Mandala

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Patrick Mandala

Patrick Mandala

Nous sommes venus en Inde en 1970 pour étudier l’art et la spiritualité : miniatures indiennes, poésie, musique, tissage et arts du tissus, yoga ainsi que la culture tibétaine. Nous y sommes restés de 1970 à 1985, (région du Gange et des Himâlayas, puis à partir de 1985 en Inde du Sud), mon épouse Ushâ (Catherine) et moi-même avons résidé auprès de Mâ Ânandamayî entre 1971 et 1982, année de son départ, et son mahâsamâdhi.

Mâ disait qu’elle n’était pas le « maître », le guru de personne, qu’elle n’ « initiait » ni même « enseignait » quoi que ce soit à qui que ce fut, et donc qu’on ne pouvait parler, concernant les personnes qui venaient la voir, de « disciples » ou d’ « initiés » à proprement parler. Bien entendu, ces paroles se situaient au niveau non-duel de l’absolu. Râmana Mahârshi procédait de même. La quête introspective de l’âtma-vivhâra, du « Qui suis-je ? » — « qui » instruit et qui « reçoit » et pratique ? —, amène un jour à la révélation que tout est contenu dans le Soi, l’Un indifférencié et immuable. Mais au niveau duel et relatif de la lîla, il y a bien « instruction » et initiation (même indirectement, par le regard, le toucher, la contemplation, le silence, etc.), ainsi que « maître » et « disciple ».


Quoi qu’il en soit, âgés alors d’une vingtaine d’années, encore parisiens et « novices », depuis notre premier darshana à l’âshram de Bénârès, en compagnie de Denise Desjardins, Mâ fut pour nous un guide aimant et attentif. Elle ouvrit grand les portes et les fenêtres, éclaira les recoins des pièces les plus obscures, laissant entrer joie et clarté. Au fil du temps, une porte claque parfois, une fenêtre se referme sous le vent, l’obscurité envahit de nouveau la pièce… Alors il faut chercher, chercher encore et toujours. Un beau jour, la porte s’ouvre de nouveau, la fenêtre laisse entrer soleil, chaleur et lumière, chants joyeux des enfants et des oiseaux — le Chant de la Vie.

Une Présence avec forme, puis sans forme, qui accompagne tout au long de l’existence — une intensité légère et joyeuse, palpable et immatérielle à la fois. Don d’un joyau sans prix qui défie le temps et les vicissitudes. Certitude. Présence d’un centre en soi qui reste inchangé sous les intempéries. Conscience de la vie comme « jeu » dinvin, lîlâ. Quel nom donner à cela ? Peut-être la Grâce…


Patrick Mandala

extrait de Retrouver la joie, Patrick Mandala Edition Le Relié 2010

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Anandamayi.org