éd. Accarias- L’Originel, 2015). Leurs points de rencontre sont frappants.

La ressemblance avec celui qui deviendra son « maître à penser et à être », le jeune Arthur Rimbaud (ils n’ont que six ans de différence) est frappante dans les photographies.

Très tôt, Lewis fait montre aussi de brillantes dispositions pour le dessin, particulièrement le chant et la musique classique. On pense même qu’il pourrait en faire profession. Il chante dans la chorale de son internat et joue déjà fort bien du piano. Il continuera de développer ces dons toute sa vie et jouera, quand cela lui était possible – particulièrement à l’école Râjghât de Bénârès de J. Krishnamurti, en compagnie de son amie Blanca Schlamm, pianiste professionnelle et professeur à Râjghât. Il a et gardera une prédilection particulière pour Bach, Mozart, Chopin, Debussy, comme de tous les symbolistes - peintres, écrivains et musiciens, tant Anglais que Français.


Les déclencheurs d’éveil

Les grands compositeurs furent, sans aucun doute, des déclencheurs d’éveil majeurs, qui jouèrent harmonieusement sur les cordes de son hyper sensibilité et réceptivité. À l’âge de treize ans, Lewis fait la connaissance à Woodford d’un drapier du nom de Harding, lequel lui fait découvrir les Nobles Vérités du bouddhisme. Les paroles du Parfait le marqueront à jamais : « La Vérité ne peut être enseignée ». Aussi la « pratique de la non pratique » dit-il et l’expérience directe seront-elles ses guides les plus sûrs.

Sa famille ne voit pas d’un bon œil ce « penchant exotique »…N’oublions pas que nous sommes encore dans la rigidité de l’Angleterre victorienne, à l’aube de la Première Guerre mondiale, et que les Britanniques se considèrent comme une race d’élite, supérieure à « celle des indigènes »…Lewis n’en fait pas moins brûler de l’encens dans sa chambre, au grand dam de ses parents !

Ainsi va-t-il développer un profond intérêt et respect pour les deux cultures, tant d’Orient que d’Occident – et tout au long de sa vie il ne changera pas de position. C’est aussi ce qui le rend peut-être si attachant. Un point qui me frappe et me parle tout particulièrement, est le regard qu’il porte sur l’ensemble, et peut-être davantage sur le particulier, sur l’humble chose, le détail qui fait tout pour passer inaperçu…Cette présence à ce qui est, au « dieu des petits riens », me fait penser au regard perçant et tout embrassant que Milarepa, mais aussi l’écrivain Colette, portait sur les « petites choses de la vie » : couleur, forme particulière, vibration, etc.

Outre cela, le jeune Lewis se nourrit et se vivifie au contact de la nature et de sa beauté. Il se souvient, tel Wordsworth dans ses souvenirs de la petite enfance : Ode : Intimations of Immortality from Recollections of Early Childhood (1807), des « étés paisibles passés chaque année au Prieuré », une belle et ancienne, maison bourgeoise de campagne (à sa tante A.), « a fine old country house », à l’ouest de Molesey, dans le Surex, au charme si « british » et qui le marquera à jamais. La demeure à deux étages s’élève dans un grand et harmonieux jardin à l’anglaise, avec dahlias, gardénias, hortensias, roses, arbres fruitiers et bosquets qui embaument. La demeure est meublée et décorée avec goût, avec ça et là des touches orientalistes qui enchantent et font rêver l’enfant…


Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,

Des montagnes, des bois, des nuages, des nuées,

Par-delà le soleil, par-delà les éthers,

Par-delà les confins des sphères étoilées ;


Mon esprit, tu te meus avec agilité,

Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,

Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde

Avec une indicible et mâle volupté.


Derrière les ennuis et les vastes chagrins

Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,

Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse

S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;


Celui dont les pensées, comme des alouettes,

Vers les cieux le matin prennent un libre essor,

Qui plonge sur la vie, et comprend sans effort

Le langage des fleurs et des choses muettes !


Charles Baudelaire, Élévations.

Ces « années préparatoires » conduiront Lewis à l’ouverture, aux « premiers déclencheurs d’éveil », à l’intériorité, à la transcendance et à la spiritualité, à une quête « vitale » d’Absolu et de Transcendance : à cette Poésie de l’homme intégral que, par la suite, il associera étroitement à sa propre vie en tant que « jeu » ou lîlâ. (A suivre…)


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La Bhagavad-Gîtâ

Traduite et commentée par GANDHI
Par Patrick Mandala
Nous revenons à cet ouvrage sur Gandhi, traduit de l’anglais par Patrick Mandala, dont nous avons déjà parlé et présenté des extraits dans notre N°133 :


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A propos de LA GÎTÂ

Par Patrick Mandala


Ces paroles d’Arnaud Desjardins en avant-propos de son ouvrage En relisant les Évangiles (Éd. La Table Ronde, 1999) nous semblent on ne peut plus appropriées ici – car c’est bien là d’un « évangile », d’un gospel (chant ou gîtâ en sanskrit) dont il s’agit :

« Cette nouvelle lecture des Évangiles, qui nous demande d’être à la fois silencieux et ouverts, correspond à ce qu’on appelle lectio divina dans les monastères, une lecture totalement réceptive dans laquelle chaque mot est pesé.

Il n’est plus question de la lecture avide qui nous fait dévorer des livres et qu’on oublie peu après. LISEZ en ayant cette idée présente à l’esprit : il m’est demandé une autre intelligence que ma pensée habituelle, je ne dois pas ramener ce que je lis à mon expérience ordinaire.

Ne cherchez pas à satisfaire votre intellect mais à éveiller en vous cette intelligence d’un autre ordre, celle des réalités intérieures. »


1. La Bhagavad-Gîtâ dans les Écritures sacrées de l’Inde

Les shâstras, Écritures sacrées, se composent de la shruti, Parole, Révélation divine faite aux rishis, « Voyants », sages védiques ; c’est-à-dire « ceux à qui les mantras furent révélés ». C’est la partie la plus ancienne. Elle remonte des origines au VI° siècle av. J.-C. environ, avec les Vedas, les grandes Upanishads et le Vedânta.

L’autre partie plus récente, est celle de la smriti, « Tradition » – ce qui a été transmis. Cette période épique et philosophique comprend les Purânas, « Antiques ». Ce sont d’anciens récits Gita Gandhi 1.indd 263 27/12/2018 19:17 (dont le Bhagavad-Purâna relatant la vie et lîlâ de Krishna), le Mahâbhârata – dont la Gîtâ, inclue dans l’épique –, le Râmayâna. La Gîtâ forme la transition entre la « vision » des rishis (période de la shruti) et la période philosophique de la smriti du 1er au XV° siècle environ ap. J.-C.).

Les dix-huit chants (voir note 1) (adhyâyas, chapitres) de la Gîtâ forment les sections (vallis) 23 à 42 dans le Livre VI (Mandala), intitulé Bhîsma parvan du Mahâbhârata – lequel est appelé le « Cinquième Veda ». Ils contiennent 700 shlokas, versets – 701 dans certaines éditions. Tous les systèmes philosophiques (darshana), tous les grands Maîtres traditionnels se réfèrent à la Gîtâ – l’essence des Upanishads –, que ce soit à travers la connaissance, la dévotion, ou l’action. Et bien entendu, les enseignements des quatre Maîtres principaux védantins qui donnèrent à l’Inde quatre grandes doctrines, et par là même des commentaires différents, mais complémentaires, sur la Gîtâ, venant à l’appui de leur enseignement : Shankarâchârya (788-820 : doctrine pur non-dualisme (Advaïta) ; Râmânuja (1037-1137) : non-dualisme mitigé (Vishishtâdvaïtavâda) ; Madhva (1199-1276) : dualisme (Dvaïtâ-vâda) ; Vallabhâcârya (1479-1531) : pur dualisme (Shuddhâdvaïta).

La Bhagavad-Gîtâ est un récit divin, Krishna-kathâ. Il y a deux sortes de récits divins : récit dit par Krishna Lui-même (le Divin) ce qui est le cas de la Gîtâ –, et récits parlant de Krishna (par exemple le Bhagavad-Purâna) ; de là le caractère particulièrement sacré de la Gîtâ car elle est considérée comme « révélation divine ».

On s’accorde à dire que ce poème épique, ithihasa, de la Gîtâ fut incorporé dans le corps même du Mahâbhârata et prit forme entre le VI° et le 1er siècle av. J.-C. C’est une œuvre essentiellement védantine.

Toutes les grandes Écritures sont anonymes. L’on pense que Vyâsa serait le compilateur légendaire du Mahâbhârata, et donc de la Gîtâ. Gita Gandhi 1.indd 264 27/12/2018 19:17


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2. Comment et par qui fut écrite la Gîtâ

Les grandes Écritures sont anonymes. Ceci dit, la tradition nous dit que les Vedas, d’origine divine, furent révélés au rishi Vyâsa il y a 5000 ans. Vyâsa aurait ainsi donné au monde l’un des plus beaux poèmes épiques qui soit. Toutefois, il semblerait que sa rédaction se soit étalée environ du VI° siècle av. J.-C., jusqu’au II° siècle après J.-C., environ et qu’elle put être enrichie au cours des âges par d’autres auteurs – comme d’ailleurs avec cet autre grand texte de l’Advaita primitif (vers 650) qu’est le Yoga-Vâsishtha, attribué à l’origine à Vâlkmîki (VIe au IIIe siècle av. J.-C.), puis repris et remanié par le Sage Vasishtha (vers le VIIe siècle) et d’autres au fil du temps.

Vyâsa aurait été le témoin (présumé) du conflit qui opposa les cinq frères Pândava (dont Arjuna) et les Kaurava. Comme il ne se jugeait pas assez digne pour l’écrire lui-même, il pria Brahmâ, le Créateur, d’être son scribe pour l’écriture du poème.

Brahmâ lui dit alors que ce serait Ganesha, fils de Shiva et de Pârvatî qui serait son scribe. Ganesha acquiesça et répondit qu’il serait heureux d’entreprendre ce long travail : 100 000 versets, 200 000 vers en 18 Chants ou sections, mais à une condition dit-il : « Tu devras me dicter ce Poème sans une pause ou hésitation, ma plume ne devra point s’arrêter durant l’écriture. »

Vyâsa accepta, et demanda alors à ce que le Seigneur Ganesha « se devait en premier de saisir le sens de ce qu’il lui dicterait, et cela, avant même de l’écrire ». Le Seigneur sourit et accepta.

C’est ainsi que la très sainte histoire du Mahâbhârata, incluant l’Upanishad de la Bhagavad- gîtâ, fut écrite par Ganesha sous la dictée du Sage Vyâsa.


3. L’histoire de la Gîtâ

Le récit consiste en un saint dialogue entre le Divin, ici Krishna – l’Instructeur –, et Arjuna, son disciple. Selon la tradition, ce conflit armé qui oppose les cinq frères Pândava à leurs cousins les Kaurava, est en fait celui qui oppose les forces du bien et du mal, sattva et tamas, lumière et ténèbres, connaissance et ignorance. Ce conflit gigantesque, c’est l’absence de règles de conduite et de vie : d’adharma, non-ordre. Aussi ces forces opposées vont-elles s’affronter sur le dharma-kshetra, « Champ d’accomplissement du Devoir » (appelé aussi Kurukshetra, Champ des Kuru, et tapakshetra, Champs des austérités), près d’Hastinâpura, non loin de l’actuelle Delhi. C’est pourquoi, la Gîtâ est devenue un texte fondamental, intemporel et universel.

Chacun, chacune, où qu’il soit, trouvera toujours une réponse à sa question et réconfort. Cette guerre ne dura que dix-huit jours, mais elle entraîna le chiffre fabuleux de 640 millions de morts. Ce conflit ressemble, sous certains aspects, au conflit d’Achille dans l’Iliade d’Homère.

Achille et Arjuna sont tous deux de grands et braves guerriers, mais, à l’instant crucial, tous deux vont refuser de combattre. Non par lâcheté ou peur de la mort. Ils passent alors par une période intense de doute, de confusion, et de crise intérieure profonde. Finalement, leur lumière intérieure et divine les poussera à agir et à combattre, fidèle en cela à leur dharma de guerriers. Ce combat qu’ils vont mener, est en fait celui qui se déroule sur le « champ de bataille » de l’existence (voir note 2). Et ils agiront ainsi en homme libre, conscient, enfin éveillé, ayant découvert le « secret de l’action ». C’est pourquoi ce Poème a un message intemporel et universel. Il nous concerne tous et toutes, là où nous sommes, ici et maintenant. (A suivre…)


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Voyage de Toussaint

(Poème de Monique Manfrini – 28-10-2019)


Un dernier petit poème qui nous arrive avant de clore la brochure… Envoyé par Monique Manfrini de Marseille et voici une jolie présentation de Monique par elle-même :
« Mon nom est Monique Manfrini. J'ai pu connaître Swami Vijayânanda à Kankhal (près de Hardwar) lors de visites à l'ashram de Mâ Anandamayî. Sa présence, sa vitalité, son optimisme, sa générosité continuent de m'inspirer dans la vie de tous les jours et dans ma recherche spirituelle. C'est là aussi que ma rencontre avec Jacques Vigne a eu lieu en 2000-2001. J'ai suivi des enseignements de l'advaita vedanta en anglais auprès d'un élève de Swami Dayananda en Inde du Sud. Ce fut une révélation tant ces enseignements ont trouvé d'écho au plus profond de moi. C'est sur cette voie de la Connaissance - jnana - que s'inscrit ma recherche. Mais, la bhakti n'est jamais très loin...Mes poèmes reflètent cette philosophie qui m'inspire toujours. La recherche continue… »

Ils ont eu leur temps…

Ils ont vu tomber les feuilles,

Mortes à jamais, puis refleurir

La nature au printemps suivant.

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Ils ne sont plus et leur monde

A disparu, à jamais envolé,

Qui étaient-ils, que pensaient-ils ?

Qui sommes-nous, que pensons-nous ?

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Leur temps n’est pas le nôtre,

Le nôtre n’est pas le leur,

Ni celui de nos enfants et petits enfants

Dans la vaste succession des vies…

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Depuis quand et jusqu’à quand ?

Nous sommes, soudain, venus

En ce monde et repartirons, assurément,

Puisque tout ce qui naît, disparaîtra.

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Que sont cette vie et cette mort ?

Qui peut y répondre sur cette terre ?

Qui a pu voyager par-delà

Le terme de l’existence ?

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Personne, à coup sûr, vivant

En un corps, n’a pu aller au-delà

Des bornes de cette vie, consciemment,

D’ailleurs, reviendrait-on ici, l’ayant fait ?

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Le grand départ vers l’Inconnu

Tente-t-il l’être humain,

Prisonnier de lui-même ?

Son corps et son mental le refusent…

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Alors, vivons notre temps

Sur terre, le mieux possible,

Aimons, aimons, aimons

Tout ce qui nous est donné…

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Ne nous laissons pas emprisonner

Par l’Illusion puissante du monde.

Alors, libres, nous partirons, vers l’Infini

Qui nous accueille, éternellement.

TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

Monique Manfrini, 28.10.2019



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Quand les flammes emportent le corps,

le feu de la connaissance demeure

Impressions au soir de la journée
de l'incinération de Swami Veetamohananda
18 novembre 2019


Par Vigyânânanda (Jacques Vigne)

Le sannyasi hindou est vêtu de guéroua, de la couleur du feu. Il s’agit du feu de la connaissance, qui correspond au plus grand des sacrifices, le jñâna yajña. Comme le dit la Bhagavad-Gîtâ : « Il n’y a pas de feu plus purificateur que celui de la connaissance ». D’ailleurs le mot pavitra qui signifie au départ purificateur comme le feu en est venu à  vouloir dire « saint ». En principe, la sannyasi n’est plus en lien avec un éventuel fils aîné qui puisse allumer son bûcher funéraire, il est donc mis directement dans le Gange. Cependant, dans une autre tradition du dharma, celle du bouddhisme, les moines sont brûlés, le Bouddha lui-même a été incinéré. Dans le contexte français actuel, le choix de la crémation était plus naturel, et la fusion du corps dans le fleuve se fera de toute façon indirectement lorsque les cendres de Swamiji, selon son désir, seront immergées dans la Seine. Dépasser l’illusion, comme signifie de nom de Swamiji, veeeta-moha, signifie brûler l’ignorance complètement avec le feu de la connaissance, qu’il n’en reste pas de traces, comme le camphre de l’arati se consume totalement et sans résidus. Swami Vijayânanda comparait le processus de la mort du corps, pour celui qui est avancé spirituellement, à la feuille morte qui tombe de l’arbre, qui correspond au Soi. Celui-ci reste sans bouger, en quelque sorte.

A première vue, l’Institut médico-légal quai de la Rapée ne semblait pas un endroit approprié pour un bon repos des morts et la paix de leurs proches, coincé qu’il est entre le pont du métro, une espèce de sortie d’autoroute et le fleuve, le tout au milieu de beaucoup de béton et d’acier. Pourtant, n’était-il pas par coïncidence à deux pas de ce fleuve Seine où Swamiji voulait que ses cendres soient dispersées ? Et ceux qui l’ont installé là n’auraient-ils pas senti intuitivement ce qui correspond à une coutume profonde de l’Inde : le smashan ghat, l’endroit où l’on brûle les morts doit être près d’une rivière, entre autres pour pouvoir y disposer facilement les cendres des corps incinérés ? Les hindous aiment bien même qu’il y ait en ces lieux la confluence de deux rivières. Nous avons pu percevoir celle-ci de façon analogique, puisque sur ces bords de Seine ont résonné aujourd’hui le fleuve des mantras sanscrits et des shlokas de la Bhagavaâd-Gîta. Cette confluence invitait à sentir la présence de Sangameshwar, le dieu de la confluence, c’est-à-dire de Shiva lui-même. À propos de flot, Yogindra m’a confié que la rivière du mahamrityunjay, mantra qu’il a récité avec la famille  de Gretz pendant trois jours quasi continûment après le décès de Swamiji, avait déclenché chez lui des flots de larmes, qui l’ont en fait bien aidé dans son processus de deuil. Kirtans, bhajans et mantras nous permettent de rentrer dans un courant qui débouche ultimement dans l’océan de la libération, et comme le disait le Bouddha lui-même, l’important est de rentrer dans le courant. La transition de la vie à la mort nous fait entrevoir cette embouchure. Un troisième courant a été perceptible de façon palpable durant cette journée, celui de la dévotion des disciples et fidèles de Swamiji, certains l’ayant connu dès son arrivée à l’ashram il y a 25 ans. De même que les trois canaux d’énergie se rencontrent au niveau du triveni, du troisième œil, pour réveiller la lumière de la conscience, de même cette triple confluence durant cette journée a baigné la famille de Gretz d’une luminosité fondamentale.

Un des dasnami, des dix noms d’ordres de sannyasi, donc de la tradition de Shankaracharya, est tirtha qui évoque la rivière, mais il y a aussi aranya qui correspond à la forêt. Pour retourner sur Gretz en raccompagnant la dépouille de Swamiji, nous avons traversé de belles forêts drapées de tous les feux de l’automne, et lorsque le convoi, suivi par toute la communauté, s’est rendu en marchant au pas dans le parc du centre, j’ai été frappé par la présence d’un témoin aussi muet que stable du passage de Swamiji, à l’aller comme au retour : le grand, vieux et beau platane aux trois quarts dénudé par les vents de l’automne. La compagnie de Swami Baneshananda ne déparait pas dans ce tableau, lui dont le nom signifie, « félicité du dieu de la forêt » celui-ci désignant probablement Shiva lui-même. Lorsque celui qui est avancé spirituellement, non pas rend l’âme, mais laisse le corps comme on dit en Inde, le Soi reste comme l’arbre d’hiver lorsque la feuille morte est tombée. De ce que je sens, la forêt a peut-être été une inspiration discrète pour m’amener à choisir comme thème de ma prochaine conférence à l’ashram : Védânta, non dualité et mystique du silence. Comme une musique harmonieuse, une vie menée avec sagesse aura naturellement tendance à culminer dans le point d’orgue du silence.

Un troisième élément naturel que la famille de Gretz a ressenti bien présent dans cette journée a été la lumière. Les dernières interventions de Swamiji ont été autour de Diwali, la fête des lumières, et il a parlé à la fois d’âkash, du ciel et de prakash, « ce qui progresse dans le ciel », c’est-à-dire la lumière. Les Tibétains disent que c’est cette lumière que nous avons développée durant notre vie grâce à nos pratiques de méditation, qui devient comme un cadeau que nous offrons à notre Mère, la Claire lumière, à notre arrivée sur l’autre rive. La mort est conçue et vécue comme l’union de notre petite lumière à la grande lumière, et ainsi, elle est bien moins effrayante. De beaux reflets de cette lumière fondamentale se sont manifestés dans les pensées qu’ont exprimé la famille de Gretz après le départ de Swamiji, et cela a été une bonne idée de nous les avoir mentionnés, de nous en avoir offert un bouquet lors de la réunion dans la salle juste avant la crémation. Comme l’a souligné avec force Swami Baneshananda, il faut comprendre que ce qui meurt au moment du trépas, ce n’est que la partie de nous-même qui est asad, l’être éphémère sans être réel, alors que sad, l’être authentique, demeure. À ce moment-là, il n’y a plus de cause pour le chagrin, même si notre être véritable peut accuser pendant un temps le coup de la disparition d’un être avec lequel nous avons échangé joie et affection pendant des années, voire des décennies. La période de deuil est une excellente occasion de pratiquer cette qualité fondamentale, l’équanimité, upeksha, littéralement, « le regard vers le bas », c’est-à-dire que nous devenons cette conscience supérieure qui observe l’agitation, voire les convulsions du mental inférieur, sans y être identifiée. Quand on développe ce niveau, nous nous rapprocherons de l’état évoqué par un poète transcendantaliste anglais : « La mort devient une éventualité qui nous fait rire ».

La meilleure façon de faire le deuil, c’est d’intérioriser et de pratiquer les qualités du défunt de dans notre vie quotidienne, pour que les autres en bénéficient. Ceci est d’autant plus valable lorsque celui qui est parti était notre, ou un de nos enseignants spirituels.

Swamiji a insisté durant ses derniers mois sur l’importance d’établir un lien direct avec  la lumière qui nourrit et développe notre courage d’être. Être soi, être tel qu’on est au plus profond, voici le chemin. Trop souvent, y compris parmi les chercheurs spirituels, on voudrait être quelqu’un d’autre que ce qu’on est, comme si on avait peur d’être juste ça, tel quel. Cela rappelle la remarque d’un sage juif hassidique, Zousia : « Lorsque je comparaitrai devant le Seigneur le jour du Jugement, il ne me demandera pas pourquoi tu n’as pas été Moïse, mais pourquoi tu n’as pas été Zousia ! » Donc, de nouveau, juste le courage d’être.

Besançon, le 18 novembre,

De retour des cérémonies pour l’incinération de Swamiji.


Nouvelles
  • Jacques Vigne est en pleine nouvelle ‘Tournée et Voyages 2019-2020’ en Europe et dans le monde. Les infos détaillées de son nouveau programme de tournée sont sur son site www.jacquesvigne.com
  • Présentation de la nouvelle et 4ème retraite avec Jacques Vigne, à ANNOT – ‘Le Pré Martin’ – Alpes de Haute Provence (Arrière-Pays niçois), du 10 au soir au 21 Mai 2020, jour de l’Ascension, après le déjeuner - Proposée et coordonnée bénévolement par Geneviève (Mahâjyoti) – C’est la quatrième retraite avec Jacques Vigne dans cet endroit exceptionnel, en pleine nature, et qui a vu la réussite de la récente retraite de Septembre, avec des participants de très haute qualité…sous un ciel bleu de montagne et 29° !

Les inscriptions sont ouvertes - Pour des raisons d’organisation, aucune inscription ne pourra être reçue après le 10 Avril, c’est à dire un mois avant le début de la retraite.

Arrivée prévue le 10 Mai dans la journée, pour pouvoir assister à une première méditation d’accueil le soir, offerte par Jacques Vigne

et départ le Jeudi de l’Ascension 21 Mai après le déjeuner.

NOUVEAU :

La retraite sera ‘ouverte’ à tous jusqu’au Dimanche 17 Mai inclus.

Ensuite la retraite sera ‘fermée’ aux nouveaux arrivants, afin de ne pas perturber le bon déroulement de l’Enseignement dans sa continuité.

Le succès des trois précédentes retraites, dans les 50 chalets entourés de verdure, face aux célèbres falaises de grès du petit village médiéval et provençal d’Annot, a incité Jacques Vigne à retrouver cette ambiance chaleureuse. La retraite 2020 aura lieu dans les mêmes conditions, avec quelques variantes. 10 jours que propose de nouveau Jacques Vigne.

Descriptif du thème de la retraite : ‘Méditation, joie et action…’

La sagesse nous dit de faire le travail bien, pour la joie de le faire bien. L’action quotidienne est comme de la pâte à pain, il ne s’agit pas de la jeter à la poubelle sous prétexte de pratique spirituelle, mais d’y mettre le levain de la conscience grâce à une pratique assise de chaque jour et une recherche de la perfection de conscience lorsque nous agissons. Pour cela il faut développer la capacité d’observer nos émotions de très près, par exemple les débuts de colère quand les choses ne fonctionnent pas comme nous le voulons, les débuts d’avidité pour les objets ou pour les relations avec les gens, les multiples peurs évidentes ou subtiles, et surtout l’ego. Comme le dit l’adage zen : « méditer, c’est observer l’ego, observer l’ego c’est l’abandonner ». Il est alors remplacé par la justesse dans chaque pensée, parole et action ; et cette justesse nous permet de nous relier à cette joie fondamentale qui est la vraie nature de notre esprit.

Jacques, en plus de méditations guidées nombreuses et variées, nous commentera des versets de la Bhagavad Gita, de l’Ashrtavakra Gita et de deux textes de lojong (le changement de l’attitude d’esprit) par Atisha et Chekawa qui portent particulièrement sur la méditation dans l’action. On trouvera ces deux textes du lojong commentés par Tenzin Palmo dans Commentaires sur la méditation-Jacques Vigne rencontre Tenzin Palmo aux éditions du Relié, juillet 2019. Il s’agit de séminaires que Jacques a pris en note en Himachal Pradesh en 2016.

NOTE : la retraite est ouverte à tous les pratiquants de bonne volonté et comme d'habitude également, elle leur permettra de faire des progrès à partir de là où ils sont.

Il y aura, pendant la journée, des alternances de périodes de méditation assise, des temps plus courts de relaxation allongée, de marches méditatives et des temps pour les ‘questions- réponses’. Grâce à ces alternances, même les débutants arriveront à suivre sans aucune difficulté les journées de pratique.

HEBERGEMENTS TARIFS 2020 :

Chalets de 36m2 avec 2 chambres, salon, kitchenette équipée, salle de bain, WC, terrasse

HEBERGEMENT EN CHALET PARTAGE :

Chambre seule dans chalet NEUF partagé : 35€ Salle de bain et WC communs pour deux chambres Chambre seule dans chalet ANCIEN partagé : 30€ Salle de bain et WC communs pour deux chambres Chambre partagée dans chalet NEUF partagé : 18€

Salle de bain et WC communs pour deux chambres Chambre partagée dans chalet ANCIEN partagé : 16€ Salle de bain et WC communs pour deux chambres

HEBERGEMENT EN CHALET INDIVIDUEL :

Chalet NEUF individuel non partagé : 64€ Chalet ANCIEN individuel non partagé : 58€

FORMULES DE REPAS :

Pension complète (par jour et par personne) : le petit déjeuner, le déjeuner (plat, dessert en buffet), le dîner (plat, dessert en buffet) : 44€

Demi-pension (par jour et par personne) : Le petit déjeuner et le déjeuner uniquement (plat, dessert en buffet) : 25€

Repas de midi uniquement : 20€ Petit déjeuner uniquement : 8€

Taxe de séjour à ajouter : 0,66 € par jour et par personne

Participation pour l’enseignement de Jacques Vigne (hors hébergement) ce qui est surtout dédié aux œuvres sociales et humanitaires dont Jacques s’occupe en Inde : 35€ par jour par personne pour une semaine ou plus, et 40€ par jour pour moins d’une semaine. (En cas de difficultés financières, des conditions particulières sont possibles.)

Inscriptions pour ‘l’hébergement ‘directement auprès de Gabrielle Auger directrice du ‘ Pré Martin contact@lepremartin.com – Tel : 04 92 83 31 69 et 06 99 43 21 10

Inscription pour ‘l’Enseignement’ de Jacques Vigne ensuite, auprès de Geneviève (Mahâjyoti) koevoetsg@orange.fr (Coordination bénévole pour les infos et le suivi de la retraite)

Pour découvrir le lieu de la retraite, voyez le site : www.lepremartin.com

Pour découvrir le village d’Annot : www.annot.com

Accessible par le ’Train des Pignes’ des Chemins de Fer de Provence, au départ de Nice et de Digne : www.trainprovence.com

  • Dernière nouvelle : un nouveau livre de Jacques Vigne en italien vient de sortir, toujours chez MC Editrice de Milan (Michela Bianchi). Il s’agit cette fois d’un recueil de certains écrits de voyages par Jacques Vigne et en particulier les récits de ses périples principalement en Himalaya. Il est agrémenté d’un texte de Michela Bianchi qui concerne le sens du voyage aujourd’hui, c’est-à-dire celui d’un tourisme écologiquement compatible et respectueux de la culture…Son titre : ‘Sentieri himalayani - Le scoperte di un viaggio a passo leggero’ (Sentiers himalayens – Les découvertes d’un voyage à pas légers). Il s’agit de 7 récits de voyages à travers certaines régions les plus suggestives et sacrées de la planète, avec un guide exceptionnel comme Jacques Vigne et des rencontres avec des personnages et situations des plus pittoresques, avec des récits et des informations qui puisent leur authenticité dans des profondeurs historiques concernant des lieux et des itinéraires parfois encore peu connus. Dans son introduction, Michela Bianchi se demande s’il est encore possible de voyager sans ‘consommer’ la terre ? « …Il est possible d’observer que le livre fait voyager, alors que le voyage nous fait lire, mais tous deux peuvent encore se rencontrer sur le même chemin » Franck Michel. (Sortie Novembre 2019-Livre de voyage, d’écotourisme et de spiritualité-21€) www.mceditrice.it
  • Joëlle Maurel vient de nous écrire afin de vous prévenir que le livre « Vivre pleinement » dont Jacques Vigne a écrit la préface, sortira un peu plus tard que prévu car les éditions Trédaniel ont pris du retard. Ce livre était prévu pour fin novembre et devrait finalement sortir vers février 2020. Joelle-macrez-maurel@wanadoo.fr
  • Nous avions signalé dans le JAY MA le très beau livre traduit de l’anglais, notes et postface de Patrick Mandala : ‘La Bhagavad-Gîtâ traduite et commentée par GANDHI’, aux Editions Almora, dont nous avons donné des extraits dans le JAY MA N°133 et dont nous reparlons dans cette édition.
  • Jean-Max TASSEL nous informe au sujet du film qui vient de sortir au Grand REX de Paris : ‘Thanatos ou l’ultime passage’ : Chers amis : Je vous informe que je vais me rendre, comme chaque année, à Bénarès du 28 octobre au 30 novembre, afin de suivre l’avancée des projets et des études de nos enfants parrainés. Parallèlement, dans notre société en désarroi, où la religion disparaît de plus en plus, j’ai décidé de soutenir le journaliste et cinéaste Pierre Barnérias qui avait réalisé en 2014 le film « M et le troisième secret ». Son dernier film documentaire s’intitule « Thanatos ou l’ultime passage » et traite de la vie indépendamment de la mort du corps et du cerveau. Il y démontre scientifiquement que la conscience est indépendante de l’activité cérébrale. Il a recueilli pour ce faire le témoignage de personnes ayant vécu l’expérience de la mort, certaines ayant même reçu deux certificats de décès. Dans ce film témoignent aussi des médecins, des neurologues  de réputation mondiale, des infirmiers, un thanatopracteur… Il me semble du plus haut intérêt pour tous de voir ce film et de le faire connaître autour de vous. Première au Grand Rex le 27 Octobre, et sortie sur nos écrans le 30 octobre 2019. Bien amicalement, Jean-Max Tassel.
  • Hommage de Dernière Minute : au moment de clore la brochure, nous apprenons le décès, le 7 novembre, de SWAMI VEETAMOHANANDA, Président du CENTRE VEDANTIQUE RAMAKRISHNA de GRETZ. Nous lui adressons un hommage tout particulier de la part de Jacques Vigne, qui est très souvent reçu au Centre pour y faire des conférences et qui y est attendu le 2 Février 2020. L’ashram continue… 365 lumières du jour pour éclairer notre vie créative. Swami Veetamohananda, né en Inde, s'est soumis à de très strictes disciplines du yoga et a parcouru son pays au service de la Mission Ramakrishna avant de venir en France en 1990. Il devient Président du Centre Védantique Ramakrishna en 1994 et est élu Président de la Fédération Védique de France. Sa technique de méditation prend ses racines dans l'Inde de l'époque védique où la pratique authentique est respectée, sublimée par une connaissance sans faille. <https://ymlpmail4.net/imgz/quhj_chersauditeurs3--14.jpg> Départ dans la lumière de Swami Veetamohananda <https://ymlpmail4.net/imgz/quhj_P1140618--1.jpg> Le jeudi 7 novembre à 12h08 Swami Veetamohananda a quitté son corps à Paris dans le 17ème arrondissement. Il était le créateur, le fondateur, l’inspirateur de Radio Gandharva Gana Toute l’équipe est bien décidée à continuer son œuvre aussi longtemps qu’elle le pourra. Nous avons choisi de laisser à l’antenne ses méditations, ses pensées quotidiennes, ses cours de philosophie et ses conférences pour que son enseignement si riche nous accompagne encore et encore. Puissions-nous être digne de ce magnifique cadeau qu’il nous a fait Puissions-nous continuer notre travail avec sincérité Puissions-nous atteindre la pureté du cœur qu’il nous a enseignée par son exemplarité. Qu’il nous illumine, Naren

Attention : pour les abonnements au JAY MA, notre ami José Sanchez Gonzalez, qui est chargé de la partie administrative, a changé d’adresse postale (Voir plus bas) :

Nouvelle période d’abonnements au ‘Jay Mâ’ de Mars 2019 à Mars 2021

Les renouvellements sont toujours possibles (Marche à suivre en général)

Le N°116 du printemps 2015, fut un ‘Numéro Spécial’ dédié aux 30 années d’existence de notre brochure ‘JAY MA’ et à Atmananda qui en fut l’inspiratrice. La session actuelle pour deux ans, va désormais s’étendre de Mars 2019 à Mars 2021. Merci aux nouveaux inscrits, et aux fidèles de rester dans la Grande Famille de Mâ !

Les abonnés pour cette nouvelle session peuvent renouveler jusqu’en Mars 2021.

Les personnes désireuses de s’abonner au JAY MA peuvent prendre leur abonnement ‘en vol’ à n’importe quel moment…Les numéros arriérés leur seront envoyés.

Merci à tous ceux qui rejoindront ‘en route’ l’expérience du ‘JAY MA’ et qui s’inscriront pour ces deux années en cours, auprès de José Sanchez Gonzalez pour la partie administrative. Attention nouvelle adresse postale : 316 chemin du Puits 84110 Saint Marcellin-lès-Vaison – nagajo3@yahoo.fr – 0634988222 et ensuite auprès de Geneviève (Mahâjyoti) qui en gère bénévolement l’édition, pour qu’elle puisse procéder aux envois en vous remettant sur ses nouvelles listes : koevoetsg@orange.fr. N’oubliez pas de l’aviser afin de recevoir les JAY MA…sinon, ils ne vous parviendraient pas !

La brochure reste toujours au prix de 1 Euro symbolique par exemplaire trimestriel envoyé par email, soit 4 numéros par an. Le renouvellement ou l’inscription se feront toujours automatiquement pour deux ans. Il faudra donc envoyer à José, comme d’habitude, un chèque de 8 Euros au nom de Jacques Vigne, pour couvrir les deux années en cours. Les numéros arriérés seront toujours envoyés par Geneviève (Mahâjyoti) à tous ceux qui s’inscriront en cours de route, à n’importe quel moment.

Cette brochure fut créée il y a 30 ans... Elle représente un lien d’amour avec l’Inde, avec Mâ, les Swamis, les lectures, les retraites, les voyages, les témoignages, à travers la composition bénévole qu’en fait Mahâjyoti, avec la supervision de Jacques Vigne. Mahâjyoti, a une « Lettre d’infos » à votre disposition sur demande, pour bien comprendre la marche à suivre et pour ceux des pays qui n’ont plus de chéquiers.

Table des matières

Paroles et Souvenirs de Mâ – (Une introduction à la philosophie de la connaissance absolue de Sri Mâ Anandamayî – de Kédarnath Swami)

Suite et fin de la retraite d’Annot 2018 (Témoignage de Jean-Baptiste Tricheur - 3ème et dernière partie)

Retour au livre sur Desikachar - T.K.V. DESIKACHAR, UNE HISTOIRE DE TRANSMISSION, de Béatrice Viard

Lewis Thompson ‘Au cœur de l’éveil’ (Présentation, traduction et notes de Patrick Mandala)

La Bhagavad-Gîtâ – (Traduite et commentée par GANDHI - Par Patrick Mandala)

Voyage de Toussaint (Poème de Monique Manfrini)

Quand les flammes emportent le corps (Incinération de Swami Veetamohananda (Par Jacques Vigne)

Nouvelles

Renouvellement en cours du JAY MA pour deux ans de Mars 2019 à Mars 2021

Table des Matières